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DOCETISME


du Christ, ainsi que cela ressort d’un passage subséquent du même ouvrage. Slrom., VI, 15, col. 352. Pour quiconque, dit-il, ne connaît pas la vérité, toute l’économie relative au Seigneur, prédite par les prophètes, parait une pure parabole. Que le Fils de Dieu, qui a tout fait, ait pris la chair et ait été conçu dans le sein de la Vierge, car sa chair sensible a été engendrée, et conséquemment qu’il ait souffert et soit ressuscité, l’un le dit, les autres l’entendent, c’est, selon le mot de l’apôtre, un scandale pour les Juifs, une folie pour les Grecs. Mais les Écritures, parlant à ceux qui’c ont des oreilles, » montrent la vérité et proclament que c’est vertu et sagesse de Dieu, de la part du Seigneur, d’avoir souffert dans la chair qu’il avait prise : 8 iréitov8ev ï| oipE, fjv àvsiXï)çev 6 Kûpio ;. Slrom., vi, !), P. G., t. ix, col. 352. Du reste, à plusieurs reprises, Clément affirme la vérité de l’incarnation : sa formule est : 8t’riixâç avOpuitoç èylveto. Pied., i, 5 ; il, 2, P. G., t. vur, col. 277, 428. Le Christ a pris la chair qui, de sa nature, est passible, tt|V <7txpy.a ty|V èp-na<)r t ç-Jtei YEvojj.évrjv àva-Xa 6cav. Par amour pour les hommes, il n’a pas dédaigne la faiblesse de la chair humaine, mais il s’en est revêtu pourlecommunsalutdeshommes, ’6c, ye, Sià-rr)-’ÛTcspêà).), 0’j<tïv cpi).xv0p(O7r13cv, rrapvcôî àvOpomfv ?) ; e-JtîxŒixv ojy ûneptSùv, « XX’âvSuaâjjLgvo ; - Slrom., vii,2, P. G., t. IX, col. 412. Il a bu, non avec excès, mais avec modération, il a pris du viii,lui aussi, car lui aussi était homme. ES yàp’(<7Tt [j-cTÉXaêev otvou /.ai a’Jtôç, y.ai yàp av8po>7ro ; xa a-Jrôç. Psed., ii,2, P. G., t. VIII, col. 428. D a sauvé le genre humain par son véritable sacrifice. Isaac l’a figuré ; il était fils d’Abraham comme le Christ est fils de Dieu ; il fut une hostie comme le Seigneur, mais il ne fut pas offert comme le Seigneur ; il porta le bois du sacrifice comme le Seigneur, mais il ne fut pas immolé, ne souffrit pas et ne fut pas tué, laissant au Verbe ce privilège de la passion ; il a souri mystiquement pour montrer que le Seigneur nous remplirait de joie, car c’est par le sang du Seigneur que nous avons été rachetés de la mort et de la corruption.’EyÉXa Se (jlucttixù) ;, êjvltXSffai rjjxS ; Ttpotp^teûtov /.apâc tov Kùpiov tou ; ai’[j.a-[ Ivjpîou ex ç90p5ç X&XvTpu>[ « voii ?… rà 7Tp(i)Teïrï toO TîàOou ? 7capa/r.)pwv -rji A6ya>. l’eed., i, 5, P. G., t. viii, col. 277. Dans un autre endroit, Clément d’Alexandrie dit que le Verbe est tout pour l’enfant, et père, et mère, et pédagogue, et nourricier ; car il a dit : « Mangez ma chair, buvez mon sang. » Et voilà, ajoute Clément, les aliments convenables que nous offre le Seigneur, à savoir sa chair et son sang. TaÛTa ; yj[HV oty.Eiaç Tpoçà ; 6 Iv-jpto ; yopr^v., y.a irâpy.a opéyei, /ai al(j.a èx/eï. Psed., i, 6, col. 301.

A moins de textes nouveaux, notamment de ceux des Hypolyposes que nous ne possédons plus, ces passages suffisent pour montrer que, dans le Pédagogue et les Stromates, Clément est étranger au docétisme.

2° Origène a-t-il professé le docélismef — - Oui, d’après les ennemis du célèbre docteur ; car, parmi les reproches adressés à sa doctrine, se trouve l’accusation de docétisme, que saint Pamphile signale en quatrième lieu, Apol., i, v, P. G., t. xvii,col. 579 ; mais non, d’après saint Pamphile lui-même qui montre le mal fondé d’une pareille imputation. Ibid., col. 585-588. Muet, qui a étudié la question de près, se prononce également pour la négative, et non sans raison. Origeniana, I. II, c. ii,q. ni, n. 11-13, ibid., col. 809-813.

