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CLEMENT D’ALEXANDRIE

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exerce sur la nature, en dehors de son cours habituel, pour la conversion de l’âme qui n’est pas encore croyante et pour l’acceptation du précepte imposé. Œiï » ko iravtoxpitopt y.a’i (xrjSevb ; ovroç Û7toxsqi.r]vo’j, çwvt|v y.ai cpavTauc’av èyyevv ?j<7ai àxor Suvarbv, èySst’/.vupivw ttjv éauToO y.EyoàstÔTrja Trapà xâ eitoôôra ç-juty-^v e^eiv tt)V àxo).o8 ; av, sic ëTnarpoçT)’/ ty ; ç qu]311rto TrtTic’JO’JTT, ; il/v/r, ;, xoù 7rap « 80/r|V r ?, ; Siîouivi, ; IvtoXtJç. Strom., VI, c. iii, P. G., t. ix, col. 252. Parce que rien ne s’oppose à lui, il peut ramener le mal au bien ; les conseils et les activités des volontés perverses, tùv àitoa-rxtrjuàvrtov, appartenant à un ordre partiel, (isptxal o’jaa :, naissent d’une disposition malsaine, ainsi que les maladies corporelles ; mais la providence générale les dirige vers un but sanitaire, même si la cause est morbide, y.uêspvû>vTai Sî (itûÔ tfjç xa6ô).ou Ttpovoia ; eut tIXo ; iytîivbv, y.à’v voaoTtO’.b ; r, rj ain’a. Slrom., I, c. XVII, P. G., t. VIII, col. 801.’7° D/ei ! est omniprésent. — A propos des miracles du Sinaï, il est dit que les manifestations locales de la toute-puissance ne prouvent rien contre son immensité. Slrom., VI, c. iv, P. G., t. ix, col. 219, 252. L’omniprésence est d’ailleurs enseignée sous diverses formes. La première cause est au-dessus du temps et du lieu, Slrom., V, c. xi, P. G., t. ix, col. 109 ; cf. col. 112 ; d’après le Kv-pyy f-a TlÉrpou, en dehors de tout lieu, il contient tout, lieu, à/tôpr^o ;, 8ç rà uâvxa -/<<) ?£’Strom., VI, c. v, col. 257. Cf. VII, c. vii, col. 452. D’autres passages ont prêté à discussion. D’après Slrom., II, c. il, P. G., t. viii, col. 936, Dieu serait omniprésent seulement par sa puissance, non par sa substance ; dans Slrom., V, c. xiv, P. G., t. ix, col. 129, réfutant les stoïciens, il dit : Ceux-ci prétendent que Dieu compénèlre toute substance, nous aflirmons seulement qu’il est créateur par son Verbe ; il ajoute que le texte : atlingit ubique propler suara mundiliam, sa pureté pénètre partout, Sap., vii, 24, doit s’entendre non de la sagesse incréée, mais de son effet, la sagesse empreinte dans la créature. Ce sont contradictions apparentes, aisément conciliaires avec la doctrine clairement professée ailleurs. Cf. de San, S..1., Tractatus de Deo uno, Louvain, 1874, t. i, p. 297-299.

Existence de la providence.

Elle apparaît à

Clément une chose si certaine, si clairement prouvée par ses manifestations, âv ot’itùvi’otç é’pyoi ; xai Xo’yotç, qu’à ses yeux les négateurs de la providence méritent le châtiment et non la discussion. P. G., t. ix, col. 16, 315. Cf. col. 377, la négation de la providence rangée au nombre des blasphèmes très pernicieux. La croyance à la providence est un point de départ pour toute recherche fructueuse de la vérité. Strom., I, c. xvi, P. G., t. viii, col. 796. D’ailleurs, il la déduit ainsi de l’omniperfection divine : si de l’aveu de tous, Dieu est le bon, à-, af)b ; ô 0eb ; 6jj.o).oy£ÏTat, et s’il n’y a rien de plus parfait que le bon, il est essentiel au bon, il est essentiel à Dieu d’être utile, dçeXes ô 0eb « ; bien plus, il est utile par une expresse intention, ùçeXeï xaxà yv<ôij.ï]v, il a de nous une réelle sollicitude, èiutj.£) errai. P. G., t. viii, col. 325-328. Clément parvient ainsi à une conception absolument différente du fatalisme stoïcien, qu’il combat d’ailleurs avec insistance et précision. Voir col. 158. L’affirmation de la providence revient sans cesse sous la plume (le C], m. ni. Voir spécialement P. G., t. IX, col. 408-413, important passage où l’activité providentielle est attribuée au Fils, voir col. 158 ci-dessous : Le Fils, et /’. G., t. ix, col. 465 : le i ; nostique est soutenu dans la pratique de la vertu par la crojance â une providence spéi’.i Nature de la providence : tout à la fois providence générale ri spéciale ; elle est essentiellement un pmn, , / « / et une activité libre. — La science

