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COMMUNION EUCHARISTIQUE (FRÉQUENTE)


possible, continuer à y être persévéramment associée.

Quant au 10e canon apostolique privant de la communion les fidèles qui entrant dans l’église et y écoutant les Écritures n’y persévèrent point dans la prière et n’y reçoivent point la sainte communion, Hefele, Histoire des conciles, trad. Delarc, Paris, 1869, t. i, p. 619 ; Mansi, t. i, col. 32, quel que soit son sens précis, il ne peut prouver l’obligation de la communion quotidienne au I er ou au H 6 siècle, puisqu’il n’est pas antérieur au me siècle, au jugement des meilleurs critiques. Voir Canons des apôtres, t. ii, col. 1608 sq.

Au IIe siècle, saint Justin († 163) donne le même témoignage que la Didachè. Le jour des réunions est celui qu’on appelle le jour du soleil. L’ordre suivi dans ces réunions comporte la distribution de l’eucharistie à ceux qui sont présents et son envoi aux absents. Apol., I, n. 67, P. G., t. vi, col. 427. A la fin du iie siècle, Tertullien suppose le fait de la pratique fréquente de la communion, en outre du dimanche, aux jours de station où le jeûne est prescrit, et qui avaient régulièrement lieu le mercredi et le vendredi. De oratione, c. xix, P. L., t. i, col. 1182 ; De corona, c. iii, P. L., t. H, col. 79. La même conclusion se dégage du fait de la communion habituelle à domicile, en dehors du cas de maladie. Ad uxorem, 1. II, c. v, col. 1296. Pour écarter les chrétiens de l’idolâtrie, Tertullien parle de leurs mains qui, chaque jour, touchent le corps du Seigneur. De idololatria, c. vii, P. L., t. i, col. 669. D’autre part, jusqu’à ce témoignage de Tertullien, nous n’avons aucune preuve en faveur de la communion habituelle à domicile. Voir Communion sous les deux espèces. Toutefois en concluant qu’aucun document des deux premiers siècles, jusqu’au texte de Tertullien que nous venons d’indiquer, ne prouve la coutume de la communion quotidienne, l’on ne peut affirmer qu’elle n’a nullement existé ni par conséquent rejeter absolument les assertions opposées que l’on rencontre dans les auteurs subséquents.

Du m c au v siècle.

