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CONSTANTINOPLE (ÉGLISE DE ;


opposent, le 24 juin 1580, une nouvelle dissertation apologétique de la Confession d’Augsbourg, Jérémie n’était plus patriarche. Après la mort de Métrophane III, et dès qu’il fut rétabli et consolidé sur son siège ; Jérémie II n’oublia point la sympathie que le ; j docteurs réformés lui avaient témoignée durant sa disgrâce et il leur écrivit, mai 1581, pour les remercier de leur amitié (’prouvée et annoncer suivant l’usage sa réfutation dogmatique. Celle-ci suivit le 6 juin de la même année. Elle marqua la fin des relations du chef de l’Église orthodoxe avec les luthériens allemands. Toutefois, afin de cacher leur défaite, ceux-ci composèrent une troisième réponse, datée de décemhre 1581, qui ne fut peut-être jamais expédiée, mais que l’on jugeait capable de donner le change au public. Le patriarche garda alors le silence et, quand les luthériens voulurent avoir raison de lui par des promesses et même par des menaces, il ne se laissa pas émouvoir et garda intact l’honneur de son Église. Ainsi qu’il le disait lui-même dans sa lettre au pape Grégoire XIII, juin 1582, il « détestait ces hommes et leurs semblables comme des ennemis du Christ et de l’Église catholique et apostolique » .

Pichler, Geschichte des Protestantismus in der griechischen Kirche, Berlin, 1862 ; Schelstrate, Acta orientalis Ecclesix contra Lutheri hseresim, Rome, 1739, p. 69-252 ; E. Legrand, Bibliographie hellénique aux xv et m’siècles, Paris, 1885, t. H, p. 41-44 ; Pli. Meyer, Die theologische Litteratur der griechischen Kirche im sechzehnten Jahrhundert, Leipiig, 1899, p. 87-94 ; dom P. Renaudin, Luthériens et Grecs orthodoxes (collection Science et religion), Paris, 1903. On trouvera dans cet opuscule un assez bon résumé des discussions, surtout au point de vue théologique.

2° Nous avons déjà fait, col. 1426 sq., le récit succinct des rapports de l’Église œcuménique avec les diverses Églises calvinistes de Genève, de Hollande et de France, et montré comment cette hérésie, introduite dans l’Église orthodoxe par Cyrille Lucaris, en fut définitivement expulsée par les conciles de Constantinople, 1638 et 1642, la conférence de Iassi, 1642, et le concile de Jérusalem, 1672. Une tentative d’union, fort intéressante, entre une fraction de l’Église anglicane et les Grecs des divers patriarcats fut ébauchée dans les premières années du xviiie siècle ; elle est jusqu’à présent restée à peu près inaperçue. J’en donne le résumé d’après les pièces communiquées par le P. Petit et destinées au supplément de la Conciliorum collectio de Mansi, t. xxxvii, col. 369-624. Le patriarche grec d’Alexandrie, Samuel Capsulés, envoyait en 1712 le métropolite de la Thébaïde, Arsène, et l’archimandrite Gennadios pour recueillir des sommes d’argent en Angleterre en faveur de son Église obérée de dettes. Un voyage, entrepris avec de telles préoccupations, ne fut guère du goût des pratiques Anglais, qui s’ingénièrent à décourager nos deux quêteurs. Peine inutile ; en juillet 1716, les Grecs étaient toujours en Angleterre et ils liaient connaissance avec les évêques de l’Église protestante des non-jureurs. On appelait ainsi les anglicans, qui avaient refusé en 1688, lors de l’expulsion du roi Jacques II, de prêter serment à son gendre, Guillaume III d’Orange, puis successivement à la reine Anne, en 1702, et au roi Georges I er de Hanovre, en 1714. Ces évêques conçurent le projet d’unir leur petite Eglise aux Églises orthodoxes, grecque et russe, et ils rédigèrent, le 18 août 1716, un mémoire qui exposait leurs conditions et qui fut envoyé en latin au saint-synode russe, en grec aux patriarches de cette nation. De plus, ils écrivirent une lettre au tsar Pierre le Grand, pour qu’il voulût bien appuyer leurs propositions. Au reçu du mémoire des non-jureurs, les Grecs tinrent un synode qui examina les conditions d’union, en accepta quelques-unes, en rejeta d’autres et, finalement, formula leur propre confession de foi. Celle-ci, rédigée par le patriarche de Jérusalem, Chrysanthe, et restée à peu près inconnue, fut approuvée de Jérémie III

