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CONFESSION. QUESTIONS MORALES ET PRATIQUES


bunal, le confesseur doit : 1. avoir la science compétente ; 2. instruire ses pénitents.

1. La science compétente est obligatoire sub gravi. S’asseoir au saint tribunal sans posséder cette science, c’est se constituer en état de damnation, comme l’affirme saint Alphonse de Liguori en divers endroits. Homo apostolic, tr. XVI, n. 100 ; Praxis confessar., c. i, n. 17-19, p. 21-25. Cela est vrai, même lorsque le confesseur a reçu l’approbation de l’évêque, car celle-ci ne donne pas la science, ni ne la supplée, mais simplement la suppose. Entendrait-on les confessions par charité, ou par obéissance même, on n’est pas dispensé de la science, car on n’en serait pas moins exposé à perdre les âmes, suivant les paroles du Sauveur : Cœcus, si cœco ducatum prsestet, ambo in foveani cadunt, Mattli., xv, 14 ; Væ vobis, duces cxci. Matth., xxiii, 16. Les saints Pères sont unanimes sur ce point. Cf. Benoit XIV, bulle Apvstolica, du 26 juin 1749, § 21, Opéra omnia, t. xvii, p. 128 ; Layman, Theologiaiuoralis, 1. V, tr. VI, c. xiii, n. 1, t. ii, p. 290 ; Bonacina, Theolog. moralis, 2 in-fol., Venise, 1710, disp. V, q. Vil, p. ii, § 2, t. i, p. 189 ; De Lugo, De sacram. pxiiitent., disp. XVI, sect. iv, n. 181 sq., t. v, p. 338.

Le seul cas, où un prêtre, dépourvu de la science suffisante, pourrait, sans péché, entendre les confessions, serait le cas de nécessité. Alors, l’intégrité matérielle de la confession n’étant pas indispensable, la science du conlesseur dont le but est d’assurer cette intégrité, n’est pas non plus absolument exigée, ainsi que le font remarquer Suarez, De pœnitentia, disp. XXVIII, sect. il, n. 6, t. xxii, p. 580 sq. ; De Lugo, De pœnitentia, disp. XXI, n. 73-74, t. v, p. 513 ; S. Alphonse, Tlieolog. moralis, 1. VI, n. 626-628, t. vi, p. 127-131. Voir col. 613-614.

Celte science compétente consiste dans la connaissance de ce qui est requis pour que le confesseur puisse résoudre, promptement et par lui-même, les cas qui d’ordinaire se présentent à lui. Pour les cas plus difficiles ou plus rares, cette connaissance, si elle ne l’éclairé complètement, lui fera du moins concevoir des doutes qui l’amèneront à suspendre son jugement, jusqu’à ce qu’il ait étudié plus profondément le cas, ou demandé conseil à de plus habiles que lui. La science compétente ou suffisante n’est donc pas une science parfaite et sans limites, que personne ne possède. Il n’est pas nécessaire, non plus, que le confesseur soit en élat de distinguer si chaque péché accusé est mortel ou véniel. C’est parfois impossible. C’est assez qu’il en juge d’après les principes généraux, et d’après l’ensemble des circonstances exposées par le pénitent, de manière à pouvoir indiquer à celui-ci les remèdes propres à assurer sa conversion et sa persévérance. Tous les confesseurs n’ont pas également besoin de science. Il en faut moins pour entendre la confession des enfants, des ignorants ou des habitants des campagnes, que pour entendre celles des habitants des villes : commerçants, magistrats, ou personnes élevées en dignilé. Cf. Suarez, De pœnitrnlia ; sacram., disp. XXVIII, sect. il, n. 1-18, Opéra omnia, t. xxii, p. 577-584 ; Salmanticenses, Cursus tlieologix moralis, 6 in-fol., Lyon, 1679, tr. VI, De pxiiitentia, c. xii, n. 4-12, t. i, p. 308 sq. ; De Lugo, De pseniti’ntia, disp. XXI, sect. iv, n. 70-74, t. v, p. 512 sq. ; Bonacina, disp. V, q. vii, p. ii, § 2, n. 4. t. I, p. 189 ; S. Alphonse, Theolog. moralis, 1. VI, tr. IV, c. ii, dub. vi, n. 627, t. vi, p. 128.

