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CONFIRMATION DANS LA SAINTE ÉCRITURE


la IIe lettre aux Corinthiens, i, 21. Tout récemment, A. Seeberg, op. cit., p. 225 sq., a essayé une restitution complète. Pendant pour point de départ le même texte, il observe que les divers mots de la phrase se retrouvent dans d’autres écrils du Nouveau Testament, sont ailleurs accompagnés de locutions qui les complètent et qu’enfin ils sont parfois jetés sans explications comme des morceaux d’une formule bien connue que le lecteur antique pouvait de lui-même achever. Il conclut donc qu’il est en présence de vestiges des paroles prononcées à l’origine par le ministre de l’imposition des mains pour marquer du sceau du Saint-Esprit, II Cor., i, 22 ; Eph., i, 13 ; iv, 30 ; promis, Eph., ), 13 ; Gal., iii, 14 ; Luc, xxiv, 49, Act., i, 4 ; ii, 33, 39 ; arrhes, II Cor., i, 22 ; v, 5 ; Eph., i, 14 ; de l’héritage, Gal., iv, 6, 7 ; Rom., viii, 15-17 ; Tit., iii, 5-7 ; pour les saints, Eph., i, 18 ; Col., I, 12 ; Act., xx, 32 ; xxvi, 18 (i^payiCsiv râ 7IV£’j[J.octi tyjç £7tayi’£Àîaç Tiï) àyc’o) Sç eotiv appaëwv tt, ç x).ï)povo[Ai’a ; èv -oï ; âytot ; rcàaiv). L’auteur croit même pouvoir soupçonner que cette formule rappelait celle qui aurait été employée par les Juifs dans la circoncision, du moins dans celle des prosélytes. On peut admirer la confiance de A. Seeberg qui tente un tour de force avec la virtuosité d’un artiste. Mais il semble bien que ce soit dans le vide. L’Ecriture seule ne permet pas d’établir que les mots détachés et groupés par lui sont partie ou tout d’une formule. Et si l’on peut relever quelques ressemblances entre la phrase reconstituée et d’anciens écrits chrétiens ou d’antiques prières, il faut avouer qu’elles sont trop peu nombreuses, trop peu frappantes (emploi des mots : arrhes, arrhes du royaume, sceau, promesse) et qu’elles s’expliquent aisément par de simples citations du Nouveau Testament. Les efforts de A. Seeberg auront servi à mieux établir la similitude et la parenté entre les diverses formes de la confirmation et le langage de l’Ecriture.

C’est avec le même intérêt, mais peut-être avec une défiance plus grande encore qu’on assiste à l’essai de restitution tenté par Stærk, Der Taufrilus in der griechisch-russischen Kirc/ie, sein apostolischer Ursprung und seine Entivickelung, Fribourg, 1903, p. 159. Le point de départ est toujours II Cor., i, 21, 22 ; les arguments ne sont pas plus convaincants et la phrase proposée (chrismate sancto, complemenlo doni Spiritus Sancti signatur servus Christi) est présentée comme l’accompagnement d’une cérémonie dont l’existence à cette époque n’est pas démontrée par des textes décisifs : l’onction. Si Jésus, si les apôtres avaient arrêté le texte d’une formule ne varictur, comment expliquer qu’elle se soit égarée au cours des âges et qu’un nombre si considérable de prières différentes ait été relevé ? Tout ce qu’il est permis d’admettre, semble-t-il, c’est que les versets 21, 22 du c. i de la IIe Epitre aux Corinthiens ont pu influer sur la rédaction de la forme de la confirmation. Dôlger, op. cit., p. 77.

Mais s’il n’est pas possible d’affirmer sans hésitation que les premières Épitres de Paul font allusion à l’imposition des mains, il faut se garder de l’excès contraire. Les conceptions et le langage de l’apôtre n’excluent pas ce rite. Sans doute, il écrit aux Galates, iii, 2, 5, 14, qu’ils ont reçu l’Esprit « par la prédication de la foi » . Mais Luc raconte, lui aussi, à sa manière, qu’Éphésiens et Samaritains ont obtenu le même don grâce à la même disposition : il note avec soin que la bonne doctrine leur avait d’abord été proposée, qu’ils l’avaient acceptée : s’ils n’avaient pas cru, ils n’auraient pas reçu l’Esprit. D’ailleurs, si Paul attribue ce don à [irédication » , ce n’est pas pour exclure l’imposition des mains, mais « les œuvres de la Loi » . Gal., ni, 2, 5. L’opposition n’est pas entre Paul et Luc, mais entre l’apôtre et les missionnaires judaïsants. Un peu plus loin, l’Épitre affirme que lus Galates sont « fils

de Dieu par la foi » , iii, 26 ; et pourtant, aussitôt, dans la même phrase, elle parle du baptême et dit que par lui on « revêt le Christ » . La disposition intérieure est nécessaire, essentielle, et on peut en un sens lui atlrij buer tous les effets spirituels, puisque sans elle^ucune grâce ne serait obtenue, mais le rite demeure utile ; il est, de par Dieu, le moyen par lequel la fui s’affirme et agit. Impossible donc de mettre en contradiction, comme le fait Holtzmann, Die Apostelgescltichte, p. 120, l’Épitre aux Galates avec le livre des Actes.

