Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 3.djvu/544

Cette page n’a pas encore été corrigée
1065
1066
CONFIRMATION DU VII 8 AU XIIe SIÈCLE


III. FortME.

Pans les Sacramentaires et les Ordines des VIIe, viiie et IXe siècles sont consignées dans toute leur teneur les paroles liturgiques du sacrement de confirmation ; mais la plus grande variété de formules se retrouve dans ces textes primitifs et les théologiens se sont efforcés, sans toujours y réussir, de dégager ce qu’elles ont d’essentiel.

Le Sacramentaire grégorien ne mentionne qu’une seule oraison accompagnant l’imposition des mains et précédant immédiatement la chrismation. C’est une formule déprécatoire, qui résume la signilication d’ensemble et exprime l’effet propre du sacrement dans une invocation où l’évêque implore sur les nouveaux baptisés la descente du Saint-Esprit avec tous ses dons : Omnipoteus sempiterne Deus, qui regenerare dignalus es fins famulos tuos ex aqua et Spiritu Sancto…, emitle in eos sepliformem Spiritum Sanctum tuum paraclituni de cxlis, Spiritum sapientiæ et intellectus, Spiritum co ?isilii et fortitudinis, Spiritum scientiae et pietatis : adimple eos Spiritu timoris tui, et consigna eos signo crucis in vitam propitiatus seternani< Per Dominur.i nnstrum J. C, etc. Liber sacram., P. L., t. lxxviii, col. 90. La consignation suivait immédiatement : il est clair que la dernière partie de la formule se rapporte directement à elle, comme le signe à la chose signifiée, et que la chrismation ne peut être séparée par la pensée des paroles qui l’annoncent et qui en déterminent le sens.

Les Ordines romains spécifient l’invocation expresse de la sainte Trinité tandis que s’opère la consignation, lout en considérant comme un ensemble inséparablement uni, comme un tout moral, ces diverses parties d’un même rit : l’oraison du Sacramentaire grégorien, la chrismation et l’invocation de la Trinité. Pat orationem super eos pontifex, cum chrismate faciens

em in frontibus eorum cum invocatione sanctse Trinitatis, et tradit eis septiformeni gratiam Spiritus Sun, -ii. (_>rdo rom. I, P. L., t. lxxviii, col. 957. On peut voir dans dom Martène, qui les a relevées le plus grand soin, une série de formules tirées des anciens Pontificaux. On y retrouve dans ses lignes principales l’oraison précédente, sans qu’il soit toujours fait mention de l’imposition des mains. Les paroles qui accompagnent la chrismation ne varient que dans la forme : il n’est pas sans intérêt pour l’intelligence des discussions scolastiques de l’âge suivant, comme pour l’histoire de la formule actuelle, de noter au passage quelques exemples saillants. Le Pontifical d’Egbert,

ne d’Évreux, vers le milieu du VIIIe siècle, donne la formule suivante : Acci/ie signum sanctae crucis chrismate salulis in Christo Jcsu tu vitam œternam. Amen. Pax lecuni. Le Pontifical de l’Église de Beauvais porte une formule double, dont la première partie rappelle assez nettement la forme adoptée par les Grecs : Signum Christiin vitam œternam. Pai tecum. Et cum spiritu tuo. Confirmet vos Pater, et Filius, et Spiritus Sanctus, ul habealis vitam œternam et vivatis in ttecula Sêeculorum. Amen. Ce doublet se retrouve dans quelques autres manuscrits. Généralement il est remplacé ailleurs par une simple bénédiction. Le Sacramentaire de Saint-Remi de Reims reproduit la forme indicative réduite à ces mots : Confirma et continua te in nomine Patris, etc. Le Pontifical de Saint-Lucien de Beauvais ajoute la mention du signe d<’la croix : Con~

et confirmo te signo ianctte crucis in nomine, etc. Dans le Pontifical de l’Église de Sens se retrouve à peu

la formule actuelle : Consigno te signo crucis et confirmo te chrismate salulis in mon/ne, etc. Pom Marieur. De antiq. Eccl. rit., Anvers, 1736, t. i, col. 253-268. I’fragment de VOrdo romain provenant du manuscrit épigraphique d’Einsiedeln contient, au contraire, une forme des plus simplifiées : Confirmo tein nomine, etc. L. Puchesne, Urig. du culte chrét., Paris, 1903, p. 482.

