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CLÉMENTINS (APOCRYPHES’218

Buclt Clementinischer Schriften, dans Nachrichten von der Georg. Augusts-Universilât und der Kônigl. GcseU. der ^’iss. : u Gôtlingen, 1858, p. 185-226. La première parlie de l’ouvrage est une traduction, pour une part littérale, de la Spelunca (die Schatzhôhle) syriaque, écrit M. Bezold. Il s’ensuit que pour cette première partie, seule publiée, les deux ouvrages : 1° arabe en huit livres et éthiopien ; 2° arabe en 91 chapitres, distingués par M. Harnack, loc. cit., sous les n. 33, 35, semblent ne former qu’un seul ouvrage. Il n’en est peut-être pas de même de la suite, car M. Bezold, p.ix, indique de manière plus particulière, comme source du « Clément » éthiopien, le ms. arabe n. xxxix du Vatican.

1° D’après M. Dillmann, l’ouvrage éthiopien, qui comprend sept livres, se divise en deux parties. Dans la I re (1. I, II), Pierre raconte à Clément la création et la naissance de la sainte Vierge avec l’histoire du monde jusqu’à Joram, tandis que la Spelunca et l’ouvrage arabe divisé en 91 chapitres vont jusqu’à la naissance de la sainte Vierge. Pierre raconte ensuite à Clément ce que le Christ lui a appris sur les secrets du ciel et l’avenir, sur la création du ciel et de la terre, la Trinité, les ordres des anges, la Jérusalem céleste, le paradis, la création des anges, leur aspect, la chute de Satan, l’avenir du christianisme sur la terre ; il remet à plus tard de raconter ce qui arrivera à la résurrection ; il énumére 70 hérésies de Simon le Magicien à Apollinaire. II y a une relation entre les matières de cette première partie et les Récognitions, I, 22, 27 sq. Nous lisons en effet : Cumque hsec dixisset exponere mihi singula de his, quæ in quæstione esse videbantur legis capitulis cœpit, ab initio creaturm usque ad id temporis, quo ad eum Csesaream devolutus sum… Meministi, o amice Clemens, quæ. mihi fueril de eetertw sseculo ac finem nesciente, narralio ? (i, 22)… Exposuisti per ordinem, a principio mundi usque ad prsesens tenipus consequenliam rerum, et si placet, possum memoriter [ait Clemens] universa retexere (i, 25)… Propter quod eo magis repelamus quæ dicta sunt, et confirniemus ea in corde tuo ; id est, quomodo vel a quo faclus sit mundus ut lendamus ad amicitiam condiloris… Breviter ergo tibi hsec eadem firmioris causa mémorise retexemus, i, 26. Après quoi saint Pierre résume à nouveau, dit-il, la création et l’histoire sainte jusqu’à son arrivée à Césarée. Il semble donc que l’ouvrage arabe ou éthiopien est ou plutôt se donne pour le premier récit de saint Pierre à saint Clément, celui-là même qu’il s’est borné à résumer ensuite firmioris causa memoriæ dans les Récognitions. Dans la II’partie qui traite des lois et de l’ordre de l’Église chrétienne, saint Pierre donne à saint Clément les ordonnances qu’il doit transmettre aux métropolitains, aux évoques, etc., lui trace les devoirs des prélats et des clercs et lui dicte mie l’ouïe de règles particulières et (le canons pénitentiels. Cette IP partie se rapprocherait donc plutôt de la Didascalie. Cependant les Récognitions y tiennent aussi leur place, car on trouve vers la liii, dit M. Dillmann, I., fuite’! >’Simon le Magicien à Rome et sa chute (levant saint Pierre. L’ouvrage est d’ailleurs plein de répétitions, et a dû être écrit en Egypte, de 750 à 760, car, sous sa forme actuelle, il décril la puissance de l’islam.

2° L’ouvrage arabe intitulé « Apocalypse de saint Pierre » , d’après le Catalogue des mss. arabes de Paris, 1883-1895, p. 18-19, est mieux connu que l’ouvrage éthiopien, car la première parlie a été éditée par

M. Bezold et par M Gibson ; de plus, la plupart des

titres (1rs 91 chapitres sont reproduits et traduits dans le Catalogue des mss. arabes, de la bibliothèque Bodléenne, par.M. Nie, II, Oxford, 1821, t. II, p. 49. Nous noterons que le titre varie. Le ms. 76 de Paris porte au haut de chaque page le titre « Clément » comme l’éthiopien ; le ms. 77 porte en tête : « Ceei est un des livres de saint Clément, disciple du Simon Pierre, chef des apôtres…

