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CONFIRMATION CHEZ LES SCOLASTIQUES

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l’onclion saint Bède aperçoit surtout le signe intérieur, celui qui est dans l’âme, l’Esprit de Dieu. In Act. apost., P. L., t. xcii, col. 961. Avec le prophète, les confirmés ont le droit de dire, encore humides de l’onction sainte : Signatum est super nos lumen vultus lui, Domine. In Luc, vi, 22, P. L., t.xcil, col. 602. Raban Maur est beaucoup plus explicite : « Par la confirmation, nous portons en nous la marque de l’Esprit-Saint, qui est le doigt de Dieu et le sceau spirituel, » et il compare l’effet de ce sacrement à celui du baptême : Sicut autem per baplismum in Christo morimur et renascimur ; ita Spirilu Sancto signamur, qui est digitus Dei et spiritale signaculum. De instit. cleric., i, 29, P. L., t. cvii, col. 312.

Avec Amalaire de Trêves, le progrès de la doctrine est sensible et la théorie du caractère sacramentel est à peu près achevée. Par la confirmation, l’Esprit-Saint est reçu dans l’inlime de l’être comme un sceau qui s’imprime sur notre âme et lui rend cette parfaite ressemblance aecle créateur qui fut sa marque originelle. Ce cachet ne s’effacera plus ; il s’agit de le faire parailre au dernier jour dans tout l’éclat de sa pureté. Hoc signaculo Sancti Spirilus Deo Pâtre imprimente signamur. Hune enini signa-vit Pater Deus… hlcirco vero signamur, ut serremus signaculum, et ostendamus illud in die redemptionis purum atque sincerum. Epist. de cmrem. bapt., 27, P. L., t. exix, col. 899.

Aussi Geoffroi de Vendôme fait-il remarquer que ce sacrement n’est pas de ceux que l’on puisse recevoir deux fois. Opusc., viii, P. L., t. clvii, col. 226. Cf. IIe conc. de Chalon (en 813), can. 27, Mansi, t. xiv, col. 96. Cependant dans l’Église grecque, la confirmation s’administrait seule à presque tous les hérétiques qui revenaient à l’orthodoxie, bien qu’ils l’aient déjà reçue avec le baptême dans leur propre secte., T. Pargoire, L’Église byzantine de 527 à 847, Paris, 1905, p. 94, 225, 337.

VII. Rit sacramentel.

1° Temps spécialement désigné. — L’usage primitif de l’Eglise étant de joindre à la collation du baptême celle de la confirmation, les veilles de Pâques et de la Pentecôte étaient les seuls jours fixés pour la réception de ce sacrement. Au ive siècle, en raison de l’extension rapide des communautés chrétiennes, il devint nécessaire de séparerl’administration des deux sacrements dans les centres éloignés de la résidence de l’évêque ; mais la confirmation suivait de près la réception du baptême. Cf. S. Jérôme, Contra luciferianos, n. 9, P. L., t. xxiii, col. 172. Cette coutume subsistait encore intacte au viiie siècle. Nous voyons dans la vie de saint Cuthbert, écrite par saint Bède, que l’évêque de Lindisfarn mettait tout son zèle à parcourir les paroisses de son diocèse pour administrer la confirmation aux néophytes récemment baptisés. Vita S. Culhberli, c. ix, n. 50, dans Acta sanctorum, t. m martii, p. 110. Le I er concile de Germanie, tenu à Ratisbonne ou à Augsbourg en 742, édicté quelques prescriptions concernant la réception des évoques lorsque ceux-ci poursuivent leurs tournées de confirmation. Can. 3, Mansi, t. xii, col. 366. Cf. IIe concile de Chalon, an. 813, can. 14, Mansi, t. xiv, col. 96.

Aucun document ne permet d’établir que la confirmation ait jamais été différée, au cours des premiers siècles, quand le baptême était conféré en présence de l’évêque. Raban Maur est le premier sans doute à signaler la coutume déjà existante au ixe siècle de remettre au dimanche dans l’octave de Pâques la confirmation de ceux qui avaient reçu le baptême le samedi-saint. Albis per totam hebdgmadam utuntur restions ; et ttme maxime dum alba tolluntur a baplizatis x’estimenta, per manusimpositionem a ponlifice Spiritum Sanclum accipere conveniens est. De clericorum institulione, l.II, c. xxxix, P. L., t.cvn, col.353. L’aflluence considérable des néophytes au jour solennel de la collation baptismale paraît être la raison naturelle de ce

délai, que les évoques s’appliquaient d’ailleurs à restreindre le plus possible. Au IXe siècle, l’usage était reçu dans l’Église gallicane de donner de préférence la confirmation le dimanche in albis, c’est-à-dire huit jours après le baptême. Alcuin, Epist. ad Uduinum, P. L., t. ci, col. 614.

