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DONATISME

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à Carthage, citèrent Primien et, sur son refus de comparaître, dressèrent la liste des accusations portées contre lui, lui donnant jusqu’au prochain concile pour se disculper. Ce concile se tint à Cabarsusse, en Byzacène, en393. P. L., t. xi, col. 1 1851189 ; t. xliii, col. 807. Les évêques réunis déclarent Primien contumace, le déposent et élisent à sa place le diacre incriminé par lui, Maximianus. Conl. litt. l’elil., I, 24 ; De geslis cum Emerito, 10, /'. L., t. xliii, col. 256, 710. Du coup Carthage comptait deux évêques donatistes. Lequel remportera'.' A ce double concile, Primien répond par un concile plus nombreux réuni à Bagaï, en Numidie, dans li région préférée des circoncellions, où 310 évêques lui donnent gain de cause et condamnent Maximianus, ses consécrateurs et tout leur clergé ; un délai jusqu’au mois de janvier suivant fut accordé aux inaximianistes pour se soumettre, faute de quoi ils ne seraient plus admis qu'à la pénitence et resteraient privés de leurs honneurs. P. L., t. xi, col. 1189-1191. Les maximianistes tirent la sourde oreille. Mal leur en prit, car Primien, en donatiste pratique qui connaissait l’histoire (le son parti, résolut de les ramener par la force, particulièrement trois des évêques consécrateurs de son rival, Félicien de Musti, Prétextât d’Assur et Salvius de Membresa. Il les traduisit devant le proconsul pour qu’ils eussentà quitter leurs sièges et à laisser la place à de nouveaux évêques, par décision judiciaire et au besoin par la force armée. Le vieux Salvius se vit condamné, maltraité et expulsé. Conl. Cresc, iv, 4, 59. Mais il tint bon, malgré les vexations que lui lit subir Restitulus, que les donatistes avaient mis à sa place, car tout Membresa lui était resté fidèle. Prétextât et Félicien opposèrent une égale résistance ; condamnés par les tribunaux, conformément aux décisions du concile de Bagaï, à être dépossédés de leur siège, ils résistèrent, eux et leurs peuples. Les donatistes firent agir alors leurs troupes, c’est-à-dire les circoncellions, qui marchaient sous les ordres du comte Gildon et de son àme damnée. Optât, évêquede Thamugada. Pourécarter les horribles excès auxquels se livraient de pareils brigands, Félicien et Prétextât crurent sage de faire la paix avec Primien, qui s’empressa de les recevoir avec tous les honneurs, contrairement à ce qu’il avait fait décider à Bagaï, et sans rebaptiser les fidèles qu’ils avaient pu baptiser depuis leur schisme. Conl. Cresc, iv, 4.

Bel exemple, et combien frappant, de l’inconséquence des donatistes ! Il eut été difficile d’imaginer une plus décisive condamnation de leurs principes et de leur conduite que toute cette affaire des inaximianistes. En effet, la conduite de Maximianus vis-à-vis de Primien avait été la reproduction exacte de celle de Majorinus vis-à-vis de Cécilien. Mais si Maximianus était coupable, son premier modèle, Majorinus, ne l'était pas moins, et dès lors le parti de Majorinus, c’est-à-dire le parti des donatistes, à la tête duquel se trouvait en ce moment-là Primien, était dans son tort ; si Primien, à Bagaï, était innocent, Cécilien, reconnu à l’abri de tout reproche par deux conciles et par l’empereur, l'était aussi, et dès lors son parti, c’est-à-dire le parti des catholiques, était dans son droit. De toute façon, l’affaire des maximianistes condamnait les donatistes et donnait raison aux catholiques. C’est ce que vit et exposa très clairement saint Augustin. Quant aux accusations formulées par les donatistes contre les catholiques, elles se retournaient toutes contre eux et les condamnaient encore. Vous avez fait appel, disaient-ils, aux pouvoirs publics. Bien de plus vrai, répondait-on, mais après vous qui en avez donné, les premiers, l’exemple, et avec cette différence notable que c'était pour nous défendre, tandis que, de votre cè/té, c'était pour attaquer les catholiques, les rogatistes et les maximianistes, vos partisans. Et les catholiques d’ajouter : Vous prétendez que la communication avec des personnes criminelles

