Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 3.djvu/540

Cette page n’a pas encore été corrigée

-1057

CONFIRMATION DU VIP AU XII" SIÈCLE

1058

en disant : « Dieu tout puissant, Père de Nôtre-Seigneur & Jésus-Christ, qui t’a régénéré par l’eau et l’Esprit-Saint, « et qui t’a donné ! a rémission de tous les péchés, c’est « lui qui t’oint du chrême du salut pour la vie éternelle. » Les baptisés reprenaient alors leurs habits, ou plutôt ils en revêtaient de nouveaux, de couleur blanche, assistés par leurs parrains ou marraines. Arrivés devant l’évêque, ils se formaient en groupe sur lesquels le pontife prononçait d’abord l’invocation au Saint-Esprit. (Cette invocation, nous l’avons déjà signalée plus haut.) Le pontife faisait ensuite le signe de la croix sur le front de chaque néophyte avec son pouce trempé’dans le saint chrême. En même temps, il disait à chacun d’eux : In nomine Patris et Filii et Spirilus Sancli. Pax tibi. La consignation terminée, le cortège se reformait pour rentrer dans la basilique, où l’on célébrait la messe et où avait lieu la première communion des baptisésconfirmés. »

En pays de rit gallican, la cérémonie était à peu près semblable, sauf, comme nous l’avons indiqué, qu’on n’y pratiquait qu’une seule onction chrismale, immédiatement au sortir des fonts baptismaux, avec une formule qui rappelle la formule presbyt’raie romaine de lachrismalion, et que l’imposition des mains n’est point marquée. Mais, selon le Missale gothicum, P. L., t. i.xxii, col. 275, après la chrismation venait le lavement des pieds, le revêtement des habits blancs, une prière sous forme de collecte en faveur des nom eaux baptisés, puis la messe. Même rituel dans le Missale gallicanum vêtus, ibid., col. 369, et dans le Sacramentaire de Bobbio, ibid., col. 502, 503, sauf que, dans ce dernier, l’imposition des vêtements blancs précède le lavement des pieds, au lieu de le suivre. En Espagne, la lotion des pieds fut supprimée par le concile d’Elvire, can. 18.

En Orient, les Constitutions apostoliques, VII, xliii, P. G., t. I, col. 1015, ne signalent, après le baptême, que l’onction chrismale avec l’onguent sacré, accompagnée d’une prière. Telle est, disent-elles, la puissance de l’imposition des mains. Point d’autre détail sur le rituel de la confirmation. Mais saint Cyrille nous fait connaître l’usage de Jérusalem, au iv° siècle. C’est au sortir de la piscine baptismale que le baptisé est oint avec l’onguent mystique, qui rappelle l’onction du Christ et qui est en réalité le Saint-Esprit. Cal., xxi, 1, P. G., t. xxxiii, col. 1089. Il reçoit l’onction chrismale au front, aux oreilles, aux narines, à la poitrine. Ibid., 4, col. 1092. Puis, ainsi rempli de l’Esprit-Saint, il participe pour la première fois avec le reste des fidèles à l’audition de la messe et à la communion.

La Constitution ecclésiastique égyptienne, Achelis, Die Canones Hip., p. 98-99, rappelle à quelques variantes près le rituel des Canons d’flippolyte. Un prêtre oint avec l’huile de l’eucharistie le baptisé, qui sort des fonts baptismaux, au nom de Jésus-Christ, Pas de mention des parties du corps qui sont ointes, ni du revêtement des habits, mais il va desoiquele baptisé s’habille pour pénétrer dans l’église, où l’évêque lui impose les mains avec la prière signalée plus haut ; puis, posant la main sur sa tête, il l’oint au front avec l’huile de l’eucharistie, en prononçant une formule appropriée, l’embrasse, en disant : Dominus vobiscum, et le confirmé répond : Et cum spirilu luo. Après quoi, uni au peuple Gdèle, le confirmé assiste à l’office divin et y communie. Semblable succession de cérémonies dans le Testamentum Domini Nostri Jesu Christi : onction du baptisé, au sortir des fonts, avec l’huile de l’action races ; réunion dans l’église ; imposition des mains par l’évêque avec récitation d’une formule assez longue ; onction sur le front avec la même huile, mais par l’évêque, qui prononce une formule appropriée ; signe de croix, baiser de paix. L’évêque dit : Deus humilium lit tecum. Et le conlirmé répond : F.l cum spirilu tuo. Prière avec l’assemblée chrétienne, oblation, sacrifice

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

et communion. Testant. D. N. J. C, II, viii-x, édit. Rahmani, Mayence, 1899, p. 129-133.

