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461 COMMUNION DES SAINTS (MONUM. DE L’ANTIQUITÉ CIIRÉT.)

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antiquité contrairement aux affirmalions de l’épigraphiste protestant Spon (1647-1085), qui disait que, dans les inscriptions antérieures au vin 8 siècle, on ne rencontrait jamais de prières pour les morts. Revue êgyptologique, t. iv (1885), p. 34. Pour les usages juifs et égyptiens, voir L’univers Israélite, 30 mai 1902.

1. Témoignages implicites.

a) L’artiste chrétien, dans ses représentations funéraires, visait avant tout la prière pour les morts. Rappeler aux visiteurs l’idée de la délivrance des âmes des défunts, les engager à prier dans cette intention, leur montrer la manière de le faire, leur mettre pour ainsi dire dans la bouche même les paroles renfermées dans la commendalio animée et dans d’autres prières populaires plus anciennes encore et remontant jusqu’au ni » siècle, voilà le but du plus grand nombre des monuments dans les trois premiers siècles et, en partie, dans le iv e. Cette explication proposée d’abord par Le Blant, Études sur les sarcophages chrétiens de laville d’Arles, Paris, 1878, Introduction, § 5, p. xxi-xxxix, fut reprise, remaniée et développée par Karl Michel, Gebet und Bild in frùhchristlicher Zeit, Leipzig, 1902, p. 1-33, 48 sq., et appliquée depuis aux fresques des catacombes de Rome par Wilpert, Die Malereien, p. 160 sq. C’est ainsi que ce dernier cite une série de représentations toutes exprimant à Dieu la demande de venir en aide aux âmes des défunts, de les préserver de la mort éternelle, du feu de l’enfer, des embûches du démon, de la gueule du dragon infernal et de les recevoir dans la paix éternelle. Sont représentés : Daniel dans la fosse aux lions, p. 335-344 (sur 39, trois du I er et ile siècle) ; Noé dans l’arche, p. 350 (2 du iie siècle) ; le sacrifice d’Abraham, p. 350-356 (2 du IIe, 5 du iiie siècle) ; les trois enfants dans la fournaise, p. 356-361 (sur 17, une du 1 er siècle) ; Suzanne et les deux vieillards, p. 362 (sur 6, une du 1 er siècle) ; le cycle de Jonas, p. 366-381 (sur 50, huit du IIe siècle) ; Job, p. 381-385, Il fois ; Tobie avec le poisson, p. 385-387, 3 fois ; David avec la fronde, etc. Ailleurs, on demande à Dieu de pardonner aux défunts leurs péchés, comme Jésus a pardonné à Pierre son reniement, lbid., p. 330-331. Les différentes scènes de résurrection, par exemple, celles de Lazare, dont cinq du if siècle, etc., invitent très probablement à prier pour la résurrection des défunts. Celles du jugement, ibid., p. 394-41 1, et de la réception de l’âme au ciel ainsi que de sa participation à ses joies, et d’autres encore auraient un caractère déprécatif. Il en est à peu près de même des sculptures des sarcophages et de certaines scènes tracées à la pointe sur les épitaphes, par exemple, le passage de la mer Rouge, David avec la fronde, Daniel dans la fosse aux lions, Job, etc. Voir les tables ouvrages sur les sarcophages : Garrucci, Le LSlant, Ficker, etc. Voir t. i, col. 2003. En d’autres termes, ces représentations disent la même chose que les anciennes prières mentionnées plus haut et constituaient elles-mêmes des prières, par exemple, la représentation de Daniel traduite en paroles veut dire. Libéra Domine, animant servi lui defuncli, sicut liberasti Danielem de lacu leonum ; et ainsi des autres.

b) L’épigraphie funéraire a le même but : engager le lecteur à prier pour celui dont elle indique le nom et orne le tombeau. Telles les épitaphes d’Abercius et’! tgape, citées plus haut ; telle une inscription priscillienne, du HP siècle au plus tard : Posu(i< //>e)Ri : ciuus|

COU Cl Al-HINt I "Ml. Ill M, Mlltl Ml SIC ; DT SI’IF’.nr.M Il I M DE i 9 BENE REFRIGERET, llullctt., 1894, p. 60 ; tel enfin ce marbre anté-constantinien, aujourd’hui au Latran (p. ix, n. 10) : D. P. I.i cm ici coiugi…, MF.HIIT TITU II M INSCRIB1 ï (sic) UT QUISQ(UW) DE FRATRIBUS LKGER1T,

I IlI.liMl I I MM.Hl Il INNOCENT I IS//)I l’.lTO (SCMCla

êtinnocens anima) ad Deumsi SCipiatur. Bulletin, trad. franc., IK77, >- 31 ; Lupi, Epitaphium Severm martyris

iUuslralum, Païenne, 1734, p. 167. Toutes ces inscrip tions demandent des prières. Assez souvent elles renferment la formule qui doit être employée, comme ce marbre de la voie Salaria sur lequel on lit : Léonine te in pace, puis comme remerciement pour la faveur accordée, ce souhait vraiment chrétien adressé au lecleur : qui legerit, vivat in christo. Un marbre égyptien, Échos d’Orient, 1900, t. iv, p. 93, porte : O Q(zoc, ) MNHC|6IH THC KOI [ MHC£C0C K£(y.od) A|NATTAY-CecOC | MAKAPAC THC | rAYKYTATHC. O AjNATI-TNOOCKGON TTP (o ;) | eYX£CTG0 (ùrusp aû^ç). Voir d’autres exemples dans Bulletin, trad. franc., 1880, p. 63 sq. ; Armellini, Cimileri, p. 640 ; Gazzera, op. cit., p. 107, et plus loin.

