Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 3.djvu/230

Cette page n’a pas encore été corrigée

437 COMMUNION DES SAINTS (ASPECT DOGMATIQUE ET HISTORIQUE) 438

col. 418. C’est une idée favorite d’Origène que les âmes saintes des défunts viennent se mêler réellement aux assemblées liturgiques des chrétiens. Oûx à710yvto17Téov O’jtco -xal toÙ ; è ?£Xr, XijOÔTaç (j.axap ; ’ouç <p6àvecv tû 7tv£’Jfr.aTt rpa fôXXov toO ovto ; èv t ; o aoWari È71l Ta ; èxxXïja-iaç. De’oraï., c. xxxi, n. 5, P. G., t. xi, col. 553. La vertu du Sauveur est également présente et les chœurs des anges mêlent leur prière aux supplications des fidèles ; aussi la prière en commun est-elle particulièrement agréable à Dieu. Ibid., col. 553.

Si les vivants communient si étroitement dans la prière avec les esprits bienheureux, ils ne leur sont pas moins unis dans l’action, car les saints du ciel travaillent et combattent non seulement pour eux, mais avec eux. Ou [lôvciv y.ai a-jroi e-J[X£vet< ; toï ; àli’oiç yivovTai, àXXà xal <TU(j.7 : piTTOU(71Toî ; J30’jXo[A£voiç tôv èiù 7tâ<n Œôv 6Epau£ ! i£iv y.où E ?£u ; j.£vi£ovTai xai o"jv£’J/ovTai xoù cruvaÇtoOutv. Cont. Cels., 1. VIII, c. lxiv, P. G., t. xi, col. 1612. C’est un ministère de salut que remplissent les saints à notre égard, au même litre que les anges. InEpist. ad Rom., c. ii, n. i, P. G., t. xiv, col. 878. C’est toute l’Église du ciel qui s’emploie ainsi à soutenir et promouvoir l’Eglise de la terre. Origène déclare en outre qu’il a reçu cetle doctrine de ses maîtres. Ego sic arbitror quod omnes Mi qui dormicrunt ante nos patres, pugnent nobiscum et adjuvent nos oralionibus suis, lta namque eliam quemdam de senioribus magislris audivi dicenlem. In lib. Jesu Nave, homil. xvi, n. 5, P. G., t. xii, col. 909.

Toujours en conformité de vues avec la doctrine de saint Paul, Origène formule nettement le principe de cette union : c’est la charité, plus vive encore au ciel que sur la terre. "Hv noXXû iaîXXov upoaiïvat toïç itpoxexot (Aïijjivo ; ç âyioc ; upôç touç èv [3c’a> ày<ovi !  ; o[J.£vov ; àvayxaîov vo£Ïv. De orat., c. xi, n. 2, P. G., t. XI, col. 449. Et telle est la sollicitude des saints pour leurs frères d’ici-bas, que leur joie ne sera sans mélange douloureux que lois du triomphe final et de l’éternelle réunion de tous dans la gloire. Non enim est Mis perfecla lœtilia, donec pro erroribus nostris dolent et lugent peccata noslra… Eccspeelant eliam nos licet morantes, licet desides. In Lcv., homil. vii, n. 2, P. G., t. xii, col. 480. Aussi devons-nous considérer l’Église du ciel comme notre mère à tous, mater omnium nostrnm. In Num., homil. xxvi, n. 7, P. G., t. xii, col. 780. Ou plutôt il n’y a qu’une Église, qui comprend tous les justes dès l’origine de l’humanité et qui, de la terre, se continue au ciel. Ipsi enim crant ecclesia quam dilexit, ut eam vel numerosilale augeret, vel virtutibus excolerct, vel perfectionis charitate de terris transferret ad cœlum. In Cant., I. II, c. i, 11, 12, /’. G., t. xiii, col. 134.

Parmi les justes de la loi ancienne, les prophètes particulièrement, sont nos modèles et nos maîtres, avec lesquels il faut être en communion de pensée et de mérites ici-bas pour participer à leur vie dans le ciel. In 1er., homil. xv, n. 1, l>. G., t. xiii, col. 428. Anges, prophètes, apôtres, et tous les saints, ne constituentqu’un seul corps, où la même vie circule, où se manifeste et léveloppe le même concert de sympathies et d’inté/-/ Num., homil. x, n. 2, P. G., t. xii, col. 638 ; lu Gant., 1. II, c. i, 11-13, P. G., t. xiii, col. 131 ; I » Epist. ad Rom., I. VII, n. 6, P. G., t. XIV, col. 118. le même corps qui reçoit la vie mystérieuse de la le même qui I ra au grand jour à la vie

de la gloire, [/’« uni corpus est quod juslificari exspectatur, unum quod resurgere dicitur m judicio. In Lcv., homil. vii, n. 2, P. G., t. xii, col. 480.

