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DONATISME

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même résolu de passer en Afrique pour décider sur les lieux ; mais n’ayant pu réaliser son dessein, il ! écrivit aux évoques donatistes qu’il connaîtrait lui-même de leur appel. P. L., t. xliii, col. 789. Il le fit à Milan ; et ratilia pleinement la double sentence ecclésiastique. Le 10 novembre 316, il notifiait au vicaire d’Afrique, | Eumalius, le jugement qu’il venait de porter. Ce jugement fut produit à la conférence de 411. Gest. coll., m, 456, 460, 494, 515-517, 520-530, 532, 585, P.L., t. xi, col. 1254, 1255, 1256 ; Brev. coll., ni, 37, 38, 41, P. L., t. xliii, col. 647, 649 ; Cont. Cresc, ni, 82 ; Posl. coll., 56, P. L., t. xliii, col. 541, 687. En même temps Constantin porla une loi prescrivant d’enlever aux donatistes les lieux du culte qu’ils détenaient ; saint Augustin y fait allusion, Epist., cv, 9, P. L., t. xxxiii, col. 399 ; Cont. litt. Petit, ii 205, P. L., t. xliii, col. 326 ; elle est rappelée dans le Code Ihéodosien, XVI, tit. vi, leg. 2.

La purgatio de Félix d’Aptunge.

L’ordre donne par Constantin au vicaire d’Afrique, .Elius Paulinus, d’informer sur l’affaire de Félix d’Aptunge, consécrateur de Cécilien de Carthage, avait été exécuté. Dès 314, le vicaire avait fait procéder à une enquête officielle, soit à Aptunge, soit à Cartilage. Elle prouva que Félix n’avait été nullement tradileur, l’accusation ne reposant que sur le faux témoignage d’un certain Ingentius, qui reconnut sa faute. S. Optât, De schism. donat., i, 27, P. L., t. xi, col. 938-939. Et évoquant l’affaire devant lui, le 15 février 315, le proconsul lit jeter en prison Ingentius, reconnut l’innocence de Félix et transmit tout le dossier à l’empereur. Gesta purgationis Feiicis Aptungitani, P. L., t. iivi col. 7 15 ; Gesta proconsularia quibus absolutus est Félix, P. L., t. xliii, col. 780 sq. Constantin se fit expédier Ingentius. P. L., t. xliii, col. 784. Une telle enquête prouvait officiellement l’erreur des donatistes. Il en restait une autre à faire qui prouverait que les vrais traditeurs, c’étaient eux ; et celle-ci n’allait pas tarder.

L’affaire de Silvanus de Cirta.

Le dossier de la purgatio de Félix d’Aptunge devait être entre les mains de Constantin, quand il se prononça à Milan contre les donatistes et fit une loi contre eux. Or, quatre ans après, éclatait à Cirta l’affaire du diacre Nundinarius contre son évêque Silvanus. Le diacre accusait l’évêque d’avoir été traditeur avant son élévation à l’épiscopat et d’avoir reçu de l’argent en compagnie des autres évêques de Numidie de la fameuse Lucilla dans le but d’élire et de consacrer Majorin. L’accusation était grave et de nature à déconsidérer ceux qui menaient la campagne, malgré le pape et l’empereur, contre Cécilien, auquel ils reproebaient d’avoir été consacré par un traditeur. Elle méritait d’être tirée au clair pour venger la cause des catholiques et confondre la cause des donatistes. Le proconsul de Numidie dut enconnailre officiellement. Il fit une enquête à Thamugade et à Cirta, d’où il résulta que Nundinarius n’avait que trop raison. A Cirla, en elfet, en 305, les onze évêques, réunis sous Secundus de Tigisi pour pourvoir à la vacance du siège, s’étaient convaincus mutuellement de tradition, puis avaient procédé à l’élection et au sacre du sous-diacre Silvanus, qui était lui-même un traditeur ; cela ne les empêcha point, comme nous l’avons vu, de déclarer nulle la consécration de Cécilien, parce que son consécrateur, disaient-ils, avait été un traditeur. Ils avaient donc agi avec une mauvaise foi indéniable. Zénophile, qui avait procédé à l’enquête, réunit toutes les pièces officielles et les expédia, le 8 décembre 320, à l’empereur. Quanta Silvanus, il le condamna à l’exil. S. Augustin, Epist., xliii, 17 ; un, 4, P. L., t. xxxiii, col. 168, 197 ; Cont. litt. Petil, i, 23 ; De unit. Eecl., 46 ; Cont. Cresc, ni, 32, 84 ; iv, 66 ; De unico bapt., 31, P. L., t. xliii, col. 256, 426, 512, 542, 583, 612.

