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DOGME


approuvées par le magistère infaillible de 1 Église.

c) Enfin l’on s’efforce de déterminer avec plus de précision ce qui, dans des développements dogmatiques, doit être considéré comme implicitement révélé, soit en s’appuyant sur le concept de la révélation et sur le minimum strictement requis pour sa réalisation, soit en s'éclairant des définitions de l'Église présentant certains développements dogmatiques comme révélés. Bellamy, La théologie catholique au xixe siècle, Paris, 1904, p. 128 sq. ; Vacant, Études théologiques sur les constitutions du concile du Vatican, t. ii, p. 282 sq. ; Franzelin, Tractatus de divina traditione et Scriptura, 4e édit., Rome, 1896, p. 257 sq. ; de Groot, Summa apologelica de Ecclesia catholica, 2 édit., Ratishonne. 1892, p. 332 sq. ; Billot, De virtutibus infusis, Rome, 1901, p. 253 sq. ; Bainvel, De magisterio vivo et traditione, p. liO sq. ; Fei, De evangeliorum inspiratio)æ, de dogmatis evolulione, de arcani disciplina, Paris, 1906, p. 59 sq. ; Hugon, Réponses théologiques à quelques questions d’actualité, Paris, 1908, p. 153 sq. ; Kirchenlexikon, 2'édit., 1881, t. iii, col. 1910_sq.

4. Erreurs réprouvées par l’autorité de l’Eglise. — Pendant que les théologiens catholiques cherchaient dans la doctrine traditionnelle un moyen de concilier un progrès dogmatique accidentel avec l’immutabilité substantielle de la foi, quelques esprits aventureux poursuivirent la solution du même problème dans des systèmes qui furent bientôt condamnés par le magistère ecclésiasliqne.

A. La première erreur fut celle de Giinther (y 1863). Partant de ce principe que la raison humaine est capable de comprendre toutes les vérités révélées, il soutint qu’avec le progrès des sciences humaines et de la philosophie, cette intelligence des vérités révélées doit aller sans cesse en se perfectionnant. Les définitions dogmatiques, portées par l'Église à une époque donnée, représentent simplement l’intelligence du dogme telle qu’elle est possédée à ce moment. Les définitions de l’avenir, grâce au progrès incessant de la philosophie et des sciences humaines, contiendront, sous de nouvelles formules, un sens entièrement nouveau provenant d’une intelligence plus profonde des vérités chrétiennes. Les écrits de Giinther soutenant ces erreurs et d’autres, dont nous n’avons point à nous occuper ici, furent censurés par l’Index le 8 janvier 1857. Pie IX, dans un bref adressé à l’archevêque de Cologne le 15 juin de la même année, signale, parmi les erreurs qui doivent être réprouvées dans Giinther, celles qui attaquent la perpétuelle immutabilité de la foi. Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. 1656. Réprobation renouvelée par Pie IX contre cette proposition du Syllabus : Divina revelatio est imperfecla et ideirco subjecta conlinuo et indeftnito progressui qui humanse rationis progressioni respondeat, n. 1705. Enfin le concile du Vatican prononça contre cette erreur une condamnation plus solennelle en frappant d’anathèrne quiconque soutient que les dogmes proposés par l'Église peuvent, avec le progrès de la science, recevoir un sens autre que celui que l’Eglise a compris ou comprend jusque maintenant. Sess. III, c. IV, et can. 3, De fide et ralione.

