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DOGME


lalio est imper f cela et ideirco subjecta continuo et indefinito progressui qui lu/maux rationis progressioni respondeat, n. 1705, ainsi que par la définition solennelle du concile de Vatican : Neque enim fidei doclrina quam Deus revelavit, relut philosophicum inventum proi>osita esthumanis ingeniis perficienda, sed lanquam divinum depositum Christi sponsæ tradita, fideliter custodienda et infallibiliter declaranda. Sess. III, c. iv, n.ISOO.

3° En réponse aux objections rationalistes nous ferons observer que l’immutabilité substantielle des dogmes chrétiens proposés par l'Église à notre foi, n’est point inconciliable avec l’autonomie qui appartient vraiment aux sciences humaines, ni avec leur progrès légitime. Car, s’il est vrai que toutes les sciences humaines, même les sciences critiques, doivent être subordonnées à la direction intellectuelle des dogmes, en tout ce qui concerne la vérité révélée et ce qui a avec elle une nécessaire connexion, comme l’enseignent Pie IX dans sa lettre à l’archevêque de Munich du 21 décembre 1863, Denzinger-Hannwart, Enchiridion, n. I6K3, et dans la condamnation de la proposition 14e du Syllabus : l’hilosophia trartanda est nulla supernaturalis revelationis lialrila ratione, et Léon XIII dans l’encyclique Immortale Del du Ie ' novembre 1885 et dans l’encyclique Libertas du 20 juin 1888, il est non moins vrai que ces sciences gardent toujours leur autonomie en tout ce qui n’a point de connexion nécessaire avec le dogme, particulièrement en ce qui concerne leur méthode propre et leur genre particulier de preuve, comme l’attestent cette définition déjà citée du concile du Vatican : Nec sane Ecclesia vetat ne hvjusmodi disciplinée in suo quæque ambitu propriis utantur principiis et propria methodo, sess. III, c. iv, et cette déclaration de Léon XIII dans l’encyclique Libertas du 20 juin 1888 : Denique prœtereundum non est immensum patere canipum in quo hominum excurrere industriel, seseque exercere ingénia libère queant, res scilicet, quæ cuni doctrina fidei morumque christianorum non liabent necessariam cognationem, vel de quibus Ecclesia, nulla adltibila sua auctorilate, judicium erudiloruin relinquil inlegrum ac liberum. D’ailleurs, suivant tous ces mêmes documents, des faits constants démontrent que la nécessaire subordination des sciences humaines à la direction intellectuelle des dogmes, en même temps qu’elle respecte intégralement leur autonomie normale, est pour elles une précieuse sauvegarde contre les entraînements ou les sollicitations de l’erreur.

Toutes ces conclusions s’appliquent aussi en toute vérité aux relations entre le dogme et la critique, pourvu que les deux conditions exigées par le concile du Vatican soient réalisées : que les dogmes de foi soient fidèlement compris et exposés selon la pensée de l'Église, et que du côté des sciences humaines l’on ne considère point de simples opinions comme des données certaines de la raison. Sess. III, c. iv.

D’ailleurs, nous ne devons point oublier que s’il y a une science critique vraiment digne de ce nom, loyalement soumise à l’enseignement révélé et à l’autorité de l'Église, possédant tous les droits que nous venons de revendiquer et digne d'être favorisée dans son progrés si légitime, il y a aussi une critique indépendante et insoumise dont le progrès, fatal à la raison en même temps qu'à la foi, doit être énergiquement réprouvé et combattu, suivant les enseignements de Léon XIII dans l’encyclique Providentissimus Deus du 18 novembre 1893 et surtout ceux de Pie X dans l’encyclique l’ascendi du8septembre 1907. Voir CRITIQUE, t. iii, col. 2332 sq.

/II. c immutabilité substantielle des dogmes proposés par l'église et i.a mutabilité des formules DOGMATIQUES. — 1° En droit. — 1. Dès lors que les formules dogmatiques employées par les Pries et les théologiens expriment habituellement les dogmes

à l’aide d’une image ou d’un symbole matériel et qu’elles sont le plus souvent empruntées à la philosophie courante d’une époque, elles contiennent presque toujours quelque imperfection et sont par conséquent susceptibles d’amélioration.

