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CONSTANTINOPLE (ÉGLISE DE)


A partir de 1830, un candidat national, Mélèce Pavlovitch, ancien tambour des insurgés serbes, fut mis à la tète de l’Église et un accord, conclu entre le patriarcat œcuménique et la principauté, lui reconnut une demi-indépendance. Le métropolite de Serbie et les évêques choisis par la nation seraient à l’avenir nommés par le patriarche de Constantinople, sans devoir toutefois se rendre eux-mêmes dans cette ville pour y être consacrés. Ce concordat, modifié et confirmé quelques années après, dura jusqu’en 1879, où le patriarche actuel, Joachim III, lors de son premier passage aux affaires, reconnut officiellement « la sainte Église aulocèphale de la principauté de Serbie » . Comme d’usage en Orient, l’autocéphalie religieuse avait suivi de près l’indépendance politique.

La destinée de la malheureuse race serbe semble avoir été de n’avoir jamais pu constituer une nationalité’compacte et unie. Près de l’empire serbe des Némanya vivaient une série de petites principautés, qui, au point de vue religieux, obéissaient depuis 1219 à l’évêque de Zêta. Ce dernier commandait donc à ce que nous appellerions aujourd’hui l’Église du Monténégro, G. Markovich, Gli Slavi ecl i papi, Agram, 1897, t. ii, p. 441 sq., mais sous l’autorité plus ou moins effective du primat serbe. En 1316, lors de la reconnaissance du patriarcat serbe par Byzance. le siège de Zêta fut élevé au rang de métropole et, dans le courant du xive et du xve siècle, il dut, ainsi que ses subordonnés, changer plusieurs fois de résidence, selon que les progrès militaires des Turcs rendaient leur asile de moins en moins assuré. Enfin, en 1485, il se fixa définitivement à Cétinié. Cette métropole serbe, dirigée par un vladika qui s’arrogea bientôt 1rs pouvoirs spirituel et temporel, acceptait l’obédience d’Ipek et, sauf l’interrègne de cent ans où Ipek s’inclina sous la juridiction d’Ochrida, elle lui resta soumise jusqu’en 1706. Lorsque, cette année-là. le patriarcat œcuménique s’annexa le patriarcat serbe d’Ipek avec toutes ses dépendances de Turquie, le vladika refusa d’obéir à un primat, qui était l’humble sujet du sultan, son plus mortel ennemi, et il s’octroya une véritable autocéphalie. Depuis lors, ses successeurs sont allés à Carlovitz ou en Russie recevoir la consécration épiscopale, sans pou riant s’incliner sous l’autoritéde ces deux Églises.

Sans parler des Serbes d’L’skub et de Prizrend en Turquie, dépendant en réalité du patriarche œcuménique, sans mentionner I de Bosnie-Herz vine, qui constituent un groupement particulier, placé sous la sujétion nominale du l’banar, il existe une autre Église serbe importante, le patriarcat de Carlovitz dans le royaume d Hongi Voir t. ii, col. 1754-1776. I [le i qu’un dédoublement de celle d’Ipek, opéré lorsque, en plusieurs migrations, I de Turqui réfugièrent sur les terres de l’empire austro-hongrois. Née le 20 août 1691, ivec le diplôme impérial qui la constituait, celle Église a peu à peu absorbé- les évêchés

de la couronne deHabsbo

jusqu’à ce qu’elle ait, i □ 1848, obtenu pour prix de ses ices le rétablissement de la charge patriarcale en laveur de son premii i

Si la métropole d’irlovitz groupe autour d’elle

s les communautés serbes du royaume de Hongi le,

elle ne commande plus aux deux évêi iea de

Dalmatie, qui sonl soumis à la métropole roumaine de

rnovitz et constituent avec elle l’Église autonome

imaine de Bukovim -Daim

me anomalie étrange qu’on ne constate qui l’emp hongrois, on a préféré assujetti !

