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CONFESSION DU I er AU XIIIe SIÈCLE


auteurs la considèrent même comme moralement obligatoire ; mais on ne voit pas qu’elle soit l’objet d’un précepte ecclésiastique. Saint Athanase recommande de manger la Pùque avec un cœur pénitent et avec la confession : pascha manducenvus… psenilenti animo et confessione. Epist., xix, c. vii, Mai, Nova Palrum bibliotheca, t. vi, p. 143. Mais la confession, l’exomologèse, dont il est question, est-elle autre chose qu’une confession à Dieu ? Il serait bien hasardeux de l’affirmer. Saint Jean Chrysostome, qui était disposé à recevoir l’aveu des pécheurs toutes les fois qu’ils se présenteraient à lui, cf. Socrale, H. E., 1. VI, c. xxi, P. G., t. lxvii, col. 725 ; Mansi, Concil., t. iii, col. 1145, ne parait pas exiger de confession préparatoire à la Pàque : « Nos pères, dit-il, qui avaient conscience des fautes que nous commettons pendant le cours de l’année, ont établi la quarantaine pour que nous l’employions à nous purifier par des prières, par l’aumône, par les jeûnes, par les veilles, par les larmes, par Vexomologese, et par tous les moyens, afin que nous nous approchions, autant qu’il dépend de nous, de ce jour avec une conscience pure. » Humilia in eos qui primo pascha jejunant, c. iv, P. G., t. xi/vin, col. 867. L’exomologèse est ici mise sur le même pied que les autres signes de pénitence et de mortification. On peut douter qu’il s’agisse d’une confession à un prêtre, d’autant plus qu’ailleurs saint Jean Chrysostome recommande fréquemment la confession à Dieu par manière d’exercice ascétique : Mï) yàp àv6pcÔ7ra> Xéyet ; …, |ay) yàp xu> a-uvSoùXw 6[io).OY£ï?…, èjj.ol (dit Dieu au pécheur) xo àpaptr^a eîità (j.6va) xoct' iSiav, i’va ôepaTiï'Jo-a) tô ëXxoç xai airaXXiÇu> TT, ; ô8Wy]ç. Homil., IV, in Lazarum, c. iv, ibid., col. 1012. Ailleurs saint Chrysostome constate que « beaucoup de fidèles, dépourvus de la robe nuptiale, participent au corps du Christ inconsidérément et témérairement, plutôt par coutume que par réflexion. Si le carême arrive, si le temps de Pâques arrive, quel que soit l'état de leur âme, ils s’approchent des sacrements » . Homil., iii, in Epist. ad Eph., n. 4, P. G., t. lxii, col. 29. Un de ses contemporains, Astérius d’Amasée, recommande, au contraire, expressément aux fidèles de prendre un prêtre pour confident de leurs fautes et témoin de leur contrition : XOvTpt’iov <rauTbv ôaov Sjva<rat, Çy)T/](70V /.ai àSeXcpûv ôj.ofyiya>v ravôo ;, poï]600v aoi itpb ; tï|v èXsuOîpixv…, Xaëè xal tôv ïepéa xotviovôv tt, ; 6Xc<}/£ù) ; (ô ; naxépx. Homil., XIII, adhortat. ad psenitentiam, P. G., t. XL, col. 369. Il n’y a pas là de précepte proprement dit, mais un conseil pressant. Et comme l’exhortation est faite en temps de pénitence, la confession qu’elle indique semble offrir tous les caractères d’une préparation à la Pàque. Le texte d’une homélie d’Aphraate, le grand orateur syrien du ive siècle, est peutêtre plus significatif encore. L’auteur conseille de recourir à la confession, en faisant remarquer qu’il vaut mieux n’en avoir pas besoin. « Il dépend de vous de n’avoir jamais besoin de la pénitence… Ne vous mettez jamais dans le cas d'être obligés de recourir à la médecine et d’aller chercher un médecin. » Demonst., vii, in pœnitentes, Palrologia syriaca, de Mu r Graflin, t. I, p. 338. Mais peut-être Aphraate ne vise-t-il ici que les moines ou « fils du pacte » , comme le fait remarquer M. Labourt, Le christianisme et l’empire perse, p. 30, note. Voir CONFESSION CHEZ LES SYRIENS. D’autres auteurs s’abstiennent de mentionner la confession et indiquent uniquement les aumônes, les prières et les jeûnes comme moyens à employer pendant le carême pour obtenir le pardon des péchés. Tel Timothée d’Alexandrie (ive siècle) dans ses Responsa canonica. Pitra, Juris ecclesiastici Grœcorum historia et monumenta, t. i, p. 636.

