Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 3.djvu/630

Cette page n’a pas encore été corrigée
4237
1238
CONSTANTINOPLE (II » CONCILE DE)


8 et 9 mai, furent consacrés à la lecture de documents relatifs au débat, et surtout à des négociations, d’ailleurs infructueuses, avec le pape et avec les Occidentaux de son parti. Ibid., col. 191, 200. La IVe session, 12 ou 13 mai, fut occupée tout entière par la lecture d’un recueil contenant, au nombre de 71, des extraits des différents ouvrages de Théodore. Ces extraits donnent un aperçu assez complet des principaux points de sa théorie christologique. Ibid., col. 202. On continua dans la Ve session (17 mai) l’examen concernant l’orthodoxie du système théodorien. Après avoir conclu par la négative, on agita la question de la légitimité d’une condamnation portée contre un personnage défunt ; on relut à ce propos les actes du synode tenu à Mopsueste en 550, pour établir si, oui ou non, le nom de Théodore avait figuré dans les diptyques de cette Église. Mansi, t. ix, col. 274-289. On constata qu’il en avait été effacé depuis longtemps et l’on conclut que rien ne s’opposait à la condamnation du personnage. L’examen concernant les écrits de Théodoret contre saint Cyrille ou en faveur de Nestorius occupa le reste de cette session. Ibid., col. 289-297. La lettre d’Ibas, réservée pour la VP session (19 mai), donna lieu à la lecture d’un certain nombre de documents relatifs au IIIe et au IVe concile. Ibid., col. 308-341. On conclut que la lettre était franchement hérétique et qu’on ne pouvait se réclamer pour la défendre de l’autorité du concile de Chalcédoine. Ibid., col. 3M-315.

Le document pontifical annoncé avait paru entre temps. C’est le Conslitutum, du 14 mai 553, portant, outre la signature du pape, celles de seize évêques et de trois clercs romains. Mansi, t. ix, col. 61-106. Ce travail, d’une précision et d’une sûreté théologique remarquable, renferme entre autres 60 capitula, ou extraits des œuvres de Théodore, empruntés à une lettre de l’empereur au pape et qui contiennent la plus grande partie des morceaux du recueil lu au cours de la IVe session. Le pape donne de chacun d’eux une réfutation très serrée. Puis il conclut en condamnant sans réserve les erreurs théologiques de Théodore, mais il se refuse à porter un anathème contre sa personne ; les conciles d’Éphèse et de Chalcédoine, dit-il, ne l’ont pas condamné. D’ailleurs, il n’est pas dans la tradition ecclésiastique d’anathématiser les morts. Ibid., col. 93 sq. Quant à Théodoret, il a explicitement condamné Nestorius et ses erreurs ; après quoi, les Pères de Chalcédoine l’ont innocenté. Porter l’anathème contre lui, ce serait aller contre la chose jugée et infirmer l’autorité du IVe concile. Le pape s’y refuse donc ; mais il consent à anathématiser toutes les erreurs nestoriennes qui circulent sous le couvert du nom de Théodoret et d’autres. C’est ce qu’il fait pour quelques-unes d’entre elles dans les cinq anathématismes qui servent de conclusion à cette seconde partie de la lettre. Ibid., col. 97-98. Même solution pour ce qui concerne Ibas et sa lettre à Maris. Il ressort, dit le pape, des discussions et des votes des Pères à son endroit, qu’on l’a tenu pour orthodoxe à Chalcédoine. Quant à ses insinuations injurieuses contre saint Cyrille, il les a retirées : il n’y a donc pas lieu de revenir sur ce qui a été décidé à son sujet par les Pères de Chalcédoine. Ibid., col. 98 sq. En terminant, le pape condamne formellement tout ce qui serait une atteinte au jugement porté par lui sur l’affaire des Trois-Chapitres et l’annule par avance.

