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DOGME


par le concile de Nicée pour le Verbe. Ilefele, op. cit., t. il, p. 13 sq.

Une valeur positive non moins certaine doit être attachée aux définitions portées au Ve siècle par les conciles d’Kphèse et de Clialcédoine contre Nestorius et Eutychès. Le terme Bsotôxo ; est adopté par le concile d'Ëphèse dans le sens précis de mère de Dieu, selon la nature humaine hypostatiquement unie à la personne du Verbe, et imposé' dans ce sens à l’adhésion de tous les fidèles sous peine d’anathème. C’est ce qu’indiquent les actes conciliaires. Ilefele, op. cit., t. il, p. 302 sq. La définition du concile de Clialcédoine sur la distinction des deux natures dans le Verbe incarné avait aussi un sens très précis et très posilif exprimé surtout par les paroles êv 8->j çvktectiv qui sont la formule vraiment authentique. Voir Ciialekdoine, t. H, col. 207. Par ces paroles qui écartaient radicalement la conception eutychéenne de l’unité de nature après l’union, les Pères du concile affirmaient positivement, après l’union hypostatique, la permanence des deux natures distinctes, comme le prouve la discussion conciliaire. Loc. cit., col. 2195 sq. Et c’est ce sens positif que le concile imposa à tous les fidèles par l’anathème final porté contre ceux qui auraient la témérité même de penser autrement.

b) Dans les catéchèses alors définitivement organisées, on prenait soin de donner à tous les catéchumènes, même les moins favorisés au point de vue intellectuel ou les moins cultivés, une instruction positive sur la nature intime des mystères, instruction supposant nécessairement la croyance à la valeur objective et positive des dogmes, ainsi que l’obligation pour tous les fidèles d’adhérer aux dogmes ainsi compris. Nous citerons comme exemples les catéchèses de saint Cyrille de Jérusalem et de saint Augustin sur le mystère de la sainte Trinité et sur l’incarnation du Verbe divin.

Selon saint Cyrille, bien que nous ne puissions avoir de Dieu une connaissance parfaite et que ce soit une grande science de confesser notre ignorance en ce qui le concerne, il est cependant vrai que nous savons quelque chose de lui et que nous pouvons avantageusement l’exprimer. Cat., VI, n. 2 sq., P. G., t. XXXIII i col. 540 sq., 545sq. Après avoir expliqué les attributs de Dieu, particulièrement sa très sage providence qui s'étend à toutes choses en ce monde et sa paternité surnaturelle dans l’ordre de la grâce, le catéchète de Jérusalem insiste sur la filiation divine de Jésus-Christ, filiation non par adoption mais par nature, filiation procédant d’une génération véritable, dont on doit cependant écarter toutes les imperfections inhérentes aux générations des créatures. Cal., xi, col. 692 sq. De cette filiation on doit particulièrement écarter toute idée de génération corporelle et de succession de temps, ainsi que les défauts inhérents à notre verbe humain qui, à la profonde différence du Verbe divin, n’est point subsistant, col. G97 sq. Cyrille donne aussi une explication très nette de la double nature en Jésus-Christ, Cat., xii, col. 725 sq., et de la divinité du Saint-Esprit, consubstantiel au Père et au Eils, un avec le Père et le Fils dans la trinité des personnes. Cat., XVI, col. 919 sq.

Saint Augustin, particulièrement dans les catéchèses où il explique aux catéchumènes le symbole et la double cérémonie de la traditio et redditio symboli, insiste également sur l’obligation de croire, relativement aux mystères de la trinité et de l’incarnation, la doctrine positive qu’il enseigne. De symbolo ad catechumenos, P. L., t. XL, col. 627 sq. ; Sernu, ccxii-ccxvi, P. L., t. xxxviii, col. 1058 sq. ; De fide et symbolo, P. L., t. xl, col. 181 sq. Attitude qui n’aurait aucune raison d'être, surtout vis-à-vis des intelligences les moins cultivées, si quelque croyance positive au contenu des dogmes n'était point effectivement nécessaire à tous.

