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CYRILLE DE JÉRUSALEM saint


d’après lui, la chrismation correspond à l’imposition des mains faite par saint Pierre, Act., viii, 16 sq., sur des fidèles précédemment baptisés par le diacre Philippe, xvi, 26, col. 9.">C>.

b) Éléments constitutifs du rite sacramentel de la chrismation. — Comme dans le baptême, saint Cyrille distingue l’élément sensible et symbolique de l’action corrélative du Saint-Esprit. D’un côté le chrême, dont le front et les sens sont oints, et qui porte avec lui son symbolisme : "Ojrep o, u(i.60Xucb>ç ètù ii, er(Ô7tou, etc. ; de l’autre, l’action de l’Esprit saint et vivifiant qui, simultanément, produit dans l’àme un effet de sanctification : T’.> ôï b.yiui -/.ai Çcooftotû 71v£j|xaTi y, « J*ÛX r l àyiâ^STac, n.3, col. 1092. En cette œuvre, le chrême, comme l’eau, n’est pas un pur signe, mais un instrument du Saint-I -prit : de soi simple onguent, mais tout autre après l’invocation du Saint-Esprit ; c’est alors un don du Christ acquérant, par la présence du Saint-Esprit, la vertu de nous communiquer sa divinité : 7rvs-J(j.aTo ; àyîou 7tapo’j171ï, TT| ; aùtoO âsÔTriTo ; ÈvEpy^Tiy.bv ytvôfj.evov. Quels étaient les termes de l’invocation ? Le catéchiste palestinien, fidèle à la discipline de l’arcane, ne le dit pas ; mais il y fait probablement allusion, quand il dit ailleurs : oîtwç r, uippayi ; ûjxîv âSo6r| xr, ; xotvedvfocç toO âyio’j Uveû[j.ato--, xviii, 33, col. 1056. Paroles presque identiques à celles qui, maintenant encore, sont en usage chez les Grecs dans l’administration du saint chrême : r, o-çpayi ; tt, ç Scopsàç to-j Ilvs’j(j.aToç àyîou. Rien, dans cette catéchèse, sur l’imposition des mains ; rite signalé pourtant, on l’a déjà vii, par Cyrille comme celui dont se servait le prince des apôtres pour communiquer le Saint-Esprit aux nouveaux baptisés. Il faut donc supposer, ou que le docteur palestinien regardait la chrismation comme la seule matière essentielle du sacrement, ou que, pour lui, l’imposition des mains se confondait avec l’application même de la matière, avec la chrismation manuelle. On peut faire valoir pour la seconde alternative cette considération que, suivant l’auteur des Catéchèses, Jésus-Christ donna non pas au prince des apôtres seulement, mais aux disciples, le pouvoir de communiquer le Saint-Esprit par l’imposition des mains, xiv, 25, col. 857. Un pouvoir communiqué aux disciples et relatif à un effet de sanctification qui devait se perpétuer dans l’Église, suppose naturellement un rite universel et permanent. Voir aussi dom Touttée, col. 955, note 1 ; Schwane, t. iii, p. 514 ; Marquardt, p. 65.

c) Effets propres à la chrismation. — Deux effets généraux ressortent de l’ensemble de la doctrine cyrillienne. Le premier est l’assimilation parfaite du chrétien à Jésus-Christ par la communication du Saint-Esprit. Eîç Xpeorov fkêaTtTKTjJ.Évot xai Xpiarôv ÈvS-j<xà[J.svoi, a-’jjj.jxopepoc yeyôvaTE to ! j Yioù toû ©eoû, n. 1, col. 1088 ; telles sont les premières paroles du catéchiste aux nouveaux confirmés. Leur assimilation au Eils de Dieu est devenue parfaite, après qu’ils ont été baptisés dans le Christ (premier acte) et qu’ils ont revêtu le Christ (second acte). Cette assimilation parfaite s’est opérée par l’onction du chrême, antitype du Saint-Esprit dont le Christ fut oint. Dès lors, les chrétiens peuvent s’appeler, eux aussi, des christs, ypco-Toi, et ils sont chrétiens dans toute la plénitude du mot. Ainsi l’assimilation parfaite du chrétien à Jésus-Christ se confond avec la communication du Saint-Esprit que procure la chrismation. Mais qu’entendre par cette communication, évidemment spéciale, du Saint-Esprit ? Serait-ce une communication substantielle de cette personne divine, en opposant la personne à ses dons qui, seuls, seraient communiqués auparavant ? Interprétation qui pourrait se réclamer de celle autre idée cyrillienne qui n’est que le développement de la première : cette communication du Saint-Esprit par l’onction du saint chrême correspond en nous à la descente de la

