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CONSTANTINOPLE (ÉGLISE DE)


des évêchés suffragants. Éphèse en avait trois, Héraclée de Thrace trois également, Thessalonique cinq, la Crèle sept et Smyrne un seulement, soit en tout dix-neuf évéchés. A l’heure actuelle, les cinq métropolies susdites restent encore à la tête d’une province ecclésiastique, mais fort réduite, du moins pour quelques-unes. Ainsi Éphèse ne possède plus que l’évêché d’Anéai ; Hélioupolis et Kréné ayant pris rang parmi les métropoles, l’une depuis le 24 octobre 1901, l’autre depuis le Il décembre 1902. De même, Héraclée a vu l’évêché de Gallipoli acquérir le titre de métropole, le 3 novembre 1901, et ne conserve plus que deux évêchés suffragants, Myriophyte et Métrai, qui ont chacun un revenu annuel de 30000 piastres. Encore est-il beaucoup question d’ériger Métrai en métropole. Smyrne compte toujours un évèché, Moscbonissia, ayant 12000 piastres de revenu et étendant sa juridiction sur 29 îlots semés entre Mételin et Aïvalik. Les évêchés qui relèvent de Salonique sont au nombre de cinq : Kitros, dont le titulaire réside à Katérina et a 30 000 piastres ; Kampania, dont le titulaire a pour centre d’action le hourg de Koulakia, à l’embouchure du Vardar et touche 60000 piastres ; Polyané, dont l’évêque réside à Doïran sur le lac de ce nom et touche 50 000 piastres ; Ardamérion ou Evdémich, dont l’évêque a 30000 piastres ; enfin, Hiérissos ou le mont Athos, dont l’évêque a 30 000 piastres. La province ecclésiastique de Crète a sept évêchés : Arcadia, avec résidence à Viano et 24 000 piastres ; Rhéthymné et Avlopotamo, avec 50000 piastres ; Kydonia, avec résidence à La Canée et 00000 piastres ; Pétra, avec résidence à Néapolis et 35 000 piastres ; Kissamos et Sélino ; Lampa et Sphakia avec résidence au monastère de Prévéli ; Hiéra et Sitia, avec 40000 piastres. En 1896, il y avait un huitième évêché, Khersoniso, avec résidence au monastère d’Angarada et 35000 piastres de revenu ; depuis il a dû être supprimé. Cela constitue donc un groupe de seize évêchés sull’ragants, mais les sept sièges de Crète sont rarement tous occupés en même temps et, du reste, le seraient-ils, que leur sujétion vis-à-vis du Phanar se restreint chaque jour. Il y a, par ailleurs, une tendance fort marquée aujourd’hui à supprimer les évêchés, de même que l’on a fait disparaître les archevêchés autocéphales, au cours des siècles. On espère obtenir ainsi une plus grande rapidité dans l’expédition des affaires diocésaines, en portant devant le saint-synode, non devant le métropolite, le règlement des litiges. Le diocèse propre du patriarche œcuménique est constitué par Stamboul, Galata, Péra et les faubourgs échelonnés sur la rive européenne jusqu’à Iéni-Keuï inclusivement. Cet archevêché, régi par des lois particulières, est confié à l’administration du proto-syncelle ou vicaire général du patriarche. Quelques-uns des principaux districts ont à leur tête un prélat revêtu du caractère épiscopal et décoré du titre de chorévêque. 11 y en a cinq habituellement, qui portent divers titres épiscopaux et sont chorévêques de Péra, de Galata, de Tatavia, de Vlanga et de Baloukli. Arnaout-Keuï sur le Bosphore en avait obtenu également un en 1900. Le diocèse de Conslantinopie n’est pas le seul à jouir d’une pareille organisation ; d’autres métropolies peuvent — €t certaines le font très régulièrement — prendre des évêques auxiliaires, qui se chargent de soulager le fardeau du métropolite. Ces auxiliaires sont parfois deux ou trois dans le même diocèse et ne succèdent jamais directement au titulaire. De même, depuis le mois de juillet 1901, les deux directeurs de l’école théologique de llalki et de la Grande Ecole de la nation, sise au quartier du Phanar, ont été créés métropolites ad lionorem, le premier de Stavropolis, le second de Sardes, alors qu’ils n’étaient auparavant que simples archimandrites. Si l’on ajoutait à tous ces prélats que nous venons de désigner les métropolites en retraite, démissionnaires ou déposés, tous ceux qui se reposent en un mot, pour

employer le bel euphémisme néo-grec, ou arriverait à une liste, qui ne serait guère inférieure à celle des vrais métropolites.