Mais il ne paraît pas que ces formules diverses aient é’té considérées à cette époque comme ayant par elles-mêmes une valeur sacramentelle. Il convient de les rattacher, pour le sens et l’efficacité, à la formule déprécative, dont elles ne sont d’ailleurs qu’une manière de conclusion et qui représentait bien, pour les théologiens d’alors, les paroles productives de la grâce. Saint Isidore de Séville († 636) s’exprime avec netteté : Spiritum Sanctum accipere possumus ; dare autem non possumus ; sed ut detur, Deum invocamus. De off. eccles., 1. II, c. xxvi, P. L., t. lxxxiii, col. 823. Jessé d’Amiens († 836), qui connaissait à fond la liturgie de son siècle, après avoir mentionné la chrismation, rattache à la prière qui accompagne l’imposition des mains la descente du Saint-Esprit dans l’âme. Ideoque maints imposilio fit ut per benedictionem advocatus invitetur Spiritus Sanctus super eos descendal. Epist. de bapt., P. L., t. cv, col. 790.

C’est ainsi qu’il est naturel d’expliquer, semble-t-il, la formule In nomine Patris et Filii et Spiritus Saucli, rapportée sans adjonction aucune par le pseudo-Alcuin (ixe siècle), De div. off., ix, 20, P. L., t. ci, col. 1220, et par Amalaire de Met/, († 837), De eccl. off., i, 27, P. L., t. cv, col. 1053. Comment ne pas voir là une simple clausule ajoutée à l’oraison sacramentelle dont les deux auteurs font explicitement mention ? Cette explication, par elle-même obvie, est parfaitement d’accord avec la pensée théologique de l’époque, qui considérait comme sacramentelles les paroles prononcées pendant l’imposition des mains, tout en faisant de l’onction chrismale, qui suivait tout aussitôt, le rit propre de la confirmation. La clausule mentionnée par Amalaire et le pseudo-Alcuin indique bien que la formule déprécative est unie intimement à la chrismation, puisque l’onction est pour ainsi dire englobée dans la formule. Au reste, Amalaire attribue expressément à l’oraison elle-même, et non point à la clausule, la vertu sacramentelle. Et ut per manus impositionem et oralionem detur Spiritus Sanctus, similiter ab apostolica auctorilate sumptum est. Les paroles Pax tibi ne sont que le salut offert au nouveau confirmé. Ibid., col. 1053.

IV. Ministre. —Tous les témoignages de cette époque s’accordent à reconnaître l’évêque comme le ministre ordinaire du sacrement de confirmation. Le IL’concile de Séville, tenu en 619, défend aux simples prêtres de conféuer l’onction chrismale aux baptisés et de donner le Saint-Espril en imposant les mains. Can. 7, Mansi, t. X, col. 559. Saint Isidore de Séville » établit que le droit de confirmer les fidèles appartient aux évéques, et se réfère aux Actes des apôtres comme preuve de l’antique coutume de l’Église. Post baptismum ]><t episcopos ttatur Spiritus Sanctus cum manuum impositione : hoc in Actibus apostolorum fecisse meminimus apostolos. De o/f. eccl., I. ii, c. xxvi, /’. L., . i, xxxiii, col. S2.>. Cf. S. Ilède, Tu Acl. apost., VIII, P. L., t. XCII, col. 961 ; Vita Cuthberti, c. x.xix, /’. /.., t. xciv, col. 769. En Allemagne, c’est également l’évêque qui a la charge de donner au peuple la confirmation et qui parcourt à cet elfet les paroisses de son diocèse. Cime. Germanicum 1, can. 3, Mansi, t. xii, col. 96. Cf. Raban Maur, lie. instit. cleric, i, 29, /’. L., t. cvii, col. 313 sq. Alcuin atteste que le même usage est établi en (laule. Epist., i.xxx, ad domnum regem, P. L., t. ci, col. 261. Voir le traité de Magne, archevêque de Sens, sur l’initiation baptismale. De myst.’» '/</., /’. /.., t. eu, col. 98. Le Sacramentaire grégorien, /’. /.., t. xcviii, col. 90, VOrdo romain I, /’. /, ., t. lxxviii, col. 957, et tous les liwes liturgiques de l’époque attribuent à

l’évoque seul te privilège de conférer la confirmation. Cf. Amalaire de Trêves, Epist. de cœrem. l><i]>t., /’. /.., t.xct.x, col. sus. De eccl. off., i, 12, /’. L., t.cv, col. mil. Les Eglises d’Espagne et de France veillent avec un soin jaloux au maintien du privilège épiscopal. Le con-