10° Audace et réussite des donatistes. — De cette double enquête officielle il résultait que Félix d’Aptunge, le consécrateur de Cécilien, n’avait pas été le traditeur qu’on disait, et que Secundus de Tigisi, Silvanus de Cirla et d’autres électeurs de Majorin étaient eux-mêmes coupables du crime qu’ils reprochaient aux autres. Logiquement on en devait conclure, d’après leurs principes, qu’ils avaient fait une ordination invalide en consacrant Silvanus de Cirta et Majorin de Carlhage. La sentence des deux conciles de Rome et d’Arles, la décision et la loi de Constantin contre les donatistes se trouvaient donc pleinement justifiées. Les donatistes n’avaient donc plus qu’à le reconnaître et à se soumettre ; mais ils s’obstinèrent dans la mauvaise voie où ils s’étaient si imprudemment engagés, grâce au successeur de Majorin, Donat le Grand, qui venait de prendre la tête et la direction du parti. Loin donc de se taire, ils payèrent d’audace. Se posant en victimes, ils se plaignirent d’être persécutés par les catholiques, réclamèrent le retour de Silvanus et des autres exilés et s’adressèrent à l’empereur. Gest. coll., m, 545-518, P. L., t. xi, col. 1257 ; Brev. coll., ni, 39, P. L., t. xliii, col. 648. Ils firent tant et si bien que, de guerre lasse, Constantin rapporta sa loi et leur rendit loute liberté d’action. Le 5 mai 321, il notifiait ces nouvelles décisions au vicaire d’Afrique, Verinus. Gest. coll., iii, 549-552, P. L., t. xi, col. 1257 ; Epist., cxli, 9, P. L., t. xxxiii, col. 581 ; Brev. coll., iii, 40, 42 ; Post coll., 56, P. L., t. xliii, col. 64-8, 687. Il écrivait, d’autre part, aux évêques catholiques, Epitt. Constanlini ad catholicos, P. L., t. xi, col. 794 ; t. xliii, col. 791, pour leur expliquer son changement d’attitude, les exhorter à la patience, laissant à Dieu, disait-il, le soin de la vengeance, dans l’espoir que la clémence convertirait ces i porte-drapeau d’une misérable obstination ».

II. Triomphe et apogée des donatistes, de 321 a 373. — ïo.Progrès croissants. — Constantin s’était fait illusion ; il connaissait mal cette race d’intransigeants et de séparatistes. Là où la sévérité avait échoué’, la douceur fut inutile. Donat mit à profit cet excès d’indulgence. Aussi les donatistes, loin de revenir à l’unité et de faire la paix, s’organisèrent-ils puissamment, dressant évéché contre évêché, église contre église, autel contre autel, et menaçant d’absorber les catholiques. Déjà en 330, dans un de leurs conciles tenu à Carthage, ils réunirent leurs évoques au nombre de 270, S. Augustin, Epist., xciii, 43, P. L., t. xxxiii, col. 342 ; ce nombre dépassera 400, en 394, et atteindra 276 à la conférence de 411. Rien ne devait plus les arrêter ; ils se crurent tout permis. De gré ou de force ils s’emparaient des édifices religieux à leur convenance et en expulsaient les catholiques. C’est ce qu’ils firent, notamment à Cirla, appelée désormais Consîantine du nom de son bienfaiteur Constantin. Cet empereuravait fait construire une basilique pour les catholiques, mais ce furent les donatistes qui s’y installèrent, se refusant à la rendre en dépit des réclamations de l’épiscopat catholique et des décisions de l’autorité civile. Ils se mettaient ainsi résolument au-dessus des lois. On se plaignit de procédés aussi inqualifiables, sans toutefois demander vengeance contre ces injustes détenteurs. Constantin félicita les évêques catholiques de leur esprit de mansuétude et, faisant droit à leur requêle, leur octroya un autre terrain dans le chef-lieu de la Numidie pour y construire à ses frais une basilique nouvelle. P. L., t. xliii, col. 691. D’autre part, dans leur concile de 330, les donatistes avaient décidé que si les traditeurs, c’est ainsi qu’ils désignaient les catholiques, en entrant dans leur parti, refusaient le baptême, on ne les recevrait pas moins. Conformément à cette décision, de l’aveu même d’un des leurs, le célèbre Tichonius, Deutérius reçut tout un peuple de traditeurs, sans que