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CONSTANTINOPLE (ÉGLISE DE]


la théorie ne présentait rien de bien nouveau, par contre le système que recommandait Grégoire pour y parvenir s’écartait des voies suivies jusque-là. Pour favoriser le travail de l’esprit, Grégoire conseille au moine de s’enfermer dans une cellule bien close, et là, d’éloigner de sa pensée tout ce qui pourrait être une cause de distraction ou de préoccupation, puis, moitié assis, moitié couché, le menton abaissé sur la poitrine, le regard fixé sur le nombril ou dans la région du cœur, de retenir le plus possible la respiration, car l’air qui s’échappe ainsi trouble l’esprit et entraîne la pensée vers la dissipation. Au bout de quelques jours de ce laborieux exercice, le cœur se découvre au patient sous la forme d’une clarté divine émanée de Dieu, laquelle s’est manifestée aux prophètes et aux apôtres sur le mont Thabor et qui se révèle encore aux saints et aux contemplatifs. Cette théorie de la lumière divine n’était, du reste, qu’un écho des doctrines exposées au xie siècle par Syméon le nouveau théologien, supérieur de Saint-Mamas. Lorsque Grégoire Palamas, un champion de ces idées, s’avisa de les soutenir par la parole et par la plume, il fut dénoncé aux autorités ecclésiastiques par Nicéphore Grégoras, le célèbre historien, qui blâma surtout, chez Palamas, la prétention d’arriver par les pratiques de l’ascétisme à une perception corporelle et sensible de la divinité. Le coup ne porta pas, mais une violente polémique s’engagea, entre les années 1338 et 1341, sur les doctrines hésychastes entre Palaraas d’un côté, le moine calabrais, Darlaam, de l’autre côté. Palamas avait énoncé de vraies hérésies. Il aflir mait la distinction réelle, en Dieu, de son essence et de ses attributs ; de plus, il identifiait la grâce avec une des propriétés divines, soutenant son caractère Incréé et infini, alors qu’elle est une qualité d’un ordre transcendant et supérieur à toute réalité créée, mais créée, elle aussi, finie et limitée dans son essence comme dans ses propriétés. Ces deux questions dogmatiques, qui auraient suscité des embarras â Palamas et à ses défenseurs, ne furent pas touchées par le concile de juin 1341 ; en revanche deux questions secondaires furent tranchées contre Darlaam qui dut bientôt se réfugier en Italie. La discussion ne s’arrêta pas pour ce motif et Akyndinos prit la direction du parti barlaamite. Un nouveau concile, réuni en juillet 1341 et qui semble être la continuation du précédent, confirma les premières sentences émises en faveur de Palamas, sans critiquer toutefois les théories d’Akyndinos. Les palamistes, tiers de leur triomphe, en exa ient encore la portée et. bien que les questions n eussent pas été examinée récla maient d’une approbation complète et absolue. Leurs cris finirent par ouvrir les yeux au patriarche Jean Calécas, qui convoqua un concile à Constantinople en 1346, déposa un évéque palamiste de sa dignité et

ira de la communion ecclésiastique Palamas avec tous ses partisans. Un revirement significatif ne tarda [lis â se produire. Au début de l’année 1347, le grand domestique Jean Cantacuzène, soutien avéré du palamisme, se faisait associer au trône ; le patriarche (Lut déposé i t remplacé par Isidore de Monembasie, un hésychaste fougueux. Palamas devint métropolite de Thessalonique et, malgré les efforts d - bar laamites qui renouvelèrent en 1347 les décisions de 1345, le palamisme gagna de plus en plus du terrain. qui furent nommés â hés durent

rit qu ilen étaient partisans. A la mort d’Isidore, on le remplai i par Calliste I’moine de l’Ath "il et vindicatif, et avec cela palamiste

endurci. Dans une réunion tenue au palais des Bla* chômes, juillet 1351, ’t dans laquelle dominaient les de Palamas, on examina.i nome. m les thèses contn rsées.

la lutte contre i. unis ; il insista surtout

DICT. DE im.nl.. f.ATiioi..

