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diteurs y fut traitée. Le canon 13e condamna à la déposition tout clerc convaincu par acte public d’avoir livré les Écritures, les vases sacrés ou le nom de ses frères ; il déclare valide l’ordination reçue de la main d’un évoque traditeur. Hardouin, Act. concil., t. I, col. 265. Malgré cette double décision, lesdonatistes ne se tinrent pas pour battus ; ils firent de nouveau appel à Constantin qui, en 316, ratifia pleinement la sentence des juges ecclésiastiques. Voir Donatisme.

Que devint Donat des Cases Noires après toutes ces condamnations ? On l’ignore. Du reste, en ce momentlà, un autre homme avait pris la tête du parti schismatique, celui que ses partisans appelaient le grand Donat.

S. Optât, De schismate donatistarum, i, 15-25, P. L.. t. xi, col. 915-935 ; S. Augustin, Retract., I, xxi, 3, P. [.., t. XXXII, col. 618 ; User., lxix, P. L., t. xlii, col. 43 ; Brev. coll., ni, 25, 31, P. L.. t. xliii, col. 638, 643 ; Ëllies Dupin, Historia donatistarum, P. L., t. xi, col. 771 sq. ; Tillemont, Mém. pour servir à l’hist. eccl-, Paris, 17(14, t. VI, p. 3 sq. ; Duchesne, Le dossier du donatisme, dans Mélanges d’arch. et d’Iiist. de l’école française de Borne, 1890, p. 589 sq. ; dom Chapman, Donatus the Great and Donalus of CasxNigrx, dans Bévue bénédictine, 1° janvier 1909, p. 13-23 ; Chevalier, Répertoire, Bio-lnbliograpluc, 2’édit., col. 1222. Voirla bibliographie de l’art. Donatismi.

G. Bareille.

2. DONAT. Saint Optât, dans son histoire du schisme des donatistes, ne distingue pas entre les deux Donat, celui des Cases Noires et celui de Carthage ; mais il trace du second un portrait pris sur le vif, car il en appelait aux témoins oculaires encore vivants quand il répliquait au donatiste l’arménien, et à des faits de notoriété publique. Lorsque saint Augustin entreprit sa campagne en faveur de l’unité contre le schisme, qui durait depuis près d’un siècle ; il ne prit pas garde tout d’abord qu’il y avait eu deux Donat, dont le nom resta attaché au grand schisme africain ; il atti’ibuait à celui de Carthage ce qui avait été le fait de celui des Cases Noires. Dans la suite, il dut se raviser et, avec sa loyauté ordinaire, il reconnut son erreur, n’en maintenant pas moins avec raison que le Donat des Cases Noires avait été le premier instigateur du schisme par son intervention funeste dans les affaires de Carthage avant et après la mort de Mensurius. Retract., I, xxi, 3, P. L., t. xxxii, col. 618. La confusion des deux Donat persistait encore chez le plus grand nombre des catholiques lors de la célèbre conférence de 111 j mais elle cessa devant la protestation des donatistes. On reprochait aux dissidents d’avoir eu pour chef un évéque condamné par le pape Miltiade ; aussitôt Pétilien, évêque donatiste de Constantine, protesta contre une telle imputation, qui ne regardait en rien Donat de Carthage, Gesta coll., iv, 32, P. L., t. xi, col. 131)8 ; en effet, le condamné du pape avait été Donat des Cases Noires. S. Augustin, Brev. coll., m, 31, P. L., t. xliii, col. 643. La méprise des catholiques pouvait très bien provenir de saint Optât qui, à propos du libelle envoyé à Constantin par les évêques de Numidie après l’élection et le sacre de Majorin, parle du parti de Donat, alors qu’il n’y avait pas encore de parti de Donat, mais seulement le parti de Majorin, leur élu. Et c’est bien du parti de Majorin, non de celui de Donat, qu’il est question dans les actes officiels, entre autres dans le rapport du proconsul Anulinus bien connu de saint Augustin et inséré par lui dans l’une de ses lettres. Epist., lxxxviii, 2, P. L., t. xxxiii, col. 302303. L’expression de saint Optât ne pouvait être qu’un lapsus ou une erreur matérielle de rédaction. « Il est sur, dit Ma 1 Duchesne, Le dossier du donatisme, dans Mël. d’arch. et d’hist. de l’école franc, de Piome, Paris, 1890, p. 608, que les deux derniers mots partis Donali (du texte actuel de saint Optât) ne peuvent avoir figuré dans l’original. Au moment où la pièce fut rédigée, les dissidents, bien qu’ils comptassent au nombre de leurs

