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COMMUNION DANS LA FOI


d’où la vie est à jamais absente. —G" Quand la communion actuelle dans la foi catholique est pratiquement irréalisable, par suite de l’ignorance invincible de la vérité catholique ou de l’impossibilité d’être agrégé à l’Eglise, la communion in volo ou le désir même implicite d’appartenir à l’unité catholique suflit, pourvu que l’on possède la foi explicite déclarée par saint Paul indispensable au salut : Sine fuie autem impossibiîe est placere Deo. Oporlel enim accedenlem ad Beuni credere quia est et inquirentibus se remunerator sit. Heb., xi, G. Conclusion implicitement approuvée par le concile du Vatican, sess. III, c. m. Car à la première rédaction : Hœc est Ma fides sine qua impossibiîe est placere Deo et ad jiliorum ejus consortium pervenire, le concile substitua la rédaction actuelle plus générale : Quoniam vero sine fuie impossibiîe est placere Deo et ad fdiorum ejus consortium pervenire, ideo nemini unquam sine ullacontigit jusli/icatio nec ulhis nisi in ea perseveraverit usque in jinem vitam eeternam assequetur, de peur que l’on ne se crût autorisé à conclure en faveur de la nécessité absolue de la foi catholique pour le salut. A. Vacant, Éludes théologiques sur les constitutions du concile du Vatican, Paris, 1895, t. H, p. 311 ; Colleclio Lacensis, t. vii, p. 178.

II. NÉCESSITÉ.

° Autorité de l’Évangile. — Eunles in mundum universum prædicale evangelium omni creaturse. Qui crediderit et baptizalus fueril, salvus erit : quiverononcredideril condemnabitur. Marc., xvi, 13 sq. Nous n’avons point à démontrer ici que ces paroles de Jésus et celles de Matth., xxviii, 19. sq., contiennent l’institution du magistère infaillible de l’Église chargé de garder, de défendre et d’expliquer jusqu’à la lin des temps le dépôt intégral de la révélation chrétienne. De cette vérité incontestable, nous sommes autorisés à déduire les conclusions suivantes : 1. La soumission à cet infaillible magistère doit avoir pour objet toute la révélation chrétienne, prèchée par les apôtres et par leurs successeurs. Aucune exception n’est faite : Qui

idei’il et baptizalus fueril, salvus erit ; qui vero non crediderit condemnabitur. Marc, xvi, 16. La foi devant avoir la même extension que la prédication elle-même s’étend à tout le dépôt de la révélation confiée par Jésus-Christ à son Église. Matth., xxviii, 20. La soumission doit encore être absolue, parce que l’absolue vérité de l’enseignement est garantie par le privilège de l’infaillibilité que confèrent les paroles : Ecce ego vobiscum, d’après tout le contexte. Intégrale et absolue, cette soumission ne doit point s’arrêter au for intime de la conscience. Elle doit être extérieurement manifeste, puisque le commandement formel de Jésus-Christ exige la profession extérieure de la foi, se continuant constamment dans chaque vie individuelle. Matth., x, 32, 33 ; Luc, ix, 26 ; xii, 8, 9. — 2. Une telle soumission est exigée de tous les hommes dans tous les temps jusqu’à la consommation des siècles. Car les termes sont unils et ne comportent aucune exception : Onines génie » , dooentes eos, Matth., xxviii, 19, 20 ; Euntes in mundum universum, prxdicate evangelium omni créatures. Marc, xvi. I." » . — 3. D’une telle soumission intégrale, absolue et obligatoirement extérieure, s’imposant nécessairement a tous, doit évidemment résulter enlre tous les Qdèles une union ou communion inté tt extérieure dans l’adhésion obligatoire à la

e doctrine de Jésus, communion perpétuellement

tique, puis |ue la dodrine de Jésus-Christ est tou|nur> Gdèlement enseignée par l’Église infaillible. —

irésavoir déduit de Matth.. xxviii, 20, etde Marc, xvi, 1."), IG, la nécessite de cette communion dans la foi chrétienne, nous sommes autorisés à en constater une indication assez évidente dans Matth., xvi, 18, où Pierre et se eurs sont annoncés par Jésus-Christ,

