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DOGMATIQUE


jusqu’à la consommation des siècles l’œuvre de Jésus-Christ, en enseignant sa doctrine, en administrant ses sacrements et en gouvernant les lidèles avec son autorité. La divine constitution de l’Église est ici étudiée en détail, à la lumière des enseignements fournis par la révélation. —
g) La dogmatique doit posséder ses traités spéciaux sur les sacrements en général et sur chacun des sacrements en particulier, que ces matières dogmatiques soient exposées à part ou qu’elles soient fusionnées avec les questions de théologie morale, de casuistique ou de liturgie. Il importe souverainement qu’en ces matières le dogme ait une exposition bien complète, car c’est de lui que tout le reste dépend, —
h) Les fins dernières et la communion spirituelle de prières ou de satisfactions entre les trois parties de l’Église de Jésus-Christ couronnent logiquement toute la dogmatique.


IV. La dogmatique dans le Nouveau Testament.

1° On doit admettre contre tous les tenants du subjectivisme et du modernisme que nous réfuterons à l’article suivant, qu’il y a, dans les écrits inspirés du Nouveau Testament, un enseignement dogmatique donné par Jésus-Christ ou en son nom, et qui nous fournit une connaissance objective, si imparfaite qu’elle soit, des réalités divines. Si, à cause des étroites limites de notre intelligence toujours impuissante à saisir l’infini, ou à cause de l’emploi habituel d’analogies créées représentant incomplètement la vérité divine et de l’inévitable défectuosité de toutes les formules humaines, il ne nous est point possible de saisir adéquatement le concept divin, il reste cependant vrai que le dogme révélé nous en donne une connaissance qui, tout imparfaite qu’elle est, est en nous comme un épanchement de la parfaite science que Dieu a de lui-même, S. Thomas, Cont. gent., l. IV, ci ; ce qui suppose manifestement une participation à la réalité objective de cette divine science. Voir Dogme.

2° Le catalogue des dogmes certainement enseignés dans les écrits néo-testamentaires, peut être pratiquement limité aux textes dont le sens est authentiquement défini, ou par les écrivains sacrés eux-mêmes, comme cela se présente souvent dans les écrits du Nouveau Testament selon la remarque de l’encyclique Providenlissimus Deux, ou par l’autorité du magistère « cclésiastique, ou même par le consentement unanime des Pères, car selon la même encyclique : siimnia auctoritas est quoliescumque testimonium aliquod biblicum ut ad fidei pertinens mormnve doclrinam, uno eodemque modo explicant omnes, nam ex ipsa eorum consensione, ita ab apostolis secundum catholicam /idem trad.tum esse nitide eminet. II n’est point nécessaire que nous donnions ici un relevé exact des textes ainsi délinis : les indications précédemment données dans l’explication du concept de la théologie biblique peuvent suffire. On sait d’ailleurs que le nombre des textes ainsi définis est très restreint : At paucorum admodum textuum sensum ab Ecclesia de/initum esse diximus et pauciomm, ni fallimur, explicatio habetur ex unanimi Patrum consensu, R. Cornely, Historica et critica introductio in utriusque Testamenti libros sacres, 2e édit., Paris, 1894, p. 615 ; et que parfois leur interprétation n’a pas eu, avant leur définition, la même clarté chez tous les auteurs catholiques, particulièrement dans les premiers siècles.

Notons encore que ce qui est arrivé dans les siècles passés peut se reproduire dans l’avenir, et que l’Église peut, à une époque plus ou moins reculée, expliquer et préciser le sens de textes non délinis jusque maintenant, et l’imposer obligatoirement à l’acceptation des fidèles.

On ne s’étonnera point que nous limitions pratiquement le catalogue des dogmes néo-testamentaires aux textes dont le sens est fixé par les autorités précédemment indiquées, si l’on tient compte de l’enseignement commun des théologiens et des exégètes, qu’en dehors d’une telle détermination, il est difficile d’avoir une absolue certitude du fait de la révélation divine. Christian Pesch, De inspiratione sacrm Scripturse, Fribourg-en-Brisgau, 1906, p. 419. Il n’est cependant point douteux que si, en réalité, quelqu’un possède de ce fait une entière certitude, il est tenu d’adhérer, par un acte de foi divine, à l’enseignement divin ainsi connu. Voir Dogme.

3° La dogmatique néo-testamentaire, quelles que soient les limites qu’on lui assigne, ne doit jamais être donnée comme étant toute la dogmatique chrétienne. La nature même des écrits du Nouveau Testament s’y oppose absolument. Puisqu’ils sont tous des écrits d’occasion, composés pour un but particulier et nullement destinés à fournir un recueil authentique et complet de tout l’enseignement chrétien, il n’est point possible d’y trouver toute la dogmatique catholique. Il est d’ailleurs très certain que, selon l’institution divine, le principal organe de l’enseignement chrétien est la prédication vivante des apôtres, perpétuellement continuée par l’infaillible magistère de l’Église, comme le témoigne la déclaration formelle du divin Maître. Matth., xxviii, 20. C’est ce que définit nettement le concile de Trente, déclarant que la vérité enseignée par Jésus-Christ et confiée par lui à ses apôtres et à leurs successeurs, est contenue in libris scriptis et sine scripto tradïlionibus quæ ipsius Christi ore ab apostolis acceptée aut ab ijisis apostolis, Spiritu Sancto dictante, quasi per manus traditse ad nos usque pervenerunt. Sess. IV, Decretum de canonicis Scriptuns

4° L’expression des dogmes néo-testamentaires, tels qu’ils ont été enseignés par Jésus-Christ, est réellement distincte des développements dogmatiques qui ont pu s’accomplir à l’époque des apôtres, aussi bien qu’aux époques subséquentes de l’histoire de l’Église, et qui ont pu être utilisés par les écrivains sacrés. J. Tixeront, La théologie anténiceenne, 3e édit., Paris, 1906, p. 62 sq. Mais comme il n’est point facile de discerner pratiquement ces développements dogmatiques, soit de l’enseignement qui a pu être donné oralement par Jésus-Christ, soit de celui qui a pu être communiqué aux apôtres par le Saint-Esprit, suivant la promesse du divin Maître, Joa., xiv, 26 ; xvi, 13, et la déclaration du concile de Trente, sess. IV, Décret, de canonicis Scripturis, nous n’essayerons point de rechercher quels ont pu être ces développements dogmatiques présumés.

5° Si l’on compare les dogmes néo-testamentaires avec les développements dogmatiques auxquels ils ont donné lieu au cours des siècles, à l’occasion d’hérésies ou de controverses théologiques et sous l’action combinée du travail des Pères et des théologiens et de l’enseignement du magistère ecclésiastique, l’on constatera aisément qu’aucun de ces développements ne suppose une évolution dogmatique substantielle et que chacun d’eux s’explique sans peine par la manifestation plus complète du contenu dogmatique néotestamentaire, comme nous le montrerons à l’article suivant, en traitant du progrès accidentel dans la connaissance et la proposition des dogmes. Le fait très certain d’une continuité substantielle entre les dogmes néo-testamentaires et leurs développements dogmatiques postérieurs, est à lui seul une victorieuse réfutation de la théorie de l’évolution substantielle des dogmes néo-testamentaires, telle qu’elle est soutenue aujourd’hui par beaucoup de protestants et par l’école moderniste. Voir Dogme.

6° Quant aux conclusions dogmatiques légitimement déduites des textes néo-testamentaires à l’aide d’un raisonnement formel : 1. Il est certain que n’appartenant point à la dogmatique néo-testamentaire, évidem