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COMMUNION EUCHARISTIQUE FRËQ1 ENTE)

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!, le premier qui ail i ipressément formulé

comme disposition I la c..union quotidienne l

ibstenir de ce « fautes, dont il n’examine cependant point l<- caractère plus ou moins délibéré.

Au m » siècle, se rencontrent encore plusieurs témoijT n, u. ur de la communion fréquente. Saint

Otton de Bamberg († 1139), s’adressanl à son Église naissante de Poméranie, loue le sacremi al du corps el du -any de Jésus-Christ, comme devant être fréquemment reçu par les fidèles, Hoc lacramentum i u turii et morituriê est neeessarium, livevivimtu sive moritnur, hoc oialico ten pei eitutendum. Estenim cibustu vents, vitam m te habens mternam. Unde fréquenter misses celebrandm stmt, et vos ad easdcin dévote eon* venire debetis, ut ssepius huie viatieo communia Mais s’adaptant à la faiblesse de ses nouveaux convertis, Otton demande au moins qu’ils se confessent et communient trois ou quatre l’ois par an, s’ils ne peuvent le faire plus souvent, et qu’ils assistent fréquemment à la messe où ils s’associeront à la communion du prêtn célébrant. Sermo ad Pomeranus, P. L., t. ci.xxin. col. 1358.

Pierre Lombard († 1160), Sent., 1. IV, dist. XII, n. 8, P. L., t. xcii, col. 867, dit expressément que ce sacrement a été institué in augmentum virtutis scilicet caritatis et in medicinam quotidianm infîrniitatis. A l’appui de cette seconde assertion il apporte trois témoignages : le pseudo-Ambroise, De sacramentis, I. IV, c. vi, le texte de Gennade qu’il attribue faussement à Augustin, De erclesiaslicis dogmaliuus, c. xxiii, et l’autorité de saint Augustin dans sa lettre i.iv, c. n. Les erreurs de critique littéraire n’infirment point l’enseignement positit.

b) Deuxième forme de l’enseignement doctrinal à cette époque : Eucharisties communionem qui quotidie accipit, nec repreltendilurncclaudatur. — C’est sous ce titre que Gratien insère dans sa célèbre collection sous le nom d’Augustin le texte de Gennade, De ecclesiasticis dogmatibus, c. xxiii, et le passage d’Augustin, Epist., liv, c. il. Decrelum, part. III, dist. III. c. XIII, P. L., t. Lxxxvii, col. 1737 sq. C’est aussi la réponse de Hugues de Saint-Victor (j 1141), basée sur le même texte de Gennade, attribué à Augustin : Augustin/m inquit guotidie eucharistiam accipere nec laudu nec vitupéra : si guis tamen est in affectu peccandi, magis gravatur ex participatione quant purificatur : et si quis peccato mortali mordeatur, lacrymis salisficiat, et si de celero non peccandi voluntatem habeat, securus accédât. Qusestiones in Epistolas Pauli, q. ci, P. L., t. clxxv, col. 532.

Innocent III exprime la même opinion en se basant sur les deux mêmes textes d’Augustin et de Gennade. Avant Gratien, le seul auteur qui suivit formellement cette opinion fut Amalaire de Metz (-j- 837), De ecclesiasticis of ficus, . III, c. xxxiv, P. L., t. cv, col. 1153 sq.

c) Troisième forme de l’enseignement doctrinal à cette époque : insistanceparliculière sur les dispositions nécessaires ou souhaitables, d’où restriction dans la fréquentation de la communion surtout pour les laïques. C’est particulièrement l’opinion de saint Anastase le Sinaïte et de saint Théodore Studite. Saint Anastase le Sinaïte († 700), examinant s’il est mieux de communier sans interruption ou après quelque intervalle, insiste surtout sur la nécessité de purifier entièrement son ftme avant de communier. Il rapporte deux passages de saint Jean Chrysostomc, In Epist. ad Eph., homil. iii, n. i. P. G., t. i.xii, col. 28 sq. ; In Epist. ad lleh., homil. xvil, n. î, P. (-’., t. î.xill, col. 131. où le saint docteur blâme ceux qui ne se préparent point assez et affirme qne ceux dont la conscience est pure peuvent communier chaque jour. Qusestiones, q, vu. /’. G., t. i xxxix, col. 385 sq. Une question analogue, placée après la question c :, ibid., col. 753, provoque des solutions diverses