C’est un des livres réserves que saint Clément ordonna de cacher au vulgaire. Il est appelé Kitàb-al-Madjàll, c’est-à-dire feuillets pleins de mystères, et renferme beaucoup d’idées, les unes profondes, les autres claires, touchant les mystères que Notre-Seigneur et Dieu et Sauveur, Jésus le Messie, avait fait connaître à im’oûnal-Safa Petros et à son disciple Yaq’oûb (saint Jacques). Ceux-ci traitèrent des choses qui eurent lieu depuis la création et de ce qui arrivera jusqu’à la fin des temps ; ils parlèrent de la seconde venue de notre Dieu et Seigneur Jésus-Christ, et de ce que feront les hommes vertueux et les méchants. C’est le livre qui, depuis le temps des saints apôtres, resta caché à Nicosie, ville de l’île de Chypre. » D’après la notice qui figure en tête du ms. 76, le rns. était conservé à Chypre « dans la demeure d’un évêque » . Comme on le voit, le titre et la préface rattachent étroitement cet ouvrage à la lettre de saint Pierre à saint Jacques, P. G., t. ii, col. 25-32, et aux enseignements prêtés à saint Pierre par le I er livre des Récognitions dans les passages que nous venons de citer. Ce fait est d’autant plus remarquable que le « Clément » serait d’origine arabe et que la lettre de saint Pierre à saint Jacques et les Récognitions n’ont pas été traduites en arabe à notre connaissance, car on ne peut regarder comme une traduction les courts résumés publiés par M me D. Gibson. En 956-957, Masoudi mentionne ce « livre de Clément » et ajoute que beaucoup de chrétiens n’admettent pas son authenticité. Cf. Notices et extraits des mss., Paris, 1810, t. viii, p. 110, 177.

Dans la I’e partie, l’auteur arabe reprend la Spelunca syriaque attribuée à saint Éphrem, et la fait précéder d’une courte introduction, Gibson, p. 1-3, dans laquelle saint Clément nous apprend qu’il s’est attaché à saint Pierre ainsi que ses deux frères Faustus et Faustinus : vingt ans plus tard, saint Pierre lui a révélé, ainsi qu’à son père et à sa mère Métrodora, les mystères que lui avait confiés N. S. Jésus-Christ sur le mont des Oliviers. Deux questions surtout préoccupent saint Clément ; il voudrait connaître les événements depuis le commencement du monde, afin que les Juifs ne puissent pas lui reprocher de ne pas connaître leur loi ; il voudrait aussi apprendre la généalogie de la sainte Vierge ; l’auteur insère ensuite la Spelunca qui répond bien à ces deux questions, car elle résume la Bible depuis la création jusqu’à la naissance de la sainte Vierge dont elle ajoute ensuite la généalogie, p. 56-58. De place en place, pour mieux démarquer l’ouvrage, l’auteur introduit la locution : « ô mon fils Clément, » cf. p. 40, 42, 45, 47, tandis que le syriaque porte simplement : « ô frère selon la loi » (M. Bezold traduit à tort par : ô frère Némésius). Nous avons donc là un intéressant exemple de la constitution d’un apocryphe clémentin à l’aide d’un ancien écrit. La publication de M me D. Gibson s’arrête au c. xxi, celle de Bezold s’étend un peu plus loin, les autres chapitres (xxii-xci) traitent de la naissance de N.-S. Jésus-Christ et de sa vie (xxii-xxiv), puis des mystères cachés : la Trinité, la création, les ordres des anges (xxvi-xxviii). Viennent plus loin des passages apocalyptiques concernant les rois, les peuples et diverses calamités qui les atteindront (xi.vi-i.), etc. Le c. lxxxviii est consacré aux disciples l’est us et l’estinianus. Par simple suppression d’un point ces noms propres peuvent élre lus dans l’arabe Constant et Constantin. Le nom de Mattidia est devenu Métrodia et le ms. 76 de Paris, fol. 112, a rétabli en marge : Métrodora, quiest la leçon de l.i version syriaque des Récognitions.

C.t^ quelques détails sur des ouvrages dont la moindre partie seule a été publiée suffisent pour montrer qu’ils se rattachent au ycle des apocryphes clémentins et qu’ils réservent encore maints sujets d’études pour déterminer leurs source- ; et l’époque de la Composition (le

L’ouvrage définitif (vnr 3 siècle) et de ses sources. Nous croyons — sans avoir pu contrôler, cette idée qui repose