Une autre antithèse essayée parfois (A. Seeberg, op. cit., p. 225, la propose encore pour dénier au rite une véritable causalité) n’est pas moins heureuse. Paul dit que Dieu donne, accorde, envoie son Esprit, Gal., m, 5 ; iv, 6 ; I Thess., iv, 8 ; il vient de lui. I Cor., il, 12. Faut-il conclure qu’il n’y a aucun intermédiaire, aucun procédé de transmission ? Les textes ne le prétendent pas. Luc et tous ceux qui font donner l’Esprit à la suite ou même par l’intermédiaire de l’imposition des mains savent et croient que le collateur unique est Dieu, que le geste humain est seulement un instrument. Impossible de faire ce raisonnement : C’est Dieu, donc ce n’est pas le rite qui accorde l’Esprit. Paul ne songeait guère à cette opposition. Il écrivait, le contexte l’établit : c’est Dieu, donc ce ne sont pas les œuvres de la Loi, qui obtiennent le don, Gal., iii, 5 ; c’est Dieu, donc vous êtes ses fils et ses héritiers, Gal., iv, 6, 7 ; c’est Dieu, donc ne méprisez pas ses préceptes, I Thess., iv, 8 ; l’Esprit vient de Dieu, donc i ! vous fait connaître les bienfaits d’en haut. I Cor., il, 12.

Pas plus qu’à la foi seule ou qu’à Dieu seul, Paul n’attribue au baptême seul la vertu de communiquer l’Esprit. Sans doute, l’apôtre dit que les chrétiens ont été lavés, sanctifiés, justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ et par l’Esprit de notre Dieu, I Cor., vi, 11 ; qu’ils ont tous été baptisés en un seul Esprit, I Cor., xii, 13 ; qu’ils sent une lettre du Christ écrite avec l’Esprit du Dieu vivant, II Cor., ni, 3 ; qu’ils ont été appelés à la sanctification de l’Esprit, et à la foi en la vérité. II Thess., n, 12. Aussi, qu’il y ait une corrélation entre le don de l’Esprit et l’ablution, d’après l’apôtre, c’est là une conclusion généralement admise non seulement par les catholiques mais encore par des exégètes de toutes les écoles. Holtzmann, Lchrbucli, t. il, p. 180 ; D. AVeiss, Lehrbuch, p. 214, 217, 324.

Doit-on ajouter que l’ablution ainsi comprise rend inutile le rite de l’imposition des mains décrit par les Actes ? Évidemment non. D’abord, saint Paul ne dit nulle part que seul le baptême donne l’Esprit. On pourrait même se demander si dans les textes cités plus haut l’apôtre ne se contente pas de présenter l’Esprit comme celui qui accorde au rite sa vertu, comme la cause et non comme l’effet de l’ablution. Toutefois il ne faudrait pas insister sur cette observation, car si les textes invoqués n’étaient pas probants, les affirmations répétées de Paul sur la présence de l’Esprit dans tous les chrétiens ne permettaient pas de douter que, d’après lui, cet Esprit fût accordé à tous les baptises.

Mais que faut-il entendre ici par baptême, est-ce la seule ablution, le rite que Luc oppose à l’imposition des mains ? Ne serait-ce pas plutôt tout ce que l’on nomme aujourd’hui initiation chrétienne ? S’il eu était ainsi, Paul en disant que l’Esprit est donné par le baptême, les Actes en affirmant qu’il l’est par l’imposition des mains, seraient d’accord en réalité. Or, on est obligé de convenir que, dans les textes cités plus haut, les expressions sont assez vagues. L’apôtre ne dit pas que le bain donne l’Esprit ; son langage pourrait laisser à entendre que, dés le début de sa carrière nouvelle, le chrétien est sanctifié par le don divin.

Enfin, s’il était établi que, d’après Paul, c’est l’ablution elle-même qui communique l’Esprit, il faudrait encore examiner si cette grâce est bien celle que Luc attribue