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CONSERVATION

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comme un dogme essentiel du christianisme ; il veut, à la différence de Philon, qu’elle s’étende aux moindres choses. Strom., I, 11, P. G., t. viii, col. 749. Le repos du créateur au septième jour doit donc s’entendre non pas en ce sens que Dieu ne fait plus rien, car cesser de faire du bien serait pour lui cesser d’être, Strom., VI, 16, P. G., t. ix, col. 369 ; mais en ce sens qu’ordonner la matière et lui donner des lois est un travail achevé : ""Eort S’ouv xaxaTCETtauxE’vat xb xr, v xâSjiv twv yevo|j.Évcov ei ; Ttâvxa -/pdvov àTtapaoixto ; cfjXâffffEGÔai xsray_£va !. Ibid. Dieu ne hait rien de ce qui existe, puisque rien ne peut exister de ce qu’il hait : O-jSè j3&û).exai (aév xi (j.y) Eivai, ai’xto ; ûà fevexai xoO stvae aùxb ô (30ûXExai (j-ï) elvai… ouôÈv Sk èiTT’.v, ou fj.r) xrjv acxi’av xoû Eivai 6 ©eôç TtapÉyExai. Pœd., I. I, 8, P. G., t. viii, col. 325. Cf. Strom., VII, 12, P. G., t. ix, col. 496 ; Pœd., 1. III, 12, P. G., t. viii, col. 680. Cette volonté du Verbe est-elle une pure permission, une condition que rien d’ailleurs ne peut suppléer, ou Clément la conçoit-il de plus comme la raison d’être de la créature à chaque moment de sa durée, C’est ce qu’on aflirmerait avec plus de certitude, s’il avait marqué plus nettement les conséquences de cette action divine en nous. On trouvera incomplètes, en ce sens, ses réflexions. Strom., 1, 18, P. G., t. vin.col. 801 ; Strom., IV, 12, col. 1293 ; Pœd., 1. II, 10, col. 517.

Avec plus de raison encore, se demandera-t-on si Origène a affirmé bien explicitement le fait de la conservation. Il n’interprète pas en ce sens les textes connus, In Gen., homil. ni, n. 2, P. G., t. xii, col. 175 ; le Ps. ciii, 29, est appliqué à la vie de la grâce, In Joa., tom. xiii, n. 24, P. G., t. xiv, col. 437 ; Rom., ii, 36, à la Trinité. Cf. P. G., t. xi, col. 154-155. Il nous manque, il est vrai, des commentaires d’Origène qui pourraient être décisifs, mais il est à noter que saint Ambroise, si souvent dépendant de son exégèse et qui pouvait se référer aux ouvrages complets, demeure aussi imprécis ou inexact que le docteur alexandrin. Cf. Ilcxæm., 1. VI, c. x, P. L., t. xiv, col. 272 ; édit. de Vienne, t. xxxii b, fasc. 1, p. 260, 261. Le texte parfois invoqué, In Luc, vii, 13, n. 173, P. L., t. xv, col. 1745 ; édit. de Vienne, t. xxxii d, p. 359 : Denique et Deus ab operibus mundi quievit, Gen., il, 2, sed non ab operibus cujus sempiterna et jugis operatio est, sicut Filins ail : Pater meus usque modo operatur et ego operor, , loa., v, 17, ut ad similitudinem Dei sœcularia noslra opéra non religiosa cessarent, ferait bien plutôt difficulté. On a peine à croire qu’il regarde la création comme une œuvre temporelle, et la conservation comme d’une nature toute différente. Rien de plus, ce semble, dans l’Ainbrosiaster. Cf. In Rom., ii, 36, P. L., t. xvii, col. 155 ; In Col., i, 16, col. 423, 424 ; Origène, P. G., t. xi, col. 155.

