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CLÉMENT D’ALEXANDRIE


£ÏTCoi|x’av, où ôà to (raiÇeo-Sat [30vXE<î6ai ty|v yvùia-iv alpY, <retat ô ôt' aÙTYJv ty|V (ki’av È7uoty|[ay)V [xeOiinov t/jv yvùiaiv. Strom., IV, c. xxii, P. G., t. viii, col. 1345.

Si donc par hypothèse, on proposait au gnostique le choix de la divine gnose ou du salut éternel — hypothèse d’ailleurs qui sépare des objets absolument identiques — sans hésiter il choisirait la gnose divine, jugeant qu’il faut choisir pour elle-même cette céleste propriété qui vient consommer la foi et par l’amour se développer en gnose. Ei yoOv Ti ; xa8' CirôBssiv npoôstY) tu> fvo)(7Taw, uôtsoov ëXcfjâai [30vXotTO tyjv yvàiciv to’j 6eoû, îj ty|V <rtoTY|pîav tïjv àtaSviov eïy| Se raOra xE)^u>pia-piva, navra ; p.àXXov èv TauTOTYjTt ô'vtoc o’jSè xaStmoûv 21aTâ(Taç, êXoit av ty)V yvàjaiv TOÛ 8eo0. Bt’avTT)V aipetr, -/ xpt’va ; sivac tyjv è7tavaëeêYpcuîav Tr, ç ît£otsok Si' àyavTYjv Et ; yvoiaiv îStoTYjTa. Ibid., col. 1348. Celui qui écoute la vocation pure, selon qu’elle se fait entendre, s'élance vers la gnose sans être influencé par quelque crainte ou quelque désir… Si donc par hypothèse il avait reçu de Dieu le pouvoir de faire sans châtiment des œuvres défendues, s’il n’avait reçu à ce sujet aucune promesse de béatitude, quand même il serait persuadé que Dieu ne verra point ses acles — chose impossible — il ne lui viendra pas le simple désir d’une action contraire à la droite raison, ayant une fois choisi ce qui est vraiment honnête, ce qui en soi mérite l'élection, requiert l’amour. Ibid., c. xxii, col. 1356.

3° Charité envers le prochain, vie sociale. — L’amour de Dieu et l’amour du prochain sont désignés par le même mot : charité, iyômr', dans certains passages, l'écrivain passe insensiblement de l’un à l’autre, les comprend dans une même visée, établit entre eux un étroit rapport de causalité, de communauté d’origine. Voir les textes cités, à propos de Vagape, et la conclusion qui les résume.

Au commencement du c. ix, Stroni., II, P. G., t. viii, col. 976, chapitre qui traile de la liliation et de la connexion des vertus, il est question de la charité et de la fraternité. La charité est l’accord des idées, de la vie et des mœurs, o[j.ôvota tù>v xaià tôv Xoyov xa’t tov (3 : ov xa’t tôv Tpôitov, en un mot la communauté de vie, xoivum’a piou. Voir ce qui suit sur l’hospitalité, la fraternité, la pùavBptoiiia, et autres vertus annexes de la charité. Puisque l’homme véritable qui est en nous est l’homme pneumatique, l’humanité est la fraternité de ceux qui sont participants du même esprit. Et SE rôi ô'vt : avOpdjTro ; 6 èv r, p.ïv âoriv ô irvEup-aTixo ;, çtXaSsXcpt’a yj çiXavôpwTti’a toi ; to-j ocjtoû IT/E’Jp.aTo ; xExoivu>vY]xd<rtv. Ibid., col. 977. Il faut distinguer l’amitié parfaite, amitir désintéressée, vraiment vertu chrétienne, de l’amitié commune ou solidarité sociale ; cette seconde espèce, d’ordre moyen, consiste dans l'échange de services ; elle est chose sociale, utile aux échanges et au commerce de la vie, tô Se Sô'Jtepov xai jj-Éiov xar' kquh6yJv. xoivom/.ô/ Se toûto xai u.etaôoTtxôv xoù [îiioçeXe ;. Ibid., c. xix, col. 1045.

L’amour des ennemis et le pardon des injures sont Strom., II, c. xviii, P. G., t. viii, col. 1028, 1(129, 1032 ; c. XIX, col. 1048 ; IV, c. XIII, col. 1300.

