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DOGME


t. l, col. 610 sq., est d’une constatation facile et d’un fondement très sûr ; mais il ne possède point une valeur scientifique considérable, parce qu’il ne fournit aucune preuve critique immédiate et qu’il ne résout point directement les objections adverses. Bainvel, De magisterio vivo et traditione, p. 64.

2. Quant à la discussion scientifique des textes ou documents appartenant aux diverses périodes de l’histoire, on doit particulièrement observer qu’elle relève à la fois de la critique historique et de l’autorité de l'Église. Tributaire de la critique historique, elle doit en suivre toutes les règles légitimes ; mais elle doit en même temps être soumise à l’autorité de l'Église au moins quant à l’acceptation intime des vérités proposées par elle comme révélées ou comme certainement connexes à la doctrine révélée ; et pour remplir ce devoir elle est tenue d'éviter les excès réprouvés par l’encyclique Pasccndi dans la description du moderniste considéré comme critique, excès que Léon XIII avait déjà condamnés dans l’encyclique Providentissimus Deus du 18 novembre 1893.

3. Observons enfin que certains défauts de critique, historiquement constatés chez les Pères ou les théologiens dans l’emploi dogmatique des témoignages traditionnels, ne compromettent aucunement ni la preuve traditionnelle ni le dogme catholique, soit parce que d’autres preuves valables ne font point défaut, soit parce qu’aucun développement dogmatique postérieurement approuvé par l’Eglise n’est résulté de ces erreurs. Il n’est point nécessaire de rappeler ici des faits universellement connus, comme de nombreux documents ou textes faussement attribués à Denys l’Aréopagite, à saint Augustin, à saint Jérôme ou à d’autres Pères et sur lesquels on s’appuyait souvent en majeure partie.

Nous ne parlerons point ici de la raison comme source du dogme révélé. Car selon l’enseignement du concile du Vatican, sess. III, c. ii, ni, il est certain que, même après la manifestation du fait de la révélation, la raison est totalement impuissante à démontrer le dogme révélé, puisque celui-ci dans sa nature intime reste inaccessible à la raison humaine. Tout ce dont la raison est alors capable, est de montrer la non-valeur démonstrative des objections de raison dirigées contre la vérité révélée, S. Thomas, Cont. gent., l. I, c. vii, ou de faire ressortir pour les croyants toutes les raisons de convenance qui nourrissent et fortifient la piété et l’amour de Dieu. Cont. gent., l. I, c. ix. On sait d’ailleurs le rôle que joue la raison dans la perception des motifs de crédibilité' qui précède l’acte de foi. Voir Crédibilité.


V. Immutabilité substantielle des dogmes chrétiens. —

1. CARACTERE DÉFINITIF ET IMMUABLE DE LA RÉVÉLATION FAITE l’Ait JÉSUS-CBRIST ET ANNONCÉE paii les APÔTRES. —

C’est ce caractère définitif et immuable qui distingue la révélation chrétienne des révélations faites par Dieu sous l’Ancien Testament. Tandis que celles-ci devaient, dans le plan divin, être complétées par Dieu à mesure que l’humanité approchait de l’avènement de Jésus-Christ, S. Thomas, Sum. theol., II a II' q. I, a. 7, ad 2°'" et i"" 1, la révélation faite par Jésus-Christ et annoncée par les apôtres, doit demeurer jusqu'à la fin des temps, sans être modifiée par aucune révélation publique et sans subir dans son contenu intégral aucune altération substantielle ; ce qui cependant n’empêche point quelque progrès accidentel dans la connaissance et dans la proposition des dogmes chrétiens, comme nous le montrerons bientôt.

Enseignement scripluraire.

