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DŒLLINGER (DE) — DOGMATIQUE


composition se retrouvent, avec le même esprit, dans deux abrégés d’histoire ecclésiastique, qui se rattachent, en dépassant la valeur, au livre dllortig, et que Dœllinger a publiés successivement sous les titres modestes de Handbuch et àeLehrbuch, le premier à Landshut, 18331835, 3 vol., le second à Hatishonne, 1836, 2 vol. ; malheureusement ils sont restés tous les deux inachevés. Celui-là s’arrête à l’an 680 ; celui-ci ne va pas au delà de 1517. Le Handbuch et le Lehrbuch ont été traduits en français, l’un par M. Léon Bore sous le titre d’Origines du christianisme, Paris, 1843, 2 vol. ; l’autre par AI. Bernard, Bruxelles, 2 vol.

4° L’ouvrage sur la Réforme, vaste recueil de documents où les coryphées du protestantisme sont peints, tantôt de leurs propres mains, tantôt de la main de leurs contemporains, et d’où ressort un tableau fidèle des ravages de l’hérésie dans les intelligences, dans les mœurs, dans l’état social, est une réplique décisive à l’apologie que L. de Ranke, Deutsche Geschic/tle im Zeitalter der Reformation, 1839, avait présentée des idées et de l’œuvre de Luther. La Reforme comprend 3 vol., qui ont paru, le t. I, en 1846, le t. il, en 1847, le t. iii, au fort des orages de 1848 ; il y en a une traduction française de l’errot, Paris, 1847 sq. Les protestants, désespérant de répondre, adoptèrent la tactique de ne pas parler. Uœllinger, dépité de leur silence et inquiet de l’avenir, interrompit son ouvrage et ne le reprit jamais.

5° Le livre à’Hippolyte et Calliste ou l’Église romaine dans la seconde moitié du IIIe siècle, fia lisbonne, 1853, a résolu, aux yeux du moins de la science allemande, le problème de l’origine des Philosophumena, en y reconnaissant la main du célèbre docteur et martyr, saint llippolyte, et vengé, avec l’orthodoxie du pape saint Calliste, les droits et l’autorité du pontife romain. De Smedt, Dissertaiiones selcclse, diss. III, p. 89 sq.

6° En 1857, un nouveau chef-d’œuvre mit le sceau à la réputation de Uœllinger. Dans Paganisme et Judaïsme, ce « vestibule de l’histoire de l’Église, » cet incomparable résumé de la vie et de la pensée du monde avant l’ère chrétienne, on ne peut qu’admirer l’érudition, la sagacité, le style et l’art de l’auteur. Il y en a une traduction française peu correcte, 4 vol.. Bruxelles, 1858. La science des religions comparées n’avait pas encore pris son essor. Dœllinger, dans Paganisme et Judaïsme, n’a pas étudié les vieux cultes de l’Inde ri de l’Extrême-Orient ; il a même relégué à l’arrièrevplan les religionsde l’Asie centrale et de l’Egypte, pour envisager avant tout le polythéisme gréco-romain. Cependant, quelques progrès qu’ait faits depuis lois la science de l’histoire des religions, les conclusions générales de Dœllinger restent hors d’atteinte et l’origine divine du christianisme hors de conteste.

7° En 1860, Le christianisme de l’Eglise à l’époque de sa fondation clôt la maturité de Dœllinger, la grande phase catholique de sa carrière, et, avec elle, la série de ses livres d’un caractère éminemment positif et objectif, écrits pour la défense et l’honneur de l’Église ; traduction de.M. l’abbé Bayle, Paris, 1863. Dœllinger y établit le fait de la douhle primauté du Saint-Siège, primauté d’honneur, primauté de juridiction, et y pose avec éclat les prémisses d’où l’infaillibilité pontificale découle, sinon nécessairement, du moins naturellement. Plus tard, en 1868, dans la deuxième édition de l’ouvrage, il mutilera ou biffera sournoisement, sans crier gare, les passages qui militent en faveur du domine de l’infaillibilité.