B. L'évolution substantielle des dogmes fut soutenue sous une forme non moins condamnable par M. Loisy et par l'école dite moderniste, déduisant primitivement tout dogme.de l’expérience religieuse individuelle. Suivant M. Loisy, la révélation étant simplement la conscience acquise par l’homme de son rapport avec Bieu, et la foi n'étant que la perception consciente du rapport entre l’homme et Dieu, les dogmes procèdent primitivement du travail de la pensée chrétienne individuelle et commune ; travail toujours déterminé par l’effort spontané de la foi pour se définir elle-même et par les exigences naturelles de la propagande ; tra vail déterminé aussi par les conditions perpétuellement changeantes du milieu intellectuel. A. Loisy, L’Evangile et l'Église, Paris, 1902, p. 138 sq., 162 sq. Toute vérité étant en nous quelque chose de nécessairement conditionné et relatif, les dogmes chrétiens possèdent également une relativité métaphysique et historique : une relativité métaphysique, parce qu’ils sont une représentation inférieure à leur objet, une relativité historique, parce que l’intelligence croyante travaille incessamment pour s’approprier cette représentation défectueuse et l’adapter aux conditions nouvelles de la pensée humaine. Autour d’un petit livre, 2e édit., Paris, 1903, p. 191, 204 sq. ; L'Évangile et l'Église, p. 164. Les décisions de l’autorité ecclésiastique ne font que sanctionner et consacrer le mouvement de la pensée et de la piété communes. L’Evangile et l'Église, p. 125. La formule ecclésiastique n’est pas vraie absolument, puisqu’elle ne définit pas la pleine réalité de l’objet qu’elle représente : elle n’en est pas moins le symbole d’une vérité absolue ; jusqu'à ce que l'Église juge à propos de la modifier en l’expliquant, elle est la meilleure et la plus sûre expression de la vérité dont il s’agit. Autour d’un petit livre, p. 206 sq.

Le système préconisé par M. Edouard Le Rcy avant le décret Lamentabili et l’encyclique Pascendi, n’est guère différent de celui que nous venons d’exposer. Rappelons simplement ce passage de l’article : Qu’est-ce qu’un dogme ? « On voit en outre comment les dogmes sont immuables et comment néanmoins il y a une évolution des dogmes. Ce qui est invariant dans un dogme, c’est l’orientation qu’il donne à notre activité pratique, c’est la direction suivant laquelle il infléchit notre conduite. Mais les théories explicatives, les représentations intellectuelles changent incessamment au cours des

; 'iges suivant les individus et les époques, livrées à toutes

les fluctuations et à toutes les relativités que manifeste l’histoire de l’esprit humain. Les chrétiens des premiers siècles ne professaient point sur la nature et la personne de Jésus les mêmes opinions que nous et ils ne se posaient point les mêmes problèmes : l’ignorant d’aujourd’hui n’a point sur ces hauts et difficiles sujets les mêmes idées que le philosophe ni les mêmes préoccupations intellectuelles ; mais, ignorants ou philosophes, hommes du premier ou du xxe siècle, tous les catholiques ont toujours effet toujours auront la même attitude pratique en face de Jésus. » Dogme et critique, Paris, 1907, p. 31. Voir dans le même ouvrage, p. 275, 281 sq.

Quant aux théories émises par les écrivains modernistes, il nous suffira de rappeler l’exposé qu’en donne l’encyclique Pascendi. — a) Le principe général des modernistes est que, dans une religion vivante, il n’est rien qui ne soit variable, rien qui ne doive varier. Dogme, Église, culte, livres saints, foi même, tout est tributaire des lois de l'évolution. — b) La foi prenant primitivement naissance dans la nature même et dans la vie de l’homme, le progrès de cette foi se fait aussi par la pénétration croissante du sentiment religieux dans la conscience et non par l’adjonction de formes nouvelles venues du dehors. — c) Le progrès de la foi, tout en se faisant par la pénétration croissante du sentiment religieux dans la conscience, est puisamment aidé par l’action de certains hommes extraordinaires que nous appelons prophètes et dont le plus illustre a été Jésus-Christ. Ces hommes extraordinaires concourent au progrès de la foi, soit parce qu’ils offrent, dans leur vie et dans leurs discours, quelque chose de mystérieux dont la foi s’empare et qu’elle finit par attribuer à la divinité, soit parce qu’ils sont favorisés d’expériences originales en harmonie avec les besoins des temps oii ils vivent. Ce quelque chose de divin que la foi reconnaissait en Jésus-Christ, elle l’a élevé et élargi peu à peu et par degrés jusqu'à ce que de lui elle ait