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CLÉMENT D’ALEXANDRIE

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Protreptique, le Pédagogue et les Stromates comme les trois parties d’un ensemble, comme la réalisation d’un plan plusieurs fois indiqué ou formellement annoncé par Clément : conduire graduellement son disciple du paganisme au christianisme, voir Pæd., 1. 1, c. I, P. G., t. VIII, col. 249, qui rappelle le Protreptique et résume la mission du Logos : Trpoxpéircjov, i : occ6ay(j>Y<ôv, Èxôioâoy.tov, P. G., t. viii, col. 252 ; Strom., VI, c. i, P. G., t. ix, col. 208, qui se réfère expressément aux trois livres du Pédagogue. E. de Faye, Clément d’Alexandrie, p. 7886 : Le maître ou la troisième partie de l’ouvrage de Clément ; p. 87-98 : les Slromates ; p. 99-111 : Du irritable caractère des Slromates, a émis cette hypothèse que les Stromates ne seraient point la troisième partie projetée et annoncée, mais une préparation à cette troisième partie. D’après divers passages, de Faye, p. 49, note 2, Clément avait l’intention de donner à celle-là le litre de Aioâ<ry.a).o ;. Les Stromates ne seraient alors qu’une digression, destinée à préparer les esprits, en justifiant les nouveautés de sa méthode et de son exposition dogmatique. L’auteurde cette hypothèse s’appuie encore, d’une part, sur l’allure générale de la rédaction des Slromates, et d’autre part, sur l’interprétation d’un passage important. — 1. Rédaction des Stromates : pour le fond, ce n’est pas l’enseignement dogmatique et didactique du maître, c’est encore un traité propédeutique, apologétique, c’est surtout une discipline morale ; pour la forme : défaut de cohésion intentionnel et systématique ; l’auteur, mis en suspicion par les simpliciores, attaqué sans doute aussi par les philosophes, a senti le besoin de justifier sa méthode, et pourtant de n’écrire que pour un nombre restreint de lecteurs. — 2. Interprétation d’un passage important : préface du IV" livre, P. G., t. viii, col. 1213, 1216. A la tin de cette préface, Clément annonce un autre ouvrage, qui serait, d’après de Faye, le A16cc<rxa)oç. Tour la critique de cette hypothèse et des raisons données à l’appui, voir P. Lejay, Revue d’histoire et de littérature religieuses, 1900, t. v, p. 170 ; Ileussi, Zeitschrift fur ivissensch. Théologie, 1902, t. xlv, p. 465 sq.

Ce dernier critique est arrivé par ses études à une conclusion très divergente, d’une part, des conclusions de M. de Faye, d’autre part, de l’opinion jusqu’alors indiscutée, relativement au plan de la Trilogie, et à l’ordre chronologique de ses parties. Tout en n’admettant pas que Clément eût projeté et désigné sous le nom de At ?iT/.a)o :, autre chose que les Stromates — ni que 1rs Stromates fussent une digression hors d’œuvre, il conclut néanmoins que les quatre premiers livres des Stromates ont été composés avant le Pédagogue, suivi lui-même des Stromates V-VII. Il parvient à cette conclusion, en discutant les passages de Clément, allégués par de Faye, et en montrant que pour le fond, les Stromates répondent bien au programme que devait remplir le ÂtSâcncaXo ; — que pour la forme, la diversité de composition entre Stromates I-1V et Stromates V-VII s’explique précisément par l’intervalle de temps écoulé, par la publication, dans cet intervalle, du Pédagogue : celui-ci facilitait la lâche assumée, de présenter le Ao-o ; comme maître. Cf. A. Harnack, Die Chronologie, Leipzig. 1904, t. il, p. 9-16 ; Bardenhewer, Geschichte der altkirchlichen Lit., 1903, t. n. p. 27-29.

2° Le Vil / Stromale ; les Excerpta, et les Eclogæ.

— Eusèbe, II. E., 1. VI, c. xiii. P. G., t. xx, col. 545 ; et Photius, Bibliotheca, cod. 111. /’. G., t. ciii, col. 385, attribuent à Clément un VIIPHvre des Stromates ; en fait. le Florentinus, bas.’du texte des Stromates, contient un livre VIII. petil traité de dialectique relatif à la méthode logique, aux définitions et aux preuves, aux

, m espères, etc. Awrimr entrée en matière,

ni conclusion ; pas de référence aux autres Stromates.