de Constantinople, de Samuel d’Alexandrie et envoyée aux Anglais avec une décision synodale de Denys IV. de janvier 1672, et une autre de Callinique II, mars 1691, où les Grecs soutenaient la doctrine de la transsubstantiation. La pièce conciliaire de Jérémie III est datée du 18 avril 1718. Elle disait en substance qu’il ne saurait être question d’union, tant que les anglicans, dans leur dogmatique et dans leur liturgie, seraient oppol’invocation des saints et au culte des images. Voir ces documents dans Mansi, t. xxxvii. col. 395-472. Le 29 mai 1722, les non-jureurs répliquaient aux Grecs en résolvant leurs difficultés et en faisant une réfutation détaillée de leurs objections. Déjà, du reste, pour hâter la réconciliation, les Anglais avaient remanié leur liturgie, dans l’intention qu’elle se rapprochât le plus possible de celle des Grecs. Mansi, t. xxxvii, col. 472-520-Au mois de septembre 1723, les trois patriarches grecs répondaient en transcrivant presque mot pour mot la confession de foi du patriarche Dosithée, en 1672, et en se contentant d’y apposer leurs signatures. Sur ces entrefaites, le saint-synode russe, avec lequel s’étaient engagés aussi les pourparlers d’union, priait les anglicans de lui dépêcher deux délégués, afin de hâter l’entente espérée depuis si longtemps. Des obstacles divers entravèrent ce projet, et lorsqu’on allait le mettre à exécution, on apprit que le tsar Pierre I er. qui s’était intéressé à ces négociations et les avait favorisées, venait de mourir, 8 février 1725. C’en était fini, au moins de ce côté, de l’union avec les orthodoxes. L’ne autre difficulté surgit du côté des Grecs. L’Église anglicane officielle, qui avait tout ignoré jusque-là de ces relations, vint à les apprendre et elle informa aussitôt les Grecs, par l’entremise de Guillaume Wake. archevêque de Cantorbéry, de ce qu’étaient au juste leurs compatriotes non-jureurs, 6 septembre 1725. Chrysanthe, auquel était adressée la lettre, s’empressa de dégager la responsabilité de ses compatriotes et de mettre fin aux négociations.

3° Après une secte anglicane, ce fut le tour d’une secte allemande de s’adresser à Constantinople pour y demander l’union. Zinzendorf, le fondateur des hernhutes, dits aussi les frères moraves, recourut au patriarche Néophyte VI, et nous avons encore la consultation que celui-ci adressait, 1740, aux autres patriarches pour savoir si l’on devait admettre ce groupe de piétistes dans le bercail orthodoxe. M. Gédéon, Kavovtxctl SiariSecç, Constantinople, 1888, t. i. p. 219-222. On ignore d’ailleurs quelle suite fut donnée à ce projet. Au XIXe siècle, les rapports entre protestants et orthodoxes ne furent guère favorisés par l’arrivée de missionnaires protestants, envoyés par les Sociétés évangéliques d’Amérique, d’Angleterre, de Suisse et même d’Allemagne. Tout d’abord, ces pasteurs s’étant born répandre des bibles en néo-grec et à fonder des écoles d’instruction primaire ou secondaire, le peuple grée qui manquait des unes et des autres leur fit un accueil assez empressé. La défiance ne tarda pas à naître et à se manifester, quand des actes de prosélytisme furent bien constatés. Dès 1836. paraissait une encyclique patriarcale qui condamnait l’usage des bibles prolestantes et ordonnait de les jeter au feu. Dès ce moment, s’ouvrit une lutte violente qui dure encore et dont les manifestations sanglantes d’Athènes, en 1901, contre M. Pallis, un Grec anglican, ne sont qu’un épisode tout récent. La pensée de traduire la Bible en néo-grec à l’usage des orthodoxes remonte à l’année 1629, au patriarcat de Cyrille Lucaris, le calviniste que l’on sait. Maxime de Gallipoli la mit à exécution en 1632, et sa traduction parut à Genève en 1638. Condamnée par Cyrille de Iîerrhée et Parthénios I er qui interdisent au peuple toute traduction de la Cible non accompagnée deexplications des Pères, la version de Maxime de Gallipoli fut approuvée par Parthénios Il et distribuée progressi-