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SUT

CONCUPISCENCE

I / G., t. uni, col. ISS ; homil. vii t a. I, col. 126 ; s Jean Dama cène, In fie. aref., n. : i. P. G., t. xevi, col. 382 ; S. Augustin, De civitate Dei, I. XIV, c. ix-xi. / /, t. xli, col. il :  ; ils, c. xvii, col. 125 ; De Gt

ad hit., I. XI, /’. /.., i. xxxiv, col. 129 ; Cont. -lui., I. IV, i, i, 82, /’. /-.. i. m i. col. 781. S. I bornas, b’um, theol, l » , q. ki v, a, 2 ; [ 11*, q. i.xxxii. a.’.i ; Su

/ ;, i./., /< I « ihr, uni, I. III, C. XII. M. i iq.

2< La permanence de cette révolte de la chair, venant après la création i l’étal de justice originelle, devient un ligne historique et une preuve de la chute primitive. C’est l’affirmation explicite de Dieu lui-même. Vous ivej constaté votre nudité, dit-il au premier couple, en d’autres termes, les mouvements déréglés de la concupiscence se sont fait sentir a vous ; donc VOUS m’avez désobéi. C’est une induction précise : le fait de la concupiscence prouve la chute. Est-ce à dire cependant qu’on puisse, avec les traditionnalistes, des misères morales humaines et du triste tableau des passions de l’homme tirer une preuve certaine de la chute originelle ? Non. Il faut à la preuve d’autres éléments. Dieu conclut du tait de la concupiscenceà l’existence de la faute, parce qu’il sait qu’il a créé l’homme à l’état de justice originelle et d’exemption de toute concupiscence. Étant pocertitude de la justice primitive, si l’homme en parait dépouillé, on peut conclure qu’il s’est passé entre temps un événement qui l’a fait déchoir, lequel événement est la faute des premiers parents..Mais étant donnée la seule connaissance de la nature humaine en elle-même etde sa dépravation actuelle, on ne peut conclure l’existence de la chute originelle, parce que Dieu pouvait créer l’homme à l’état de pure nature dans lequel il eût été’soumis aux mêmes instincts dépravés, aux mêmes inclinations mauvaises, à la même concupiscence qu’actuellement. La preuve de la chute tirée de la concupiscence exige donc au préalable la connaissance révélée de l’élévation originelle à une situation privilégiée de dons surnaturels et préternaturels.

3° La concupiscence est plus qu’un effet et un signe du péché originel, elle en est comme un élément materiel, une peine et un principe propagateur. Saint Thomas l’explique avec sa lucidité ordinaire. Dans le péché originel, il y a, dit-il, une partie formelle et une partie matérielle ; la première est l’éloignement par rapport au bien immuable, la seconde est rattachement aux biens périssables. In peccalo primi parentis fuit aliquid formate, scilicet averaio ab incummulabili bono, et aliijuiit materiale, scilicet conversio ad bonum commutabile. En se détournant des biens immuables, l’homme a perdu le don surnaturel de la justice originelle ; en se tournant vers les biens périssables, il a rompu l’harmonie qui soumettait à la raison les forces inférieures et fait déchoir celles-ci. Ex hoc autem quod aicrsus fuit ab incommulabili bono, donum originalis justitiv amisit ; ex hoc vero quod conversus est inordinate ad commutabite bonum, mferiores lires quæ erigi debebant ad rationem, depressæ sunt ad inferiora. La volonté était la maîtresse et doit l’être encore, elle doit être le principe moteur des autres forces humaines : celles-ci doivent passives obéir à son impulsion. Or, dit l’ange de l’École, les principes moteurs représentent les éléments formels des choses, les principes passifs représentent les éléments matériels, lnter sitperiores vires qus 1 suscipiunt défection peroriginetn traduetv.ni secundum ralioucm culpæ, una est quæ omnet alias motet, scilicet voluntas, omnes autem aliæ moventur ab ea ad suos aetus ; semper autem quod est ex parle agenlis et moventis est sicut formule, quod autan eut ex parte mobilis et patientis est sicut materiale. La concupiscence étant un mode des facultés destinées -, être mues par la volonté, représente Vêlement matériel du péché. La vraie faute formellement réside dans la volonté. Et ideo cum careutia originalis justitiæ se

liabeat ex parte voluntati autem inferiorum

m a voluntate motarutn ut pronUat ad inordinate appelendum,, . tequitur

quod pea aluni originale m hoc homine’el in Ulo, nUiil e$i aliud quai, niai i un, i a, enlia oi iginalis

jUltiliSB, lia lanien quint.arentia nrtquialil jutttllSC

est quasi formate m peeeato originali, ntia

autem quasi luatei iule. Dâ malu, q. IV, a.’1. Ll. lu l Sent., dist. XXX, q. i, a. 1.