Lue lecture rapide, ou la considération exclusive de quelques passages, feraient croire que le gnostique est totalement étranger au monde, méprise tout ce qui intéresse ses concitoyens : il vit dans la cité connue dans une solitude, rrôXfv olxwv, tô>v v.a.-ix tt, v tcoXiv xa-sçpdvi, 7£, -ap ' aXXot ; Oa-j(j.a’o(xÉvo)v' xai xaôaTcep âv tpr, u.fa r*5 noXei ptoï. Strom., VII, c. XII, /'. G., t. ix, col. 505. Hais précisément un peu plus loin, le lecteur est averti que le gnostique ail compenser cette absence apostolique, 77, 7 cc-'jtt'// ixyjv àitouixiav ivxavairXY|por, Il sait tout à la fois mondain et surmondain, xrfofuoc xa’t ûicepxd<T|x(o ;. Ibid. c. iii, col. 121. Il sait être sérieux el h toutes choses : sérieux à cause de son commerce avec Dieu, gai parce qu’il lient compte des biens de ce

D1CT. DE TIIÉOL. CATIIOL.

monde, comme de dons divins. Ibid., c. vii, col. 452. Les soucis du monde ne l’empêchent pas d'être à Dieu : tout en mangeant, buvant et même prenant une épouse, si le Aôyo ; lui dit de le faire, jusque dans ses songes, il agit et pense saintement : il est ainsi toujours pur pour la prière. Ibid., c. XII, col. 508. Il est donc un être sociable, comme nous le sommes tous par nature, Dieu nous ayant faits sociables et justes, xotvomxoù ; xai StxatVjç ; il est capable de s’occuper des affaires publiques : c’est l’homme vraiment royal, et c’est aussi le saint prêtre de Dieu : accord de deux fonctions qui maintenant encore se trouve chez les plus raisonnables d’entre les barbares ; ils élèvent au trône la race sacerdotale, tô ÎEpanxbv yévoç sic PaonXstav upoiayâvrE ;. Ibid., c. vil, col. 452. Toutefois, il ne se livre point aux plaisirs mondains ; il ne se soumet point aux caprices démagogiques qui tyrannisent les théâtres ; il s’abstient des fêtes voluptueuses, il va rarement aux banquets, sauf raisons d’amitié ou de bons rapports. Ibid. Cf. A. Bigelmair, Die Beteiligung der Christen am ôffentlichen Leben in vorconstantiniscltcr Zeit, Munich, 1902, passim.

Le bon usage des richesses est le sujet même du Quis dives. La richesse y est présentée comme chose indifférente, qui tire toute sa valeur de l’usage que nous en faisons. Le Christ, en nous recommandant l’aumône, le bon emploi des richesses d’iniquité, Luc, xvi, déclare que la propriété exclusive des richesses n’est point l’institution primitive de la nature, çijcree u.Èv âvracav xtyjo-iv, y, v auto ? tiç ècp ' éautoû xixTrrrai, oùx tStav o’jo-av àiro ? a t’v <>I. Quis dives, C. XXXI, P. G., t. IX, col. 637. Voir F. X. Funk, Clemens von Alexandrien ïtber Familie und Eigenthum, dans Kirehengesch. Abliamll. und Unt., 1899, t. il, p. 15-60, où l’on voit la position particulièrement remarquable prise par Clément contre les deux erreurs sociales qui attaquaient la famille et la propriété ; seul, parmi les écrivains ecclésiastiques contemporains, il a donné à cette question l’attention qu’elle méritait ; seul, il l’a traitée en tenant compte du point de vue social.

Culte intérieur et extérieur.

Le but de tout le

VIIe Stromate est de présenter le gnostique comme le véritable liomme religieux. Voir le sommaire, col. 153. — 1. L’influence des croyances sur la religion et le culte est rappelée avec insistance : d’une part, les croyances pures du christianisme éclairé, P. G., t. ix, col. 401-408, spécialement en ce qui concerne la divine personnalité du Fils de Dieu, objet principal de cette religion, ibid., col. 408-416, d’autre part, l’immoralité de l’anthropomorphisme grec, col. 428-436.

2. Le caractère spirituel du culte est le point de vue constant, presque exclusif ; c’est l’unique souci de l’apologiste qui s’adressant spécialement aux païens, sans doute à la portion la plus éclairée du monde païen, s’applique à leur faire comprendre et goûter la sublimité du culte intérieur. Dans cet esprit, après avoir ridiculisé, par exemple, l’anthropomorphisme des sacrifices, qui suppose chez les dieux l’odorat et la respiration, il s'écrie : La commune aspiration, c’est dans l’Eglise qu’elle se trouve véritablement. 'Il ry-Ji.T.vota Se ètc’i tt, ; 'ExxXY]ffia ; XÉyExat x-jpt’ioç. Le sacrifice de l'Église, c’est la prière qui s’exhale des âmes saintes, alors que se révèle au regard de Dieu tout sacrifice et toute élévation d’esprit. Ibid., col. 444. Toutefois, si le culte extérieur semble réduit à peu de chose, banni des préoccupations de l’auteur, rien ne prouve qu’il ait méconnu le culte extérieur chrétien, en particulier le sacrifice eucharistique. Il faut tenir compte de sa doctrine sur les sacrements de baptême et d’eucharistie, qu’il exprime sous le couvert (le mystérieux symboles, tantôt dans de fugitives allusions, tantôt dans des développements abondants. Pour le baptême, voir plus haut, l’ascension gnostique, régénérations et purifica*

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