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CONSTANTINOPLE (IIP CONCILE DE)


politique dont l’empire avait tant besoin en face des invasions menaçantes.

Dès avant GIS), Sergius de Constantinople commence sa propagande en faveur de sa théorie d’une [n’a ÈvspyEta dans le Christ. Il est en relations avec Sergius, évêque monophysile d’Arsinoé en Egypte : à Théodore de Pharan il demande son avis sur la doctrine d’une seule opération, kvépytta, et d’une seule volonté, OéXv)u. « . En 619, c’est à Georges Arsas, chef des paulianistes d’Egypte, qu’il s’adresse. Maxime, Dispulalio cum Pyrrlw, P. G., t. xci, col. 332 ; Mansi, t. xi, col. 225. C’est lui qui inspire les négociations que mène Héraclius à Théodosiopolis avec Paul le Borgne, chef des acéphales de Chypre, sur cette question (622) ; puis en Lazie, avec Cyrus de Phasie (626). Maxime, ibid., Mansi, ibid., col. 529. A cette dernière négociation se rattachent la lettre de Cyrus à Sergius et la réponse de ce dernier. Mansi, t. xi, col. 561, 525. Cyrus, sur le conseil même de l’empereur, demande à Sergius son opinion sur la question. Évitant de parler de deux opérations après l’union, peut-on ramener à une seule et principale opération, e’iç jxcav r, yo’j[xsvfAT)v ÈvÉpyôtav, les formes diverses de l’activité du Christ ? Sergius, dans sa réponse, s’efforce de lui prouver que la question d’une ou de deux opérations n’a pas été résolue dans les conciles, et que des Pères comme saint Cyrille d’Alexandrie ont parlé d’une Ç<oo7101b< ; êvfpyeia XptfffoO. Il y joint un exemplaire de la prétendue lettre de Menas à Vigile où se trouve affirmé êv -cô toû Xpierroû 6É>.r, (jia -/.ai fu’av Çu>07roibv èvépysiav. Enfin il récuse la preuve que l’on prétend tirer en faveur de la théorie des deux opérations du passage de YEpistola dogmalica de saint Léon, c. iv : agit enim utraque forma cum ai tenus communione quod proprium est, Verbo scilicet opérante quod Verbi est et came exequente quod carnis est. La question, on le voit, se trouve posée dans ce document dans ses termes essentiels. Il n’y manque que le passage du pseudo-Aréopagite en faveur de l’unité d’opération. Il en sera fait mention plus tard, dans l’acte d’union de 633 à Alexandrie.

C’est sur la base de V unité d’opération que se conclut, en 629, l’accord entre Héraclius et l’évêque jacobite Athanase promu au trône patriarcal d’Antioche. Théophane, Chronogr., an. 6121, P. G., t. cxlviii, col. 677. Sur la même base s’accomplit à Théodosiopolis la réunion de l’Église arménienne à l’Église byzantine en 633, Sebeôs, Histoire d’Héraclius, >. 91-92 ; et à Alexandrie celle des théodosiens, le 3 juin de la même année. Mansi, t. xi, col. 561-568 ; Théophane, lue. cit. Nous possédons comme documents se rapportant à cet événement : la lettre à Sergius de Cyrus, l’ancien "évêque de Pharan, devenu en 630 ou 631 patriarche d’Alexandrie, et le promoteur de l’union ; l’acte même d’union, Mansi, loc. cit., et la réponse de Sergius à Cyrus. Mansi, t. x, col. 972. Les neuf xecpà).oua de cet acte d’union, sans formuler clairement le monophysisme, reprennent toutes les expressions chères aux monophysites : èx Svo ç-Jastov (y.ea.v), evuxje ; çvaixr, (xeç. iv), « .l’a ç’jiriç toO ÛsoO Aôycrj <7£7apy.ti)j_év/î (xsep. Vl). Ibid,

Le 7° formule ainsi l’unité d’opération dans le Christ : y.ai -bv ocÙtov Ëva Xpiarov xai l’tbv Evspyoùvra ta ÛsoTipsiiï) xai àvOpcoittva [uâ 6sav2ptxrj ÈvEpyEta -/.ara tov ev àyc’oi ; Âiovûfftov. Ibid. Cette formule, Sergius la commente ainsi dans sa réponse à Cjrus : xai tôv a-j-cbv gva Xpig-.’ii èvspYetv ta ŒoTipEitr, -/.ai àvOpuitiva >-Lol tvipyzia.’-/.nx yap 8e(a te y.ai àvOpioTiévï) EvÉpyEia i% èvôç xai xoO a-jroj <i£17ap’/.a)iJ.Évou Aôyou mpo^p/ETo. Mansi, t. XI, col. 565.