rend criminel, pourquoi donc conserver dans vos rangs des criminels notoires, comme cet Optât de Thamugada, et pourquoi recevoir avec tous les honneurs des évêques officiellement condamnés par vous comme Prétextai d’Assur et Félicien de Musti ? Bien donc n'était plus décisif en faveur des catholiques contre les donatistes. Mais ces derniers, loin d’en convenir, allaient user de toutes sortes de chicanes et de subterfuges, qui devaient provoquer de nouvelles lois répressives de la part du pouvoir impérial et une vigoureuse campagne de la part des évêques catholiques, plus particulièrement de saint Augustin.

Saint Augustin combat le donatisme.

Le grand êvêqued’Hippone, devant les désordres et les malheurs causés par le donatisme depuis près d’un siècle, entreprit de combattre le schisme par la parole et par la plume. Il tâcha de faire prévaloir, soit à Hippone en 393, soit à Carthage dans les conciles de 397, 401 et 403, des mesures de douceur et de persuasion, surtout l’idée de proposer un débat public et pacifique. Il estimait que la vérité clairement exposée dans des prédications appropriées et des conférences et, à leur défaut, dans des lettres et des traités rendus publics, pourrait dissiper l’erreur, faire cesser les équivoques ou les malentendus et ramener les égarés sincères. De là ses premières publications. — 1. Tout d’abord son Psalmus abecedarius, P. L., t. xliii, col. 23-32, courte exposition et réfutation populaire, en bouts rythmés et en autant de strophes dans l’ordre des lettres de l’alphabet, des erreurs donatistes. — 2. Trois livres, Contra epistolam Parmeniani, col. 33-108, en 400 : origines du schisme ; en fait, on n’a pas pu prouver que le consécrateur de Cécilien eût été traditeur ; en droit, l’Eglise ne périt point bien qu’elle compte des sujets indignes dans son sein ; les donatistes ont eu Optât le Gildonien et ont reçu les maximianistes Félicien et Prétextât. — 3. Sept livres De baplismo contra donalislas, col. 107244, de la même année : validité du baptême conféré hors de l'Église ; saint Cyprien n’est pas en faveur des donatistes. — 4. Trois livres Contra Ulteras Pelilianï, de 400 à 402, col. 241-388, où saint Augustin prend à partie l'évêque donatiste de Cirta ou de Constantine, et montre, dès les premières lignes, que le principe invoqué par lui, à savoir que la justification du baptisé dépend de la pureté de conscience du ministre, ruine le donatisme, attendu qu’il a compté dans son sein des ministres traditeurs et des indignes ; il relève les contradictions des donatistes qui, après avoir anathématisé les inaximianistes, les ont reçus sans les rebaptiser, et il légitime les lois impériales de répression. « Savezvous discerner un peu le vrai d’avec le faux, un discours solide d’une vaine déclamation, l’esprit de paix d’avec l’esprit de dissension, la vigueur de la santé d’avec l’enllure de la maladie, les preuves claires d’avec les accusations vagues, les actes authentiques d’avec les fictions, ceux qui démontrent ce qui est en question d’avecceux qui évitent même d’entrerdans la question ? Si vous savez faire ce discernement, à la bonne heure, si vous ne pouvez le faire, nous ne nous repentirons pas néanmoins du soin que nous prenons de vous. » Conl. litt. Petit., ni, 71. — 5. Un livre perdu ('.outra quod allulit Cenlurius a donatislis, où il réfutait les dires et les écrits des donatistes allégués par le laïque Centurius. Retract., II, xix, P. L., t. xxxii, col. 638.

A côté de ces ouvrages, il faut citer quelques-unes de ses lettres : Epis t., XLHI, P. L-, t. XXXIII, col. 160, où il rappelle les actes authentiques de la condamnation prononcée à Borne et à Arles par deux conciles, à Milan par Constantin, et ceux du concile de Cirta ; Epis t., xi.ix, col. 189, où il montre que le titre de catholique ne saurait convenir à une infime minorité d’un coin de l’Afrique ; Epist., LI, col. 191, où il relève l’inconséquence des donatistes qui, en recevant léli