Sei b i un métropolite rounfain, mais de

malité autrichienne, qu’à un patriarche » di n’nalité hongroise. Jusqu’en 1873, li

i lovltz. Qu

I

1350 à 1775, au petit État moldave, elle en partagea les péripéties politiques et religieuses, alors que ses pasteurs recevaient par son intermédiaire leur confirmation de Constantinople. De 1781 à 1785, elle jouit de l’exemption religieuse et, en 1785, fut soumise in dogmaticis et spirilualibus au métropolite serbe de Carlovitz. Cela dura jusqu’au 23 janvier 1873, où les Roumains de Bukovine obtinrent leur affranchissement religieux et, par un retour inespéré de la fortune, virent placer sous leur tutelle les Serbes de Dalmatie. Voir L’Eglise orthodoxe de Bukovine, dans les Echos d’Orient, 1902, t. v, p. 225-236 ; L’Église serbe orthodoxe de Dalmatie, ibid., p. 362-375. Il reste encore un groupe roumain, fort important, celui de Sibiou-IIermanstadt en Hongrie, qui a relevé de Carlovitz jusqu’en 1864 et qui forme depuis une autonomie distincte.

i N’oublions pas une ancienne fille de Byzance, l’Église du royaume de Roumanie, la plus nombreuse de toutes celles qui sont comprises dans les États balkaniques. Jusqu’au XVIIIe siècle au moins, les métropoles de Valachie et de Moldavie relevèrent directement de Constantinople, qui, par l’entremise des hospodars et des prélats phanariotes, rendit taillables et corvéables à merci les infortunés habitants de ces provinces. Lorsqu’en 1856, les principautés de Moldavie et de Valachie parvinrent à se fédérer et à jouir d’une pleine autonomie politique, elles songèrent aussitôt à modifier leur allégeance religieuse. Le prince Cou/.a réclama l’autonomie absolue et il établit une organisation ecclésiastique sur le patron des saints-synodes russe et hell’nique. Le saint-synode roumain ne fut reconnu qu’en 1873, par le patriarche Anthime VI. Depuis 185C, les relations entre le Phanar et l’Eglise de Bucarest n’avaient jamais été bien cordiales ; elles le sont de moins en moins aujourd’hui. Cela tient à diverses causes, notamment à celle des biens dédiés qui passionna et embarrassa de longues années durant la diplomatie européenne ;

! celle du skite roumain du Prodrome à l’Alhos

que l’on aurait voulu soustraire à la juridiction de Lavra, à celle du saint chrême que l’Église roumaine prétendit avoir le droit de consacrer, enfin à la question des Koutzovlaques en Macédoine et en Épire. Cetle dernière question surtout est dénature à provoquer un jour ou l’autre un conllit, aussi grave que le schisme ire. Déjà, les Roumains ont obtenu la reconnaissance civile pour leurs compatriotes de Turquie ; encore un pas et ils conquerront l’autonomie religieuse, enlevant de cinq à six cent mille fidèles au patriarcat œcuménique.

5° Ce que nous appelons aujourd’hui l’Église du royaume hellénique faisait jadis partie du patriarcat œcuménique. Depuis les vur 3 et iz* sii ilsfurent,

lors de la querelle de l’Illyricum, arrachés à l’obédii de Rome, les divers diocèses qui constituent cette Église de nos jours adoptèrent la juridiction de Constantinople. Il en fut ainsi jusqu’en l’JOi, OÙ les I r.iiies et les Véni q1 la Grèce continentale et les iles de l’archipel. Par suite de la domination occidentale, des archevêques et des évêques latins s’établirent dans nombre de villes, pendant que les métropolites et les [ues orthodoxes s’inclinaient, p c des diffi cultés réelles, sous la juridiction de Constantinopli. i a situation fut modifiée en r>7l, où la conquête turque vint mettre fin, au moins sur le continent, à l’occupation vénitl ! livrer les orthodoxes d’un joug sbhi

Là, comme en d’autres pays, le progrès di i armes otiomanei marqua le progn a du patriarcal œcuménique, l d 1821, l’insurrection et la résurrection de la Gréa <i vaienl produire de graves i hangi ments Révoltés contre le sultan, les Hellém a ne pouvaient évidi mment dépi ndre d’un patriarche, qui s’avouait son In i humble raj< t. nbléi s national ! a d’I pidaure, 1822, et de h cène, 1827, 1 ints proclamèrent officiel*