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CLEMENT XIV 131

132 nius. Les efforts du pape et de ses nonces réussirent à leur faire refuser l’appui des princes ; et en 1774 ils firent leur soumission. Theiner, Histoire, t. 1, p. 420 sq. ; t. 11, p. 428 sq. Marie-Thérese fut moins docile aux exhortations du pape lorsqu'à la fin de 1770 il voulut lui faire retirer un édit qui réglementait, sans accord souvent reproduit. Pie VI n'éleva aucune protestation contre cette publication. L’authenticité du document n’est pas établie.

IV. AFFAIRES POLITICO-RELIGIEUSES. -1° Avec les cours bourboniennes. Pour prix de sa condescendance dans l’affaire des jésuites. Clément XIV put croire un moment qu’il avait assuré la paix de son pontificat. Les cours de France et de Naples se montrerent aussitot décidées à la restitution d’Avignon et de Bénévent. Pour que cette restitution ne parut pas le prix de la suppression de la Compagnie de Jésus, le jeune duc de Parine, dont l’affaire avait amené la confiscation des provinces pontificales, s’entremit auprès des rois ses parents et obtint satisfaction pour le pape. La restitution se fit à la fin de 1773, et dans une allocution consistoriale du 17 janvier 1774. Clément XIV combla d'éloges qu’on eut voulus plus modérés les princes de la maison de Bourbon. Bullarium, p. 678 ; cf. Theiner, Epistolæ, p. 277 sq. Le pape s’aperçut vite que les plus graves difficultés n'étaient pas résolues, et que les principaux pays catholiques tendaient de plus en plus à secouer l’autorité de la cour de Rome. En France, malgré les protestations de Clément XIII, la comunission royale pour la réforme des ordres religieux avait continué ses opérations ; sans l’aveu du pape, elle avait supprimé en 1770 les congrégations de Grandmont et des bénédictins exempts, et menacé du même sort les prémontrés, les trinitaires et les minimes ; plusieurs lettres de Clément XIV et de son secrétaire d’Etat au nonce protestèrent vainement contre ces abus de pouvoir ; les célestins et les camaldules furent également sécularisés cette année. Theiner, Histoire, t. I, p. 463 sq. Clément XIV obtint du moins de Louis XV qu’il lui soumit, avant de le publier, l'édit général préparé en 1773 pour la réforme des religieux français ; et il en fit modifier plusieurs dispositions. Ibid., t. 11, p. 315. Cr. Prat, Essai, p. 200 sq. Le règlement des affaires ecclésiastiques de la Corse, que Gènes avait vendue à la France en 1768, se fit en août 1769 par l’envoi d’un visiteur apostolique ; le pape parvint à empêcher l’introduction dans cette ile des usages gallicans en opposition avec la pratique de T’Eglise romaine. Theiner. Histoire, t. 1. p. 331 sq. En revanche, Louis XV se refusa absolument à reconnaitre la suzeraineté du pape sur l’ile. L’entrée au Carmel de Saint-Denis de Madame Louise de France fut pour Clément une grande joie. Il combla de faveurs la nouvelle religieuse et son monastère. Theiner, Epistolæ, p. 81, 96, 163, 314 ; Bullarium, p. 511. Cf. L. de la Brière, Madame Louise de France, Paris, 1899, p. 48 sq., 301, 364. Lorsque mourut Louis XV, il fit en consistoire un éloge cordial de l’amour profond que le roi portait à l’Eglise, de son ardeur admirable pour la défense de la religion catholique » , et exprima l’espoir que la pénitence du prince mourant lui avait obtenu le salut. Theiner, Epistolæ, p. 315. 2 En Allemagne. - Clément s’eflorça en vain de faire interdire par l’imperatrice une nouvelle édition de l’ouvrage de Fébronius. Il contribua généreusement à l'érection de la première église catholique construite à Berlin avec l’autorisation de Frédéric II, et chargea ses nonces à Vienne, Cologne et Bruxelles, de faire faire des quétes en faveur de cette église. Theiner, Histoire, t. 1. p. 292 sq. Il parvint à empêcher l’exécution d’un édit du comte palatin du Rhin contraire au libre recrutement des ordres religieux, et s’opposa à la sécularisation de nombreux couvents bavarois dont les revenus devaient être consacrés à une nouvelle université fondée à Ebersberg. Enfin, en 1770, les trois électeurs ecclésiastiques, ayant formé le projet d’introduire des innovations malheureuses dans la discipline et la constitution de l’Eglise d’Allemagne, soumirent à l’impératrice MarieThérèse, et à Louis XV, un mémoire intitulé : Gravamina nationis germanicæ, inspiré des idées de Febroavec Rome, la situation des religieux dans l’empire ; elle fit de belles promesses, et laissa intact son édit. Ibid., t. 11, p. 9. Sur la demande de l’impératrice, Clement institua en 1770 un évêque ruthene pour les Ruthenes catholiques de Hongrie, le soustrayant à la juridiction de l'évéque latin d’Agrain, et le faisant dépendre directement du primat de llongrie. Theiner, Epistole, p. 128, 129.

