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CONSTANTINOPLE (IIe CONCILE DE]


consulta. Les diacres romains Pelage Pt Anatole écrivirent au savant diacre de Cartilage, Ferrandus, pour avoir son opinion et celle de l’épiscopat africain. Ils accusent formellement les acéphales d’avoir machiné toute cette affaire pour démolir l’autorité du IVe concile et de VEpistola dogmatica de saint Léon. Ferrandus répondit que condamner les Trois-Chapitres, c’était mettre en question l’autorité des décisions conciliaires. Epist. ad Pelag. et Anatol., vi, P. L., t. lxvii, col. 921928 ; Facundus, op. cit., 1. IV, c. iii, col. 624. Rome et l’Afrique étaient donc hostiles au nouvel édit. Cf. Epist. Ponliani ad J ustinian., Mansi, t. ix, col. 45-46.

Le 25 janvier 517, Vigile arrivait à Constantinople, mandé par l’empereur sur l’instigation de Théodora, qui espérait hien lui arracher une réhabilitation du monophysisme. A son départ de Rome et en cours de route, en Sicile, en Grèce, en Illyrie, il avait pu se rendre compte, par les manifestations populaires, de l’hostilité du sentiment chrétien en Occident à l’égard des nouvelles tentatives de l’Orient contre la foi de ChaJcédoine. Facundus, op. cit., 1. IV, c. iii, iv ; Epist. légat. Franc, Mansi, t. ix, col. 151. Il se montra d’abord très ferme et exclut de sa communion, pour une durée de quatre mois, Menas et ses complices. Théophane, Chronog., an. 6039, P. G., t. cviii, col. 496. Ceux-ci naturellement usèrent de représailles et etl’acèrent de leurs diptyques le nom de Vigile. Puis il se produisit chez ce dernier un revirement dont les causes restent inexpliquées. Est-ce cupidité et ambition, comme le prétend Facundus, ibid., ou bien faiblesse et intimidation en face des menaces et des violences relatées par la lettre des clercs italiens aux ambassadeurs francs ? Mansi, t. ix, col. 153, 181. Peut-être l’un et l’autre. En tout cas, il est certain que Vigile promit alors secrètement à l’empereur son adhésion à la condamnation des Trois-Chapitres. Peut-être même est-il permis de voir dans les documents communiqués par Justinien aux Pères du Ve concile, au cours de la VIIe session, la formule de condamnation. Mansi, t. ix, col. 347, 351. Il s’ensuivit une réconciliation avec Menas et l’épiscopat oriental, réconciliation que Théophane, ibid., col. 497, attribue à l’intervention de Théodora et reporte au 29 juin 547. Le terme de quatre mois iixé par la censure papale était d’ailleurs écoulé.

Sur ce, le pape, après accord avec l’empereur, eut avec les évêques présents d’Orient ou d’Occident, au nombre de 70 environ, sans compter ceux qui avaient déjà souscrit, plusieurs conférences. Le but poursuivi était sans doute d’arracher aux récalcitrants, par la persuasion, leur adhésion à la condamnation des Trois-Chapitres. Facundus, qui y prit part, désigne ces conférences sous le nom d’exan>cn ou de judiciur » , et attribue au pape qui les présidait la qualité de judc.r. Ce n’était donc pas un synode proprement dit, mais une simple consultation dont le résultat restait entièrement subordonné à la décision finale du pape. L’issue de ces réunions ne fut pas celle qu’on avait espérée. Dans la troisième séance, Facundus demanda qu’on examinât la question de l’approbation de la lettre d’Ibas par le concile de Chalcédoine. On sait que les Orientaux tenaient sur ce point pour la négative ; les Occidentaux, au contraire, et à tort, pour l’affirmative. II se lit fort de prouver que la condamnation de cette lettre était une atteinte au concile de Chalcédoine. Vigile mit fin au débat en suspendant la séance et demanda à chaque évêque un vote écrit. La plupart des évoques, circonvenus et travaillés en secret, portèrent au pape un vote favorable à la condamnation. Facundus, lui, composa en quelques jours un extrait de sa Defensio, toujours en préparation, et le publia sous le titre de Nova responsio. Pro defens., prsef., col. 528. Les votes favorables furent déposés aux archives du palais impérial. Le Judicalum de Vigile, publié le Il avril 518 et