chefs les plus agissants un certain Donat, évêque de Casse Nigrse, ne se désignent pas par son nom, mais par celui de Majorin, le compétiteur donné par eux à Cécilien. » Ellies Dupin a tiré au clair la distinction des deux personnages, Hist. donat., P. L., t. xi, col. 792, et cette distinction doit rester acquise. Quant à l’hypothèse de l’Aubépine, Observ. in S. Uplalum, obs. iii, P. L., t. xi, col. 1165-1166, d’après laquelle deux évéques schismatiques du nom de Donat, l’un pouvant être Donat des Cases Noires, qui dans ce cas aurait été transféré au siège de Carthage, ou tout autre, et le second Donat le Grand, auraient succédé à Majorin avant Parrnénien, elle est à rejeter pour deux raisons : la première, c’est qu’elle est en contradiction avec saint Optât, qui ne parle jamais qued’un seul intermédiaire entre Majorin et l’arménien ; la seconde, c’est que le fait de la translation d’un évêque d’un siège à un autre siège est aussi inconnu à cette époque chez les donatistes que chez les catholiques. Donat de Carthage n’est donc pas Donat des Cases Noires, et il est le seul à avoir occupé, à titre d’évêque schismatique, le siège de la métropole africaine, depuis la mort de Majorin survenue vers 315 jusqu’à l’arménien, c’est-àdire pendant plus de 40 ans.

C’est ce Donat de Carthage qui a vraiment, donné son nom au parti schismatique ; il prit en mains sa direction, l’organisa fortement et lama l’Eglise d’Afrique pour plus de trois siècles dans la pire des aventures. C’était un homme de réelle valeur, de mœurs intègres et d’une tenue digne d’un meilleur rôle. Il avait l’esprit cultivé ; il était érudit et parlait avec éloquence ; il s’imposa à tout son parti par son habileté, son action incessante et son indomptable énergie. Malheureusement il était infatué de lui-même, d’un orgueil démesuré, se croyant supérieur à tout le monde, considérant les évéques de son parti comme ses humbles serviteurs, traitant de la façon la plus altière les magistrats civils et les empereurs eux-mêmes, toujours autoritaire, parfois cassant. Quand on venait le voir, son premier mot était : « Que dit-on de mon parti dans vos régions’.’ » Il écrivait un jour, en 336 ou 337, au préfet Grégoire cette parole insolente ; « Vous êtes la honte du Sénat et l’infamie des préfets. » En 347, quand Paul etMacaire, envoyés par Constant pour distribuer de larges secours aux misérables chrétiens d’Afrique, se présentèrent à lui, il les accueillit par ces mots : « Qu’y a-t-il de commun entre l’Église et l’empereur ? » De sc/tism. donat., iii, 3, P. L., X. xi, col. 999. Il oubliaittrop facilement que les premiers fauteurs du schisme avaient été les premiers à recourir avec instances à l’empereur. Quoi qu’il en soit, en quelques années, sous sa direction reconnue et acceptée, le parti prit un grand développement et s’organisa en Église séparée ; les évêques se multiplièrent au point qu’à leur réunion en concile, en 330, ils étaient présents au nombre de 270. Puis, à la faveur des circonstances, quand parurent les circoncellions, voir t. ii, col. 2514, loin de désapprouver de tels brigands, les donatistes les utilisèrent contre les catholiques ; et s’il est vrai que, devant les horreurs qu’ils commirent, plusieurs évéques donatistes aient demandé au comte Taurinus de réprimer leurs méfaits, De schism. donat., iii, 4, P. L., t. xi, col. 1008, il est certain que le nom de Donat n’est pas cité parmi eux ; il est certain aussi que le même Donat avertit les mandataires impériaux, Paul et Macairc, qu’il allait écrire partout pour qu’on leur fermât les portes. Et l’on sait que, trop dociles à l’avertissement de ce chef redouté, Donat de liagaï et Marculus s’empressèrent de demander le concours des circoncellions pour repousser à main armée les présents et les secours matériels de l’empereur. Il est vrai qu’ils payèrent de la vie leur criminelle audace, ce qui leur valut, auprès de leurs coreligionnaires, les honneurs des martvrs. De schism.