positions pacifiques qu’il apportait furent examinées par plusieurs congrégations ; et dans la XIVe session (4 juillet 1415), en présence de l’empereur qui présida pour condescendre aux exigences des représentants de Grégoire, la renonciation de Grégoire XII fut solennellement proclamée par Malatesta et par le cardinal de Raguse, Dominici. On lut d’abord les bulles qui investissaient ces deux personnages des pleins pouvoirs du pontife, et les chargeaient de convoquer à raison de l’abdication et d’autoriser comme concile général l’assemblée réunie par l’empereur.
Voici les termes dont se servit le cardinal de Raguse : « Notre très saint Père le pape Grégoire XII ayant été bien informé sur le sujet de la célèbre assemblée, qui se trouve à Constance pour y former un concile général, et désirant avidement l’union de l’Église, sa réformation, et l’extirpation des hérésies, a nommé pour ce sujet les commissaires et procureurs ici présents, comme il paraît par les actes qui viennent d’être lus. C’est pourquoi, en vertu de cet ordre, moi Jean, cardinal de Raguse, en l’autorité de mondit seigneur le pape, autant que cela le regarde, je convoque ce sacré concile général, j’autorise et je confirme tout ce qu’il fera pour l’union et la réformation de l’Eglise, et pour l’extirpation de l’hérésie. »
Après cette lecture, l’archevêque de Milan approuva l’acte au nom du concile, et admit la convocation, l’autorisation, l’approbation et la confirmation au nom de celui qui dans son obédience s’appelle Grégoire XII, autant que l’affaire le pouvait regarder. Ce sont les propres paroles des actes du concile.
On adopta ensuite plusieurs actes aux termes desquels les adhérents de Jean XXIII et ceux de Grégoire XII étaient relevés des censures qui de part et d’autre avaient été portées. Dominici dès lors fut reçu parmi les cardinaux ; et l’empereur quittant la place qu’il occupait rendit au cardinal d’Ostie la présidence du concile. Lecture fut faite aussi d’une bulle de Grégoire qui accordait à Malatesta des pouvoirs illimités pour procurer la paix de l’Église et particulièrement pour renoncer en son nom à la papauté. Le concile se prononça pour une abdication immédiate.
Neuf décrets furent portés : 1° le choix du futur pape n’aura lieu qu’avec l’assentiment du concile ; 2° pour le mode, le lieu, le temps et le sujet de l’élection, l’on se conformera aux décisions du concile, lequel ne se séparera qu’après l’élection. L’empereur s’engageait à tenir la main à l’observation de ce décret. 3° Le concile ratifie toutes les mesures conformes aux canons que Grégoire XII a pu prendre dans son obédience. 4° Il déclare que la décision d’après laquelle Grégoire ne peut être élu, ne signifie pas qu’il est incapable, mais qu’elle a été prise pro bono pacis Ecclesix et futuris scandalis, scrupulis et suspicionibus evitanilis. 5° Le concile se réserve de prononcer cum débita mansuetudine et ralionabili œquilale, dans tous les cas où deux compétiteurs d’obédience différente prétendraient à la même dignité. 6° Il admet dans les rangs du sacrécollège Grégoire et les cardinaux de sa création. 7° Les of/iciales et curiales de Grégoire sont maintenus dans leurs charges. 8° Avant l’élection du nouveau pape, nul ne doit se retirer du concile. 9° L’empereur Sigismond assurera la liberté du concile et surtout la liberté de l’élection du pape.
Malatesta prononça alors la formule de la cession. Grégoire XII fut nommé évêque île Borto, doyen du sacré-collège, légat perpétuel a Ancéme. Il mourut deux ans plus tard à Recanati (18 octobre lilT).
4° Déposition de Benoît XIII.
Hestait Benoit XIII.
L’empereur, on s’en souvient, avait promis de s’entendre personnellement avec lui. L’entrevue de Nice n’avait pu avoir lieu. Benoll s’était retiré à Perpignan, où l’empereur avait encore promis de se rendre en juin lil5.