Pour avoir la science compétente, le confesseur doit connaître : a) Tout ce qui a trait à l’essence, à l’intégrité et ; ’i l’effet du sacrement de pénitence, ainsi qu’à la validité et à la licéité de son administration, soit de la part du confesseur, soit de la part du pénitent. — b) Les obligations communes et propres à chaque étal ; les diverses espèces de péchés ; les circonstances qui I espèce ; les moyens de distinguer un péché

mortel d’une faute vénielle contre chacun des commandements de Dieu et de l’Église, du moins d’après les principes généraux et le sentiment commun des théologiens. — c) Les cas réservés et les censures en vigueur ; les empêchements de mariage ; les conditions de validité des contrats ; les causes de restitution et les raisons qui en dispensent ; la source et les occasions de péché ; les remèdes aux vices ; les satisfactions convenables à imposer. Cf. Lacroix, 1. VI, part. II, dist. VI, n. 1789 sq., t. ii, p. 284.

De même que pèchent gravement les supérieurs ecclésiastiques donnant l’approbation aux confesseurs dépourvus de la science suffisante, de même pécheraient gravement les pénitents qui, de propos délibéré, s’adresseraient à ces confesseurs qu’ils sauraient ne pas avoir cette science, à moins qu’il leur fût impossible d’en trouver de plus instruits. Cf. Suarez, loc. cit., n. 9, t. xxii, p. 58 ; De Lugo, disp. XXI, n. 72, t. v, p. 513 ; Layman, 1. V, c. xiii, t. ii, p. 290 ; Bonacina, loc. cit., t. i", p. 189.

L’expérience ne supplée pas à la science, mais seulement la complète, quand elle existe. Si la science fait défaut, l’expérience devient, très souvent, une nouvelle source d’erreurs qui s’aggravent, en se multipliant avec les années.

Le confesseur a donc l’obligation stricte d’approfondir la théologie morale, et de continuer cette étude pendant toute sa vie. S’il l’interrompt pendant un temps assez notable, bien des connaissances qu’il avait possédées précédemment s’effaceront de sa mémoire, sans qu’il s’en aperçoive. Les questions sont parfois si complexes ; les cas sont si variés, et plusieurs se présentent si rarement ; il y a tant de lois positives et de décrets de tout genre, anciens et nouveaux, qu’on peut si facilement oublier, quand on n’en fait pas un usage quotidien. « Aussi, dit saint Alphonse, 1. VI, n. 628, t. vi, p. 129 sq., ce serait une grave erreur de s’imaginer que la théologie morale est une science facile à apprendre, et qu’elle mérite à peine quelques instants d’attention, comme si elle pouvait être remplacée par le bon sens naturel, et par la simple connaissance de quelques principes généraux. » Cf. S. Alphonse, Homo apostolicus, tr. XVI, n. 100 ; Praxis confessar., c. i, g 3, n. 17, p. 21 sq. ; Palmieri, Opus theologicum morale, tr. X, sect. v, c. ii, dub. iv, n. 866-899, t. v, p. 471-485 ; Lehmkuhl, Theologia moralis, part. II, I. I, tr. V, sect. iii, c. iii, a. 1, § 2, n. 438-442, t. ii, p. 318-320.

2. L’obligation d’instruire les pénitents n’est pas moins rigoureuse. Ce n’est pas asstz pour le confesseur d’avoir la science compétente, il doit s’en servir pour éclairer, dans la mesure où cela est nécessaire, les âmes qui viennent à lui, et les préparer ainsi à recevoir validement et licitement le sacrement de pénitence. Il devrait, par exemple, leur apprendre, si elles les ignoraient, les vérités dont la connaissance est indispensable au salut. Cf. Layman, Theologia moralis, 1. V, tr. IV, c. xiii, n. 10, t. ii, p. 290 ; De Lugo, De sacram. pœnitentiæ, disp. XXII. n. 24, t. v, p. 517 ; S. Alphonse, T/ieolog. moralis, 1. VI, tr. IV, c. il, n. 607 sq., t. vi, p. 100-102 ; Homo apostolicus, tr. XVI, n. 105 ; Palmieri, Opus théologie, loc. cit., n. 815, t. v, p. 445 ; Gassner, Pastoral., c. XVI, in-8°, Salzbourg, 1881, p. 740, 770 ; Berardi, Praxis confessar., n. 226-229 ; Lehmkuhl, Theologia moralis, part. II, 1. I, tr. V, sect. iii, c. iii, 2, §1, n. 442-447, p. 320-324.

Mais le confesseur doit-il toujours instruire le pénitent d’une obligation qu’il ignore ? Il doit l’instruire, si l’ignorance étant vincible, le pénitent ne peut être supposé dans la bonne foi. Voir IGNORANCE. Si l’ignorance, étant invincible, excuse le pénitent, on doit l’instruire encore, si l’on espère qu’il tiendra compte de l’avertissement. Dans le cas contraire, on peut, du moins en général, se dispenser de le laire. D’une paît,