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CLAUDE DE TURIN


t. civ, col. 925-926, sa Chronique (si tant est qu’elle soit de lui), P. L., t. civ, col. 917. — 2. Dungal, P. L., t. cv, col. 466, et Jonas, P. L., t. cvi, col. 309-310, disent que Claude fut le disciple de Félix d’Urgel, et Jonas ajoute même, en s’emparant d’un mot de saint Jérôme, que Félix revit dans son disciple comme Euphorbe dans Pythagore. Mais ni l’un ni l’autre ne disent que Claude a enseigné l’adoptianisme de Félix d’Urgel ; il semble plutôt, à les lire de près, qu’ils tiennent que Félix a mis en Claude des tendances hétérodoxes, peut-être qu’il lui a inculqué le principe de ses erreurs sur les images et le culte des saints. Toutefois, des historiens, tel Bossuet, Hist. des variations, 1. XI, n. 1, édit. Lâchât, Paris, 1803, t. xiv, p. 458, ont soutenu que « Claude de Turin était arien et disciple de Félix d’Urgel, c’est-à-dire aestorien de plus » . Il est possible que Félix ait été le maître de Claude, quoique le passage cité plus haut, où Claude se déclare peu expert à écrire parce qu’il n’a pas étudié la science séculière et qu’il n’a jamais eu de maître, invite à en clouter ; mais il est très possible également que Dungal et Jonas aient rattaché Claude à Félix parce qu’ils étaient Espagnols l’un et l’autre, ou peutêtre sur la foi d’un de ces « on dit » qui circulent si aisément et si vite, alin de mieux attirer la condamnation sur l'évêque de Turin. Foss, dans la Realencyklopâdie, 3e édit., Leipzig, 1898, t. iv, p. 137, est d’avis que quelques expressions du commentaire des Rois ont une teinte de nestorianisme, et il signale ce mot qui, en effet, pris tel qu’il sonne, est nestorien, P. L., t. civ, col. 738 : Thronus eburneus œternam judicis potestatem aura divinitatis fulgentem, quam Dominicus homo a Paire accepit, jiguram gestasse non dubhmi est. Mais il importe de remarquer que, selon son procédé habituel, Claude ne parle pas ici de lui-même ; cette fois il reproduit un passage du pseudo-Eucher, Comment, in libres Région, 1. III, c. xxxiii, P. L., t. l, col. 1161, tenu pour un auteur orthodoxe. Il n’y a donc pas lieu de s’arrêter beaucoup à cette expression, surtout si on la met en présence de tant d’autres expressions irréprochables qui se rencontrent dans l'œuvre claudienne. Et il paraît légitime de conclure, avec E. Dummler, Monum. Germanise lnst. Epis/., t. iv, p. 586, que, si Claude fut le disciple de Félix d’Urgel, il ne suivit pas ses idées.— 3. Les protestants ont fait figurer Claude dans la liste de leurs précurseurs, de ceux qu’ils ont appelés « les témoins de la vérité » . Ils imaginèrent d’abord une théorie, aujourd’hui tombée dans un discrédit absolu, d’après laquelle le protestantisme se rattachait auxvaudois et ceux-ci à l'âge apostolique. Claude de Turin aurait formé un des anneaux de la chaîne ; il aurait laissé des partisans qui se seraient reliés aux vaudois du Piémont. Cf., par exemple, Monastier, Histoire de l'Église raudoise, Paris, 1847, t. i, p. 31. On sait que Bossuet a démoli la fable de l’origine apostolique des vaudois, et que ses conclusions ont lini par s’iui[ aux historiens. La connexion entre les vaudois du xiie siècle et Claude de Turin est une supposition absolument gratuite dont il n’y a pas à tenir compte. Ct. C. Schmidt, Histoire et doctrine de la secte des cathare* ou albigeois, Paris, 1849, t. ii, p. 288. Sur le sy Même adopté par Basnage, cf. Bergier, Dictionnaire de théologie, Lille, 1844, t. i, col. 545-546. — 4. Pour N. Peyrat, Les réformateurs de In France et <lr l’Italie au m siècle, Paris, 1860, p. 01-62, Claude « est un disciple attardé d’Augustin, un devancier lointain de Luther, un ancêtre des réformateurs du xvie siècle. Né sous Charlemagne, non loin de Roncevaux, Claude ible avoir trouvé dans les ravins des Pyrénées, avec la plume de Vigilance, l'épée et le cor d’ivoire de Boland » . Ceci est de la très mauvaise poésie, c’est le contraire de l’histoire. Mais il a a retenir ce mot : « un disciple d’Augustin, qui résume l’opinion de nombreux historiens protestants et précise le point de vue où ils

