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CLÉMENT (SAINT) — CLÉMENT D’ALEXANDRIE

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Slova Klimenta Slovenskago. Saint-Pétersbourg, 1905 (extrait du Sbornik de la section de langue et de littérature russe de l’Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg) ; Sobolevsky, dansle Journal du ministère de l’Instruction publique, décembre 1905, p. 432-435. Pour l’élude critique de sa biographie, voir Voronov, Les sources principales pour l’histoire des saints Cyrille et Méthode, dans Troudy de l’Académie ecclésiastique de Kiev, 1876, t. iv, p. 118-225 ; 1877, t. i, p. 76-114.

A. Palmieri.


17. CLÉMENT D’ALEXANDRIE. -
I. Vie et caractère.
II. Manuscrits et éditions.
III. Activité littéraire.
IV. Trilogie.
V. Dogmatique.
VI. Doctrines anthropologiques, morales et ascétiques.

I. Vie et caractère. —

I. biogbapuie. —

Titus Flavius Clemens naquit probablement à Athènes. D’après saint Épiphane, User., xxxii, n. 6, P. G., t. xli, col. 552, les uns le disaient natif d’Alexandrie, les autres d’Athènes. Cl. Lumper, Hist. Palrum, t. iv, p. 58-61. Son genre de culture, sa manière d’écrire rendent vraisemblable l’hypothèse d’Athènes. Harnack, Die Chronologie, t. il, p. 12, . avait fixé la naissance de Clément vers 145 ; G. Krûger, Kritische Bemcrkungen Adolf Harnacks Chronologie der altchrist. Lit., dans Gôttingische gelehrle Anzeigen, janvier 1905, la reporte à l’an 150 environ. D’après le témoignage d’Eusèbe et le sien propre, ses parents étaient païens ; son éducation paraît avoir été l’éducation très soignée d’un païen grec. Comme son nom l’indique, il descendait probablement de quelque afiranchi du consul chrétien son homonyme. Il lit de longs voyages en Italie, en Syrie, en Palestine, enfin en Egypte. Sur son initiation aux mystères de la religion grecque, cl. Eusèbe, Prsep. eu., 1. II, c. ii, P. G., t. XXI, col. 121 ; C. Houloir, Comment Clément d’Alexandrie a connu les mystères d’Eleusis ? dans le Musée belge du 15 août 1905. Il nous dit lui-même, Strom., I, c. i, P. G., t. viii, col. 700, comment il trouva le repos en Egypte, près de Pantène, après avoir suivi les leçons de divers maîtres, qu’il énumère sans les nommer : un Grec d’Ionie, un autre de la Grande-Grèce, un troisième de Célésyrie (peut-être d’Antioche), un Égyptien, un Assyrien (Tatien ? ), et un Palestinien converti du judaïsme. Vers 190, il fut atlaché par Pantène à l’enseignement dans l’école catéchétique. Peul-ètre à ce moment reçut-il la prêtrise, qu’il s’attribue expressément. Pied., 1. I, c. VI, P. G., t. viii, col. 293. A la mort de Pantène (vers 200), Clément lui succéda comme chef de l’école catéchétique. Origène y fut son élève. Sous Septime Sévère, en 102 ou 203, la persécution, qui sévit jusque dans Alexandrie, détermina Clément à prendre la fuite.

Deux documents jettent encore quelque iour sur son existence subséquente. Ce sont deux lettres d’Alexandre, son ancien élève, d’abord évoque de Césarée en Cappadoce, puis évêque de Jérusalem, vers 212, 213. Jeté en prison, vers 203, il y était resté jusque vers 212. Voir t. i, col. 763-761. Une lettre écrite de sa prison, l’an 211 ou 212, Eusèbe, II. E., 1. VI, c. xi, /’. G., t. xx, col. 541, nous atteste que Clément vit encore : Alexandre le charge de porler cette lettre aux habitants d’Antioche ; dans la lettre même, il parle du bienheureux prêtre Clément, paxapiov irpeaêÛTepov, loue le zèle qu’il n déployé en faveur de l’Église de Césarée, lui ajant donné luire et accroissement durant la captivité de son pasteur. Ce témoignage suppose un assez, long séjour à Cé-Barée. L’autre lettre, adressée à Origène, Eusèbe, II. E., I. VI, c. xiv, /’. G., t. xx, col. 552-553, parle de Clément comme déjà mort. Sur la date précise de cet écrit noua ne pouvons avoir que des vraisemblances : comme il est antérieur, d’après Eusèbe, à un voyage qu’Origène lit à Rome sous Commode, il ne peut guère avoir été composé avant 217. Il faut donc placer vers 215 ou 216 la mort de chinent.

