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CONSERVATION — CONSTANCE (VERTU MORALE)

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être, mais un seul être : Ego sum qui sttm, Exod., iii, 14, 15, et le reste, reliqua quasi non sint. Et ces deux ordres de réalités ne peuvent s’additionner dans une somme commune, puisqu’il n’y a rien dans les êtres créés qui ne relève adéquatement de l’incréé. Ainsi d’une lumière qui se réfléchit en de nombreux miroirs : plusieurs images, une seule lumière ; plura entia, disent les manuels, non plus entis.

S. Bonaventure, In IV Sent., édit. Quaracchi, t. II, p. 806, scholion ; Suarez, Disput. metaph., disp. XXI, Opéra, Paris, 1866, t. xxv, p. 785-802 ; Lessius, Opuscula, Paris, 1881, t. I, De perfectionnais moribusque divinis, 1. X, et chez ces trois auteurs nombreuses références aux scolastiques ; Petau, De Deo uno, 1. VIII, c. n ; Wirceburgenses, Theulogia doymatica, Paris, 1880, t. III, appendix, p. 407-515 ; Hontheim, Theodicea, 1893, p. 766 ; Urraburu, Theodicea, disp. VI, ciii, t. ii, p.707 sq. ; Kleutgen, S. J., La philosophie scolastique, Paris, 1868, t. II, p. 476-519 ; t. III, p. 7-27 ; Scheeben, La dogmatique, Paris, 1881, t. III, p. 21-29 ; t. II, p. 241-259 ; Heinrich, Dugmatische Théologie, Mayence, 1888, t. v, p. 279-296.

H. Pinard.

CONSISTOIRE. Voir Cardinaux, t. ii, col. 17221723 ; et Canonisation, t. ii, col. 11352-1034.

CONSOBRINUS Jean, ou Sobrinus ou encore Sobrinho, carme portugais, né à Lisbonne, au commencement du xv, | ? sièele, de parents aussi illustres par leur piété que par leur origine. Très dévot envers la très sainte Vierge Marie, il ne cessa de revendiquer pour elle, par la plume et par la parole, le privilège de la conception immaculée. Sa subtilité et sa logique dans les discussions en faisaient un adversaire redoutable et lui méritèrent le nom de magnus magister. Le roi de Portugal, Alphonse V, l’avait en haute estime et aimait aie visiter et à le consulter en son couvent de Lisbonne. Il mourut empoisonné par les hérétiques vers 1475. Trithème, Descriptor. eccles., n. 867, et, après lui, d’autres écrivains prétendent, nous ne savons sur quel fondement, que Consobrinus passa en Angleterre et professa les lettres à Oxford, et que plus tard, il fut créé docteur en théologie à Bologne. Jean Consobrinus a laissé entre autres un excellent traité De juslitia commutativa, arte campsoria ac alearum ludo, in-8°, Paris, 1496.

Cosme de Villiers, Bibliotheca carmelitana, Orléans, 1752, t. I, col. 827.

P. Servais.

1. CONSTANCE, vertu morale. —
I. Nature.
II. Définition.
III. Importance.
IV. Vices opposés.
V. Moyens de l’acquérir.

I. Nature. —

Le mot constance désigne la fermeté ou la continuité dans le bien, avec une nuance différente suivant qu’on le fait dériver de constave, être solidement établi, ou de sibi conslare, être d’accord avec soimême. Saint Thomas s’attache à la première explication : Aliguis dicitur esse conslans ex eo quod in aliguo stat. Sun}. Iheol., IIa-IIæ, q. cxxxvii, a. 3, sed contra. Lessius préfère la seconde. De juslilia et jure, 1. III, c. Il, dub. VI, Louvain, 1605, p. 613. Dans les deux cas, il y a affinité étroite entre la constance et la persévérance, considérée comme vertu morale. L’une et l’autre ont pour fin d’affermir dans le bien entrepris en dépit des difficultés qui surviennent, persévérantia et constantia conveniunt guidem in fine, guia ad utrumque perlincl firmiter persistere in aliguo bono. S. Thomas, loc. cit., in corp. Mais la constance affermit contre les obstacles venant de l’extérieur, tandis que la persévérance soutient le courage contre la difficulté inhérente à la durée même de l’effort exigé. Ces deux vertus diffèrent donc uniquement à raison du genre des obstacles qu’elles ont à surmonter, differunt autetn secundum ea quse difficultatem afferunt ad persistendum m bono. S. Thomas, loc. cit. La différence se réduil par conséquent à bien peu de chose. Aussi Lessius, loc. cit., fait-il observer que. <r ni les auteurs ni Le vulgaire n’ont coutume de tenir compte de cette distinction, d’ailleurs peu importante au point de vue moral » . Nous parlerons donc ici de ces deux vertus à la fois.