En même temps ces enseignements catéchétiques de saint Cyrille et de saint Augustin, par lesquels d’ailleurs nous pouvons juger l’enseignement catéchétique de toute cette époque, nous donnent la parfaite intelligence de la double cérémonie de la traditio et redditio symboli. Voir Gatéchuménat, t. ii, col. 1981 sq.

En portant à la connaissance des catéchumènes dans la traditio symboli, peu de temps avant le baptême, la formule du symbole qu’ils devaient apprendre de mémoire pour en faire la règle de leur foi, et en leur demandant dans la redditio symboli, immédiatement avant ou quelques jours après le baptême, un témoignage précis de leur connaissance des vérités du symbole, on voulait fortement pénétrer les catéchumènes et les néophytes de la stricte obligation d’adhérer absolument et intégralement à la doctrine positive enseignée par Jésus-Christ et proposée en son nom par l’Eglise.

3. Depuis le VIe siècle jusqu'à l'époque actuelle, la croyance universelle à la valeur objective et positive des dogmes continue à être manifestée par la constante et universelle pratique de l’Eglise d'écarter de son sein tous ceux qui n’adhèrent pas intégralement aux vérités qu’elle propose comme enseignées par Jésus-Christ, et par l’enseignement catéchétique donné à tous les fidèles sur la nature intime des dogmes, dans la mesure où ceux-ci sont accessibles aux plus simples intelligences. C’est ce que démontre l’histoire des conciles de toute cette époque. C’est aussi ce qu’attestent les catéchèses ou instructions adressées aux fidèles et les catéchismes employés pour les instruire.

Depuis le xii c siècle, il est vrai, le concept des dogmes prend, chez les théologiens, une forme plus scientifique, mais il ne subit aucune modification substantielle. Les théologiens scolastiques, toujours préoccupés de construire un puissant édifice intellectuel où toutes les connaissances humaines fussent convenablement harmonisées avec le dogme, insistent particulièrement sur cet accord entre la raison et le dogme et sur toutes les conclusions que la raison guidée par la foi peut logiquement déduire des vérités révélées. Toutes ces conclusions méthodiquement groupées et coordonnées en un ensemble harmonieux constituent la science Ihéologique, juxtaposée mais non substituée au dogme, dérivant de lui toute sa valeur mais ne le modifiant aucunement dans sa nature intime. D’ailleurs, l’on ne doit pas oublier qu'à ces conclusions fermes se joignent, comme dans toutes les sciences, des hypothèses ou opinions dont la connexion avec le dogme est plus ou moins fondée ou simplement vraisemblable ; hypothèses ou opinions sur lesquelles l’Eglise ne s’est aucunement prononcée et qui sont laissées à la libre appréciation des théologiens. Ranger parmi les dogmes ces hypothèses ou opinions théologiques ou même les déductions certaines, c’est donc travestir sciemment le dogme et en même temps calomnier la théologie scolastique considérée dans son ensemble. Et quand même une critique impartiale prouverait que des auteurs scolastiques ont parfois excédé en cette délicate matière et porté trop loin leurs affirmations dogmatiques, il n’en résulterait aucune fâcheuse conséquence pour la thèse que nous défendons. Car une doctrine ne peut être rendue responsable de quelques erreurs ou imprudences individuelles.

Au xvie siècle, en face du protestantisme et de toutes les erreurs auxquelles il a donné naissance, le concept du dogme reste le même chez les théologiens catholiques. C’est ce concept que le concile de Trente oppose aux erreurs protestantes : Disponuntur autem ad ipsatu justifiant, dum excilali divina gratia et adjuli, fidem exauditu concipientes libère moventur in Deum, credentés vera esse quæ divinitus revelata et promissa sunt, atque illud in primis a Deo justificari impium