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DOGME


logie und Kirche, 'i' ('dit., Leipzig, 1906, t. xvii p. COI sq. Cette doctrine subjectiviste reproduite par Albert Ritschl (1822-1889), avec une accentuation encore plus marquée, G. Goyau, op. cit., p. 9(i sq. ; Healencyklopàdie, loc. cit., p. 28 sq., fut propagée parmi les protestants français par A. Sabalier (18391901), particulièrement dans son Esquisse d’une philosophie de la religion d’après la psychologie et l’histoire, Paris, 1897, et les Religions d’autorité et la religion de l’esprit, Paris, 1903. Suivant Sabalier, la révélation est simplement l’action continue de la providence sur les âmes en contact avec le divin, action d’où résulte dans l'âme une impression ou expérience religieuse personnelle, éveillant à la vie de justice et d’amour. C’est en prenant conscience de cetteexpérience religieuse que l’on acquiert quelque idée de Dieu et des rapports obligatoires avec lui. Toutefois, quand des individus possédant une même conscience religieuse se constituent en société, il est nécessaire que l’autorité détermine officiellement les croyances collectives, d’une manière conforme à la conscience commune des membres de la communauté et à leur état de culture intellectuelle suivant leur époque et leur milieu. Les formules ou propositions doctrinales ainsi adoptées, avec une valeur purement disciplinaire et pédagogique, sont les seuls dogmes. Persévéramment identiques dans l’expérience religieuse qui est leur source première, ces dogmes sont incessamment et essentiellement variables dans les jugements intellectuels et dans les propositions doctrinales exprimant cette expérience intime. Variabilité d’ailleurs impérieusement exigée par la nécessité d’harmoniser les dogmes officiels avec la culture intellectuelle de l'époque et du milieu.

Le maintien de cette constante harmonie est assuré par la critique théologique à laquelle incombe principalement la laborieuse tâche de l’incessante épuration des dogmes. Op. cit., -passim.

Ces idées subjectivistes ont, surtout de nos jours, obtenu créance chez un grand nombre de protestants. .1. Lebreton, L’encyclir/ue et la théologie moderniste, Paris, 1908, p. 20 sq. On le constatera facilement en lisant les articles sur la dogmatique et le dogme dans Y Encyclopédie des sciences religieuses de Licbtenberger, Paris, 1878, t. iv, p. 1 sq., et dans la Realencyklopâdie fur protestantische Théologie und Kirche, 3e édit., Leipzig, 1898, t. iv, p. 733 sq. Voir aussi l’article de G. Lapeyre, La crise du luthéranisme, dans la Revue pratique d’apologétique du 15 janvier 1910, p.."J89 sq.

2° Système de M. Loisy. — Cet auteur incarnant, pour ainsi dire, en lui tout le modernisme, il nous suffira, pour donner une juste idée de celui-ci, d’indiquer au moins sommairement les idées du maître, soit d’après les écrits antérieurs à l’encyclique Pascendi, soit d’après quelques brochures publiées depuis cette époque. — I. Comme dans les systèmes précédents, la révélation n’a pu être que la conscience acquise par l’homme de son rapport avec Dieu, Autour d’un petit ilvre, 2e édit., Paris, 1903, p. 195 sq., l’idée commune de la révélation est un pur enfantillage ou une conception puérile. Quelques lettres sur des questions actuelles et sur tirs événements récents, Paris, 1908, p. 162 ; Simples ré/lexions sur le décret du SaintOffice et sur l’encyclique, Paris, 1908, p. 149. — 2. Les dogmes sont pour l’historien critique une simple interprétation de faits religieux, acquise par un laborieux effort de la pensée théologique. L' Evangile et l’Eglise, M édit., Paris, 1903, p. 200 sq. ; Autour d’un petit livre, 2e édit., Paris, 1903, p. 200. Aussi les dogmes, tels qu’ils sont ofliciellement formulés par l'Église, n’ont-ils qu’une valeur relative. L’Evangile et l’Eglise, p. 210 ; Autour d’un petit livre, p. 206.