Cérémonies.

En dehors du rit de l’imposition

des mains et de l’onction chrismale, voir col. 1061 sq., le détail des cérémonies préparatoires ou subséquentes à la collation du sacrement n’intéresse que de loin la dogmatique. Pour répondre aux critiques de Daillé et de Chemnitz, qui prétendent trouver dans les textes du VIIIe et du IXe siècle la preuve que la cérémonie de la confirmation se confondait alors avec les cérémonies baptismales, il est bon de noter l’usage établi dans certaines églises, au IXe siècle, de donner la sainte eucharistie aux néophytes avant de procéder à l’imposition des mains et à l’onction chrismale. Raban Maur, De instit. cleric, i, 29, P. L., t. cvii, col. 314 sq. Il paraît bien dès lors que la confirmation se distinguait réellement, dans la liturgie comme dans la théologie de l’époque, du sacrement de baptême. Vuitasse, Tract, de conf., part. I, q. I, c. viii, dans Migne, Cursus theol., t. xxi, col. 720. Cf. Chemnitz, Examen concil. Trident., Francfort-sur- ! e-Mein, 1578, p. 65.

P. Rernard.

IV. CONFIRMATION CHEZ LES SCOLASTIQUES. — I. Institution. IL Matière. III. Forme. IV. Ministre. V. Sujet. VI. Effets.

I. Instititiox.

La diversité la plus grande n’a cessé de régner dans l’esprit des théologiens scolastiques au sujet de cette importante question, si intimement liée à l’économie générale du traité des sacrements. Pour les uns, la confirmation a été établie par Jésus-Christ lui-même ; pour les autres, elle est d’ordre apostolique ; enfin une opinion très hardie s’affirme en plein xine siècle, attribuant à l’autorité ecclésiastique l’institution de ce sacrement. La discussion était nettement partagée dans l’École entre ces trois théories, dont Pierre de Tarentaise a tracé le schéma très fidèle : Quidam dixerunt quod a Christo expresse, cujus est dare virtutem sacramenti ; alii quod ab apostolis, quiprimo leguntur confirmasse ; a lii quod ab Ecclesia, quæ ]>rimo legitur ipsius ritum solemnem instituisse et prsecepisse. In IV Sent., 1. IV, dist. VII, q. ii, a. 1, Toulouse, 1652, p. 80.

Institution divine.

C’est l’opinion la plus répandue

et la première aussi que l’on rencontre chez les théologiens scolastiques. Contre certains hérétiques, les vaudois probablement, qui rejetaient le caractère sacramentel de la confirmation en alléguant en faveur de leur doctrine l’insuffisance des preuves scripturaires attestant l’institution divine ou apostolique de ce sacrement, Alain de Lille répond que la preuve est faite et que Notre-Seigneur lui-même, en conférant par la vertu de son souffle l’Esprit-Saint aux apôtres pour les confirmer dans leur foi, a suffisamment indiqué au collège apostolique sa pensée et son intention, l’bi Chris tus insufflavit in aiiostolos dans eis Spiritum Sanctum ml riilmr, insinuavit eis confirniationis sacramentumi. Contra hseret., i, 76, P. L., t. ccx, col. 369. Robert Pullus, plus aflirmatif encore, croit reconnaître le sacrement de confirmation dans l’imposition des mains faite par le Christ sur la tête des enfants qu’on lui apportait pour être sanctifiés à son contact, lpse quoque dr confirmatione parvulorum decretum ponens ait : Sinite parvulos ad me venire. Sententiss mag. B. l’iilli, part. V, c. XXM, Paris, l(i.">7, p. 158. Voir aussi 1rs annotations de dom [fugues Mallioud. bid., p. 349.

Il est juste de reconnaître que les résultats de cette méthode exégétique ne sonl point entrés dans le domaine dr la scolastique et que les théologiens postérieurs ont cherché d’autres textes pour établir l’institution divine