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CONINCK — CONON

de la clarté. Fervent admirateur de Lessius, il est son meilleur disciple.

De Backer et Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. ii, col. 1369-1371 ; Hurter, Nomenclator, t. i, p. 361.

C. Ruch.

2. CONINCK Pierre-Damien, théologien belge de l’ordre de Saint-Augustin. On a de lui : 1° Tractatus de sacramento confirmationis nostri Basilii Pontii (théologien espagnol du xviie siècle), ab erroribus correctus, Louvain, 1642 ; 2° Quodlibeta nostratis Ægidii Romani, Louvain, 1646 ; 3° Certamen bonum nostri B. Alphonsi de Orozco, Louvain, 1654.

N. le Tombeur, Provincia Belgica augustiniana, Louvain, 1727, p. 106 ; Ossinger, Bibliotheca augustiniana, p. 255 ; Lanteri, Postrema sæcula sex religionis augustinianæ, t. iii, p. 184 ; Hurter, Nomenclator literarius, t. i, p. 366 ; Hutter, Scriptores ordinis eremitarum S. Augustini, etc., dans La Ciudad de Dios, 1883, t. v, p. 579.

A. Palmieri.

CONJURATION, action qui consiste à chasser ou à évoquer les esprits malins. Il y a donc deux sortes de conjuration. — 1° La première, au sens large du mot, n’est autre chose que l’exorcisme ; au sens strict, elle est l’acte, prière ou cérémonie, par lequel l’exorciste, au nom du Tout-Puissant qu’il invoque, commande au démon et le somme de laisser libres les personnes possédées, tentées ou menacées par lui. Sur le sens, les caractères, l’efficacité de ces formules déprécatives qui se rencontrent fréquemment, soit dans les livres liturgiques, soit dans les recueils de prières non liturgiques, soit dans les inscriptions chrétiennes, voir Adjuration, t. i, col. 400-401 ; Exorcisme ; Dictionnaire d’archéologie chrétienne, art. Adjuration, t. i, col. 527-535.

2° La seconde sorte de conjuration est une opération magique par laquelle on prétend contraindre le démon à exécuter les ordres de l’homme qui l’évoque. Les formules de conjuration abondent dans les grimoires et livres de magie. Sur le caractère et les effets, vrais ou prétendus, de ces conjurations magiques, voir Magie et Sortilège.

V. Oblet.

1. CONON, pape, successeur de Jean V, élu en 686, probablement au mois d’octobre, consacré le 21 octobre, mort le 21 septembre 687.

Son père appartenait au corps d’armée dit Thracésien. Lui-même fut élevé en Sicile. Son élection mit d’accord le clergé et l’armée qui s’étaient divisés, le premier soutenant l’archiprêtre Pierre, et l’autre le prêtre Théodore. Conon était un prêtre vertueux et vénérable, mais déjà âgé. Son élection fut soumise à l’approbation de Théodore, évêque de Ravenne. Il mourut après onze mois d’administration.

Jaffé, Regesta pontificum romanorum, 2e édit., 1885, t. i, p. 243 ; Duchesne, Liber pontificalis, 1886, t. i, p. 368.

H. Hemmer.

2. CONON, CONONITES. En 451, sur notification de la lettre du pape saint Léon, augmentée d’un appendice où certains textes patristiques, recueillis par Théodoret dans ses Dialogues, Ei>ist., CLX, P. L., t.Liv, col. 1173 sq., se trouvaient utilisés avec d’autres, recueillis par le pape lui-même, le concile de Chalcédoine avait proclamé l’existence, en Jésus-Christ, de deux natures distinctes, ayant chacune ses propriétés, dans l’unité de personne ou d’hyposlasc.

Cette définition n’arrêta pas les controverses christologiques en Orient. Le monophysisme, en particulier, continua à s’agiter, surtout en Syrie et en Egypte, et à multiplier les sectes. On opposait tradition à tradition. On empruntait à saint Grégoire le thaumaturge, à saint Athanase, au pape saint Jules des passages où était enseignée l’unité de nature. L’auteur anonyme du remarquable traite Adversus fraudes apollinislarum, attribué d’ordinaire à saint Léonce de Byzance, P. G., t. lxxxvi, col. 1947-1976, eut beau prouver, et avec raison, ainsi que l’ont démontré Lequien, Caspari et les critiques récents, que ces passages faussement attribués étaient en réalité de la plume d’Apollinaire, notamment ley.atà [xspo ; tuttiç, ou exposition détaillée de la foi ; il eut beau également démontrer l’interprétation orthodoxe qu’il convenait de donner aux textes authentiques de saint Cyrille d’Alexandrie, tels que la Lettre à Acace et les Lettres à Succcnsus, en les rapprochant de ceux où le grand évêque soutenait clairement l’existence de deux natures distinctes dans le Christ, rien n’y fit.

