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DON AT — DONATION


dunal., tir, 6, col. 1014. Macaire, en effet, voyant que les procédés de douceur étaient complètement illusoires avec de pareils fanatiques, réclama des troupes et répondit à la force par la force. Une fois maître de la révolte armée, il n’eut plus de ménagements pour les donatistes et mit en demeure leurs évêques d’avoir à rentrer dans l’unité sous peine de se voir appliquer la rigueur des lois déjà portées contre eux. Plusieurs s’enfuirent, d’autres se soumirent, quelques-uns refusèrent d’obtempérer à ses ordres. Parmi ces derniers se trouvait Donat de Carthage. En conséquence, il fut condamné à l’exil, et lapais régna jusqu’à l’avènement de Julien l’Apostat.

Cet orgueilleux primat des donatistes qui poussait la fatuité jusqu’à se croire plus qu’un homme, presque l’égal de Dieu, ut sibi jam non homo sed Deus fuisse viderelw, qui exigeait des évêques la vénération et la crainte, tantuni sibi de episcopis suis exegit ut eum non minori me tu venerarentuv quant Deuni, De schism. donat., III, 3, col. 1002-1003, réalisa, au dire de saint Optât, la prophétie d’Ézéchiel, xxviii, 2 sq., surle prince deTyr ; il mourut, en effet, en exil, De schism. donat., iii, 3, col. 1088, sans qu’on sache à quel endroit ni à quelle date exacte, mais vraisemblablement vers 355. Il est à peine besoin de dire que sa mémoire fut vénérée par les donatistes à l’égal de celle d’un saint et d’un martyr. Et Pétilien, à la conférence de Carthage de 411, le salua comme le chef du parti donatiste de bienheureuse et sainte mémoire, dont le mérite avait jeté un tel éclat que le temps n’avait pas été capable d’en ternir la gloire. Gest. collai., ni, 32, P. L., t. xi, col. 1368.

Un tel homme, semble-t-il, avec la culture intellectuelle qu’il avait et l’activité qu’il déploya au cours de son long épiscopat, dut entretenir une vaste correspondance et composer des ouvrages pour le soutien de sa cause. Tout a péri. C’est à peine si l’on parlait, au commencement du ve siècle, d’une lettre qu’il reçut des dissidents orientaux du concile de Sardique réunis à Philippopolis, et d’une autre qu’il écrivit sur des matières religieuses. La première était vantée par les donatistes comme une preuve que les Pères du concile de Sardique pensaient comme Donat au sujet des traditeurs ; mais saint Augustin, qui finit par se la procurer, remarque que ces prétendus Pères n’étaient que des ariens, car ils y condamnaient le pape Jules et le grand Athanase ; ignorant sa vraie provenance et la croyant réellement du concile de Sardique, il traita ce concile d’arien ; dans tous les cas, elle ne pouvait servir à justifier l’erreur des donatistes. Epist., xliv, 6. P. L., t. iixxxi col. 176 ; Conl. Cresc, ni, 38 ; iv, 52, P. L., t. xi.m, col. 176, 516. Quant à la lettre écrite par Donat, elle traitait, au dire de saint Augustin qui la réfuta, de matières relatives à la controverse donatiste, notamment du baptême comme ne pouvant être conféré validement que dans le parti donatiste. La réfutation de l’évêque d’Ilippone est perdue ainsi que la lettre de Douât ; mais saint Augustin dut reconnaître, contrairement à ce qu’il avait avancé, que Donat n’avait pas été l’initiateur, chez les schismatiques, de la réitération du baptême, et qu’il n’avait pas tronqué’de sa propre autorité un texte de l’Ecclésiastique, xxxiv, 30, car ce texte ainsi tronqué’se trouvait avant Donat dans des manuscrits africains. Retract., 1, xxi, P. L., t. XXXII, col. 617-618.