On trouve très catégorique, il est vrai, chez Origène aussi, l’affirmation de la providence. Cf. In Num., homil. xxin, n. 4, P. G., t. xv, col. 750, où sont expliqués Gen., ii, 2, et.Joa., v, 17. On lit, Cont. Cels., 1. VI, n. 71, P. G-, t. XI, col. 1105 : Sirj/.ei (J.ÈV yàp - ïrac%0Tir xoù t, -povoia xoù Œo’j S t à Tidé/Tiov…, xoà Ttâvxa (jiév 71spiÉy_Ei… tï npovo6u|*.eva u>t Bûvaju ; Ûsia za’i 7uEpiecXr) : p, jïa xà zïpiî/oiJîvot. Dieu régit toutes choses ; il n’est pas dit qu’il ait besoin de les soutenir. Quant au texte que cite Lessius : Quomodo ergo in Deo vivimus, movemur et tumus, nisi quod virtute sua universum constringit et continet mundum ? De princ, 1. II, c. i, n. 3, P. G., t. xi, col. 181, Origène prend soin lui-même de renvoyer à l’explication qu’il vient de donner : Vna namque virltes est, quæ omnem mundi diversitatem constringit et continet algue in unum opus varias agit moins, ne Sciticet tant immensum mundi opus dissidiis solreretur auimorum. Ibid., col. 183. Peut-être verra-t-on la conservation dans ces paroles sur Sap., vii, 25, 26 : Vapor est quidam virtutis Dei. C’est le Verbe : Intel* ligenda est ergo virlus Dei, qua vigel, quaomnia visi bilia et invisibilia vel instilint, vel continet, velgubernat, quæ ad ornnia sufjiciens est… quibus velut uni ita omnibus adest. De princ, 1. I, c. II, n. 9, P. G., t. xi, col. 138. Mais n’est-ce pas plutôt une nouvelle affirmation du gouvernement universel et absolu de Dieu, Ttpôvota, o ! xovop.ta ? Cf. Cont. Cels., 1. IV, 14, P. G., t. xi, col. 1045. On sera tenté de le croire en rapprochant sa pensée de celle de Philon, toute stoïcienne aussi en nombre de cas. « C’est lui [le Logos], qui tendu du centre aux extrémités et des extrémités au centre dirige la course infaillible de la nature, maintenant et reliant entre elles toutes les parties, fiE<7(ibv yàp auxbv appr, xxov xoO Ttavxbç ô YevvT|<7aç ÈTtoiEi naxr, p. » Philon, De plantât. Noe, 2, édit. Cohn-Wendland, t. il, p. 135. Moïse, dit-il encore, a cru que « tout cet univers était soutenu par des puissances invisibles que le démiurge a tendues depuis les extrémités de la terre » , xoû (iT) àvs6r|Vae xà Seôévxa xaXtô ; upo|ju60-j|XEvoç. De migratione Abrahami/àl, t. il, p. 303. Voir J. Lebreton, Les théories du Logos au début de l’ère chrétienne, dans les Etudes religieuses, 1906, t. evi, p. 777 sq. On voit quelles différences et quelles analogies séparent et rapprochent ces conceptions. Cette loi du monde est, selon Chrysippe, immanente ; elle est distincte du monde pour Philon ; elle est même sûrement pour Origène personne distincte : c’est le Verbe de la Trinité chrétienne. Mais pour le stoïcien son panthéisme, pour Philon sa matière éternelle, ayant donc une existence propre, les ont empêchés de concevoir la nécessité d’une conservation au sens de Chrysostome et d’Augustin. Clément et Origène, préoccupés avant tout d’opposer au Dieu immanent du stoïcisme le Dieu transcendant du christianisme, ont dépeint la providence comme une loi éternelle, toute-puissante, extérieure aux choses ; il se pourrait par contre qu’ils ne soient pas allés jusqu’aux dernières conséquences de la création ex nihilo, qu’ils n’aient pas vii, ou pas noté cette exigence d’une action constante de Dieu dans ses créatures, qui le rend, mais de toute autre manière que le logos stoïcien, comme immanent en nous par sa vertu.

On retrouve chez saint Athanase la même influence des spéculations philosophiques, dans les attributions qu’il donne au Logos, (jltjSïv k’prijxov xr, ; èa-jxoû o - jviu.E(oç à710), EÀotuâ)ç, Orat. conlra gentes, n. 42, P. G., t. xxv, col. 84 ; mais l’action conservatrice qui atteint l’intime de l’être est bien plus nettement marquée. Le Logos est venu aux créatures, parce que leur nature, « xe 8r, â| oux ô’vttov ÙTto<7x5c7a, est pe’JTx-n, xoù auôevi, ;. Dieu qui seul est véritablement, cf. Exod., iii, 14, 15 ; Platon, Limée, 27. 37, 38, édit. Didot, 1846, p. 204, 209, loin d’être jaloux de ses prérogatives, ’A-raOtô yàp irep’i oùSsvbç xv yévoixo çOdvo ;, Timée, 30, ibid., p. 205, a voulu en effet que toutes choses soient, mais il ne les abandonne pas à elles-mêmes, "va |iï] xtvSvvevvi) rcdtXiv Et ; zb |at] Etvat ; il leur envoie donc son Verbe, pour qu’elles subsistent, axe 8ï) xoù ovxioç ex llaxpb ; Abvo’J inxx/x|j.81vo-jira xa’t porjOo’jp.évi, St’aùxo-j eiç xb EÎvai. Ibid., n. 41, col. 81 ; cf. ii, 28, col. 56.

Eusèbe de Césarée, suivant la méthode des premiers apologistes, veut prouver l’accord parfait des plus grands penseurs païens avec la philosophie de la Bible. Tîydtp eux ! ID.ixtov y) MbxTïj ; àxTixiÇtov ; Præp. ev., 1. II, c. x, P. G., t. xxi, col. 873. Numénius le Pythagoricien, tout comme Plutarque et Platon, s’accorde à dire que Dieu seul est véritablement : c’est le mot de l’Exod., III, 14 : Ego sum qui sum. Les différences son) grandes pourtant ; Eusèbe ne les indique pas. Ibid., c. ix-xii, col. 868 sq.

Citons des Pères Cappadociens ce passage de Grégoire de Nazianze. C’est avec raison, dit-il, que le Verbe est nommé Sûvapte coc a)VTT|pir)Ttxbç rûv -evvjevmv xal xr, v 700 (rwl/eaBott xaOxx yopr--f.iv Svva(jLtv. <hal.. xxx, n. 20, PG., t. xxxvi, col. 129. C’est encore le Verbe