sur les deux hérésies que Barlaam avait relevées dix ans plus tôt : distinction réelle entre l’essence de Dieu et ses opérations, admission d’une grâce divine, incréée et cependant distincte de Dieu, ce qui amenait le polythéisme. Dans une série de sessions, où on codifia la doctrine de la secte, elle fut mise au-dessus de tout soupçon et déclarée la seule doctrine orthodoxe. Quant â Grégoras, de 1351 à 1354, il subit une dure captivité. Le successeur de Calliste I er, Philolhée, fut un autre palamiste. Dans un synode réuni en 1368, ce patriarche proclama solennellement la sainteté de Grégoire Palamas l’appelant « saint, docteur de l’Église et l’un des plus grands parmi les Pères de l’Eglise » , et proclamant ses écrits « la règle infaillible de la foi chrétienne » . Peu après, Philothée eut la consolation de voir cette doctrine admise, non seulement dans son Eglise, mais encore dans les trois patriarcats orientaux ; ses successeurs continuèrent la même politique religieuse et, à la fin du xiv siècle, l’Église grecque admettait communément la distinction réelle entre l’essence de Dieu et ses attributs, détruisant ainsi un des dogmes fondamentaux du christianisme.

On peut consulter sur les débuts de l’hésychasme les articles du P. Bois dans ies Échos d’Orient. Les hésychastes avant le xiv siècle, 1900-1901, t. v, p. 1-11 ; Grégoire le Sinaïte et l’hésychasme à l’Athos au xiv siècle, p. 05-73 ; Les débuts de la controverse hésychaste, p. 353-302 ; Le synode hésychaste de iSM, 1902, t. VI, p. 50-00.

2° L’Eglise œcuménique en face de l’Église romaine.

— C’est également pendant cette période de cinq à six siècles que la doctrine de l’Eglise œcuménique se précise vis-à-vis de l’Église romaine. Photius, le premier de tous, cherche, dans sa célèbre encyclique aux trois patriarches orientaux, P. G., t. cil, col. 721-741, à codifier les griefs que l’on pourrait avoir contre les Latins-Des six accusations qu’il lance contre l’Eglise de Rome, trois au moins n’intéressent pas le dogme. En effet, en quoi le jeune du samedi, l’usage de laitage pendant la première semaine de carême, le célibat imposé à tous les prêtres, peuvent-ils nuire aux vérités fondamentales du christianisme ? Ce sont là pures questions de discipline et pariant questions laissées à l’initiative privée de chaque Eglise. Le quatrième reproche l’ait aux Domains de ne pas tenir pour valide le sacrement de confirmation conféré par un prêtre grec serait plus grave, s’il était bien fondé, mais le sentiment de l’Eglise romaine a toujours été différent, si l’on signale à ce sujet des exceptions de fait en Bulgarie, il ne faut y voir qu’un excès de zèle de la part des missionnaires latins, comme l’on en constate chez certains envoyés de Photius en ce royaume, lorsqu’ils réitèrent le baptême aux Bulgares, qui l’avaient déjà reçu de prêtres latins. Les deux derniers reproches, ceux qui concernent la primauté du pape et la procession du Saint-Esprit, sont les seuls à revêtir un caractère strictement dogmatique. I t là encore, il faut tenir compte de la passion qui a dénaturé le déliât. Photius n’a fait aucune difficulté de reconnaître la primauté pontificale, tant qu’il y a trouvé son avantage ; sa lettre ironique adressée au pape saint Nicolas ne se distingue de celles de ses prédécesseurs que par un ton plus soumis et l’emploi de formuli pluhumbles ou plus laudatives. Tous les patriarches avant lui s’étaient inclinés devant cette suprématie et

l’on ne compte plu lef appels ou les recours qui parvinrent a Bome de tous les points de l’Orient, du n.m iv siècle. Si Photius assure que les papes ne jouisnt que d’une primauté d’honneur, il va contre toute la tradition catholique, el il commet une erreur des plus . en affirmant que ce privilège leur a été dévolu, parce qu’ils résidaient dam la capitale de l’empire, .e principe, la primauté d’honni m n uita

i, ainsi qu I

nient |. s théologiens russes du xvr et du vue siècle.

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