La foi catholique ainsi sacrifiée aux exigences de la politique trouva un intrépide défenseur dans la personne de Sophronc. Simple moine encore, celui-ci se trouvait à Alexandrie lors des négociations qui préparèrent celle malheureuse union. En vain supplia-t-il

Cyrus de ne pas la réaliser au prix de la vérité. Epist. Serg. ad llonor., ibid., col. 532 ; Maxime, Epist. ad Pelr., P. G., t. xci, col. 142-143. D’Alexandrie il se hâta alors vers Constantinople, mais sans plus de succès. Sergius, pressé d’élever la voix en faveur de la vérité, répondit qu’il valait mieux faire le silence sur cette question et ne parler ni d’une ni de deux opérations. Epist. ad Honor., ibid. Et de fait, il écrivit dans ce sens à Cyrus. Puis, sachant que Sophrone rentré à Jérusalem venait d’y être élu patriarche, il jugea prudent de prévenir le pape.

Sa lettre à Honorius est un chef-d’œuvre d’astuce. Il y fait d’abord un historique très incomplet et très partial de la question, dissimulant de son mieux le rôle joué par lui. Sur l’acte d’union d’Alexandrie il s’étend assez longuement, pour faire ressortir l’importance des résultats acquis et le peu de gravité de la concession consentie par l’adoption de la formule uia èvÉpyEia. D’ailleurs, ajoute-t-il, après avoir signalé les démarches du moine Sophrone, nous avons jugé à propos d’éteindre cette discussion de mots, et nous avons écrit au patriarche d’Alexandrie de ne permettre à personne, l’union une fois faite, de parler d’une ou de deux opérations. Il suffit de croire qu’un seul et même Eils unique, le Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu, a posé les actions humaines et les actions divines, èvepyeïv xâ te ûsïa y.où àv6pa)7tiva, xa Ttâaocv Beoirpe’irîj /.çii avûpio7ïcmp£7rT) ÈvspyEiav i% svb ; xai to-j a’jtoO <j£<Tap/.cop.£vov 6eo0 Aoyou àSiaipIrcoç rcpois’vai, xai eîç É’va xai -bv aù-bv àvaçlpe<18ai. La formule, on le voit, est très ambiguë et susceptible d’être interprétée dans un sens orthodoxe comme dans un sens monothélite. Il faut éviter la formule [j. ; a àvépyeia à cause de sa nouveauté ; quant à celle Bûo âvépyetat, elle est inconnue des Pères et elle entraînerait l’affirmation de deux volontés, BeV/juara, opposées entre elles ; en ce sens que le Aôyo ; aurait voulu supporter les souffrances de la passion et que son humanité s’y serait refusée. La nature humaine du Christ a toujours subi les impulsions, êpnirç, du Verbe auquel elle était unie. Mansi, t. xi, col. 529-537. L’obscurilé étudiée et lesn’licences déloyales de la lettre patriarcale donnèrent le change à Honorius sur la gravité de la question engagée. La réponse du pape fut celle d’un homme mal informé, et d’ailleurs peu clairvoyant. Donnant en plein dans le piège, il approuva le silence recommandé, affecta de ne voir dans tout ce débat sur les expressions une ou deux opérations qu’une chicane de grammairiens et formula sa pensée sur le fond de la question en des termes d’une impropriété et d’une imprécision déplorables. Il s’approprie, à peu de chose près, la formule de Sergius sur la question des opérations dans le Christ, et pour celle des volontés, accepte la formule une volonté, unam voluntatem fatemur Dontihi nostri lesu Christi, sur laquelle, au reste, il s’explique de manière à laisser voir que, dans sa pensée, il ne s’agit que d’une unité morale, c’est-à-dire d’un accord constant et parfait entre les volontés du Verbe et les impulsions de la nature humaine. Toute son argumentation repose silice principe que Jésus-Christ en s’incarnant n’a pas pris une chair de péché, une chair rebelle à la loi de l’esprit. Il ne nie donc l’existence dans le Christ des volïtions humaines que dans la mesure où elles seraient en contradiction avec les directions imprimées par la volonté divine à son activité, llml.. col. 538-543. Avec le document pontifical, le débal restait dans cette atmosphère d’obscurité et de confusion où l’avait intentionnellement plongé l’astucieux Byzantin,

La lumière jaillit à Ilots de la lettre synodique du nouveau patriarche de Jérusalem, Sophrone (631). Mansi, I. vi, col. 461-510. Apres un exposé très précis et très complet des dogmes de la tri ni té et de l’incarnation, elle aborde la question en posant nettement le principe qui seul permet de la résoudre d’une manière salislai-