troisième personne sur le Christ au jour de son baptême. Ou bien, faut-il entendre que la communication substantielle du Saint-Esprit, bien qu’elle ait lieu auparavant, en particulier dans le baptême, reste cependant imparfaite jusqu’à la chrismation et n’atteint que par elle sa plénitude ? Interprétation plus conforme à la doctrine déjà signalée de saint Cyrille sur la présence du Saint-Esprit dans les baptisés et dans les justes de l’ancienne loi, xvi, 26 ; xvii, 18, col. 956, 990. La liliation adoplive se perfectionne, en ce qu’elle augmente dans son fondement, la grâce sanctifiante, et que, par l’onclion qui nous fait semblables au Christel christs nous-mêmes, cette adoption est manifestée symboliquement et comme authentiquemenf déclarée. En vertu de cette onction qui l’assimile au Christ, oint de toute éternité comme piètre et comme roi. il y a dans tout chrétien quelque chose de sacerdotal et de royal, genus eleclum, régale sacerdotium, I Pet., il, 9 ; texte que saint Cyrille avait assurément à la pensée, quand il voyait dans l’onction d’Aaron et de Salornon la figure imparfaite de Fonction du saint chrême, XVIII, 33 ; xxi, 6, col. 1056, 1093. Conséquence rigoureuse et d’une grande portée pratique : le Saint-Esprit est présent dans l’oint d’une façon plus relevée, plus efficace surtout, à cause des grâces distinctes de la rémission des péchés, que répand en lui le grand roi. 7rv£UU, <XTlX7|Ç Swpêâç roO pauiÀÉw ; xix yxç.i’y’i-X’x. XIII, 23, col. 800 ; effusion surabondante, dont les dons extraordinaires, fréquents aux débuts du christianisme, n’étaient qu’une sorte de rejaillissement extérieur. De là ce rôle de perpétuel gardien et défenseur de ses propres soldats, que l’auteur des Catéchises attribue au Paraclet, xvii, 37, col. 1012. Par ce côté, le sacrement de l’onction se retrouve être aussi le sacrement de la confirmation ou de la force : le chrétien baptisé et oint est un soldat qui, pour tenir tête à l’ennemi, est revêtu de l’armure du Saint-Esprit, èvSeSuuivoi tr ( v navoitXîav toïj àyi’ov IIvs-J|xaTo :, n. 4, col. 1092.

Le second effet général de la cbrismation est l’impression d’un sceau ou caractère nouveau, r, Tçpotyi ; xrfi xotvtoviaç toû âyîo’j IlvsJaa-o ;. Sceau manifestement distinct du caractère baptismal, puisqu’il se rapporte à l’onction poslbaptismale du saint chrême, dont il est comme le pendant dans l’àme. Sceau imprimé par l’Espril-Saint, pour frapper l’àme à l’effigie du Christ. Sceau distinctif, comme la marque du soldat ; mais en même temps sceau préservateur, par le secours d’en haut qu’il assure au chrétien, iii, 3, 13, col. 427, 443. Aussi le catéchiste recommande-t-il instamment aux néophytes de conserver intacte cette onction sacrée, dont la vertu salutaire se fera sentir à tout leur être, corps et âme, xvii, 36 ; xxi, 7, col. 1012, 1094.

ci) Relation de la chrismation au baptême. — Quatre conclusions sortent de ce qui précède, relativement à la doctrine cyrillienne. a. La chrismation et le baptême se distinguent comme deux rites, dont chacun a ses éléments constitutifs et sa grâce propre, et qui par là même forment deux sacrements complets et séparables. b. La chrismation n’est pas le sacrement de l’adoption divine ou de la communication du Saint-Esprit, par opposition au baptême dont la grâce ne dirait ni adoption ni communication du Saint-Esprit. Sur ce point, l’opinion proposée par dom Touttée ne répond pas à la vraie pensée de l’auteur des Catéchises, bien qu’elle contienne une part de vérité, c. La chrismation est pour le chrétien le sacrement de la plénitude ou perfection dans la grâce de l’adoption et la participation du Saint-Esprit En ce sens, il peut s’appeler le complément ou la perfection du baptême ; mais complément ou pertection extrinsèque, qui laisse au premier sacrement tous ses éléments essentiels et toutepropriétés qui, dans l’ordre actuel, s’attachent inséparablement à la grâce sanctifiante. <I. La collation simul-