Une liste des évêques titulaires a été dressée en 1901 dans la’E*xvi, « iecTtx>) « rꝟ. 6e.a, t. xxi, p. 31, 50, 07, 211. Elle devait aller du patriarcat de Raphaël Il au second patriarcat de Joachim III, c’est-à-dire de 1000 à 1900 ; en fait, elle s’arrête à l’année 1871. Elle est toutefois fort précieuse, car elle a été faite directement sur les archives du patriarcat. On n’a qu’à s’y reporter pour se rendre compte quels sont les titres le plus fréquemment employés.

Il existe une troisième organisation ecclésiastique, qui correspond assez bien à ce que nous appelons dans notre droit canonique des abbayes nullius ; en Orient, on les appelle exarchies. Jusqu’en 1902, les exarchies étaient au nombre de cinq : Metsovo dans l’Épire, l’atmos dans l’archipel, Sournéla, Vazélon et Péristéréota, au sud de Trébizonde, dans le Pont. Sauf la première, toutes avaient pour centre un monastère stavro] giaque : Saint-Jean l’Évangéliste à Patmos, la Sainte-Vierge à Sournéla, Saint-.Iean-Baptiste à Vazélon, Saint-Georges à Péristéréota. Soustraits à la juridiction de l’ordinaire, les orthodoxes de ces cantons obéissent aux supérieurs de ces couvents stavropégiaques, c’est-à-dire qu’ils relèvent du seul patriarche œcuménique. Or, les habitants des trois exarchies du Pont, peu satisfaits du gouvernement des moines, réclamaient sans cesse auprès du saint-synode ou bien la création d’une rnétropolie nouvelle, ou bien leur incorporation au diocèse de Trébizonde, dont ils forment une enclave. Après de vives instances, ils ont obtenu gain de cause et, le 9 octobre 1902, le saint-synode rétablissait l’ancienne rnétropolie de Bhodopolis. Par suite de cette décision, le nouveau diocèse comprend les trois exarchies pontiques de Sournéla, qui commandait à quinze villages, de Vazélon. qui en avait vingt, et de Péristéréota. qui en avait onze. Le métropolite se voit donc, avec ses 46 villages, à la tète d’un diocèse aussi considérable que celui de beaucoup de ses collègues. Quant aux supérieurs des trois monastères susdits, ils ont désormais perdu tout droit exarchal et n’exercent plus de juridiction au delà des murs de leurs couvents. Les seules exarchies encore existantes se bornent donc à deux : celle de Metsovo, qui ne tardera pas à disparaître, et celle de Patmos, qui se maintiendra longtemps encore. En effet, maîtres absolus de l’île, les moines de Saint-Jean-Baptisle ne laisseront pas aisément un prélat établir son autorité sur leurs subordonnés.

Les statistiques officielles et sérieuses n’existant pas dans l’empire ottoman, on ne saurait donner, même par approximation, la population totale des orthodoxes soumis à la juridiction du patriarcat œcuménique. Voici cependant quelques chiffres, qui aideront à se former une opinion sur ce point. En Asie, les vingt diocèses sonteompris dans dis divisions administratives : vilayets, c’est-à-dire provinces, et mutessarifliks indépendants, c’est-à-dire départements qui relèvent directement de la Sublime Porte. Vital Cuinet est l’auteur qui a travaillé avec le plus de soin et d’impartialité à se rapprocher de la vérité. En combinant les données éparses dans les quatre volumes de son ouvrage, La Turquie d’Asie ; Sta tistique descriptive et raisonnée de chaque province de l’Asie-Mineure, Paris, 1892-1894, on arrive à dresser 1 tableau ci-après.

Comme on le voit, les Grecs asiatiques forment un peu plus du neuvième de la population totale. Il est vrai que le chiffre actuel doit être relativement plus considérable, Cuinet ayant envoyé son ouvrage à l’impression en 1890. après avoir employé une douzaine d’années à recueillir les statistiques qu’il a consignées dans son ouvrage. On peut donc dire que ce tableau représente seulement l’état de la population en Asie-Mineure, il y a déjà vingt ans, et encore d’une manière’S