Dom Martène, De antiquis Ecclesise ritibus, Rouen, 1700 ; Mabillon, De litwgia gallicana, P. L., t. lxxii, col. 99-029 ; J. A. Assémani, Codex liturgicus, Rome, 1749 ; Chardon, Histoire fies sacrements, Paris, 1745, dans le Cursus tluologim de Migne, t. xx ; F. Prolist, Sakramente und Sakramentalien in den drei ersten christlichen Jahrhunderten, Tubingue, 1872, p. 158-194 ; J. Stiglmayr, Sacramente und Kirche nach Ps.-Dionysius, dans Zeitschrift fur kathol. Théologie, 1898 ; Janssens, Confirmation, Lille, 1888 ; M*’Duchesne, Les origines du culte chrétien, 2° c’dit., Paris, 1898 ; Achelis, Die Canones Hippolyti. Leipzig, 1891, dans Texte und Vntersuchungen zur Gcschichte der aUchristlichen Literatur, de Gebhardt et Harnack, t. VI, fasc. 4 ; Rahmani, Testamentum Domini Nostri Jesu Cliristi, Mayence, 1899 ; Wobbermin, Altehristliche Stïteke ans der Kirche ÂSgyptens, dans Texte und Untersuch., Leipzig, 1898, t. xvii, fasc. 3b ; Brightman, Sacramentaire de Sérapion de Tlimuis, dans Journal of theological studies, Londres, 1900, t. I, p. 88sq., 247 sq. ; Hall, Confirmation, Londres, 1902 ; dom de Puniet, La liturgie baptismale eu Gaule avant Charlemagne, dans la. Bévue des questions historiques, Paris, 1902, t. lxxii, p. 382 sq. ; Mason, The relations of confirmation to baptism, ï’édit., Londres, 1893, p. 54-390 : Dolger, Das Sakrament der Firmung, Vienne, 1906 ; Id., Die Firmung in den Denkmalcrn des christlichen Altertums, dans Bômische Quartalschrift. 191 5 ; Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, 2- édit, Taris, 1877 ; Dictionnaire de la Bible, Paris, 1893, 1. 1, art. Baptême : t. ii, art. Confirmation ; Smith et W’ace, Dictionary of Christian biography, Londres. 1877, t. ï, p. 616-620 ; Kirchenlexikon, Fribourg-en-Brisgau, 3’édit., 1884 ; Kraus, Beal-Enc>)klopadie der christlichen Altertùmer, Fribourg-en-Brisgau, 1882, 1886 ; Bealencyclopadie, 3e édit., Leipzig, 1901, aux articles consacrés à l’étude de la confirmation.

G. Pareille.

I ! l. CONFIRMATION DU VII" AU XIIe SIÈCLE. — I. Institution. II. Matière. III. Forme. IV. Ministre. V. Sujet. VI. Effets. VII. Rit sacramentel.

I. Institution.

Les témoignages du viie siècle sont assez précis et décisifs pour que le calviniste Jean Paillé ait renoncé à en discuter la teneur. Le IVe concile de Tolède, tenu en 633, sous Honorius l, r, mentionne, à propos des juifs convertis, la réception du baptême, de l’onction chrismale et de l’eucharistie, en donnant à ces rites le nom de sacrements divins. Jatn constat eos esse sacramentis divinis associatos. Conc. Tolet. IV, can. 57, Mansi, t. x, col. 633. Saint Isidore de Séville se sert également de cette expression, dont il prend soin de développer le sens. Sunt autem sacramenta, baplismum et chrisma, corpus et sanguis Cliristi, quse ob id sacramenta dicuntur quia sub legumento corporalium rerurti virtus divina secrelius salutem eorumdem sacramentorumi operatur ef]cctum. Ehjm., 1. VI, c. xix, n. 56, P. L., t. lxxxii, col. 256. baillé observe seulement à ce propos que le baptême et la chrismation ne doivent être considérés que comme les deux parties intégrantes du même sacrement, puisque le corps et le sang du Christ, dont Isidore fait mention au même titre, sont eux-mêmes les éléments constitutifs d’un seul et unique sacrement. Mais cette remarque ne saurait subsister devant une étude attentive du texte, qui distingue nettement la confirmation du baptême, tant sur le point de la collation que par rapport aux effets. Chrisma gvœce, latine unctio noniinatur, ex cujus uomine et chrisma dicitur et Itomo post lavacrum sanctificaïur ; nain sicut in baplismo peccatorum remissio datur, iia per unctionem sancti/icatio spirilus adhibetur. Ibid., n. 52, col. 256.

Au vine siècle, la tradition s’affirme avec la même netteté. Dans son commentaire sur la I™Épltre de saint Jean, Bède le Vénérable († 735) identifie l’onction de l’esprit avec l’Esprit-Saint lui-même, dans l’unité mystique du sacrement. Unctio spiritalis ipse Spirilus

Sanctus est, cujus S(icrat)icnluni est in uuclionc visitait. In I./</((., c. ii, P. L., t. xciii, col. 94. Cf. Exposi III. - 31