Nonavons ajout’-, avec l’ange de l’École, que la

cupiscence est une peine du péché originel, et. en eflet, elle en est une conséquence douloureuse, voulut

Dieu : elle est une privation providentielle de prii primitivement accordés par le créateur et ni de tentations, de chutes, et de misères physique

morales ; des lors elle présente tous les caractères d’un châtiment. Elle est enfin un, i /ateur du

péché originel, car ce péché se transmet par la g ration humaine. Tout homme encourt la tache piile seul lait qu’il procède d’Adam ; il procède de celui-ci par la naissance, et la concupiscence provoque, accompagne surtout les (acuités humaines de reproduction, vis generativa per decisionem corporalii seminiê operatur ad tradut tionem peccati originalis timulcum natura huniana. Ibîd.

4° Faut-il pouss.-r plus l., m les rapports de la concupiscence et du p’< hé originel, et faire résider dans cellelà l’essence de celui-ci ? C’est l’opinion de l’école luthérienne et de l’école calviniste. Cf. Bellarmin, De amistione gratiæ, 1. V. c. i ; 1. T. Millier. Die SymboL Bûcher, (’dit.. Gutersloh, 1890, p. 84 sq. ; Winer, Compar. Darstellungdes Lehrbegriffi, 4’édit.. L. i

p. TU si|.. dans Pesch, Prmlectionet ûognxatxcst, n. 2tii. Fribourg-en-Brisgau, 1895, t. m. p. D29. liaius, tout en voulant combattre le protestantisme, lui emprunte plus d’une erreur. En particulier, au sujet de la concupiscence, il prétend qu’elle est formellement défendue par le précepte non concupisces, que ses mouvements, même non consentis par l’homme, sont une transgression de ce précepte, qu’ils ne sont pas imparti s à péché en celui que la charité domine, mais sont toujours faute chez ceux qui ne sont pas baptisés et que la charité ne domine pas. l’rava desideria, quibus ratio non consentit, et quæ liomo invita » patitur, sunt prohibita prsecepto : X >sces. — Concupiscentia,

sire le.i menibrorum, et prava ejui desideria, quæ inviti sentiunt hominet, sunt vera legis inobedientia. — Concupiscentia in renatis relajisis m pecc aU tm mortale, in quibus jam dominatur, peecatu it et

alii habitut pravi. — Mutas pravi concupiscentise sunt, pro statu hominis vitiati, prohibiti prsecepto : Is’on concupisces ; unde honw eos sentiens et m tranigreditur jirœceptum : Non concupisces, quamiis transgressio in peccatum non dejnitetur. — Quamdiu aliquid concupiscentia ! earnalis in diligente est, non facit prsxeptum : Diliges Dominum Deum ex tvto corde tuo. Propositions 50, 51, 64-M. Deuzinger, Enchiridion, n. 9150. 931, 954-956. Voir t. n. col. 04 sq.

Calvin avait écrit dans son Institution de la religion chrétienne, 1. III, c. ni. n. 12 : « Nous disons que tous les désirs et appétis de l’homme sont mauvais et les condamnons de péché ; non pas en tant qu’ils sont naturels, niais en tant qu’ils sont désordonné^-. I Conque ne confesse que toutes concupiscences de la chair sont péché-, et que cette maladie de convoiter qui est en nous est la source de péché, il laut qu’il nie quant et quant que la transgression de la loi n’est pis péché’. » lbul., n. 11, Genève, 1609, p. 292. Janaénius défendit la même erreur à son tour. De statu natura ? lapste, 1. I. c. iii, et Hennés, dans ces derniers temps, la reprit avec quelque aggravation, puisque, selon lui, le péché originel n’est pas une faute proprement dite, mais plutôt une qualité spéciale, source de péchi