2. Témoignages explicites.

A. Les plus anciens témoignages explicites de la prière pour les morts sont les acclamations et les vœux que faisaient les chrétiens pour leurs frères défunts. Le formulaire — latin ou grec — en est aussi simple que varié. On leur souhaite la paix de l’âme, la paix au ciel : pax, in pace, èv eiprjvri,

PAX TECUM, scpïlVï] 70’., PAX TIBI, PAX VOBIS, PAX SP1RITUI

tuo, pax in sternum, au IIe siècle surtout ; te in pace,

tecum pace, iiie siècle à Rome ; in pacem)£, pax tibi CUM angelis, cum sanctis, ive siècle ; le salut éternel, bonum, le bien par excellence : spiritus tuus in bono (sit, vivat, quiescat), iiie siècle ; le rafraîchissement, l’endroit où elle est soulagée, où elle reçoit toutes sortes de consolations : refrigerium, in refrigerio, IN refrigerio esto, spiritus tuus, anima tua in refrigerio, SPIR1TUM IN REFRIGERIUM SUSCIPIAT DOMINUS,

in pacem et refrigerium, comme substantif ; ou bien les différentes formes du verbe refrigerare : Deus tibi,

    1. REFRIGERET##


REFRIGERET, SPIR1TUM T.UUM REFRIGERET, ô 0eb ; àva71a’JO-r) tïjv’^ « XV <70U p-tzà Tiov 6txa ; <ov, N. ET N. REFRIGERETIS, IN BONO REFRIGERES, REFRIGERA CUM SPI rita sancta (spiritibus sanctis), etc., ine siècle surtout ; la lumière, ^eterna tibi lux, etc., l’union avec Dieu et avec le Christ qui renferme tous les biens : in Domino, in Domino et Jesu Christo, in Domino et pace, me siècle ; à x-jpcoc u.t-a. o-o’j, 6 XpiaTÔ ; |ierà xo0 Ttvvju.ct.x61 ; so’j ; la réception dans le séjour des saints et des justes : cum sanctis, inter sanctos, in pace cum SANCTIS, eiç £wva (x’coiva) (j.età tûv âyicov aûroO to’J/yv/iv (/]’iu/r, ) èv ovôjJ.aTt "lïjarôCi Xp’.crroO… u.exb. tiôv Sixat’wv ; ou bien encore la réception dans le sein d’Abraham, ve siècle ; l’entrée dans le repos éternel : spiriti s in bono, in pace, in Deo quiescat, in pace et in requie, tô 7r/e0[j.â o-ov etç àvirrxyaiv, etc., IIIe et IVe siècles ; la vie en Dieu, avec les saints, IIe et iiie siècles : vivas,

vivatis in Deo, in *, in spirito (sic) sancto, in pace,

IN.ETERNO, INTER SANCTOS, CUM MARTYRIBUS, IN jETERNO, SEMPER IN Deo, Kjç Çr<J(i èv 8ecl>, év Ôéû y.upiio XpeitfTô), |j.stà tù>v àyiuv, etc. ; le salut, le couronnement, la résurrection dans le Christ : Ecoo-t) ô 6ôoc tt, v ^v/V ûjaûv, £-j//jlxévi, v as 8eb ; 7T£ ?(o(v)a> ! Tei, Resorge (resurge) in Christo ; la participation au festin céleste servi par l’amour et la paix, où on se nourrit du poisson symbolique : s !  ; àyi.Tfq-1, Wilpert, Die Malereien, p. 415, 472, 476, 478 ; rut ttfaqci pie zeses. De Rossi, Inscript, christ., t.i, p.3Q ; Romasotterranea, t. ii, p. 272 ; Le Blant, Sarcophages de la Gaule, p. 27-28. Pour les références de détails, voir Kirsch, Die Acclamalionen, p. 9-29 ; dom Cabrol et dom Leclercq, Monumenla Ecclesiæ liturgica, Paris, 1902, t. i, p. ci-cvi, cxxxix, cxi.ix, cl, etc. Toutes ces formules, observait déjà De Hossi, Romasotlerranea, l. ii, p. 276, équivalent à une véritable supplication pour les morts ; comme elles remontent aux premiers siècles, elles sont les exemples les plus anciens et les plus simples de la prière pour les défunts.

I !. Des souhaits on passe aux prières proprement dites. Ici, même variété que dans les acclamations. Avant le iv f siècle, ce seuil généralement des formules courtes, précises, rappelanl parfois le style antique ou