Du reste, pour comprendre cet état de la discipline, il suffit de se rappeler que les péchés regardés par tous les docteurs connue mortels étaient ou devaient être en

principe, après l’aveu qui en était fait au iepsù ;, soumis à la pénitence publique.

A mesure que les moines intervinrent plus activement dans la conduite des âmes et se mêlèrent de la direction des fidèles, cette discipline changea. L’idée que, sans confession, il n’y avait pas de pardon possible, pénétra davantage dans les esprits. Saint Jean Climaque, mort vraisemblablement sous Constant II (642-618), se fait le héraut de cette doctrine. Dans sa Scalaparadisi, il pousse les pécheurs sic ÊSjoixoXdyïîiTiv, yi ? y_wpt ; o’jSeI ? àçiæwç rsOÇêTat. Grad. iv, P. G., t. lxxxviii, col. 684. Dans ses Questions et réponses, Anaslase le Sinaïte (fin du viie siècle) se demande comment un pécheur, qui est incapable de se faire moine, peut bien obtenir le pardon de ses péchés, q. v, P. G., t. lxxxix, col. 361, et il répond d’une façon générale qu’il doit faire pénitence. Mais il précise son sentiment par la question suivante : « Est-il bon de confesser ses péchés aux pères spirituels ? — Cela est très bon et très utile, » répond-il : toûto xaXôv èa-a Xc’av xai tiôvv uçéXqvov, q. vi, col. 369. Voilà donc la confession recommandée comme moyen de cure spirituelle et naturellement une confession plus ou moins fréquente, selon les besoins des consciences. Le même Anastase conseille encore cette confession comme préparatoire à la réception de l’eucharistie :, E*oy.o'), 6yr l <jai tô> 0eô> 81à tûv ispftov xà ; à|xapxiai ; a-ov, xaraScxasov <xo-j tocç rcpâ^eiç xa [xr| aîffjrvvû/jç…, ai’tT^ac « r’jyyvcôpi^v, aixYiaai açêffiv t<3v TtapeXÔévrcov xai X-JxptoT'.v tôv (j.eXXôvt(ov, i’va Ttpe7rôvrw< ; tûÎç fjLuaTV|p£<, iç npoffÉXér, ;. Homilia de sacra synaxi, ibid., col. 833.

Saint Théodore Studite (f vers 826) donne à entendre que les pécheurs recouraient volontiers à la confession, persuadés que grâce à l’imposition des mains des àviôoxot, elle leur procurait le pardon de leurs fautes. Responsiones ad interrogata qusedam, P. G., t. xcix, col. 2732. Cf. Canones de confessione, ibid., col. 1721.

Le fait que des personnages importants, voire des empereurs, aient eu, comme nous l’avons dit, des confesseurs attitrés, prouve que la confession était d’un usage courant au ixe et au xe siècle. Au xie siècle, le cartophylax Pierre examine à son tour la question que se posait Anastase le Sinaïte sur l’utilité de la confession aux 7rveu[j.aTixot ; àv8pà<riv. Et il répond dans les mêmes termes. Rhalli et Potli, Syntagma, t. v, p. 372. Bien qu’il ne connaisse pas évidemment de précepte positif de la confession, il encourage à la pratiquer. Il semble, en effet, n’en dispenser que celui qui ne trouvera pas de ( père spirituel » expérimenté, capable de tenir la place de Dieu. Alors seulement il autorise le pécheur à se confesser à Dieu lui-même : i^, oi.oX6yt)<ja.i zû> &tù> xat' ! 3 : 'av, en se servant des paroles du publicain : « Seigneur, vous savez que je suis un pécheur, » etc. Ibid.

Balsamon, au siècle suivant, témoigne que l’usage de la confession est entré tout à fait dans les mœurs. A quel âge, se demande-il, l’homme et la femme doivent-ils se confesser ? TiouaETï] ; âv àvi, p r, yuv » i Se/Œi’y] et ; éÇayop&iav ; Selon quelques-uns, répond-il, la confession est obligatoire pour les jeunes gens à quatorze ans et pour les jeunes filles à douze, parce que, à cet âge, les uns et les autres sont capables de commettre la fornication et d’autres péchés graves. Faisant appel à sa propre expérience et invoquant l’autorité d’un concile de Constantinople, Balsamon déclare que, dès l'âge de sept ans, la jeune fille est capable d'érotisine et par conséquent peut être soumise à l’obligation de confesser ses fautes contre la pureté ; et il en serait de même, à plus forte raison, pour les jeunes gens. Rhalli et Potli, Syntagma, t. IV, p. 484.

Siméon de Thessalonique préconise une discipline semblable, au xiiie siècle. Son langage est très net et très pressant ; l’un des chapitres de son traité de la pénitence a pour titre : "Oti àvayxaia Travii tj i£onoX<5-j-ï)-