Tous les asperls notables de la doctrine, Origène les a saisis ou entrevus, et s’il n’a pas trouvé’la définition dernière qui résume la pensée maîtresse de ces enseignements, il nous a laissé i Formule approchante,

dont on regrette de n’avoir pas les termes originaux, mais qui, transmise telle quelle par Rufin, n’en contient pas moins l’expression juste, presque adéquate, de

la vérité. Nous sommes, dit-il, les compagnons des saints, sanctoruir socios, et il iuut bien qu’il en soit ainsi, puisque nous sommes en société avec la Trinité sainte. Necmirum. Si enim cum Pâtre et FMo dicitur nobis esse socielas, quomodo non et cum sanctis, non solum qui in terra sunt, sed et qui in cœlis ? Quia et Christus per sanguinem suum paci ficavit cœlestia et terrestria, ut cœlestibus terrena sociaret. In Léo., homil. iv, n. 4, P. G., t. XII, col. 437. Ainsi dans les rapports personnels de l’homme avec Dieu interviennent pour seconder l’action individuelle et la rendre efficace, non seulement le Christ comme médiateur, mais les élus comme intercesseurs et les fidèles de la terre comme coopérateurs. C’est bien la, retracé avec les expressions mêmes d’Origène, le caractère fondamental du dogme de la communion des saints.

Ces amples développements sont d’autant plus précieux que les théologiens de celle époque sont eux-mêmes plus sobres de renseignements. Saint Ilippohte mentionne simplement, dans les fragments rares qui nous restent de lui, les rapports qui unissent les fidèles aux élus. In Dan., Il, 30, 37, édit. N. Bonwetsch et II. Achelis, dans Die Griechischen christlichen Schriftsteller, Leipzig, 1897, t. i, p. 98, 112. Dans le même commentaire, Ilippolyte compare l’Église de Dieu à un immense jardin dont les arbres, d’essence diverse, sont les patriarches, prophètes, apôtres, martyrs, vierges, docteurs, évêques, prêtres et lévites. Leur beauté fait l’ornement de la maison spirituelle de Dieu, fondée sur le Christ, et leur utilité nous revient tout entière, à nous qui en goûtons les fruits. Ibid., i, 17, p. 28. Il est juste de voir dans cette allégorie un symbole expressif de la doctrine générale de l’Église sur la solidarité mystique de ses membres.

En quelques traits précis et vigoureux, Tertullirn accentue ces mêmes enseignements. Il recommande la prière non seulement pour les fidèles qui ne font qu’un avec le Christ, mais aussi pour tous ceux que la grâce divine attend et recherche. De oral., c. iii, édit. A. Reifferscheid et G. Wissowa, dans Corpus script, eccles. lai., Vienne, 1890, t. xx, p. 553. Les pécheurs doivent supplier leurs frères d’intervenir auprès de Dieu pour leur cause. Et caris Dei adgeniculari, omnibus fralribuslegationes deprecationis sus : injungere. De pœnit., c. ix ; P. L., t. i, col. 1214. Au reste, les chrétiens sont tellement solidaires les uns des autres, que pour eux tout est commun, le mal comme le bien, et que tous doivent compatir au malheur de leurs frères et s’employer à guérir leurs plaies. Ceterum inter fratres alque conservos ubi commuais spes, metus, gaudium, dolor, passio, …quid tu lios aliud quam te opinaris ? Non potest corpus de unius membri vexalione lœtum agere ; condoleat universttm et ad remedium conlaborct necesse est. Ibid., c. x, col. 558.

La raison, c’est que l’Église est partout la mémo, dans celui-ci comme dans celui-là, et l’Eglise, c’e>t Jésus-Christ. C’est pourquoi chacun doit traiter son frère, même pécheur, comme un autre lui-même, mieux encore, comme Jésus-Christ en personne, car c’est le Christ que l’on implore en implorant son frère, c’est le Christ qui souffre en nous, le Christ qui supplie son Père avec nous. L’Esprit qui nous anime est le même pour tous, c’est l’Esprit du Père de tous et du Seigneur de tous. Communia spiritus de, conwiuni domino et paire… In uno et allcro Ecclesia est, Ecclesia vero Christus. Ibid.

Les vues d’ensemble sont rares dans la théologie de saint Cyprien et c’est presque uniquement par le caractère des pratiques religieuses signalées ou recommandées par lui, qu’il est possible de pénétrer la pensée intime de l’évéque de Carthage touchant les relations mystiques des membres de l’Église. A la prière pour les autres il attache les plus heureux fruits de salut,