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CONCILES


En résumé, parmi les documents contemporains du concile invoqués pour la nécessité d’une confirmation subséquente, aucun ne prouve cette nécessité. Bien plus, les principaux fournissent contre elle un argument très solide : les lettres du concile et du patriarche Anatole, ainsi que la première de Marcien, par là même qu’elles ne demandent que l’admission du canon 28 B, supposent que les autres décrets conciliaires sont en possession de leur pleine valeur ; la seconde lettre de Marcien et la lettre de Léon aux Pères du concile, en motivant par des raisons extrinsèques et contingentes la nécessité d’une approbation subséquente universelle, reconnaissent que, de soi et en général, cette nécessité n’existe pas.

b) Documents postérieurs au concile. — Hefele et les auteurs, théologiens ou historiens, qui partagent son sentiment allèguent aussi des témoignages postérieurs au concile, surtout ceux de saint Gélase. Voici les plus frappants : Sicut id quod prima sedes non probaverat constate non potuil, sic quod Ma censuit judicandum, tota Ecclesia suscepit, S. Gélase, Ad episcopos Dardaniee, P. L., t. lix, col. 67 ; liane (synodum) fteri sedes apostolica delegavit, factamque firmavit, S. Gélase, De anathem. vincido, c. 1, col. 102 ; totum in sedis aposto-Ucæ pesitum est potestate : itaquod firmavit in synodo sedes apostolica, hoc robur obtinuit ; quod refutavit habere non potuit firmilatem, loc. cit., c. ix, col. 107 ; sedes prima et unamquamque synodum sua auctorilate confirmât et conlinuala moderatione custodit, pro suo scilicet principatu. S. Gélase, Ad episcopos Dardaniæ, col. 79. Tous ces textes visent, en efl’et, tout d’abord le concile de Chalcédoine. Mais qu’en disent-ils et qu’en déduisent-ils ? A qui les lit attentivement ils rappellent qu’il y a dans les décisions du concile deux parties, dont une seule a obtenu l’assentiment du pape et possède, par conséquent, force de loi universelle, tandis que l’autre, faute de cet assentiment, est restée lettre morte ; ils attestent, en outre, que le saint-siège a confirmé (firmavit) ce concile et qu’il lui appartient aussi de confirmer de son autorité (sua auctorilate confirmât ) tous les conciles. Mais où est la raison établissant avec cerlitude qu’il s’agit, dans la pensée de Gélase, d’une confirmation subséquente ? On la cherche vainement ; et l’ensemble des documents conciliaires examinés plus haut suggère bien plutôt, je devrais dire, impose l’idée d’une confirmation antécédente et concomitante.

Il reste donc acquis que l’histoire du concile de Chalcédoine, qui devait fournir à la théorie de la confirmation formelle subséquente ses principaux arguments, lui est, en réalité, certainement contraire.

5. lh concile de Constantinople.

Le Ve concile n’entre pas en ligne de compte : il avait été, comme le IIe, célébré sans le concours du saint-siège, malgré même le refus opiniâtre de Vigile d’y participer. Ses décrets, que le pape se décida plus tard à accepter, n’étaient pas originairement décrets d’un concile œcuménique.

0. VI coni ile œcuménique. — Ici, nous serons un peu moins catégorique que par rapport aux conciles précédents. Hefele et ses partisans produisent, en effet, deux arguments qui, sans être nullement péremptoires, ne sont pas dépourvus d’une certaine vraisemblance.