H’t suivi, ’luis le Florentinus, de deuxaulres textes : ’Ex Tôjy 0eo6rf7OU y. ai t ?, ; àvaTo) e/./, : 9ta).0U(iiv1)( SiSair/.a )iaç yaràroùç O0a).£vTtvou -/pôvou ; ÈTiiTOijaf, Extraits des écrits de Théodote et de l’école orientale du temps de Valentin, et’Ex tôiv 7rpoinr]Tixiov sxXoyai, Morceaux choisis des prophètes. Zahn, Supplementiim Clemet/tinum, p. 104-130, a étudié ces trois textes et émis l’hypothèse qu’ils étaient des extraits tirés du véritable VIIIe Stromate par un compilateur subséquent. Cette hypothèse n’a pas trouvé crédit. P. Piuben, Clementis Alexandrini Excerpta ex Theodolo, pense que les Excerpta sont une compilation faite par Clément lui-même, en vue d’un ouvrage dogmatique. J. von Arnim, De oclavo Clem. Stromalorum libro, Rostock, 1894, adoptant cette manière de voir, I’étend aux Eclogæ, et au VHP Stromate lui-même ; ces trois textes ne seraient qu’un ensemble de matériaux, préparés par Clément. Cette vue est adoptée par M’J r Duchesne, Histoire ancienne de l’Eglise, Paris, 1906, t. i, p. 337. note. Voir Ch. de Wedel, Symbola ad Clementis Alexandrini Stromalum librum V11I interpretaudum, Berlin, 1905.

II. SOMMAIRES ; Analyses. — 1° Sommaires succincts du Protreptique et du Pédagogue. — 1, Protreptique.

— Tirant son exorde d’une gracieuse légende grecque, Clément proclame la nécessité de prêter l’oreille à un chant nouveau, celui du Verbe, c. I. — Critique du paganisme : oracles et mystères ; les dieux, leur immoralité, leur origine humaine ; le culte, les sacrifices, les images, c. n-iv. — Les philosophes et poètes ; leurs idées très diverses sur la divinité, pourtant des lueurs de vérité, c. v-vn. — Il est temps d’écouter les prophètes hébreux inspirés du Saint-Esprit, c. vin. — Motifs de conversion : justice et bonté de Dieu, c. ix. — Transcendance du christianisme comparé aux criminelles coutumes et aux absurdes croyances qu’on voudrait défendre au nom de la tradition, ex. — Morale et institutions bienfaisantes apportées par le Christ, c. XI. Exhortation à écouter le Christ, à fuir la vie païenne, à vivre dans le culle et la familiarité de Dieu, c. XII.

2. Pédagogue.

Lirre I. — Explication du titre : Après l’exhortation, doit venir la pédagogie, ou correction des mœurs, guérison de l’àme, c. I. — Le vrai pédagogue est le Christ, llieu fait ho le, 1res doux, 1res

puissant pour nous guérir, c. II. — Vraiment Dieu, il remet les péchés, secourable à tous, aux femmes aussi bien qu’aux hommes, c. iii, iv. — Ce que sont les enfants que le Christ vient élever ; il ne s’agit point de l’âge, mais de la simplicité des mœurs ; l’Ecriture leur donne ce nom, qu’il ne faut point prendre en mauvaise pari ; le baptême constitue un état de perfection. Pourquoi et comment l’apôtre parle du lait des enlants ; diverses considérations mystiques et allégoriques, c. v, vi. — Notion plus complète du pédagogue et de la pédagogie, c. vil. — Identité de la justice et de la bonté ; c’est le même Dieu, le même pé dagogue, qui menace et qui sauve, dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament, c. viii-xii. — Est moral ce qui est conforme à la raison droite ; est pérhé le contraire, c. XIII.

Livres II et III. — Préceptes minutieux, relatifs aux aliments, au mobilier, au repos, au rire, aux paroles déshonnètes, aux parfums et aux couronnes, au sommeil, aux rapports conjugaux, à la mise trop recherchée, aux bains, etc.

Hymne au Sauveur composée par Clément ; et hymne

au Pédagogue, attribuée par Stâhlin, Vntersuchungen

ûber die Scholien tu Klemens Alexandrinus, 1897,

p. 48, à l’évéque Aréthas de Césarée.

2 n Stromates 7-177. Exposition analytique du mou vement des idées. — « Les Str ates passent encore

maintenant pour des miscellanées. On verra par l’analyse qu’il y a beaucoup d’exagération dans cette opinion. Il y a un plan, ou plus exactement un enchaînement des matières dans 1rs Slronialrs. « De Faye, Op. rit., p. 90. Les grandes lignes sont les suivantes : Le P r Stromate est une introduction relative surtout à la méthode