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CLÉMENT XII !

qu’il --iiiv i 1 née d’un esprit

étroit, entêté de ses préjugéi dynastiques, i Roui / cpulsion, p. IIS. lia parvinrent é lui persuader que lea jésuites étaient lea auteurs de nombreux pamphlets publiés A cette époque contre son gouvernerai m. qu’ils avaient i tcité nne dangereuse révolte, causée en mars lT.’Mi par diverses mesures de police du ministre Squillace ; peut-être même crut-il que le général Ricci et ni circuler de mauvais l>rui t-- contre l.i légitimité de s.i naissance, et préparaient ainsi sa di position et I avènement de son frère don Louis. Roua-Beau, ibid., p. 196 sq. ; Ravignan, Clément XIII, t. i. p. 188, 187. Le roi était d’ailleurs très irrité des obstacles opposés par 1rs jésuites de Rome à la béatification de Juan de Palafox qu’il désirait vivement. Cordara, Mémoires, p.’29. Le 27 février 17(17. il signa un décret <jni bannissait ions les jésuites de l’Espagne et di

aies ; le 2 a* ril, lis gouverneurs des provinces et les alcades des villes ouvrirent des paquets munis d’un triple sceau qui leur avaient été remis quelques jours auparavant ; ils y trouvèrent l’ordre d’envahir les maisons des jésuites, de les en arracher, leur laissant seulement leurs bréviaires et leurs vêtements, et mettant sous scellés tous leurs papiers, enfin de les diriger sur un port indiqué. Les mêmes mesures furent prises dans les colonies. Les vaisseaux chargés de proscrits se dirigèrent vers les cotes de l’État pontifical. Une lettre du roi au pape, datée du’M mars, annonçait l’expulsion des jésuites et leur prochaine arrivée à Civita-Vecchia. La réponse du pape est navrante : « De tous les coups qui nous ont frappé pendant les neuf malheureuses années de notre pontificat, le plus sensible à notre cœur paternel a été sans contredit celui que Votre Majesté vient de nous porter par sa dernière lettre… Ainsi vous .aussi, mon lils. t Et discutant les vagues raisons données par le roi de son abus de pouvoir : « Permettez que cette affaire soit régulièrement discutée ; laissez agir la justice, la vérité, alin qu’elles puissent dissiper les ombres soulevées par la prévention et les soupçons. » Charles répondit froidement : « Pour épargner au monde un grand scandale, je conserverai à jamais dans mon cœur l’abominable trame qui a nécessité ces rigueurs. Sa Sainteté doit m’en croire sur parole ; la sûreté de ma vie exige de moi un profond silence sur cette affaire. » Ravignan, Clément XIII, t. I, p. l’Ji sq. ; Theiner, Histoire, t. I, p. 77 sq.

Lorsque les vaisseaux espagnols chargés de proscrits se présentèrent devant Civita-Vecchia, le gouverneur de la ville déclara aux ofliciers qui les conduisaient qu’il avait ordre de s’opposer, même par la force, au débarquement. Après plusieurs jours d’angoisse, les exilés lurent jetés sur les eûtes de Corse, et leur séjour y fut toléré ; dans cette île en proie à la guerre civile, ils passèrent une année dans les plus dures privations. Dans le courant de 1768, ils furent admis et charitablement traités dans les Etats pontilicaux. Cette conduite de Clément XIII, quia donn-- lieu aux railleries des philosophes de l’époque, était cependant dictée par le souci de sa dignité de souverain et de l’intérêt de son peuple, et le général Ricci fut le premier à la lui conseiller. Rousseau, Expulsion, p. li">. « Le pape, écrivait le 16 avril le cardinal Torregiani, est dans sis États un souverain aussi indépendant que tout autre monarque ; et il n’est assurément permis à aucun prince <le déporter les exilés de son État dans celui d’un autre. Kn outre, les maisons que possèdent les jésuites dans les États pontilicaux ne sont pas dune dimension suffisante pour recevoir tant de personnes, dont le nombre s’élève à plusieurs milliers. Que faire d’une si grande quantité d’hommes, et à quoi les occuper ? » Theiner, Histoire, t. r, p. 80.