de l’ene i uni i I Ile dans le temps et dans l’espace. P. G., t. ix, col. 388. Elle connaît les indhidus d’une

manière parfaite, et sans préjudice des libertés humaines ; elle les meut ; elle les dirige comme elle veut tout en usant des causes secondes et du ministère des anges. Ibid., col. 389. Voir tout ce chapitre, fort important, Slrom., VI, c. xvii, relatif au rôle providentiel de la philosophie. Cf. Strom., VII, c. ii, col. 412, 413, 416. Mais tout en atteignant la changeante multiplicité des individus, l’acte providentiel est, du côté de Dieu, une opération unique et immuable ; c’est cette unique opération qui se manifeste sous les formes multiples de la divine pédagogie, dans l’unité des deux Testaments : ’Evbç yâp Kvpt’ov èvepyeca ôç £<tti « 6’jvajj.t ; y.ai ffo ; p : a toO Heoû » ô Te vô[xo ;, t<5 te E’Jayyé), iov. P. G., t. VIII, col. 921. Cf. Strom., VII, c. ii, t. ix, col. 416. L’universalité de la providence embrasse le monde physique et le monde moral dans un même plan ; en vue du salut de tous est organisé l’ensemble total aussi bien que les parties : ordre qui a pour objet le développement de tout être vers sa perfection plus complètement réalisée, èui xb ap.sivov, P. G., t. ix, col. 384, 385, 413, 416, ordre qui met l’inférieur au service du supérieur, et se réalise soit par le progrès libre des âmes vertueuses, soit par la contrainte et le châtiment des pécheurs. P. G., t. ix, col. 416.

La liberté de la providence et la liberté de l’homme sont mises en corrélation. P. G., t. ix, col. 457, 460. « La sainteté du gnostique consiste en quelque sorte dans le soin de répondre à la providence ; et l’amitié de Dieu s’exerce par une bienveillance réciproque. Car la bonté divine n’est point chose fatale…, ses dons sont libres…, l’homme n’est point sauvé sans son propre vouloir, axojv ; car il n’est pas ctyujfoç ; c’est volontairement et librement qu’il va au salut… ; la bienfaisance de Dieu est libre. » Donc la providence n’est point la finalité aveugle, -JTt^psTtxTi SJvafxi ;, imaginée par les stoïciens. Ibid., voir la note 56. Voir encore P. G-, t. VIII, col. 256. Dans le plan providentiel, le mal est ramené au bien, P. G., t. viii, col. 797, où Clément fait une longue digression sur la différence entre le vouloir providentiel et la simple permission.

Voir au sommaire analytique, Strom., V : la transcendance divine et la méthode de théologie négative ; Strom., Vil, la providence ; J. Denis, La philosophie d’Origène, Paris, 1884, p. 6972, la théologie négative ; p. 138-148, la création ; Bigg, The Christian platonists of Alexandria, Oxford, 1886, p. 62-66, la méthode négative ; p. 76, l’allégorisme des six jnurs : E. de Faye, Clément d’Alexandrie, Paris, 1898, p. 214-231, l’idée de Dieu ; Schwane, Histoire des dogmes, trad. Degert, Paris, 1903, t. i, p. 139-142, la connaissance de Dieu. Voir AGNOSTICISME, t. I, col. 597-598 ; Alexandrie (école chrétienne d’), t. I, col. 812-814.

II. LES PERSONNES D1VIXES ET L’ŒUVIE SALVIFIQUE.

— 1° Le Fils. — 1. Appropriation des effets d’ordre intellectuel ; apparence de subordinatianisme. — Passage capital : Strom., VII, c. ii, P. G., t. ix, col. 408-416 ; voir le sommaire, col. 153. Ce chapitre fait connaître l’excellence du Fils de Dieu, manifestée par son rang au-dessus de toutes les créatures, et aussi par l’activité providentielle qui lui est attribuée ; car, suivant un point de vue très fréquent chez Clément, toutes les opérations intellectuelles sont attribuées au Fils. Le Fils est sagesse, science, vérité et toutes choses de même ordre. Slrom., IV, c. xxv, P. G., t. viii, col. 1365. C’est le Aôyo ; qui prophétise, c’est lui qui juge, et qui discerne toutes choses. Strnm., V, c. vi, /’. G., t. ix, col. 65. Cette attribution ou appropriation (’tait chose naturelle dans un milieu platonicien ; elle permettait d’utiliser largement toutes les analogies entre le Verbe chrétien et le Verbe philosophique. Mais elle semble introduire une sorte de partage dan* l’activité divine extérieure. Clément la corrige, quand il insiste continuellement sur l’unité de cette opération extérieure, où le Fils agit conjointement â la volonté (lu l’ère, à la toute-puissance créatrice du Père : d’abord dans le premier passage cité, Strom., VU,