Quand on se rappelle les accusations portées par Celse contre l’impossibilité de l’incarnation du Verbe et les sarcasmes qu’il se permit contre tous les détails de la naissance, de la vie et de la mort du Sauveur ; quand on sait la manière avec laquelle Origène réfuta cet imposteur, voir t. il, col. 2095-2096, il est difficile d’imaginer qu’Origène ait été le docète qu’on prétend. Car il se garda bien de nier la réalité de l’incarnation, de la naissance humaine et de la mort sanglante de

Jésus et de n’y voir qu’une vaine apparence. Il l’affirme au contraire, conformément aux récits évangéliques, et il montre la parfaite convenance de l’incarnation du Verbe, les raisons profondes de son état humilié, de ses souffrances et de sa mort. Hien ne paraît plus probant pour détruire la fausse accusation de docétisme portée contre Origène. Mais, en dehors de son traité contre Celse, ses autres ouvrages renferment trop de passages caractéristiques pour que puisse subsister le moindre doute. Nous n’en relèverons que quelques-uns.

Il est vrai que, dans son commentaire sur saint Matthieu, Origène rappelle une tradition d’après laquelle Jésus se montrait, tantôt sous une forme, tantôt sous une autre, de telle sorte qu’il était parfois difficile de le reconnaître ; il ne la juge pas incroyable, mais il se contente de la rapporter sans en garantir la vérité. InMattli., comment, séries, 100, P. G., t. XIII, col. 1750. Et c’est vraisemblablement l’un des passages qui a donné lieu à l’accusation de docétisme, dont il fut l’objet de la part de ses ennemis ; mais l’accusation reste une calomnie.

« Qu’ils me répondent, dit-il, les hérétiques qui

éludent la naissance du Christ comme un fantôme : pourquoi est-il appelé le fils de l’homme ? » Il affirme, quant à lui, qu’il a été fils de l’homme. In Ezecli., homil. i, 4, P. G., t. xiii, col. 672. Et dans un autre endroit : Suscipiens naturam carnis liumanx, omnes proprielates implevit, ut non in phantasia /utbuisse rarnem existimaretur, sed in veritate. In Matt/i., comment, séries, 92, P. G, , t. xiii, col. 1743. Ailleurs encore, commentant ce passage de saint Paul, Rom., vi, 5-6 : « Si nous avons été greffés sur lui (le Christ), par la ressemblance de sa mort, nous le serons aussi par celle de sa résurrection, sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons pas les esclaves du péché, » Origène rappelle que des hérétiques (les docètes), l’entendant mal, en ont conclu que le Christ n’est pas vraiment mort, mais seulement en apparence. Leur répondre, dit-il, me serait trop facile et j’estime inutile de recourir à d’autres textes de l’apôtre ou des Évangiles, où il est question simplement de sa mort et non d’un semblant de mort, alors que je puis leur dire : s’il n’y a eu qu’un semblant de mort et non une vraie résurrection, nous aussi nous ne ressusciferons qu’en apparence et non en réalité, nous aussi nous semblerons mourir au péché sans mourir réellement ; et donc tout ce qui a été fait ou se fait n’est qu’une pure apparence. Il n’y a plus dès lors qu’à conclure que nous avons été sauvés en apparence, et c’est autant d’absurdités. In Rom., V, ix, P. G., t. xiv, col. 1044 ; cf. Cont. Gels., il, 46, P. G., t. xi, col. 828.

Parlant du corps humain du Christ, c’est là, dit-il, le signe de contradiction, car les uns prétendent qu’il est descendu du ciel, d’autres qu’il a eu un corps semblable au nôtre. Et Origène de blâmer ces derniers. In Luc, homil. XVII, /’. G., t. xiii, col. 1844. Faut-il en conclure qu’il estimait que le corps du Christ fût différent du nôtre ? Loin de là, car il s’en est expliqué en tête du IUpt àpx’ôv, 4, P. G., t. xi, col. 117. Le Christ, dit-il, a pris un corps semblable au nôtre, mais avec cette différence que ce qui est né de la Vierge est du Saint-Esprit. Et parce que Jésus-Christ est né et a souffert en vérité, et parce qu’il n’a pas subi la mort en apparence, il est vraiment mort et vraiment ressuscité.

Inutile de poursuivre l’enquête ; les passages qu’on vient de lire, dont quelques-uns visent spécialement l’erreur docète, suffisent pour disculper Origène du reproche de docétisme. La vérité est qu’il a combattu les gnostiques, tout comme Clément d’Alexandrie, en