D’ailleurs, l’auteur admet le relativisme philosophique en ce qui concerne toutes nos connaissances. Autour d’un petit livre, p. 190 sq. — 3. Apparemment l’auteur accorde quelque rôle à l’autorité enseignante de l'Église considérée comme divinement établie, Autour d’un petit livre, p. 206 ; mais en réalité celle-ci ne remonte point à l’institution primitive et ce n’est qu'à une époque assez éloignée des temps primitifs que le christianisme catholique prit une conscience plus claire de lui-même et se déclara d’institution divine en tant que société extérieure et visible, avec un seul chef possédant la plénitude de tous les pouvoirs. L’Evangile et l'Église, p. 131 sq., 135 sq., 199 ; Simples relierions, p. 187 sq. — 4. L’historien critique insiste plus que ses devanciers sur l’autonomie absolue de la critique biblique, qui le conduit à admettre une séparation absolue entre le domaine de l’histoire et celui des dogmes ou de la spéculation théologique. Autour d’un petit livre, p. 49 sq. D’où se déduisent logiquement des conclusions comme celles-ci : la divinité de Jésus-Christ, quand même Jésus-Christ l’aurait enseignée, n’est pas un fait d’histoire ; c’est une donnée religieuse et morale, dont la certitude s’obtient par la même voie que celle de l’existence de Dieu (c’est-àdire par l’effort de la conscience morale aidée de la connaissance et du raisonnement), non par la simple discussion du témoignage évangélique, Autour d’un petit livre, p. 215 ; l’institution de l'Église et des sacrements par le Christ est, comme la glorification de Jésus, un objet de foi, non de démonstration historique, p. 217 ; les récits de Jean ne sont pas une histoire, mais une contemplation mystique de l'Évangile ; ses discours sont des méditations théologiques sur le mystère du salut, p. 93. Après l’encyclique Pascendi, les affirmations du critique en toute cette matière sont encore bien plus audacieuses. Simples ré/lexions, p. 61, 80, 90, 150, 156 ; de négation en négation il est amené à douter même de l’existence de Dieu considéré comme être personnel et distinct. Quelques lettres, p. 45 sq., 68 sq. ; Simples réflexions, p. 150.

3° Systèmes modernistes admis au moins partiellement par quelques catholiques avant le décret Lamentabili et l’encyclique Pascendi. — 1. On admettait plus ou moins ouvertement l’expérience religieuse comme source première de la connaissance de Dieu et de toutes les vérités religieuses. On disait de la connaissance de Dieu qu’elle s’acquiert comme on acquiert la connaissance d’un ami en vivant de sa vie, en pénétrant dans son intimité, en devenant lui-même. Laberthonnière, Le dogmatisme moral, Paris, 1898, p. 52 ; Essais de philosophie religieuse, Paris, 1903, p. 120. La révélation chrétienne ou l’inspiration ne consiste point à introduire dans l’esprit humain une vérité qui serait extérieure et étrangère à la réalité vivante que nous sommes et dont chacun de nous expérimente à sa façon l'élan infini ; mais elle consiste à mettre en lumière ce qui se trouve dans cette réalité même, c’est-à-dire ce que Dieu fait en elle, avec elle et ce qu’il lui propose de faire avec lui. Laberthonnière, Réalisme chrétien et idéalisme grec, Paris, 1904, p. 104 sq. Ce n’est certes pas que la foi ne comporte point de connaissance, mais la connaissance qu’elle comporte relève essentiellement d’une expérience de vie et non d’une étude sur des faits et des documents, p. 149.

Un langage à peu près identique se rencontre en maints passages de l’ouvrage de M. Kdouard Le Roy, Dogme et critique, Paris, 1907, où l’auteur a reproduit tous ses divers articles de revues ou de journaux, sur cette grave question.

2. On attribuait au dogme un rôle principalement négatif et presque exclusivement pratique, en même temps qu’on rejetait toute conception intellectualiste-