8° En dehors de la première et glorieuse phase de la vie de Dœllinger, deux autres de ses ouvrages méritent d’être ici rappelés : l’un, L’Église et les Églises, la papauté et le pouvoir temporel, Munich, 1861, chefd’œuvre traduit en français par M. l’abbé Bayle, Paris, 1862 ; l’autre, Les fables papales du moyen âge,

-Munich, 1863, traduit, sous le titre d’Études critiques sur quelques papes du moyen âge, par Ch. Reinhard, Nancy et Paris, 1865. Dans le premier de ces ouvrages, qui contient deux parties de valeur très inégale, Dœllinger relève d’abord l’autorité souveraine du Saint-Siège et dépeint de main de maître l’irrémédiable décadence des Églises séparées ; mais il se plaît ensuite à puiser à des sources suspectes l’histoire de l’Etat pontifical depuis 181’t et semble vouloir excuser l’invasion piémontaise en 1860 des Marches et de l’Ombrie. Dans Les fables papales du moyen âge, prélude d’une histoire des papes que Dœllinger a projetée, mais jamais écrite, l’auteur passe au crible d’une critique pénétrante et puissante, non toutefois sans laisser percer ici et là ses préoccupations religieuses du moment, quelques détails particulièrement importants de cette histoire des papes, le fait par exemple de la papesse Jeanne, la donation de Constantin, le cas de Libère etd’Honorius I er. Les publications postérieures de Dœllinger ne seront généralement, après tout, que des pamphlets, des œuvres de passion et non de science.

Ad. Huhn, Dœllinger’s aile tout nette Hoffnungen, discours. Munich, 1874 ; Egelhaaf, Deutsche Rundschau, 5 février 1890, p. 287-291 ; Reusch, Briefe und Erklarungen von J. von Dœllinger uber die Vatikanischen Dekrete, 1869-1887, .Munich, 1898 ; L. von Kobell, Erinnerungen, Munich, 1891 ; Michæl, S. J., Ignnz von Dœllinger, eine Charakteristik, Inspruck, 1892 ; 3- édit., iMd., 1894 : H.Hurter.S. 3., Nomenclature° édit., Inspruck, 1895, t. iii, col. 1312-1313 ; Friedrich, Ignaz von Dœllinger, 3 vol., Munich, 1899-1900 ; Fr. X. Kraus, Deutsche Litteraturzeitung, 1899, n. 1, col. 25-30 ; 1901, n. 31, col. 19501958 ; .M » 1 Ceccuni, Histoire du concile du Vatican, édit. liane, i vol., Paris, 1887 ; E. OUivier, L’Église et l’État au concile du Vatican. 2 vol., Paris, 1879.

P. Godet.


DOGMATIQUE. -
I. Définition.
II. Méthode
III. Divisions principales.
IV. La dogmatique dans le Nouveau Testament,
V. La dogmatique aux diverses périodes de son histoire.
VI. La dogmatique et le magistère ecclésiastique.

I. Définition.

Selon la terminologie communément reçue depuis plusieurs siècles, la dogmatique est cette partie de la science théologique qui traite des dogmes ou vérités divinement révélées, contenant tout d’abord un enseignement spéculatif auquel est premièrement dû L’assentiment île la foi surnaturelle. Le terme dogme devant être défini à l’article suivant, il suffira d’élucider ici les autres parties île notre délininition.

1° Comme partie de la science théologique, la dogmatique participe à tous les caractères généraux de cette science. —

1. Comme toute science théologique, elle a pour principe unique de démonstration l’autorité divine qui seule peut manifester les vérités surnaturelles. S. Thomas, Sum. theol., 1’, q. i, a. 8. Tandis que la science apologétique s’appuie exclusivement sur la raison pour démontrer l’authenticité et l’infaillible vérité du témoignage divin source de notre foi, la dogmatique, déjà en possession de la foi aux vérités surnaturelles, repose uniquement sur le témoignage divin, tel qu’il nous est manifesté par l’Ecriture et la tradition fidèlement interprétées selon les infaillibles décisions du magistère ecclésiastique. Si la simple raison est parfois employée en dogmatique, c’est uniquement à titre auxiliaire, soit pour montrer la nonvaleur démonstrative des objections adverses, dans le sens indiqué par saint Thomas, Contra génies, l. I, c. vu ; soit pour faire ressortir les hautes convenances intellectuelles et morales d’une vérité déjà connue comme certainement révélée, au sens également signale’par le docteur angélique. <>pcit., l. I, c. ix.

2. Parce que la dogmatique est appuyée uniquement sur le témoignage divin, elle étudie de Dieu seulement ce qui nous est connu de lui par la foi, parti