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CLÉMENT IV — CLÉMENT V


29 novembre 1268. Il eut pour successeur le pape Grégoire X.

Potthast, Regesta pontif. roman., t. ii, p.’1514 ; Jordan, Les registres de Clémeiit IV, 1893 sq. ; Mansi, t. xxiii, col. 11231128 ; Muratori, Script, rerum Ital., t. m a, p. 594 ; t. m b, p. 421 ; Raynaldi. Ani.ales eccl, an. 1265-1208 ; Martène, Thésaurus anecdotum, t. ii, p. 130 sq. ; Posse, Analecta vaticana, Inspruck, 1878. Cf. Cl. Clément, S. J., De eruditione vitse Sanctimonia, rerum gestarum gloria et ponliflcatu démentis IV, Lyon, 1624 ; Raumer, Gesch. der Hohenstaufen, t. iv, p. 491 sq., 613 sq. ; Hefele. Conciliengeschichte, 2’édit. par Knœpfler, t. vi, p. 20 ; Schirrmacher, Die letzten Hohenstaufen, 1871 ; de Chambrier, Die letzten Hohenstaufen und dus Papstum, 1876 ; Rocquain, La cour de Rome et l’esprit de réforme avant Luther, 1895, t. ii, p. 171 sq. ; C. de Cherrier, Histoire de la lutte des papes et des empereurs de la maison de Souabe, 2e édit., Paris, 1859, t. III, p 154 sq. ; J. Heidemann, Papst Iilemens IV. Eine Monographie, Munster, 1903, 1904. Divers écrits ont été attribués à Clément IV, qui sont d’un certain Guido Papa (14271483), voir là-dessus Cave, Hist. script, eccl., Genève, 1720, p. 641, an. 1265, et Bzovius, Cunt. Aun. Bar., an. 1266 sq.

H. Hemmer.


5. CLÉMENT V, pape, successeur de Benoit XL élu le 5 juin 1305, rnort le’20 avril 1314.

C’est à Clément V que revint la liquidation difficile de la situation laissée par Boniface VIII. Benoit XI, en effet, le successeur immédiat de ce pontife, mourut au bout de sept mois de pontilicat et sa mansuétude envers Pliilippe le Bel avait engagé la politique pontificale dans la voie des concessions. Pourtant l’attitude de Benoît XI n’avait pas manqué d’une certaine dignité, tandis que celle de Clément V parut bientôt entachée de faiblesse et même de servilité envers le roi de France.

Le conclave, qui suivit la mort de Benoit XI, se tint à Pérouse où le pape venait d’expirer (7 juillet 1301) ; mais les rivalités des cardinaux favorables, les uns à la mémoire de Boniface, les autres à la France, le firent traîner en longueur. Le mécontentement des Pérugins luna cependant les cardinaux d’en finir. Ils durent jeter les yeux sur un prélat étranger au sacré-collège et les intrigues du roi de France firent tomber le choix sur Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux, originaire de Gascogne, et d’une maison apparentée aux ramilles de Périgord et d’Armagnac. Né en 12(54, étudiant des belles lettres à Toulouse, puis du droit à Orléans et à Bologne, il avait fait une rapide carrière comme chanoine de Bordeaux, comme vicaire général de Lyon près de son frère lîrraut, archevêque de cette ville, et enfin connue chapelain du pape. Ce fut Boniface VIII qui le nomma évêque de Comminges et ensuite archevêque de Bordeaux. Bertrand de Got reconnut ces faveurs par un véritable attachement. Quoiqu’il eût connu Philippe le Bel dans sa jeunesse, il brava les défenses du roi et se rendit en 1302 au concile convoqua par Boniface VIII, et dans la suite sa lidélité le contraignit de demeurer quelque temps à Rome loin de s. m diocèse de Bordeaux, qui appartenait bien au roi d’Angleterre, mais sous la suzeraineté de la France. Après la mort de Boniface VIII, Bertrand de Got s’était réconcilié avec Philippe le Bel qui jugea ne pouvoir rencontrer un candidat à la tiare plus capable de se faire accepter par le parti des cardinaux italiens et plus facile’à influencer dans le sens des intérêts français, tout ce i|" il est permis de dire avec assurance des rapports du pape et du roi avant l’élection. Qu’il ail eu des engagements précis, ce n’est qu’une supposition probable suggérée aux historiens par la suite des événements, renforcée pai quelques termes de la correspondance intime de Clément V et de Philippe le Bel. ut à l’historiette de Villani qui a donné un corps à I hypothèse en relatant une entrevue de Pliilippe et de Bertrand à Saint.ban d’Angély, elle est démontrée l.i us- ^ i.iv les itinéraires respectit.s des deux personnages. Bertrand de (.ut lut élu par dix voix sur quinze

(5 juin 1305) ; la nouvelle de son élection le toucha à Lusignan, en Po’toti, au cours d’une visite de sa province. Il s’en retourna tout de suite à Bordeaux où il déclara accepter la tiare et prendre le nom de Clément V (23 juillet).