Des autres ouvrages de Donat de Carthage, qui durent être nombreux, saint Jérôme ne signale qu’un traité De Spirîlu Sancto, qui sentait l’erreur arienne. Ve vir. ill., 93, P. L., t. xxiii, col. 695. De son coté, saint Augustin constate qu’il restait de son temps des ouvrages de Donat, dont il ressortait que le chef du parti schismatique n’avait pas eu des idées orthodoxes sur le dogme trinitaire ; car, bien qu’il maintint l’unité

de substance dans les trois personnes divines, Donat, prétendait que le Fils est inférieur au Père et le Saint-Esprit inférieur au Fils ; erreur qui, à vrai dire, était complètement passée inaperçue dans son parti. Hxr. lxix, P. L., t. xlii, col. 43. A part cet ouvrage signalé par saint Jérôme et cette allusion de saint Augustin provoquée par le même traité, Donat avait composé d’autres œuvres dont le titre n’est pas indiqué. « Il est diflicile de croire, note M » r Duchesne, loc. cit., p. 590, qu’il n’ait pas rencontré de contradicteurs, et que la polémique catholique n’ait produit aucun livre pour réfuter les siens. De ces livres, cependant, la trace même est perdue. » Il est surtout étonnant, ajouteronsnous, que jamais, ni saint Optât, ni saint Augustin, n’y aient fait la moindre allusion dans leurs controverses avec les donatistes. Leur silence ne serait-il pas une preuve que l’épiscopat catholique d’Afrique, du temps du grand Donat, ne compta point parmi ses membres un évêque qui fût à même de réfuter les arguments du chef donatiste ? Cet évêque se rencontra, mais plus tard, et ce fut surtout celui d’Ilippone.

S. Optât, De scliismate donatistarutn, ni, 3, P. L., t. xi, col. 998-10(16 ; S. Augustin. Relract., I, xxi, P. L., t. xxxii, col. 617-618 ; Epist., ci.xxxv, 1, P. L., t. xxxiii, cul. 800 ; Hxr., lxix, P. L., t. xlii, col. 43 ; Brev. cuil., iii, 31, P. L, t. xliii, col. 643 ; Ellies Dupin, Historia donatistarum, P. L., t. xi, col. 702-704 ; Tillemont, Mémoires peur servir à l’Itist. ecclés., Paris, 1704, t. vi, p. 63 sq. ; Harnack, Geschichte der altchrisU. Literatur, 1K’J3, t. i, p. 688, 724 ; Duchesne, Le dossier du dunatisme, dans Mélanges d’arclt.et d’Itist. de l’école française de Rome, 1890, p. 589 sq. ; dom Chapman, Donatus the Greatand Donatus of Casse Nigrse, dans la Revue bénédictine, 1° janvier 1909, p. 13-23 ; Chevalier, Répertoire. Biobibliographie, 2’édit., col. 1222. Voir la bibliographie de l’art. Donatisme.

G. Baheii.ii : .

DONATION. — I. Généralités. II. Donateur. III. Donataire. IV. Formalités prescrites. Y. Révocation.

I. Généralités.

La donation est un contrat par lequel on se dépouille et on s’appauvrit gratuitement d’une chose, au profit d’une autre personne qu’on veut gratifier et enrichir.

La donation a pour ellet de dépouiller le donateur, sans qu’il reçoive rien en retour ; il importe donc qu’elle ne soit jamais que le résultat d’une volonté libre et rélléchie et non celui d’un entraînement passager ou du caprice d’un moment. D’autre part, la donation enlève aux héritiers leurs légitimes espérances, elle fait passer, sans aucune compensation, les biens donnés, d’une famille dans une autre. Notre ancien droit, dont tous les efforts tendaient à assurer la conservation des biens dans les familles, ne pouvait donc ne pas voir sans une certaine défaveur les donations. Aussi, dans l’intérêt des familles, chercha-t-il le moyen de restreindre les libéralités et ce moyen il le trouva dans l’intérêt personnel des donateurs. Il reconnaît aux personnes le droit de donner, mais à la condition qu’elles donneraient réellement, c’est-à-dire se dépouilleraient actuellement et irrévocablement, de là la règle : donner et retenir ne vaut. Cette condition fut un bien pour empêcher les libéralités excessives. On hésite en effet, naturellement, à se dépouiller actuellement et irrévocablement.

Il n’y a plus dans notre droit que deux modes de disposer à titre gratuit, savoir, la donation entre vifs et le testament. C’est ce qui résulte de l’article 893 ainsi conçu : « On ne peut disposer de ses biens, à titre gratuit, que par donation entre vifs, ou par testament, dans les formes ci-après établies. » Ce titre proscrit implicitement un troisième mode de disposer à titre gratuit, c’est la donation à cause de mort, donatio morlis causa.

La donation à cause de mort est un contrat ; par