selon les Individus : La communion quotidii une conient a quelques-ans ; elle ne cou-. enfin, il en est i qui la communion ne convient absolument pas. i i. 0% "’de £ ibid., ce Saint Théodore Studite (f898 ne conseille point la munion quotidienne, i tous le, fidèles. A ui i’du monde qui depuis beaucoup d années recevait ran la communion et qui l’inl nt, il répond que la question principale n i st ni la rareté ni la fréquence de la communion, mais la pureté de conscience laquelle on s’en approche, qu’il « st bien de s’abstenir par respect quand on n’a point la pureté de cu-ur

. que l’abstinence soit courte ou plus loti, tant quel’on n’a point les dispositions désirabli I. II. epist. ccxx, n. 2. I’. G., t. ICIX, col.

I ii Occident, cette tendance se rencontre au ix c siècle, en Théodulphe d’Orléans [’.cjl. Dans ses Capitula, ailreprêtres, il détermine ainsi la manière

dont iN doivent diriger les fid< les dans la pratiqui la communion. Qu’on les mette en garde contre une fréquentation négligente et contre trop d’éloignen Que l’on ait soin de choisir, pour s’approcher crement, un temps où l’on s’abstienne du devoir conjugal, où l’on se purilie de ses vices, ou l’on orn> âme des vertus chrétiennes et l’on insiste sur la pratique de l’aumône et de la prière, et qu’ainsi préparé l’on s’approche d’un si grand sacrement. Capitula, xi. iv, P. L., t. CV, col. 205. Théodulphe ne fait ici que suivre, en le commentant, l’enseignement de saint Isidore de Séville sur la manière dont les personnes mariées doivent fréquenter la communion. Il ajoute deux restrictions : l’une concernant les excommuniés tjui non quando eis libet sed certis lemporibus communicant, l’autre pour tous les religieux qui vivent saintement et qui communient presque ebaque jour, et religiosis quibuscumque sancte viventibus qui pêne omni die id faciunt. On retrouve ce même enseignei dans les textes déjà cités de saint Otton de Bamberg, /’. L., t. ci.xxiii, col. 1358, et de Robert Pullejn. S 1. VIII, c. vii, P. /.., t. cxxxxvi, col. 968 sq. Burchard de Worms, Décret., 1. V, c. xxiii, P. L., t. cxl, col et Réginon de Prûm, De ecclesiasticis disciplinit, 1. 1, n. 331, P. L., t. cxxxil, col. 256, rapportent tous deux ce même décret, que Burchard attribue au concile d’Elvire : Omnis homo ante sacram communionem a propria uxore abstinere débet très aut quinque aut septeni dies.

Co71clusion. — Pendant toute cette période, malgré une certaine décadence dans la pratique de la communion fréquente, notamment parmi les laïques, décadence due surtout au relâchement et à la négligenoedu clergé pastoral et même des ordres religieux, l’enseignement doctrinal des Pères et des auteurs ecclésiastiqui presque universellement favorable à la communion fréquente ou quotidienne.

3° Depuis le milieu du xiif siècle jusqu’au concile de Trente. — En même temps que continue, surtout parmi les fidèles, le refroidissement presque général dans la fréquentation de l’eucharistie, l’enseignement théologique est à peu près unanime à louer la communion fréquente ou quotidienne. Cet enseignement se manifeste sous une double tonne dans Alexandre de Ilalès et Albert le Grand et dans saint Thomas. Alexandre de llali s y 1245 garde la position précédemment adoptée par Gratien. Hugues de Saint-Victor et Innocent III. Il estime que la fréquence de la communion dépend de la foi et de la dévotion du communiant. Elle sera profitable à celui qui communie chaque jour avec une dévotion et un désir constants et avec confiance d’obtenir l’effet du sacrement. Inversement, si quelqu’un s’abstient fréquemment île la communion par respect pour ce sacrement et par crainte de son indignité, existimo quod illa rererrntia et timoré proficerct. Summa théologies, part. IV, q. xi, m. il, a. 4, Cologne, 1622, p. 400.