cf. Bardenhewer, Geschichte der altkirchl. Literatur, Frlbouig-cn-brisgau, 1903, t. il, p. 16-17 ; Harnack, Die Chrono logie, t. ii, p. 3-9. Ehrhard, Die altchristliche Litteratur, Fribourg-en-Brisgau, 1900 ; et à sa suite Harnack, Die Chronologie, t. il, p. 12, avaient signalé les recherches à taire au sujet d’un manuscrit de la Bibliothèque nationale, supplément grec, n. 1000, faussement catalogué comme Pars vitse S. Clementis Alexandrini. A. d’Alès, Un fragment pseudo-elémenlin, dans la Bévue des éludes grecques, 1905, p. 211-214, a montré que le document n’avait rien de commun avec Clément d’Alexandrie.

II. LE MILIEU ALEXANDRIN ET LA CULTURE DE CLÈMENT. —

Alexandrie était alors la ville cosmopolite, la mêlée universelle où venaient se heurter ou se fondre le judaïsme, la philosophie hellénique et les diverses tonnes du paganisme, les tendances panthéistes ou mystiquesde l’Orient, l’anthropomoiphismede la Grèce. Voir Alexandrie (École chrétienne </’). t. i, col. 805-810, 824.

Pour l’apostolat dans un tel milieu, Clément se trouvait providentiellement préparé, par une vaste information philosophique et religieuse, par une connaissance fort (tendue des littératures païenne, juive et chrétienne. A. Deiber, Clément d’Alexandrie et l’Egypte, in-4o, Paris, 1905. En ce qui concerne la littérature judéochrétienne de l’Ancien Testament, il connaît tous les livres protocanoniques, et au témoignage d’Eusèbe, II. E., 1. VI, c. xiii, P. G., t. xx, col. 548, « les livres non universellement reconnus, tels que la Sagesse de Salomon et le livre de Jésus, lils de Sirach ; » parmi les livres du Nouveau Testament, il passe seulement sous silence l’Épilre de saint Jacques, la IIe de saint Pierre, la III e de saint Jean ; il connaît encore l’Évangile aux Egyptiens, Strom., III, c. ix, xili, P. G., t. viii, col. 465, 1193 ; l’Évangile aux Hébreux, Strom., II, c. ix, col. 981, l’Apocalypse de Pierre, le Kr, puYt*a, la Didachè, la lettre de Barnabe, la lettre de Clément de Rome, le Pasteur d’IIermas. Cf. Dausch, Der neutestamentliclic Schriftcanon und Clemens von Alexandricn, Fribourg-en-Brisgau, 1894 ; Kutter, Clemens Alexandrinus und das Neue Testament, Giessen, 1897.

Depuis quelques années, on a beaucoup recherché les sources de son érudition littéraire. Que Clément ait fait usage d’anthologies, compilations alors très nombreuses à Alexandrie, Rigg, The Christian platonistsof Alexandria, Oxford, 1886, p. 46, note 2, c’est l’opinion généralement admise par les critiques actuels.

De ce chef, on s’est attaché à le déprécier, à le représenter comme un plagiaire. Il ne faudrait pas oublier, d’abord, que la notion de propriété littéraire n’était pas alors ce qu’elle est aujourd’hui, que les documents de cette nature étaient habituellement réputés domaine public et traités comme tels ; en outre, si étendue que soit la somme de cette érudition de seconde main, il n’en reste pas moins à Clément un vaste ensemble de connaissances directement acquises.

Harnack, Die Chronologie, Leipzig, 1904, t. II, p. 16, conclut ainsi : « La chasse aux sources, la mode de substituer aux sources originales des documents péchés où l’on a pu, ont conduit à d’injustes jugements sur l’érudition de Clément. Autant que nous pouvons voir clair, en particulier dans ses rapports avec l’antique littérature chrétienne, il se montre homme d’information solide, qui va aux sources originales. Son érudition est extraordinaire. Les écrits des Pères dits apostoliques, la Didachè. les lointaines perspectives de la littérature gnostique lui sont familières ; il a lu Tatien, Méliton, Innée ; les traditions relatives aux apôtres, autant qu’elles étaient déjà fixées, et les précédentes tentatives de chronologie lui sont connues ; sa connaissance de la Bible est de bon a loi, de première main. 11 n’en va pas autrement de la littérature païenne ; naturellement il a dû aussi utiliser un certain nombre de compendiums ; mais qui pourra lui dénier la lecture des principales œuvres philosophiques de l’antiquité I »

Sur les sources do dément, Di< C. Doscographi Grerf, Berlin, 1879, un des premiers ù émettre L’hypothèse des anthologies, a