. Clément V était naturellement bon, tendre, généreux, mais ces qualités dégénéraient en faiblesse. Il connaissait, pour l’avoir vu de ses yeux, l’état des factions italiennes et la guerre sans merci que se faisaient à Rome les Orsini et les Colonna, et dans les plus minuscules Ftats, les Noirs et les Blancs, les Guelfes et les Gibelins. Benoit XI n’avait pu tenir à Rome où tant de pontifes, au xiiie siècle, n’avaient même pas mis les pieds. Clément V craignit de tomber, lui étranger, dans un pareil guêpier, et au lieu de se rendre à Pérouse, il envoya l’ordre aux cardinaux de le rejoindre à Lyon où aurait lieu son couronnement. Après les fêtes magnifiques du couronnement (14 novembre 1305), attristées par l’écroulement d’une muraille qui tua plusieurs personnes et un propre frère de Clément, le pape mena une vie errante. Il lit des séjours en différents endroits, passant par Cluny, par Nevers, Bourges, non sans mécontenter les églises qui devaient faire les frais de séjour d’une cour trop luxueuse. Une maladie le retint longtemps à Bordeaux où il passa une année (1306-1307). A Poitiers, il eut deux entrevues avec Philippe le Bel, et s’y laissa retenir seize mois, en proie aux demandes les plus variées et les plus incessantes (avril 1307-aoùl 1308). Clément V estima prudent de s’éloigner d’un protecteur aussi tyrannique. Il jugea peut-être trop vite qu’il était impossible de se fixer en Italie, ou ses légats avaient remporté quelques succès sur les Vénitiens et repris Ferrare (août 1309), mais où ils n’avaient pu ramener l’ordre et la tranquillité. Ayant d’ailleurs convoqué un concile général à Vienne, il convenait qu’il fût à portée de s’y rendre. Il songea donc à se fixer, au moins provisoirement, à Avignon, ville qui appartenait au comte de Provence, mais qui était enclavée dans le Comtat-Venaissin, propriété du saint-siège. Un lent voyage à travers le midi par Bordeaux, Toulouse, Narbonne, Montpellier, Nimes, trouva enfin son terme à Avignon, au printemps de l’année 1309. Malgré la notification faite de ce choix à la chrétienté, Clément V ne semble pas avoir voulu installer la papauté à Avignon, car il n’y construisit point de palais, se contentant d’un modeste logement chez les frères prêcheurs, ni surtout de transférer le saint-siège en France et lui procurer sur les rives du Rhône un établissement stable. Il y a donc quelque injustice à faire retomber sur ce pontife tous les maux que les historiens se plaisent à rattacher au « transfert » du saint-siège à Avignon. La mesure prise par Clément V était néanmoins regrettable : elle éloignait les papes de leur diocèse sans avantages évidents pour l’ensemble de l’Église ; elle les maintenait à proximité du roi de France dont la tutelle, à en juger par celle de Philippe le Bel, pouvait devenir dangereuse ; elle abandonnait à ses désordres l’Italie où la guerre régnait à l’état endémique ; elle rendait plus difficiles les rapports avec toutes les puissances européennes, jalouses de la prépondérance française ; elle acheminait enfin le saint-siège vers l’élection d’un domicile définitif en France par la prépondérance des Français dans le sacré-collège. L’avenir devait révéler la grandeur du péril de schisme. Ces graves conséquences, non moins que la durée approximative de soixante-dix années, ont fait comparer par les historiens la translation de la papauté à Avignon à la captivité de Babylone.

Des l’élection de Clément V, Philippe le Bel s’était avisé d’un excellent moyen de chantage pour peser sur le pape et le contraindre a toutes les complaisances ; c’était d’insister pour obtenir la reprise du procès d’hérésie intenté à la mémoire de Boniface VIII. Le roi obtint d’abord de la faiblesse de Clément V une conlir-