2. De nouvelles formules dogmatiques peuvent être particulièrement nécessaires pour défendre plus efficacement la doctrine chrétienne contre de nouvelles erreurs exigeant des explications ou des précisions nouvelles. S. Thomas, Svm. theol., ll a II æ, q. i, a. 10, ad l 1 "". De la part de l'Église l’emploi de telles expressions est une nécessaire conséquence de sa divine mission d’enseigner intégralement la révélation chrétienne aux fidèles de tous les temps, dans la mesure et de la manière exigées par leur bien spirituel. C’est ce que signifie implicitement le concile du Vatican, déclarant simplement que le dépôt de la révélation chrétienne conlié à la garde vigilante de l’Eglise n’est sujet à aucun perfectionnement humain : neque enim fidei doctrina quam Deus revelavit, velut philosophicum inventum proposila est humanis ingeniis perficienda. Sess. III, c. iv. Le concile n'écarte aucunement le perfectionnement accompli ou sanctionné par l’Eglise dans la sphère de son autorité ; il réprouve simplement tout perfectionnement accompli par le travail de la raison humaine, s’exercant indépendamment de l’autorité de l’Eglise.

3. Quant à la manière de réaliser ce perfectionnement, rien n’empêche qu’avant d'être définitivement approuvé par l'Église, il soit d’abord préparé, pendant un temps plus ou moins long, dans les écrits individuels des Pères ou des théologiens. Il suffit que l'Église, par sa définition dogmatique, approuve, en se l’appropriant, le travail antérieurement élaboré. Nous en constaterons bientôt plusieurs exemples manifestes.

4. Enfin rien ne s’oppose à ce que' l’Eglise, dans l’avenir des siècles, perfectionne encore les formules déjà choisies par elle pour exprimer la doctrine chrétienne. Car le droit de l'Église n’est point nécessairement lié par le premier usage qu’elle en a fait. Il est simplement requis qu’elle garde immuablement le sens des dogmes précédemment définis, concile du Vatican, sess. III, c. IV, et que, pour éviter le danger qui pour* rait naître de fréquentes modifications non motivées, elle agisse ainsi seulement pour de très graves raisons et dans la mesure strictement nécessaire.

2° En fait, l’histoire des dogmes montre ce perfectionnement dans les formules dogmatiques, d’abord réalisé, souvent d’une manière assez lente, par les Pères et les théologiens, puis utilise et définitivement sanctionné par le magistère de l’Eglise, sans qu’aucune atteinte soit portée à l’identité substantielle du dogme, et aussi sans que se rencontre un seul exemple bien caractérisé de modification postérieurement introduite par l'Église dans les formules déjà adoptées par elle.

Ainsi a) les termes substantiel, natura, persona, introduits dans le langage théologique par Tertullien pour exprimer les augustes mystères de la trinité et de l’incarnation, A. d’Alès, La théologie de Tertullien, Paris, 1905, p. 81 sq., sont bientôt universellement adoptés chez les Latins. Chez les Grecs, les mots ovala et 1116<7- : a<nç, d’une signification d’abord assez indécise, sont employés pour la première fois par saint Basile dans le sens très précis des termes latins substanlia et persona. Epist., xxxviii et ccxxxvi, n. 6, P. G., t. xxxii, col. 325 sq., 884 ; Contra Eunomium, l. ii, n. 28 ; l. IV, n. 1 sq., /'. C, t. xxix, col. « 37 sq., 689 sq. Cette signification, bientôt communément adoptée chez les Grecs, est notamment employée par saint Cyrille d’Alexandrie dans ses célèbres anathématismes. Des écrits des Pères elle passe bientôt dans le langage des conciles. Le concile de Nicée en 325 avail encore employé le mot JuôirTaCTt ; comme synonyme de