se placent pour voir en Claude un protestant avant le protestantisme. C’est ainsi que E. Dummler, dans Sitzungsberichte der K. preus. Akademie der Wissenschaften, Berlin, 1895, p. 443, soutient que Claude avait entrevu la contradiction que les prolestants considèrent comme établie entre les idées de saint Paul et de saint Augustin, d’une part, et, d’autre part, les idées qui dès longtemps ont prévalu dans l'Église. Cf. A. Ebert, Histoire générale de la littérature du moyen âge en Occident, trad. Aymeric et Condamin, Paris, 1884, t. il, p. 249 ; E. Comba, I nostri protestanli, t. i, p. 135, 144, 151 ; IL Reuter, Geschichte der religiôsen Aufklârung im Mittclalter, Berlin, 1875, t. i, p. 16-17. Ce dernier va plus loin ; il voit en Claude, p. 20, « un réformateur biblique et un Aufklarer critique, » et, dans sa doctrine, le germe non seulement du protestantisme, mais encore du rationalisme. Cf. F. Tocco, L’eresia nel medio evo, Florence, 1884, p. 154. Ce n’est pas le moment d’examiner si la doctrine officielle de l'Église catholique est en désaccord avec les doctrines de saint Paul et de saint Augustin et si l’augustinisme a préludé à la Réforme. Voir, pour ce dernier point, t. I, col. 23232325. Ce qui est vrai, c’est que Claude de Turin a été un précurseur du protestantisme, comme l’ont été les iconoclastes, Vigilance, Eustathe, en ce sens qu’il a rejeté quelques-uns des enseignements de l'Église qui furent plus tard rejetés par le protestantisme. S’il avait nié « même que la puissance de saint Pierre survive et qu’elle se rattache à un siège spécial » , Ebert, op. cit., t. ii, p. 249, il aurait été un des écrivains hétérodoxes du moyen âge qui sont arrivés le plus près de la doctrine protestante ; irai ; il semble que la parole de Claude sur le « seigneur apostolique » n’est qu’une parole de mauvaise humeur du condamné contre son juge. Sur son commentaire du Tu es Peints et sur sa doctrine eucharistique, cf. Boffito, Atti délia r. accademia délie scienze di Torino, t. xxxiii, p. 284. Quant à faire de lui un « réformateur biblique » , la prétention est insoutenable. Ses travaux sur l'Écriture n’ont rien qui les distingue de la littérature scripturaire contemporaine. Ce sont des calenec Patruni, comme il en parut alors en assez grand nombre, cf. Boffito, p. 261262 ; G. Heinrici, dans Realencyklop&die, 3e édit., Leipzig, 1897, t. iii, p. 766 ; à l’instar des autres, ni plus mal ni mieux, Claude, en s’attachant de façon presque exclusive au sens spirituel, recueillit des textes des Pères et des écrivains ecclésiastiques. Saint Augustin était de beaucoup l’auteur universellement préféré ; Claude, à son tour, le préféra à tous. Voir l'éloge qu’il en fait, P. L., t. civ, col. C » ;  ;."), 835, 841, 927. Plus encore que de considérer Claude de Turin comme un réformateur biblique, il est impossible île voir en lui un précurseur de ['Aufklârung, tel que le définissent Troltsch, dans Realencyklopûdie, 3° ('dit.. Leipzig, 1897, t. ii, p. 225-226, et Reuter lui-même, op. cit., t. i, p. v. Claude est bien un homme du moyen âge. — 5. Mentionnons, pour mémoire, l’attribution à Claude par A. de Castro, Adversus lt ; en>ses, 1. III, Debaptismo, Paris, 1534, fol. liv, de l’opinion que le baptême est invalide si l’on ne fait pas le signe de la croix sur le front du baptisé ; le bon frère mineur montre, par là, qu’il a eu raison d’avouer plus haut, 1. II, De adoratione, fol. XXXI, qu’il connaît mal Claude de Turin.

I. Sources.

Dans /'. L., t. ctv, col. 615-928, en a les commentaires de Claude sur tes Itois et les lettres aux Galates et a Philémon, la préface et la fin du commentaire du Lévitiqui préfaces des commentaires de saint Matthieu et des lettres aux Corinthiens et aux bphésiens, de courts fragments des commentaires sur saint Paul, ainsi qu’une brève ei Insignifiante chronique d’une authenticité douteuse. Les Important extraits do ['Apologeticum atque rescriptum Claudii e, versus

Theutmirum abbatem si ni dans /'. /… t. cv. col. 459-464. Ils onl i té réédités avec lei réraces i u lettres d’envoi des commentaires déjà connue li pn faces inédites des commentaires de la