Pendant les mois qui suivirent, le pape écrivait à l’archevêque de Tarragone, au confesseur du roi, le fran iii < lama pour l< i prier d intercédi r en faveur des jésuites bannis, Bullarium, p. 1150 ; il n’obtint rien et i.- rudes châtiments qui atteignirent ceux de «  tiqut la qui voulurent prendre la défense des

iits imposèrent vite le silence. Rousseau, Expulsion, p. 187, 138 ; Sidnej Smith, The suppression, dans The Monlh, juin et juillet 1902. Comme on devait attendre, hjeune roi de Naples, Ferdinand IV. imita l’exemple de son père Charles III. Tanucci triompha de ses répugnances et lea jésuites napolitains furent amenés par des troupes jusqu’aux frontières pontifii Le grandmaître de Malte. Pinto, leuda taire de Naj eut la faiblesse de prendre la même mesure quel. mois plus tard ; les protestations du pape ne furent plus entendues que son appel à la cour de Vienne pour provoquer une intervention. Bullarium, p. 1384, !

ï Dans le duché de Parme. — Le jeune duc de Parrne, neveu de Charles III et petit-fils de Louis XV. était sons la tutelle du Français du Tiliot, marquis de Felino. Le 1 janvier 17(1*. il porta un décret interdisant à ses sujets de recourir à des tribunaux étrangers, même roman fermant l’entrée de ses États à toute bulle, bref, ou autre document pontifical, qui n’aurait pas reçus Uur.

liien d’autres édits rendus par le duc Philippe, père du jeune prince, sous l’inspiration du mêmedu Tiliot. avaient depuis plusieurs annéerestreint les legs et donations pieuses des fidèles, frappé- d’impôts des biens dl. exempts, soumis à la juridiction des magistrats laïques nombre de cas intéressant le culte et la vie extérieure de l’Église. La dernière mesure prise par le duc mit le comble à l’indignation du pape. Le 30 janvier 1768, il lança une constitution qui i abrogeait, cassait et irritait les (’dits rendus à Parme et à Plaisance contre la liberté, l’immunité, la juridiction ecclésiastique » . Dans cette pièce, le pape ne se bornait pas à réclamer contre les atteintes portées à son autorité’spirituelle ; il invoquait ses droits de suzeraineté sur les duchés de Parme et de Plaisance, et dénonçait le traité d’Aix-la-Chapelle qui les avait assurés à des infants d’Espagne. Sidnej Smith. The suppression, dans The monlh, septembre 1902, p. 259 sq. Le duc de Parme répondit le 3 février 1768 par une pragmatique qui chassait de ses États tous les jésuites ; ils furent conduits à la frontière pontificale. Le parlement de Paris interdit de recevoir en France le bref du pape ; surtout les trois cours bourboniennes de France. d’Espagne et de Naples se liguèrent par un traité en règle pour soutenir le duc de Parme. Clément XIII ayant refusé de retirer son acte du 30 janvier, les troupes napolitaines occupèrent Bénévent et Pontecorvo.les troupes françaises Avignon et le Venaissin quin 1768). Le pape, quoique très aflligé, ne céda pas. Les trois cours, attribuant sa résistance à l’influence des jésuites, et spécialement du P. Kicci. se décidèrent à demander la supin s-ion de l’ordre dans le monde entier par l’autorité pontificale. Charles III, auquel celle idée semble avoir été inspirée par Pombal, s’y attacha avec la ténacité qui (lait dans sa nature ; Choiseul et Louis XV. beaucoup moins enthousiastes du projet, mais désirant garder leur alliance intime avec l’Espagne, finirent par promettre, à la fin de l’année 1768, de joindre leurs i à ceux du roi catholique pour arriver au but désir’- par lui. Les 18, 20 et 22 janvier 17fi (.i. les trois ambassadeurs d’Espagne, de Naples et de France remirent au pape des mémoires identiques demandant i la destruction totale et irrévocable de la Société des jésuites, et la cularisalion de tous ceux qui la composent >. Theiner, Histoire, t i. p. 142 sq. ; Sidnej Smith, The suppression, p. 266 sq. Clément fut vivement ému de ces déniai Le cardinal Negroni, chargé de traiter avec les ambassadeurs des trois cours bourboniennes, leur disait dans une conférence le 28 janvier : La dernière démarche des cours ouvrira la tombe du Saint-Père. » La prédic-