tuel de l’Église, auquel tous les

fidèles doivent être constamment unis. Toute autorité

dans l’Église résidant premièrement et principalement dans Pierre et ses successeurs, et l’union de tous les membres de l’Église avec cette autorité étant strictement requise, comme l’est l’intime cohésion entre les pierres d’un édifice et son fondement principal, il en résulte manifestement une étroite communion des membres entre eux et avec le chef de l’Église, en tout ce qui est obligatoire. — 5. Bien que la communion de tous dans la même foi chrétienne soit normalement requise d’une manière explicite, son désir même implicite peut suffire à ceux qui sont incapables de la réaliser plus parfaitement. Car ceux-là seuls sont irrémédiablement condamnés qui refusent obstinément d’adhérer à la prédication chrétienne. C’est le sens de Marc, xvi, 16, d’après l’antithèse entre l’adhésion positive : Qui crediderit, et le dissentiment non moins positif : Quivero non crediderit.

Enseignement des apôtres.

La nécessité de

l’union ou communion dans la foi chrétienne, prèchée par les apôtres avec l’autorité de Jésus-Christ, résulte de l’affirmation de saint Paul : Unus Dominas, una fides, unum baplisma. Eph., iv, 5 sq. Cette foi, il est vrai, n’est que la foi objective ou la doctrine chrétienne. Mais dès lors que sa parfaite unité est strictement obligatoire, l’union ou la communion dans cette unité de foi en est une nécessaire conséquence. C’est ce qu’indiquent aussi les condamnations réitérées contre ceux qui rejettent sciemment et obstinément l’unique foi chrétienne prèchée par lesapôtres. Tit., iii, 10 sq. ; I Tim., i, 19 sq. ; II Tim., ni, 8 sq. ; I Joa., ii, 18 ; II Joa., 7 sq. ; Jud., 13. Puisque toute rupture avec cette unité de foi est sévèrement réprouvée, la communion ou l’union dans cette foi est, par le lait, strictement imposée.

3° Témoignage des Pères dans les six premiers siècles. — Dans la seconde moitié du I er siècle, l’auteur de la Doctrina duodecim aposlolorum, XVI, 5, parlant particulièrement des temps où l’Antéchrist manifestera sa puissance et s’efforcera de séduire les fidèles, affirme la nécessité de la persévérance dans la ioi pour échapper à la damnation. Paires apostolici, édit. Funk, Tubingue, 1901, 1. 1, p. 30. Or, cette foi n’est autre que celle que Dieu nous a enseignée par son fils Jésus, x, 2, p. 22, ce qui, avec l’institution de l’Église, ne peut s’entendre que de la foi chrétienne enseignée par l’Église, continuant l’œuvre de Jésus-Christ à travers les âges. Au commencement du IIe siècle, saint Ignace d’Antioche (j 107) exhorte les Éphésiens à s’unir dans la doctrine de Dieu, c’est-à-dire dans la doctrine des évoques répandus dans l’univers ou dans la doctrine de leur évêque et à se garder dans cette unité immaculée, pour rester participants de Dieu lui-même. Ad Eph., ni, iv, Patres apostolici, t. i, p. 216. Celui qui par sa perverse doctrine corrompt cette foi de Dieu, ira au feu inextinguible, également celui qui l’écoute. Ad Eph., xvi, p. 227. Celui qui suit cette doctrine étrangère n’a poinl de participationavec la passion de Jésus-Christ. Ad Philad., ii, iv, p. 267. D’où la nécessité de l’universelle communion des fidèles dans la doctrine de l’évêque, qui est celle de Jésus-Christ et celle de Dieu. Ad Eph., ni sq., p. 216. Dans la seconde moitié du IIe siècle, saint Irénée (y 202) enseigne la même doctrine en condamnant les hérétiques, qui introduisent des doctrines nouvelles et étrangères et déchirent ainsi l’unité de foi dont jouit l’Église. Cont. hær., 1. IV, c. XXVI, n. 2, P. G., t. vii, col. 1054. Tous ceux qui sont en dehors de l’Église sont en dehors de la vérité, 1. IV, c. XXXI II, n. 7, col. 1076. La seule vraie connaissance de la vérité est la doctrine des apôtres que l’Eglise.seule conserve pleinement sans addition ni retranchement, 1. IV, C XXXIIi, n. 8, col. 1076. Cette doctrine est toujours fidèlement gardée dans l’Eglise de Rome avec laquelle toutes les Églises doivent être en communion à cause de sa manifeste suprématie, l. III, c. iii, n. 2, col. 648.