Dans le courant du VIe siècle, l’Egypte devint le théâtre de luttes passionnées. Deux évêques, réfugiés à Alexandrie en 518, Sévère d’Antioche et Julien d’Halicarnasse, tous deux monophysites, créèrent dans le sein du parti deux écoles rivales, qui prirent chacune leur nom. Le premier soutenait que le corps du Christ, avant sa résurrection, était soumis aux faiblesses et aux souffrances communes, c’est-à-dire corruptible. Nullement, répliquait Julien ; car, dans ce cas, vous introduisez une distinctiontrop nette entre le corps et le Verbe, et ce serait donner raison au concile de Chalcédoine ; et il qualifie de phthartolàtres, ou adorateurs du corruptible, les partisans de Sévère ; le corps de Jésus-Christ était exempt de toute altération, incorruptible, dès avant sa résurrection. A cela les sévériens répondaient : Vous êtes des aphthardocètes, des partisans de l’incorruptible, des phantasiastes, qui n’admettez qu’un corps apparent.

Survient la mort du patriarche d’Alexandrie. Deux compétiteurs briguent sa succession : l’un, partisan de Sévère, Théodose ; l’autre, partisan de Julien, Gaianus. Théodose l’emporte, mais il est exilé. Son disciple, le diacre Themistius, appliquant à l’âme du Christ ce que les phthartolàtres disaient du corps, soutint que le Christ ignorait, comme homme, le jour du jugement ; il forma la secte des agnoètes. Voir t. i. col. 588-592. Léonce de Byzance, un contemporain, combattit Sévère et les phthartolàtres, dans ses Tpcàxovta xsçiXaia xa-à 2s-jir)po’j et son’EitfXviciç t « 3v ûtuo Eevinpou irpoëe6Xe|AÉviv <rj>.XoYt<mwv, P. G., t. lxxxvi, col. 1901-1915, 1915-1945 ; Julien et les aphthardocètes, dans son Contra nestorianos et cutychianos et ses Scholia ou De sectis, act. V, m, ibid., col. 1269-1396, 1229 ; les gaïanites et les agnoètes, dans son De sectis, act. V, iv ; X, i-iii, ibid., col. 1232, 1260-1263.

Kn mêmetemps, un grammairien philosophe d’Alexandrie, Jean surnommé Philoponos, prend part à la controverse. Il disait aux catholiques : Puisque vous admettez deux natures en Jésus-Christ, il faut conclure, d’après les principes d’Aristote, qu’il y a également deux hypostases. Il confondait ainsi la nature et l’hypostase. Les catholiques répliquaient : Si votre conclusion était juste, il faudrait conclure que, dans la Trinité, il y a aussi trois natures, puisque nous professons qu’il y a trois hypostases ou personnes. — Très certainement, répondait Philoponos, car chaque individu ou personne a sa nature propre et une nature commune, ce qui doit s’appliquer à la Trinité. Léonce de Byzance, De sectis, ael. V, vi, ibid., col. 1232-1233 ; Photius, Biblioth., 21, P. G., t. ciii, col. 57.

C’était adopter le trithéismede Jean Askunages, directeur d’école à Constanlinople. Assé ma ni, Bibliot h. orien t., t. ii, p. 327. Conon, évéque de Tarse enCilicie, embrassa cette erreur et fut trithéiste. Nicéphore Calliste, II. E., XVHI, 48-49, P. G., t. cxlvii, col. 128-432. Or, ces trithéistes furent pris à partie non seulement par les catholiques, mais encore par certains monophysites.

Une conférence eut même lieu devant Jean de Constantinople, sous l’empereur Justin (518-527), entre Conon el Eugène, d’une part, et, d’autre part, Paul et Etienne, « lu parti des hésitants. Mis en demeure d’anathématiser Philoponos, ses partisans Conon et Eugène s’y refusè