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DOMINIS

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ment dits ; le mariage ne relève pas proprement du pouvoir ecclésiastique ; c’est un contrat naturel et humain, auquel le Christ a surajouté la double obligation de l’unité et de l’indissolubilité, c. XI, p. 429 sq.

Le 1. VIe est une attaque violente contre les théories de Suarez et de Bellarmin sur le pouvoir de l’Église en matière temporelle. Pour Dominis, le Christ, en tant qu’homme, pendant sa vie terrestre, n’a pas eu de règne temporel ; les princes et rois tiennent leur puissance immédiatement de Dieu ; les deux pouvoirs laïque et ecclésiastique sont pleinement distincts sans aucune subordination, c. i sq., p. 493 sq. Le prince a droit à l’obéissance de tous ses sujets, même ecclésiastiques ; il a, en vertu de ses fonctions, droit et devoir de surveiller l’Eglise et ce qui la concerne, c. iv sq., p. 547 sq. Le domaine temporel et le glaive matérie répugnent à la profession ecclésiastique ; les évêchés ot autres bénéfices sont justement conférés par la main du prince ; quand celui-ci se dérègle, il convient que les chefs spirituels l’avertissent avec douceur et respect, mais ni l’Église ni le pape n’ont aucun pouvoir sur les royaumes temporels et les rois, c. VII sq.. p. 668 sq. Il est faux que la translation de l’empiredes Grecs aux Francs, et l’institution des sept électeurs, soient l’œuvre des papes ; et les attaques de Baronius contre la Monarchie de Sicile sont injustes, c. xi sq., p. 818 sq. Un appendice à ce 1. VI e, dirigé contre la Defensio de Suarez, s’efforce de prouver la légitimité du serment d’allégeance imposé par Jacques I er à ses sujets. Append., p. 879 sq.

La IIIe partie, parue à Hanovre en 1622, devait contenir les 1. VI1-X ; elle est incomplète, et ne comprend en réalité que le 1. VII, qui traite de l’Écriture et de la tradition, et le 1. IX, consacré aux biens ecclésiastiques. La sainte Ecriture est, pour Dominis. « la première et la plus certaine des règles sensibles de la foi. » Il admet cependant que l’Église peut « non pas décréter, mais attester, en s’appuyant sur la tradition, quelles sont les Écritures canoniques. Cette canonicité est un objet non de foi divine, mais seulement de certitude humaine ; » Dominis comprend parmi les livres « non canoniques » Tobie, Judith, la Sagesse, l’Ecclésiastique, les Machabées. Il prend, en revanche, la défense de l’Apocalypse et de l’Ëpître aux Hébreux. c. I, p. 4 sq. L’Ecriture seule est « le trésor de tous les dogmes que nous devons croire de foi divine ; » la tradition ne saurait imposer la croyance à un dogme non contenu dans l’Ecriture, c. ii p.21sq. Les conciles ne jouissent d’aucune infaillibilité particulière pour définir le véritable sens de l’Écriture ; Dominis admet cependant, par une inconséquence notoire, que les quatre premiers conciles ont des définitions infaillibles ; il fait, en particulier, la plus vive critique des délibérations et des décrets du concile de Trente, c. III, p. 39 sq. Dans les controverses sur la foi. l’Eglise « n’est pas juge de la vérité, mais seulement gardienne et témoin de cette vérité ; » « elle garde les vérités communiquées par le Christ à ses apôtres, et les révèle au monde ; c’est ainsi qu’elle dirime les controverses avec une autorité infaillible ; elle n’a, du reste, aucun pouvoir judiciaire pour imposer ses décisions, » c. IV, p. 68 sq. Le pontife romain n’est pas, bien entendu, le juge universel et infaillible des controverses sur la foi, c. v, p. 78 sq. Les Pères ne sont pas juges infaillibles, mais seulement témoins de la vraie foi, c. vi, p. 98 sq. Ce n’est pas au pape seul, c’est aux évêques et aux conciles qu’il appartient de discerner et de condamner les hérésies ; du reste, pour propager ou conserver la foi catholique, la force matérielle ne doit pas être employée, c. vu sq., p. 10ô sq. Les schismes sont le mal suprême de l’Église ; on doit les éviter à tout prix ; actuellement, ni les controverses sur les dogmes ecclésiastiques, ni celles sur les rites du culte divin, ne sauraient fournir

à personne unejuste cause de schisme ; on peut établir la concorde entre les diverses sectes hostiles ; Dominis se rallie pleinement aux tentatives de « pacification » de Cassander et de ses amis ; au nombre de ces questions indifférentes, qui peuvent être laissées à la libre discussion des écoles, il met le culte des saints, le culte de leurs images et de leurs reliques, les prières publiques, les rites des ordinations et d’autres cérémonies, c. ii sq., p. 198 sq.

