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893 CONFESSION (DU CONCILE DE LATRAN AU CONCILE DE TRENTE) 894

6° Nous pouvons citer maintenant le fameux canon 21 du concile de Lalran (1215). Et l’on se convaincra qu’il n’apporte aucun changement dans la discipline de l’Église : Oninis utriusque sexus fidelis, postquam ad annos discrelionis pervertit, omnia sua solus peccata con/iteatur fideliter, saltem semel in anno, proprio sacerdoli, et injunclam sibi pxiiitentiam sludeat pro viribus adimplere… Si quis autem aliéna sacerdoti voluerit jitsta de causa sua con/ilcri peccata, licenliam prius poslulet et oblineat a proprio sacerdole, cum aliter Me ipsum non possit absolvere et ligare. Sacerdos autem sit discrelus et cautus, ut more periti medici superinfundat vinum et oleum vulneribus sauciati, diligenter inquirens et peccatoris circumstantias et peccati, quibus prudenter intelligat quale debeat ci pnvbere consilium et cujusmodi remedium adhibere, diversis expcriment’xs utendo ad salvanditmœgrotum. Caveat autem omnino, ne verbo, aut signo aut alio quovis modo aliquatenus prodat peccatorem ; sed si prudenliori consilio indiguerit, illud absque ulla expressione personx caute requirit, quoniam qui peccatum in pœnitentiali judicio sibi detectum præsumpserit revelare, non solum a saccrdotali officio deponendum decernimus, vcrum eliam ad agendam perpétuant vœni te n liant inarctum monasteriumdelrudendum. Denzinger, Enchiridion, n. 363. Il appartiendra aux théologiens et aux canonistes de l’âge suivant d’interpréter chaque phrase, chaque mot de ce texte, et d’en faire une application rigoureuse. Mais il n’était pas inutile de montrer qu’il n’offre rien qui ne soit conforme à la discipline de l’Église, telle quelle s’était développée au cours des siècles, par une évolution progressive.

Nous nous bornerons à citer quelques auteurs des plus considérables, à partir du xvir siècle, en suivant l’ordre chronologique. Petau, De pxiiilentix vetere in Ecclesia ratione (1622), P. G., t. XLII, col. 1027 sq. ; De pxiiitentia et réconciliât’one veteris Ecclesix moribus recepta diatriba (1633), dans Theologica dogmata, Bar-le-Duc, 1870, t. VIII, p. 677-686 ; Gabriel de l’Aubespine, De veteribus Ecclesix ritibus observationum libri duo (1623, 1627) ; J. Morin, Commentarius historicus de disciplina in administratione sacramenti psenitentix tredecim primis sxculis in Ecclesia occidentali et hucusque in orientait observata, Paris, 1651 ; Anvers, 1682 ; Sirmond, Historia pœnitentix publics : (1651), Opéra, Paris, 1696, t. iv, p. 476 sq. ; Jean Daillé, De sacramentali sive auriculari latinorum confessione disputatio, Genève, 1661 ; Boileau, Historia confessionis auricularis ex antiquis Scriplurx, Patrum, pontificum et conciliorum monumenlis cum cura et fide expressa, 1684 ; Thomassin, Ancienne et nouvelle discipline de l’Église, part. I, 1. H, c, xi, xii, édit. André, Bar-le-Duc, 1864, t. I, p. 392-406 ; Steitz, Bussdisciplin der tnorgenlàndisclien Kirche, dans Liebners, Jahrbucher far deutsche Théologie, 1863, fasc. 1° ; Frank, Die Bussdisciplin der Kirche von den Apostelzeiten bis zu » > " Jahrhundert, Mayence, 1867 ; Bickell, Die Bussdisciplin, dans Zeitschrift fur katholische Théologie, 1877 ; Caspari, art. Beichte, dans Realencylclopiidie fur protestantische Théologie, 3’édit. ; Blutzer, Die geheimen Siinden in der altchristlichen Bussdisciplin, dans Zeitschrift fur katholische Théologie, lnspruck, 1887 ; Kattenbusch, Lehrbuch der vergleichenden Confessionskunde, Fribourg-en-Brisgau, 1892 ; K. Miiller, Die Bussinslitution in Karthago unter Cyprian, dans Zeitschrift fur Kirchengeschichte, t. XVI (1895), fasc. 1°, p. 1-44 ; fasc. 2’, p. 187-219 ; Schanz, Die Lehre des ht. Augustinus ùber das hl. Sakrament der Busse, dans Theologische Quartalschrift, 1893, p. 448 sq. ; Henry Charles Lea, A history of auricular confession and Indulgences in the latin Church, 3 vol., Philadelphie et Londres, 1896 ; Funk, art. Bussdisciplin, dans Kirchenlexikuii, Fribourg-en-Brisgau, t. I, col. 1561 ; Zur altchristlicheti Bussdisciplin, dans Kirchengeschichlliche Abhandlungen und I ntirsuchungen, Paderborn, t. i (1897), p. 155 sq. ; Boudinhon, Sur l’histoire de la pénitence, à propos d’un livre récent, dans la Revue d’histoire et de littérature religieuses, t. Il (1897), p. 306 sq. ; Laurain, De l’intervention des laïques, des diai reê et de » abbesses dans l’administration de la pénitence, Paris, 4897 ; Vacandard, La confession sacramentelle, dans la Revue du clergé françai, t. xvi (1898), p. 193 sq. ; t. xvii (1899), p, 385 sq. ; t. xviii (1899), p. 142 sq. ; L’origine des prêtres