Le 25 mai, Vigile communiqua officiellement le document à l’empereur. Celui-ci refusa, toujours officiellement, d’en prendre connaissance ; ce qui ne l’empêcha pas le lendemain, 26 mai, jour où se tint la VIIe session, de faire transmettre aux Pères, pour qu’on les lût en séance, toute une série de pièces, lettres, édits pontificaux ayant pour but d’établir que le pape, qui avait précédemment donné son assentiment à la condamnation des Trois-Chapitres, se déjugeait maintenant et se

mettait ainsi en contradiction avec lui-même. Il donnait ordre, pour finir, de rayer son nom des diptyques. Les évêques se soumirent servilement à toutes les volontés impériales et la rupture définitive avec le pape fut consommée au cours de la VIIe session. Ibid., col. 346 sq.

Il ne resta plus dans la VIIIe et dernière session (2 juin), qu’à proclamer et à souscrire le formulaire de condamnation rédigé à l’avance, vraisemblablement par Eutychius et Askidas, les deux principaux meneurs de toute cette intrigue.

Le début du formulaire, après quelques phrases sur les causes qui ont soulevé cette affaire des Trois-Chapitres, expose rapidement, et sans rien préciser, les démarches et les négociations préliminaires avec le pape. On sent percer à chaque mot de cet exposé le désir de se justifier et le besoin de présenter, sous son aspect le moins désavantageux possible, une situation que l’on sait absolument fausse et anormale. Puis vient une condamnation des hérétiques antérieurement condamnés, suivie d’un anathème particulier qui porte sur la personne de Théodore, ainsi que sur ses œuvres ; sur les écrits de Théodoret contre saint Cyrille et le concile d’Ephèse, et en faveur de Nestorius ; enfin sur la lettre d’Ibas à Maris. On condamne également ceux qui pour défendre les Trois-Chapitres se réclameraient soit des saints Pères, soit du concile de Chalcédoine. Le formulaire se clôt sur une série de 14 anathématismes où se trouvent résumées les principales erreurs reprochées aux trois personnages anathématisés, mais surtout celles de Théodore de Mopsueste. Mansi, t. ix, col. 375-380.

Nous allons les examiner plus en détail ; mais auparavant, il faut dire un mot des suites et de l’issue du conllit si malheureusement engagé avec le pape. Le concile s’était tenu et avait porté ses décisions indépendamment du pape et contre sa volonté formellement exprimée. Ce n’était donc au fond qu’un pseudo-concile et ses décisions n’avaient aucune valeur dogmatique ni canonique. L’empereur ne négligea rien pour obtenir du pape l’approbation qui devait remédier à ce vice originel. On rapporte à cette période la rélégation de Vigile dans la Ilaute-Égypte ou dans une île de la Propontide. Mais elle fut de courte durée. Pour des motifs que nous ignorons, pour le seul bien de la paix peut-être, le pape revint sur sa décision première et accepta ce qui s’était fait au pseudo-concile de Constantinople. Nous avons pour garants de ce revirement deux pièces officielles émanées de lui : une lettre du 8 décembre 553 au patriarche Eutychius, Mansi, t. ix, col. 414-420, et un rescrit du 23 février 554, qui porte le titre de Conslitutum de damnatione trium capilulovum. Ibid., col. 467-488. Il accepte et approuve dans toute leur teneur les anathémes formulés par les évêques réunis à Constantinople, annulant explicitement toutes ses décisions antérieures relatives à la question. Vigile reconnaissait avoir fait erreur, Epist. ad Eutych., ibid., col. 416, et, en particulier pour ce qui concerne la lettre d’Ibas, avoir prétendu à tort qu’elle avait été approuvée comme orthodoxe par les Pères de Chalcédoine. Conslitutum, ibid., col. 455-488..le n’ai pas à défendre ici la mémoire du pape Vigile ni à expliquer son changement d’attitude, voir Vigile ; qu’il me suffise de faire observer, pour montrer que l’autorité de son magistère doctrinal n’en est en rien infirmée, que les variations de L’infortuné pape, puisque variations il y a, ont porté exclusivement sur la question de fait et d’opportunité. Le concile de Chalcédoine, en réhabilitant Théodoret et Ibas, avait-il voulu garantir l’orthodoxie de leurs écrits antérieurs ? Était-il opportun de condamner ces derniers alors que les Pères de Chalcédoine s’en liaient abstenus ? Quant à Théodore, y avait-il quelque raison ou quelque utilité d’analhémaliscr la mémoire et les cendres d’un évéque qui avait erré sans doute sur la doctrine, mais qui avait été fort méritant par ailleurs, et