Le 1. IXe traite des biens temporels dans l’Église. Avec un cynisme remarquable chez un homme dont l’avidité et l’avarice scandalisèrent les anglicans, Dominis fait un pompeux éloge de la pauvreté de cette Eglise primitive, « qui sans possessions terrestres se contentait pour sa vie frugale des libres oblations des

! fidèles, » c. i, p. 3 sq. Il admet, du reste, que le droit

à la dime subsiste dans le christianisme, que l’origine des bénéfices ecclésiastiques fut légitime, mais que cette institution peut donner lieu aux plus graves abus ; il rappelle les devoirs des ecclésiastiques dans l’usage des revenus de ces bénéfices, c. m sq., p. 19 sq. Les princes gardent leur autorité sur les biensd’Église comme sur tous les autres biens de leurs sujets ; les évêques sont maîtres et administrateurs des biens de leurs Églises ; c’est par un intolérable abus que ! " pape se substitue à eux fréquemment dans ces fonctions, et qu’il confère tant de bénéfices dans les divers pays, c. vi sq., p. 56 sq. Le livre se termine par des critiques justifiées, mais que Dominis moins que personne avait le droit de formuler, contre les abus tolérés par la cour romaine, bénéfices accordés à des indignes, commendes et pensions, c. ix sq., p. 93 sq.

On le voit, soit désir de flatter le roi Jacques d’Angleterre, soit inlluence des hommes d’Église anglicans au milieu desquels il vivait quand il composa son livre. l’archevêque de Spalatro a adopté des positions également éloignées du catholicisme et du puritanisme ; son ouvrage reproduil les théories en faveur à la cour du roi Jacques, et dont l’archevêque Laud sera le meilleur défenseur. Dominis ayant pris la peine, après sa sortie d’Angleterre, de réfuter lui-même son livre, on peut se demander jusqu’à quel point il fut de bonne foi en l’écrivant, et quelles furent ses idées réelles sur la République ecclésiastique. Un de ceux qui réfutèrent le mieux les théories de l’archevêque de Spalatro, le jésuite Martin Becan, lui disait rudement, mais non sans vérité : « Tu n’es ni catholique, ni luthérien, ni calviniste, … tu t’es fait un nouveau symbole, en partie emprunté aux livres des autres, en partie né dans ton cerveau. Deux passions t’ont poussé à écrire, la haine du pontife romain, l’amour de ta grandeur et de ta richesse. » De republica ecclesiaslica, Mayence, 1618, p. 2.

I. CEuvrtF.s de Dominis. — De republica ecclesiastica, 3 in-fol., Londres, 1617, 1620 ; Hanovre, 1622 ; Écueils du naufrage chrestien, La Rochelle, 1618 ; Sermon… faict le premier Dimanche de l’Advent de l’année idil, à Londres, en lu chapelle des Merciers, Charenton, 1619 ; Marri Antonii de Dominis… causse piofeetionis suæ ex Italia, Londres, 1616 ; Marcus Antonius’le Dominis… nui reditus e.r Anglia consilium exponit, Paris, 162a ; .M. A. de Dominis, De pacereligionis epistola ad ven. Jos. Hall archipresb. Yigorniensem, Besançon, 1666 ; sous le voile de l’anonymat, Papatus romanus, Londres, 1617.

II. Ouvrages.

Benrath.art. Dominis, dans la Tiealencyklopâdie de Herzog-Hauck, t. iv ; Boccalini (Trajano), Lettera(IIl)al Sgr Mtitio, dans la Bilancia politica de Gregorio Leti, Castellana, 1678, t. m ; Frère, A history uf the english church in the reigns of Elizabeth and James I, Londres, 1904 ; Fuller, Church history of Britain, Londres, 1655 ; S. R. Gardiner, History uf England from the accession of James I, Londres, 1896, t. iv ; Godfrey Goodman, Court of King James l, Londres, 1839, t. i, u ; Lohetus, Sore.r primas oras chartarum primi libri de Republica ecclesiastica corrodens, Londres, 1618 ; Neile, M. Ant. de Dominis. his shiftings in religion, Londres, 162’i ; Id., Alter Ecebolius, Murai ; Antonius de Dominis…