1. Faits positifs. — Saint

Hippolyte, au rapport de saint Jérôme, Epist., lxxi, n. 6, P. L., t. xxii, col. 672, avait écrit sur la question de eucharistia an accipienda quotidie. En Afrique, dès le milieu du iiie siècle, au témoignage de saint Cyprien († 258), l’on communiait chaque jour à moins que l’on ne fût empêché par quelque faute particulièrement grave : Hune auleni panem dari nobis quotidie postulamus, ne qui in Christo stimus et eucharistiam quotidie ad cibum salutis accipimus, intercedente aliquo graviori dcliclo, dum abstenti et non communicantes a cxlesti pane proliibemur, a Christi corpore separemur. De oratione dominica, c. xviii, P. L., t. iv, col. 531. Pour prouver que, dans le danger pressant de la persécution, les soldats du Christ doivent se préparer au combat, l’évéque de Carthage leur fait considérer se quotidie caliceni Christi bibere, ut possint et ipsi proplcr Christum sanguinem fundere. Epist., lvi, ad Tlttbaiitanos, n. 1, P. L., t. iv, col. 350. Cet usage existait encore en Afrique au V siècle, au témoignage de saint Augustin. Examinant si la quatrième demande de l’oraison dominicale doit s’entendre du pain eucharistique, pro sacramento corporis Christi quod quotidie accipimus, il exclut de tout droit à cette interprétation les peuples orientaux chez qui le prand nombre ne pratiquent point la communion quotidienne : De sacramento autem corporis Domini non moveant quxstionem qui plurimi in oricntalibus partibus non quotidie carnæ dominicæ communicenl. Des autres pays ou au moins du sien. Augustin ne raisonne point de même. Supposant le fait de la communion quotidienne, il présente contre l’interprétation eucharistique de panem nostrum quotidianum da nobis hodie, cette difficulté l’oraison dominicale no pourrait plua être récitée qu’une lois par jour, à moins que Ion communie seu lement dans la dernière partie du jour. Finalement cependant il admet l’interprétation eucharistique conjointement avec les deux autres : Oportel ut conjuncte accipiantur omnia tria : vl scilicet quotidianum panem simul pelamus, et necessarium corpori, et sacratum visibilem, et invisibilem verbi Dei. De sermone Domini in monte, I. 11, c. vii, n. 25 sq., P. L., t. xxxiv, col. 1280. D’ailleurs, dans deux sermons, Augustin affirme nettement l’interprétation eucharistique. Sern}., lvii, c. vu ; lviii, c. iv, P. L., t. xxxviii, col. 389, 395. Cependant, il connaît les usages différents des Églises. Alii quotidie communicant corpori et sanguini "dominiro, alii certis diebus accipiunt, alibi nullus dies intermillitur quo non ofj’eratitr, alibi sabbato tantum et dominico, alibi tantum dominico. Epist., liv, n. 2, P. L., t. xxxvi, col. 200. Cf. In Joa., tr. XXVI, n. 15, P. L., t. xxxv, col. 1614. Il recommandait la communion quotidienne : Debetis scire quid accepistis, quid accepturi estis, quid quotidie accipere debealis. Serm., ccxxvii, P. L., t. xxxviii, col. 1099. Pendant cette même période, la coutume de la communion quotidienne parait aussi s’être maintenue à Rome et en Espagne où elle existait encore vers la fin du ive siècle, au rapport de saint Jérôme. Epist., xlviii, n. 15 ; lxxi, n. 6, P. L., t. xxii, col. 506, 672. Un texte curieux et peu connu, qui la relate, se trouve dans la Vita sanctse Melanisejwiioris, 1. II, n. 32, écrite par Gérontius, prêtre contemporain de la sainte († 439), publiée dans les Analecta bollandiana, 1889, t. viii, p. 57, et éditée par le cardinal Rampolla, Santa Melania giunore senatrice romana, Documenti contemporaneie note, in-fol., Rome, 1905, p. 36. L’auteur raconte de sainte Mélanio : Kunquani hsec cibum corporalem accepit, nisi prius corpus Domini communicasset, quod maxime propter tutelam animse percipiebat quamquam et consuetudo Romanis sit per singulos dies communicare. Et l’auteur anonyme rattache la coutume romaine de la communion quotidienne à saint Pierre et à saint Paul. La pratiqne de sainte Mélanie, toute singulière qu’elle était à Jérusalem, était conforme aux habitudes romaines et ne comportait qu’une seule communion par jour, car à la fin de sa vie, la sainte jeûnait toute l’année cinq jours de la semaine et ne prenait qu’un seul repas par jour. Cf. card. Rampolla, op. cit., p. 227. D’autre part, cette sainte, si patiente et si douce, ne haberet diabolus aliquam adversus eam accusationem nunquam irala adversus aliquam communicavit nisi prius réconciliasse, etiam si culpa fuisset allerius. Saint Chromace d’Aquilée, contemporain de saint Jérôme, Tract., XIV, in Ev. Matlh., c. v, P. L., t. xx, col. 361, affirme la communion quotidienne, qu’il recommande, et il conseille de prier, ut hune panem cælestem quotidie mereamur accipere, ne, aliquo intervenienle peccato, corpore Domini separeniur. On ne peut apporter comme preuve le sermon xxv attribué à saint Ambroise, P. L., t. xvii, col. 656, suivant lequel tous les chrétiens doivent communier en carême chaque jour, ou au moins chaque dimanche, à moins que le prêtre connaissant l’état de leur conscience ne les en dissuade. A cause de ces communions, les époux doivent garder la continence jusqu’après l’octave de Pâques. Ce sermon est d’une époque bien postérieure à saint Ambroise, comme le prouvent plusieurs traits caractéristiques d’un autre âge, notamment la permission de prendre le repas à l’heure de none aux jours de jeûne. Quant au texte : Sic vire ut quotidie merearis accipere, De sacramentis, 1. V, c. iv, n. 25, P. L., t. xvi, col. 452, il n’est point non plus de saint Ambroise. Cet ouvrage, qui n’est qu’une imitation du De mysterii » de saint Ambroise, est d’un auteur du Ve ou du vie siècle. Il n’est qu’un seul passade authentique où Ambroise parle de la fréquentation de la communion, celui où il représente l’Église exhortant ses entants à accourir au sacrement