1. Enseignement évangélique. — Euntes enjo docele omnes génies, baplizanles eos in nomine Patris et Filii et Spiritus Sancli, docentes eos servare omnia quæcumque man dat') vobis, et ecce ego vobiscum sum omnibus diebus, usque ad consummalioneni sœculi. Ma tth., XXVIII, 19sq. Xous savons que, par ces paroles, Jésus-Christ a confié toute sa doctrine à ses apôtres et à leurs successeurs jusqu'à la consommation des siècles et qu’il leur a assuré à perpétuité, pour l’accomplissement de cette charge, le privilège de l’infaillibilité doctrinale. Voir K( ; lise. En même temps, Jésus-Christ a fixé pour toute la durée des siècles, usque ad consummationem sseculi, ce que doivent enseigner les apôtres et leurs successeurs toujours assistés par lui dans cette sublime fonction, docentes eos servare omnia quæcumque mandavi vobis. Dès lors toute révélation subséquente, dont la prédication des apôtres ne serait pas le point de départ, serait une déviation de cette institution primitive, que Jésus-Christ a cependant déclarée définitive. Hypothèse inadmissible puisqu’elle outrage l’absolue véracité et la parfaite sagesse du divin Maître. Cette conclusion est d’ailleurs confirmée par la promesse solennelle de Jésus à ses apôtres dans le discours après la cène : docebil vos omnem veritatem, .]oa., xvi, 13 ; vos docebit omnia. Joa., xiv, 26. Promesse inévitablement violée dès lors qu’une nouvelle révélation publique s’accomplirait à quelque époque de l’histoire du monde, modifiant le dépôt de la foi confié aux apôtres et à leurs successeurs.

2. Enseignement de saint Paul.

L’antithèse établie par saint Paul dans l'Épitre aux Hébreux entre les multiples révélations successivement accomplies dans l’ancienne alliance et la révélation faite par Jésus-Christ in' iu/6.-o-j, exprime clairement le caractère définitif et parfait de cette dernière révélation. — a) C’est ce qu’indique l’expression In' liyàio-j signifiant littéralement pour la dernière fois et définitivement, signification encore renforcée par le contraste si marqué avec rcoXujxEpâx ; -/ai nojzp61zu>c, TtàXat du verset 1 er. — b) Celte interprétation est confirmée par Heb., XII, 2, où Jésus est appelé auctor et consummalor fidei, -rr, ; Ttitmax ; xy/yyji La ; VE.eiv>zrv } ce qui exprime nettement que la doctrine, à laquelle nous adhérons par la foi, a JésusChrist pour fondateur et chef, et que de ce fondateur et chef elle a en même temps reçu la dernière perfection. — c) Ce sens est entièrement conforme à la doctrine, souvent exposée ailleurs par saint Paul, que la nouvelle alliance est définitivement établie avec une perpétuelle stabilité sur le fondement de Jésus-Christ, unique médiateur et rédempteur, et source unique de toute grâce pour tous les hommes jusqu'à la fin des temps. Col., i, 518, ii, 1 ; Eph.. ii, 10 ; Rom., v, 1 sq. ; Heb., vii, Il sq. ; x, 11. — d) Saint Paul enseigne d’ailleurs que l’on doit fidèlement garder la doctrine prèchée par les apôtres, II fini., 1, 13 ; iii, 10, et que l’on doit rigoureusement écarter toute révélation qui publierait autre chose que ce qu’ont annoncé les apôtres. Gal., i, 8.

Enseignement traditionnel.

Cet enseignement se déduit évidemment des preuves précédemment apportées en faveur de la valeur objective des dogmes. Il suffira de les rappeler brièvement sous l’aspect particulier à notre démonstration actuelle. — 1. Dans les quatre premiers siècles, c’est un enseignement très formel chez les Pères, que la doctrine à laquelle tous les fidèles doivent adhérer est la doctrine de Jésus-Christ publiée par les apôtres, doctrine conservée toujours une et toujours la même, à laquelle on ne doit rien ajouter et de laquelle on ne doit rien retrancher, sous peine d'être exclu de l’héritage de Jésus-Christ et séparé de son Église. S. Ignace d’Antioche, Ad P/iil., vii, l’unk, Paires apostolici, 2° édit., Tubingue, 1901, p. 30ô ; Ad L'/>/(., xvi, p. 227 ; S. Irénée, Cont. hær., 1. 1, c. x ; I. Hl.prœf. etc. i, xxii, P. G., t. vii, col.549sq., 848sq., '.iiiii sq. ; Tertullien, De preescriptionibus, c. xi. xxv, xxviii, xxxi, xxxvii. /'. L., t. ii, col. 33, 37, in. 14, 50 sq. ; Chinent d’Alexandrie, Strom., VII, /'. ( ; ., t. IX,