Pierre de Luna l’avait attendu jusqu’au 30 à minuit et avait quitté la ville, dénonçant l’absence de l’empereur. Ce prince, à la prière du roi d’Aragon malade, ne s’était mis en route qu’au mois de juillet. Il arriva à Narbonne le 15 août et à Perpignan le 19.
Pierre de Luna demandait d’abord le rétablissement de l’autorité par la voie de la justice, c’est-à-dire par une enquête qui fit connaître le vrai pape ; toutefois, si l’empereur persistait à préférer la voie de cession, Pierre de Luna résignerait ses pouvoirs moyennant trois conditions : on annulerait toutes les sentences prononcées à Pise contre lui ; le nouveau pape serait universellement reconnu par les princes et les fidèles ; enfin l’élection serait conforme aux canons. Pierre de Luna se regardait comme le seul cardinal incontestable, et par conséquent comme le seul électeur du futur pape. Sigismond n’accepta pas de nouvelle enquête. Pierre de Luna se retira en Espagne à Peniscola, forteresse au sud de l’Ébre. De là il menaça de ses anathèmes tous les princes qui abandonneraient son obédience.
Néanmoins des conférences s’ouvrirent à Narbonne, le 20 novembre 1415, entre les rois de Navarre, de Castille, d’Aragon, les comtes de Foix et d’Armagnac d’une part, et d’autre part l’empereur, les délégués du concile et l’archevêque de Reims représentant de la France ; elles aboutirent le 13 décembre à un traité en douze articles où l’on convint que les cardinaux et les prélats qui se trouvaient à Constance inviteraient leurs collègues de l’obédience de Benoit à se réunir à eux et qu’ils jouiraient des mêmes privilèges ; que toutes les procédures de Grégoire XII et de Jean XXIII contre l’obédience de Benoit XIII seraient annulées, aussi bien que les procédures de ce dernier contre les adhérents du concile de Constance ; qu’on maintiendrait les décrets favorables de Benoit XIII ; que s’il voulait se rendre au concile de Constance, ou y envoyer des légats, l’empereur délivrerait à lui et à ses légats des sauf-conduits ; enfin que l’empereur et le concile jureraient d’accomplir ces articles. La nouvelle de cet arrangement causa une grande joie à Constance. Le traité fut ratifié le 4 février 1416, dans une congrégation générale.
Aux congrégations générales du 10 et du 14 octobre, des dispositions furent prises pour que l’Espagne formât dans le concile une 5e nation.
En novembre, se fit le procès de Benoit XIII ; le 28, Zabarella lut les conclusions de la commission : procéder sans retard contre Pierre de Luna, fauteur de schisme et suspect d’hérésie, et autant que possible s’assurer de sa personne. Ces conclusions furent adoptées. En janvier lil7, de nouveaux princes adhèrent au concile et Sigismond qui avait été à Avignon, Chambéry, Paris, Londres, et avait regagné l’Allemagne par la Flandre et la Hollande, revient à Constance (27 janvier).
Les citations furent faites régulièrement à Benoit. En mars, le roi d’Aragon lui-même renonça solennellement à son obédience et saint Vincent Ferrier en publia lui-même l’acte à Perpignan.
Le 26 juillet lilT enfin, après avoir (’puisé tous les délais, le concile dans sa XXXVIIe session, rendit sa sentence définitive contre Pierre de Luna : …Sancta synodus gêner alis… pronuncial, ac decernit et déclarât. .. Petrum de Lima… fuisse et esse perjurum, ui<iversalis Ecclesiee scandalizatorem, fautorem et nutritorem inveterati schismatis…, schismaticum, liœreticum, ac a fi de devium, et articuli fidei Unam sanctant callwlicam Ecclesiam, violatorem pertinacem, … incorrigibilem, notorium et manifestum, ac omni tittilo, etc. se reddidisse indignum, elc… et omni jure eideni in papatu, etc., compétente, ipso jure privation et ab Ecclesia tanquam membrum aridum praz cimm. Ipsumque Petrum, quatenus de facto papa-tu )n secundum se tenel, eadem sancta sytit papatu… omnique titulo, etc., ad omnem caulelam