3 En Espagne et en Portugal. - Charles III d’Espagne, très dévot à l’Immaculée Conception, obtint du pape l’approbation de l’ordre de chevalerie qu’il avait fondé sous ce titre en 1771. Theiner, Epistolæ, p. 179. Le roi aurait également souhaité la définition de ce dogme ; l’opposition de la France fit échouer son projet. Theiner, Histoire, t. 1, p. 337 sq. En Portugal, le rétablissement des bons rapports avec Rome, cause d’une si grande joie pour le pape, était plus apparent que réel. Bien que le nonce de Lisbonne eût été reçu avec de grands honneurs, son tribunal ne fonctionnait pas ; les magistrats séculiers continuaient à décider des affaires ecclésiastiques, et l'éducation de la jeunesse. et même du clergé, était remise par Pombal aux mains de professeurs amis des philosophes. Ravignan, Clément XIII, t. 1, p. 448. A Naples, Tanucci entravait toujours le recrutement des ordres religieux et le souinettait au bon plaisir de l'État ; les actes épiscopaux étaient soumis au placet royal : la perception des taxes dues à la cour de Rome interdite, la presse irréligieuse protégée ; Clément XIV essaya vainement d’obtenir satisfaction par l’intermédiaire de la France. Theiner, Histoire, t. 1. p. 532 sq. 4° En Pologne. Les affaires religieuses de Pologne furent pour le pape la source de grandes douleurs. Pendant que les intrigues des ambassadeurs de Russie et de Prusse préparaient le démembrement du pays, les tendances les plus hostiles à Rome se manifestaient dans le clergé ; les piaristes enseignaient ouvertement dans leurs écoles les pires doctrines du philosophisme et refusaient de laisser le nonce de Varsovie, délégué par le pape, faire la visite de leurs maisons : Clément XIV essaya vainement d’obtenir l’appui du roi de Pologne pour faire rentrer dans l’ordre ces religieux dévoyés. Theiner, Histoire, t. 1. p. 316 sq. Les protestations contre les mesures prises par le roi Stanislas, à l’instigation des Russes, pour détruire les ordres religieux, et contre l’appui donné à la franc-maçonnerie, furent également vaines. Ibid., p. 441. Ce malheureux pays, s’abandonnant ainsi lui-même, était voué à la ruine. En 1773, la diete de Varsovie consentit au premier partage de la Pologne ; et le roi Stanislas, après quelques velléités de résistance, y adhéra ; le pape, par de nombreuses lettres, avait inutilement tenté d’encourager la résistance de la minorité de la diéte, et de lui assurer l’appui des cours de Vienne, de Paris et de Madrid. Theiner, Histoire, t. II. p. 291 sq. Ses lettres à Marie-Thérèse, qui avait consenti à prendre sa part des dépouilles de la Pologne, sont particulièrement apostoliques. Theiner. Epistolæ, p. 246 sq. Du moins Clément XIV et son nonce à Varsovie obtinrent par leurs énergiques réclamations auprès de la cour de Vienne, que dans les traités de partage du 18 septembre 1773, les articles 5 et 8 stipulassent expressément que les catholiques romains utriusque ritus jouiraient, dans les provinces cédées par le présent traité, de toutes leurs possessions et propriétés quant au civil, et par rapport à la religion. seraient entièrement conservés in statu quo » . C’est sur ces articles que s’appuyérent l’année suivaute Frédéric Il et Catherine pour mainte-