adressé à Menas, servit de conclusion à cette première partie du débat. Epist. Vigil. ad Rust. et Sebast., dans Acta V concil., sess. VII, Mansi, t. ix, col. 353. Le texte en est perdu, sauf quelques fragments, dont un, l’anathème contre les Trois-Chapitres, reproduit dans la lettre de Justinien au Ve concile, sess. I, ibid., col. 181, et cinq autres insérés par Vigile dans son Constitulam du 14 mai 553. Mansi, t. ix, col. 104, 105. Cf. Hefele, Concil., t. ii, p. 799-801. C’était une sentence de condamnation contre les Trois-Chapitres, mais avec des réserves formelles en faveur de l’autorité et des décisions du concile de Chalcédoine. Cf. Epist. ad Valent., Mansi, t. ix.col. 360 ; Epist. ad Aarel., col. 362 ; Epist. ad légat. Franc, col. 154. On espérait ainsi satisfaire l’Orient, sans trop froisser l’Occident. Trois ans plus tard, après un nouveau revirement, Vigile expliquait lui-même qu’il avait pris cette mesure medicinaliter, Damnalio T/ieod., Mansi, t. ix, col. 59, et sub aliqua dispensalione. Epist. leg. Franc, col. 153.

Ce fut au contraire le point de départ d’une agitation très vive en Occident. A Constantinople, Dacius de Milan et Facundus d’Hcrmiane prirent la tête de l’opposition. Celui-ci publia enfin sa Defensio triuin capitulorum, dans laquelle il corrigeait plusieurs des citations de la Nova responsio, rédigée un peu à la hâte, et refaisait tout au long l’historique de la question. Victor de Tunnunum en reporte la publication à l’année 550. Chronicon, P. L., t. lxviii, col. 958. Mais le ton relativement modéré dans lequel se tient l’écrivain, surtout si on le compare avec la vivacité dont il fait preuve dans le Conlra Mocianum, indiquerait une époque antérieure, et dans laquelle Facundus n’avait pas encore brisé avec Vigile. Parmi les autres tenants de l’opposition à Constantinople il faut signaler encore un certain nombre de clercs romains, parmi lesquels les diacres Rustique, neveu du pape, et Sébastien, d’abord partisans forcenés du Judicatum. Leurs intrigues et leurs accusations contre lui auprès des évêques de l’Occident obligèrent le pape à se disculper et à les déposer. Vigile, Epist., Mansi, t. ix, col. 351-359. Parmi les documents qui nous ont transmis des détails sur ces intrigues et sur l’agitation dans les provinces, signalons pour la Scythie, la lettre à Valentinicn de Tomi, du 18 mars 550, Mansi, t. ix, col. 356-361, celle à Aurélien d’Arles, pour la Gaule, du 29 avril 550, ibid., col. 361-363, pour la Dalmatie, celle des clercs italiens, milanais sans doute, aux ambassadeurs francs. Ibid., col. 151-156. En lllsrie, il y eut un synode (519) où fut déposé le métropolitain Renenatus de Justiniana I » , et décidé l’envoi d’une lettre de protestation à Justinien. Victor de Tunnunum, ibid. Les Africains enfin, en dehors de ceux qui avaient porté leurs protestations à Constantinople même, étaient allés jusqu’à excommunier le pape dans un synode tenu en 550 sous la présidence de Réparatus de Carthage. Ils avaient également fait parvenir leurs réclamations à l’empereur.

Ce mouvement d’opinion amena le retrait du Judicatum. Une réunion eut lieu à laquelle prirent part, outre hpape et l’empereur, les évêques grecs et latins présents à Constantinople, et où il fut décidé d’un commun accord que l’on s’en rapporterait à la décision d’un futur synode. En attendant, on s’abstiendrait île toute manifestation pour ou contre les Trois-Chapitres. Zfamnalio Theod., Mansi, t. ix, col. 59 ; Epist. légal. Franc, ibid., col. 153. Toutefois, dans une pièce secrète datée du 15 aoûl 550 et remise à l’empereur, le pape s’était engagé à favoriser de tout son pouvoir le maintien du la condamnation provisoirement retirée. Acta V concil., sess. VII, ibid., col. 363.

Ce fut en vue de préparer le synode projeté, que l’on tint, le 17 juin 550, à Mopsueste, un synode local des évêques de la Cilicie II, pour trancher la question de savoir si le nom do Théodore de Mopsueste se trouvait