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CLÉMENT I er DE ROME

par leurs œuvres, mais par la volonté de Dieu. Ils ont été justifiés parla foi, c. xxxii, 3, 4. La foi, telle que le saint l’entend, est au premier chef un acte d’obéissance, qui implique l’espérance et, au moins dans un certain degré, la charité. La foi est la base de notre justification, c. xxxii, mais elle n’y suffit point, c. ix-xx, xxx. Sans la foi, pas de salut pour l’homme. Mais la foi requiert et inspire les œuvres, c. xxxiii, xxxv, 2 ; xlix. Les œuvres sont la preuve extérieure de la foi, l’attestation de sa vitalité. Si Abraham a été béni, c’est qu’il a accompli, par la foi, la justice et la vérité, c. xxxi. Saint Clément se place ainsi au point de vue de saint Jacques et regarde comme inefficace la foi sans les œuvres.

D’ailleurs, l’homme a besoin de la grâce de Dieu, c. viii, xxvi. Cette grâce, c’est l’action surnaturelle de Dieu au-dedans de nous ; elle éclaire l’intelligence, réconforte la volonté, transforme l’âme, c. xxxvi., xxxviii, et passim. Impossible, sans cette grâce, de nous sauver, c. xvi, xvii, xviii, l, et passim. Cette grâce nous précède et nous escorte dans toutes les étapes de notre justification, c. xxxii, xxxiii. Elle ne nous est pas due. Nécessaire, elle est entièrement gratuite, c. vii, viii, xlix, L. Dieu toutefois ne l’a jamais refusée, même en dehors d’Israël, c. xxix, i.xiii, ni ne la refuse àqui la demande et n’en abuse point. Personne, dès l’origine du monde, qui n’ait pu se sauver par la foi, c. xxxii.

Outrel’indication des caractères généraux de l’Église — unité foncière, c. xi.vi, visibilité, c. xlvi-xlvh, indestructibilité, c. xlvi, nécessité pour le salut, c. LVII — la lettre aux Corinthiens met en pleine lumière l’institution divine de la hiérarchie ecclésiastique et la primauté du Saint-Siège. Il y a dans l’Eglise deux éléments distincts, le clergé et les laïques, c. XL. Les apôtres, dépositaires de l’autorité do Jésus-Christ, se sont donné des successeurs, afin d’assurer dans l’Eglise la perpétuité de leurs pouvoirs, c. xlii. Bien que saint Clément, au c. xlii, ne parle que des évéques et des diacres, et qu’ailleurs, il se serve indifféremment des termes d’évêque et de prêtre, il ne laisse pas de distinguer trois ordres dans la hiérarchie sacrée : celui des évéques, c. xuv, dont l’office principal est de présenter « l’ollrande des dons » ; celui des prélres, îipeaS’jTepot, qui ont remplacé les prêtres, IfpeïCi des Juifs, c. XL ; celui des diacres, qui sont préposés au soin des choses extérieures, et qui sont aussi les ministres du sacrifice. Voir de Smedt, S..1., Congres scient, internat, des calhol., Paris, 1888, t. ii, p. 303 sq.

Il faut être soumis aux prêtres ; ils sont les chefs, c. i, 3 ; les guides des âmes, c. i.xiii, 1. Il faut les honorer au lieu de les priver sans raison de l’exercice de leur charge, comme ont fait les Corinthiens, c. xi.iv, 3, 4, (i ; xi vii, 6. C’est l’envie qui a produit chez eux les dissentiments, c. III, 4-vi. Point de division dans le corps du Christ, c. xlvi, 6. L’obéissance et la charité, c. xlix, s’imposent à tout chrétien. CA’. A. Michiels, L’origine de l’ëpiscopat, Louvain, 19U0, p. 157-161, 20(5-270.

L’intervention de la communauté romaine dans les -troubles de Corinthe atteste enfin la suprématie de l’Église de Hoine. Témoignage d’autant plus éclatant et décisif que l’intervention, selon toute apparence, (’tait spontanée. Au premier siècle, du vivant de l’apôtre saint Jean, le successeur de saint Pierre, c. v, se reconnaît le droit et le devoir de rétablir l’ordre dans toutes les églises particulières où l’ordre est troublé. Le ton de sa lettre respire d’un bout & l’autre cette intime conviction. Quand, par exemple, saint Clément exprime le regrel de n’avoir pu s’occuper plus tôt de l’Église de Corinthe, c. i, xi. vii, quand il déclare qu’au cas où la révolte continuerait, il aura, lui, la conscience d’avoir rempli sa mission, c. lix ; n’est-ce pas l’attitude d’un juge qui tient la place de Dieu ? N’est-ce pas le langage d’un supérieur à ses subordonnés ? (if. Schwane, Dogniengeschicltte, 2° édit., Fribourg-en-Brisgau, 1892, t. i,

p. 441-442 ; Harnack, Lehrbuch der Dogmengesclilclite, 3e édit., Fribourg-en-Brisgau et Leipzig, 1894, 1. 1, p. 444.

. Dans les c. lix-lxi, saint Clément formule une longue prière, qui nous fournit un exemple remarquable de la

.prière liturgique à la fin du I e1’siècle.

