Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.2.djvu/210

Cette page n’a pas encore été corrigée
1687
1
DO M NUS I" r — DONAT

G88

combla d’honneurs son clergé. Il ajoute qu’il dispersa un monastère de moines nestoriens syriens et le remplira par des moines romains, et enfin qu’il reçut la soumission de l’archevêque de Ravenne Reparatus, dont le prédécesseur s’était déclaré indépendant.

Jaffé, Regesta, 1. 1. p. 238 ; Liber pontiflcalis, édit. Diichesne, t. i, p. 348-349.

A. Clerval.

2. DOMNUS II ou BONUS, DONUS. Ce pape n’a pas existé. MM. Duchesne et Giesebrecht expliquent, chacun à sa manière, par quelle erreur d’écriture, dans tous les catalogues, sauf dans trois, les mots Domnus, DomnusdeSur, Domnus de Suri, se sont glissés entre les noms des papes iîenoît VI et lienoît VII. Le mot Domnus est synonyme de papa et la durée du pontificat convient à Benoit IV (Giesebrecht) ; ou bien, les mots Domnus de Suri conviennent à Benoit VII, évêque de Sutri, avant son élévation au souverain pontificat (Duchesne). Quelques-uns ont fait de ce Domnus un pape distinct ; mais il n’y a certainement pas de place pour lui dans la suite de ces papes et l’on se rend bien compte de l’intrusion de son nom.

Liber pontiflcalis, édit. Ducltesne, t. H, p. xviii, 255, 256 : Jaffé, Regesta, t. i, p. 479 ; Giesebrecht, Jahrbucher des deutschen Iteichs unter dem Sachs. Hanse, t. u. p. 141.

A. Clerval.

1. DONAT. Évéque des Cases Noires, en Numidie, au moment de la persécution de Dioclétien, ce Donat qu’il ne faut pas confondre avec son homonyme de Carthage, le grand chef et l’âme du donatisme, fui un purilain, indulgent envers lui-même, rigorisle envers les autres et, sous les apparences d’un ami de l’ordre dans l’Église, un vrai brouillon malfaisant. Il n’avait pas hésité, pour son compte, à pratiquer la réitération du baptême et à imposer les mains aux évêques qui avaient failli pendant la persécution. Sans être l’auteur exclusivement responsable du grand schisme qui allait troubler pour plus de trois siècles toute l’Afrique du Nord, depuis la Mauritanie jusqu’à la Tripolitaine, il n’en fut pas moins l’un des instigateurs et l’une de causes déterminantes, dans des circonstances qu’il importe de relater succinctement.

Au lendemain de la persécution, l’évêque de Carthage, Mensurius, écrivait au primat de Numidie, Secundus de Tigisi, une letlre dans laquelle il ne craignait pas de blâmer certains chrétiens, qui s’élaient dénoncés eux-mêmes comme détenteurs de Livres sacrés, afin d’obtenir le martyre. Il laissait clairement entendre que la persécution avait été pour ces fanfarons l’occasion de liquider leurs affaires embarrassées et de se refaire une réputation compromise ; ils n’avaient dès lors aucun droit aux honneurs dus aux martyrs. Lui-même, pour tromper les exécuteurs des édils impériaux, avait substitué aux Livres saints des ouvrages hérétiques bien dignes du feu. Donat des Cases Noires profila de l’occasion pour décrier la conduite du primat d’Afrique auprès de ceux qu’il avait mécontentés par son refus d’honorer les victimes et même pour l’accuser d’avoir été traditeur ; si bien qu’on dénonça aux magistrats sa supercherie. S. Augustin, Brcv. collai., iii, 2."), P. L., t. xi. iii, col. 638. Il n’en fallut pas davantage pour susciter quelques troubles à Carthage.