II. Définition. —

On peut donc définir la constance : la vertu qui donne à l’Ame la continuité dans le bien, malgré les difficultés provenant de l’extérieur, et la persévérance : la vertu qui donne à l’âme la continuité dans le bien, malgré la difficulté provenant de la durée elle-même de l’effort exigé.

D’après le docteur angélique, Sum. theol., II a II æ, q. cxxxvii, a. 2, la persévérance, comme d’ailleurs sa compagne, la constance, se rattache à la vertu cardinale de force. Elle s’y ratlache soit comme partie intégrante, soit comme partie potentielle. Voir Vertu. — 1° Comme partie intégrante de la force, la persévérance n’est pas une vertu spéciale, mais un élément de la vertu de force, élément indispensable pour que l’acte de cette vertu soit parfait dans son genre. Ainsi, par exemple, un martyr, mourant à petit feu ou traîné de supplice en supplice, ne sera vraiment fort dans toute l’acception du terme, que s’il persévère jusqu’au bout. Cf. S. Thomas, Sum. theol., IIa-IIæ, q. xlviii, a. 1. Le portrait de l’homme fort tracé par Horace dans ses Odes, 1. III, carm. ni, convient à la constance ainsi envisagée :

Justum et tenacem propositi virum

Non civium ardor prava jubentium

Non vultus instantis tyranni

Mente quatit solida…

Impavidum ferient ruinæ.

2° Comme partie potentielle de la force, la persévérance est une vertu ayant son domaine à elle, son objet propre. Cet objet, ce sont les actes de toutes les vertus, en tant que rendus difficiles par des obstacles extérieurs ou par la durée. L’objet formel, qui en fait une vertu spéciale, est précisément le mérite, la beauté morale de cette fermeté, de cette continuité malgré la difficulté.

III. Importance. —

L’importance de ces deux vertus est souveraine. Sans elles, les autres vertus sont appelées à disparaître à brève échéance, car, pour la nature déchue, où n’y a-t-il pas des difficultés dans la pratique du bien ? D’abord, tout homme doit vaincre sa versatilité naturelle. Hoc ipsutn guod est diu bisislere alicut dif/icili specialem difficultatem habet. S. Thomas, Sum. theol., II a II K, q. cxxxvii, a. 1. Puis, il faut triompher des obstacles, qui proviennent de l’intérieur, des critiques du monde, de ses scandales, parfois même de ses persécutions. C’est pourquoi la sainte Ecriture est pleine d’éloges pour les deux vertus de constance et de persévérance et de pressantes exhortations à les pratiquer : Sta in testamento tuo…. et in opère mandatorum luorum vclerasce, Eccli., xi, 21 ; slabilesestotecl immobiles, abundantes in opère Domini semper. I Cor., xv, 53. Cf. Tob., ii, 18 ; Ps. XVII, 38 ; civ, 4 ; Eccli., ii, 16 ; XXVII, 12 ; Matth., x, 22 ; Luc, ix, 62 ; Joa., iv, 34 ; XVII, 4 ; I Cor., ix, 24 ; Gal., vi, 9 ; II Thess., iii, 13 ; Il Tim., iv, 7 ; Heb., iii, 14 ; vi, 11 ; II Joa., viii, 9 ; Apoc, ii, 26 ; ni, 11. Que si quelques-uns de ces textes ont directement en vue la persévérance effective, ils s’appliquent cependant aussi aux vertus de constance et de persévérance qui sont un des plus puissants moyens pour persévérer en réalité. Cf. Merz, Thésaurus biblicus, Paris, 1892, p. 103-101, 477-’180.

IV. Vices OPPOSÉS. —

La vertu de constance et de persévérance tient le juste milieu entre deux extrêmes : l’inconstance ou mollesse et l’opiniâtreté. L’une pèche par défaut, l’autre par excès. S. Thomas, Sum. theol., ll a II » , q. CXXXVIII, a. 2.

L’inconstance est le vice qui nous fait abandonner sans motif raisonnable la poursuite d’un bien. S’il s’agit d’un bien à faire qui n’est encore qu’en projet, c’est 1’inconslance proprement dite ; s’il s’.i-il d’un bien que l’on a déjà entrepris et que l’on abandonne à cause des