pénitenciers, ibid., t. xlii (1905), p. 361 sq., 640 sq. ; La confession sacramentelle dans la primitive Église, Paris, 1903 ; Harent, Confession, nouvelles attaques, nouvelle défense, dans les Études des PP. jésuites, t. lxxx (1899), p. 577 sq. ; Karl Holl, Enthusiasmus und Bussgewalt beim griechisclten Mônchtum. Eine Studie zu Symeon dem neuen Theologen, Leipzig, 1898 ; H. Casey, Notes on a History of auricular confession, Philadelphie, 1899 ; Hugo Koch, Zur Geschichte der Bussdisciplin und Bussgewalt in der orientalischen Kirche, dans Historisches Jahrbuch, 1900, p. 58-78 ; John Hogan, Penitential discipline in the early Church, dans The american catholic Quarterty Review, juillet 1900, p. 417 sq. ; Ermoni, La pénitence dans l’histoire, à propos d’un livre récent, dans la Revue des questions historiques, janvier 1900, t. lxvii, p. 4-55 ; P. Batiiïol, Les origines de la pénitence, dans les Études d’histoire et de théologie positive, Paris, 1° série, 1902, p. 45-222 ; L’origine des prêtres pénitenciers, dans la Revue du clergé français, t. xlii (1905), p. 449 sq. ; P. A. Kirsch, Zur Geschichte der katholischen Beichte, Wurzbourg, 1902 ; cf. du même auteur, Der sacerdos proprius in der abendliindischen Kirche vor I215, dans Archiv fur katholisches Kirchenrecht, 1904, fasc. 4’; Id., Die Beichte, ihr Recht und ihre Geschichte, 1904 ; H. B. Swete, Penitential discipline in thetliree first centuries, dans Journal oftheological Studies, t. iv (avril 1903), p. 321-327 ; P. Pelle, Le tribunal de la pénitence devant la théologie et l’histoire, Paris, 1903 ; J. Gartmeier, Die Beichtpfticht, Batisbonne, 1905 ; A. Feder, Justin der Màrtyrer und die altchristl. Bussdisciplin, dans Zeitschrift fur katholische Théologie, 1905, p. 758761.

E. Vacandard.

III. CONFESSION (OU CONCILE DE LATRAN AU CONCILE Œ TRENTE). — Il était naturel que le décret du concile de Latran, hien que purement disciplinaire, ramenât vivement l’attention des théologiens sur les questions pénitentielles traitées jusqu’alors en formules plutôt succinctes et quelque peu llottantes. Des discussions approfondies soulevées successivement autour de chacun des points de doctrine qui, de près ou de loin, se rattachent à l’institution même de la confession, sortira comme un examen pénétrant des enseignements traditionnels de l’Église et de leurs conséquences immédiates, vaste travail de revision dont les canons et déclarations du concile de Trente seront le terme d’aboutissement normal, l’expression officielle et définitive.

Nous suivrons, dans l’exposé historique de ces matières, l’ordre adopté pour le précédent article, sauf adjonction, en leur place, des problèmes ou développements nouveaux : I. Le confesseur. II. Obligation de la confession. III. Réitération. IV. Matière. V. Mode et secret de la confession.

I. Le confesseur.

Le prêtre.

Un double

pouvoir est requis, de toute nécessité, dans le confesseur : le pouvoir d’ordre et le pouvoir de juridiction.

1. Pouvoir d’ordre.

La mission délier et de délier ayant été conférée aux prêtres, c’est à eux que revient de droit, en vertu de leur caractère sacerdotal, le pouvoir d’entendre les confessions, puisque l’aveu des fautes doit nécessairement précéder, au tribunal du pardon, la sentence des représentants de Dieu. S. Edmond de Cantorbéry, Spccidum Ecclesise, c. XIV, dans Maxima bibliotlieca veterum Patrum, Lyon, 1677, t. xxv, p. 321. Cf. Guillaume de Paris, De sacramento pœnilentiæ, c. il, Opéra, Paris, 1671, t. i, p. 152. La doctrine pénitentielle n’a jamais varie sur ce point. Elle est exprimée en une formule aussi précise que concise par saint Raymond de Pennafort : Débet quilibcl regulariter coti/iteri sacerdoti, nam sacerdolibus dédit Dominas putestatem ligandi et solvendi, Summa, 1. III, tit. xxiv, De psenitenliis, $ 4, Lyon, 1718, p. 421, et quand les vaudois proclameront ouvertement, avec le sacerdoce universel, le droit pour les laïques d’entendre les confessions, l’Église veillera particulièrement sur ce point de doctrine et l’usage s’établira de demander aux fidèles, dans les cas suspects, si en se confessant à un laïque ils entendaient se confesser à un prêtre. Régnier, Contra Waldenscs, c. IX, dans Maxima bibliotlieca velrrunt Patrum, p. 273. Cf. S. Pierre Célestin, Opuscula,