Mensurius, ayant refusé’de livrer à l’autorité publique Je diacre Félix, qui s’était réfugié chez lui, fut mandé d’office à Rome. Avant de partir, il eut soin de confier à deux vieillards les ornements sacrés et les trésors de son église et d’en remettre la liste détaillée à une chrétienne. Renvoyé’indemne de la cour, il rentrait à Carthage quand il mourut ; c’était en 311. S. Optai, De schism. douai., i, 17. P. L., t. xi, col. 917-918. On dut procéder à son remplacement. Deux prêtres, Botrus et Célestius, briguaient sa succession et prévinrent les évéques voisins pour procéder à l’élection et au sacre

du nouveau primat. Mais à leur confusion et au grand déplaisir d’une très riche matrone, Lucilla, qui avait un candidat sous la main, le choix se porta surCécilien, diacre de Mensurius, et Félix d’Abtughi ou d’Aptonge sacra le nouvel élu. S. Optât, ibid., 1, 18, col. 919. Cécilien de réclamer alors les biens de son église aux deux dépositaires, mais vainement. Une cabale fut vite montée entre ces deux détenteurs infidèles, les deux prêtres évincés et l’irritable et vindicative Lucilla. Donat des Cases Noires, leur inspirateur, s’avisa que l’évêque de Carthage devait être sacré par celui des primats dont le siège était le plus rapproché, à savoir par Secundus de Tigisi ; il proposa donc de faire intervenir les prélats de Numidie. L’or de Lucilla rendit la chose aisée.

On vit donc, en 312, 70 évêques de Numidie se rendre à Carthage, s’y réunir en concile et citer Cécilien à comparaître pour juger son cas. Sur le refus de Cécilien, ils instruisent sa cause, déclarent son sacre nul, attendu que le consécrateur avait été traditeur, prononcent une sentence de déposition, élisent et consacrent le favori de Lucilla, le lecteur Majorinus. C’était le schisme, car Cécilien, avec raison, ne voulut point céder. Donat des Cases Noires crut alors trouver la solution dans un recours direct au pouvoir civil, qui n’avait aucune qualité pour en connaitre.il inspira donc la rédaction et l’envoi d’un libelle accusateur à Constantin. C’est pour cela sans doute que la supplique jointe au libelle porte les signatures des cinq évêques, d’ailleurs inconnus, avec ces mots : et cseteris episcopis PARTIR Dos ati, S. Optai, ibid., i, 22, col. 930, Donat des Cases Noires étant le principal accusateur. En tout cas, le document scellé, remis au proconsul Anulinus el transmis par lui à l’empereur, porte : Libcllus Ecclesise catholiese criminum Cseciliani tradilus.i parte MAJORISl, ainsi que l’indique à plusieurs reprises saint Augustin.

Constantin remit au pape Melchiade ou Miltiade le soin de trancher le différend. Kpisl. ail Melchiadem, P. L., t. iivi col. 177. Les deux partis opposés furent donc convoqués à Rome en octobre 313. Donat se trouvait là. Mis en demeure de prouver le schisme qu’il reprochait à Cécilien, il ne put produirj que des témoins qui affirmèrent n’avoir rien à formuler contre Cécilien. Faute de preuves authentiques, la cause de Cécilien restait inattaquable sur ce point. Ce fut lui, au contraire, qui tout à coup d’accusateur devenant accusé’, fut convaincu d’avoir fomenté le schisme du temps même de Mensurius, quand Cécilien n’était encore que diacre. Il dut même reconnaître que, contrairement à l’usage de l’Église romaine, il n’avait pas hésité à pratiquer la réitération du baptême, ni même à imposer les mains aux évéques qui avaient failli pendant la persécution. Aussi souleva-t-il un autre chef d’accusation, en rappelant la condamnation dont Cécilien avait été l’objet de la part du concile de Carthage pour avoir été sacré par un traditeur. La réplique fut immédiate ; les vrais traditeurs, c’étaient les évéques de ce concile, corrompus par l’or de Lucilla. Mais le pape refuse d’aborder ce point du débat pour ne s’en tenir qu’à l’accusation de schisme. Or, celle-ci, sans le moindre doute, était tranchée en faveur de Cécilien, et l’accusateur Donat fui seul à être condamné. S. Optât, ibid., i, 24, col. 933 ; S. Augustin, Epist., m.iii, i, 16 ; Post col/aL, 56 ; Brev. collât., iii, 31, P. L., t.xi.m, col. 687, 643. Avec une obstination qui devait caractériser tous les donatistes dans la suite, Donat des Cases Noires se plaignit de la décision du pape et du concile de Rome. Sur ses instances, les évéques de Numidie en appelèrent de nouveau à l’empereur, S. Optât, ibid., I,’20. col. 934, qui décida la convocation d’un nouveau concile à Arles, en 314, Mais là aussi Cécilien se trouva pleinement justifié ; et par surcroit la question des Ira