Le premier est contenu dans ce passage de la lettre du concile au pape Agathon l ir. Hardouin, t. iii, col. 103 :  !  ; /’. L., t. lxxxvii, col. 12Ô2 : « Avec vous nous avons proclamé clairement la foi orthodoxe en son éclatante lumière, et nous prions Votre Sainteté de la confirmer de nouveau par son honorée réponse. » ’in nous traduisons confirmer, le texte original grec porte ir. : ’! ^’yj.- ;  : ix :. el d’après celle phrase, les Pères auraient vraiment sollicité du ponlife romain un acte spécial de confirmation proprement dite. Mais le deman dent-ils comme essentiel à l’autorité souveraine de la condamnation portée contre le monothélisme ? Il est impossible de le déduire avec certitude du texte même ; il y a plutôt là et dans le contexte des indices contraires : le passage cité affirme absolument que le concile, en union avec le pape, a déjà proclamé clairement la foi orthodoxe, et il parle d’une nouvelle confirmation ; en outre, dans un autre endroit de la même lettre il avait été dit, sans plus de restriction, que la définition, portée sous l’inspiration de l’Esprit-Saint et la direction du pontife romain en conformité avec les saints Pères et les conciles œcuméniques antérieurs, traçait sûrement le sentier de la vraie foi. Mais alors pourquoi la demande d’une nouvelle approbation ou confirmation ? Peut-être que le concile, en mentionnant Honorius parmi les hérétiques anathématisés, avait conscience de dépasser les instructions transmises par le pape Agathon, qui non seulement n’avait pas condamné son prédécesseur, mais avait vanté la pureté toujours inaltérée de la foi de l’Église romaine. S’il en est ainsi, on conçoit que les Pères du VIe concile aient senti, quant à ce point spécial, la nécessité d’une ratification.

Le second argument d’Hefele est tiré de la réponse de Léon II à l’empereur Constantin Pogonat. Après avoir résumé les faits du concile, le pape poursuit, Hardouin, t. iii, col. 1473 : « C’est pourquoi nous admettons | et, par notre ministère, ce vénérable siège apostolique admet sans hésitation ni difficulté les définitions du concile et, par l’autorité du bienheureux Pierre, il les confirme, comme fermement et divinement assises sur le roc solide qui est le Christ. De même donc que nous recevons et que nous approuvons les cinq conciles œcuméniques antérieurs, de même et avec un égal respect nous recevons, comme les interprétant et fidèle à leur doctrine, le VIe, célébré naguère dans la cité impériale d’après l’inspiration de Votre Sérénité ; et nous le jugeons digne de figurer à côté des précédents, car il a été assemblé, lui aussi, par la grâce de Dieu. » Assurément, la première phrase de ce passage pourrait être prise pour une confirmation proprement dite et solennelle. Et pourtant que signifie cette finale : « Comme fermement assises par le Seigneur lui-même sur le roc solide qui est le Christ ? » Ne supposet-elle pas que les décrets conciliaires tiennent de Dieu leur pleine autorité indépendamment d’une nouvelle intervention papale ? Ensuite, pourquoi cette comparaison, qui suit immédiatement : « De même donc, etc. ? » Elle semble assimiler l’attitude du pape quant au VP concile à celle observée par lui à l’égard des cinq autres, qu’il ne songe évidemment pas à confirmer. On pourrait enfin ajouter que, du moins dans l’intention et suivant la persuasion de l’empereur, il ne pouvait plus être question de confirmation comme d’un acte nécessaire à la validité des décrets, puisqu’il les avait déjà publiés dans son empire,

Notre conclusion sera donc que, relativement au VIe concile, la théorie de l’approbation formelle a pour elle deux textes plus ou moins probables, mais aucune cerlitude.

7. 1 1e concile de Nicée. — Les arguments qui ont été produits quant au VII" concile supposent, comme beaucoup d’autres, une confusion inadmissible entre une confirmation proprement dite et des actes qui en différent essentiellement. On a fait étal d’abord du motif allégué par le concile lui-même, act. VI, pour rejeter deux conciliabules précédemment réunis par les empereurs iconoclastes Léon et Constantin : ce motif, c’est que adjuttircm non habuerint illius temporis romanum papam vel cos qui circa ipsum sunt sacerdotes, per vicarins ejus nec per encyclicam epistolam, quemadmiidiiiii dictai Ir.r conciliorum. On a voulu tirer parti aussi de ces paroles qu’Hadrien ! ’écrivait à Charleiu. iL.ne. Hardouin, t. iv, col.^l’J : El ideo ipsam suscepi-