I. Éditions.

L’édition princeps de la lettre aux Corinthiens est celle de P. Junius (Young), Oxford, 1633 ; 2’édit., 1637. De nombreuses éditions ont été faites depuis lors jusqu’à celle de Hilgenfeld, Novum Testamentum extra canonem receptum, in-8° Leipzig, 1866. Éditions modernes et plus complètes, par C. Tischendorf, in-4 Leipzig, 1873, par Mgr Biyennios, in-8° Constantinople, 1875, par von Gebhardt et Harnack, dans Patrunt apostolicorum opéra, fasc. 1, 2’édit., Leipzig, 1876 ; par Ligtitfoot, dans The Apostotic Fathers, part. I, Londres, 1890, t. I, p. 129146, 421-474 ; texte syriaque, par Bensly-Kennett, in-8° Cambridge, 1899 ; par R. Knopf, Leipzig, 1899, dans Texte uni Unters. : ur Geschichte der altchristl. Lilteratur, nouv. série, t. v, fasc. 1 ; par Funk, dans Patres apostolici, in-8° Tubingue, 1901, p. 98184 ; par J. Yizzini, Rome, 1901 ; par H. Henimer, Paris, 1909.

II. Travaux.

Lipsius, De Clementis Romani epistola ad Cor. priore disquisitio, 1856 ; Duchesne, Liber pontificalis, Paris, 1686, t. i, p. 123-124 ; A. Lighlfoot, The Apostolic Fathers, part. I, S. Clément uf Rome, Londres, 1890 ; Prolegomena des Patres apostolici, de Funk, t. i, p. xxxii-l ; Briïll, Der erste Brief des lilemens von Rom an die Corinther und seine gescliichtl. Bedeutung, in-8° Fribourg, 1883 ; Wrede, Untersachungen ùber den ersten Klemensbrief, in-8° Gœttingue, 1891 ; Lemme, Dus Judenchristentum der Urkirclie und der Brief des Klemens Romanus, dans Neue Jahrbiicher findeutsche Théologie, 1892, t. i, p. 325-488 ; Kriiger, Geschichte der attehrist. Literatur, Fribourg-en-Brisgau, 1895, §7 ; Harnack, dans Texte und Unters…, nouv. série, 1900, t. v, p. 70-80 ; Courtois, L’ÉpUre de Clément de Rome, in-8° Montauban, 1894 ; Bang, Studien iiber den Clemensbrief, dans Theol. Studien und Kritiken, 1898, t. lxxi, p. 431-480 ; J. Gregg, The epistle o saint Clément, Londres, 1899 ; Heurtier, Le dogme de la Trinité dans l’Épitre de saint Clément de Rome et le Pasteur d’Hermas, in-8% Lyon, 1900 ; A. Ehrhard, Die altchristl. Literatur und ihre Erforschung von 1884-1900, Fribourg-en-Brisgau, 1900, p. 68-80 ; A. Stalil, Patristische Untersuchungen, Leipzig, 1901 ; Scherer, Der erste Klemensbrief un dte Corinther, Ratisbonne, 1902 ; Bruders, Die Verfassung der Kirche, Mayence, 1901 ; D. Vdlter, Die apostolischen Vater neu unters ucht, Leyde, 1904, t. i ; Bardenhewer, Geschichte der altkil’chlicher Litteratur, Fribourg-en-Brisgau, 1902, t. i, p. 98-113 ; Les Percs de l’Église, 2’édit. franc., Paris, 1904, t. i, §8 ; Hurler, Nomeuclator, 3’édit., Inspiuck, 1903, t. I, col. 4-7 ; J. Tixeront, Histoire des dogmes, Paris, 1905, t. i, p. 118-122 ; P. Montagne, La doctrine de suint Clément de Rome sur la personne et l’œuvre du Christ, dans la Revue thomiste, juillet-août 1905. Pour une bibliographie plus complète, voir L’I. Chevalier, Répertoire. Bio-bibliographie, 2- édit., Paris, 1904, t. I, col. 948-951.

II. CLÉMENT 1 er (Homélie ou prétendue seconde Épître de saint). —
I. Non-authenticité et vrai caractère.
II. Lieu d’origine et auteur.
III. Doctrine.

I. NON-AUTHENTICITÉ ET VRAI CARACTÈRE. —

A la suite de la lettre authentique de saint Clément de Rome, on trouve, dans les manuscrits grecs et syriaques, aussi bien que dans les éditions, une vieille homélie, qu’on appelle en général, depuis le ve siècle, la seconde lettre de saint Clément aux Corinthiens, II* démentis. A l’ancienne version latine prés, la transmission des deux « lettres » est la même ; l’abbé Paulin.Martin a publié en outre, avec une traduction latine, un fragment syriaque délai/* Clementis, provenant d’une autre source que le manuscrit de Cambridge. I. li. Pitra, A)ialccla sacra, Paris, 1883, t. IV, p. 1-2, 270. Bien que le texte de V Alexandrinus, éditS par Junius en l(> :  ;  : {, s’arrêtât au c. xii, 5, P. G., t. i, col. 329-848, do pénétrants critiques, notamment Dodwell et Grabe, ne laissèrent pas d’y reconnaître, nonobstant le titre, un lambeau d’homélie. La découverte du Codex Hierosolymilanus 1 1875), en nous rendant le texte complet de cette pièce, a mis hors de conteste le vrai caractère de la // : > Clementis, instruction morale, voudeaioc, c. xvii, 3, , ">. sihk la forme d un discours écrit pour être lu à l’église, après la lecture de l’Écriture sainte, l’ai’la s’explique sa présence